Le Café Littéraire - ici on cause....

je ne savais pas à quel endroit coller cette adresse

http://cave-a-poemes.org/programme/index.htm

La Cave à Poèmes,
un rendez-vous hebdomadaire.
On y vient sans inscription préalable, ni obligation d'assiduité.
On y vient avec la seule envie de partager, de dire, de lire, de chanter, ou d'écouter les mots des poètes.


Théâtre Les Déchargeurs, salle La Bohème - 3, rue des Déchargeurs, 75001 Paris
Participation aux frais : 8 € (avec boissons et en-cas à la pause)
PROGRAMME D'AVRIL, MAI ET JUIN 2008

bedoulène analyste

Citation :

Bertrand, est-ce que tu ne demandes pas trop à un livre ? (un auteur ?) j'ai l'impression que tu "l'autopsie" .

Tu dois je pense être aussi exigeant envers toi (?)

à tantôt

Tu as raison . Je suis exigeant envers un auteur. L'écriture demande un vrai travail de longue haleine. Le livre est destiné à un lecteur (ou plus).
Par courtoisie, j'estime être en devoir de donner mon impression sur les mots reçus, les images révélées, les aventures vécues ou les sentiments ressentis.
Par politesse, je tente d'accomplir cette tâche sans agressivité, ni mauvais esprit.
Par courtoisie, (et au vu du prix de vente de son travail), l'auteur se doit de nous produire un objet bien écrit, sur le fond et la forme.
Par politesse, l'écrivain doit entendre les avis différents provoqués par son oeuvre, même s'il affirme qu'ils n'influeront en rien son prochain roman.
Je considère l'écriture comme un moyen d'échanger des idées réelles ou non. Autant communiquer intelligemment.

Analyste, non, curieuse, intéressée par ce que tu postes.

Citation :

Par politesse, l'écrivain doit entendre les avis différents provoqués par son oeuvre, même s'il affirme qu'ils n'influeront en rien son prochain roman.

Justement, Bertrand, les entendent-ils ou les lisent-ils les avis des lecteurs ?

je ne sais s'il y a des revues ou autre pour ce faire ?

à tantôt

Je crois qu'ils entendent surtout les compliments de leurs inconditionnels dans les Salons du Livre divers où ils dédicacent à tour de bras pour leurs lecteurs-clients...
Peut-être surfent-ils un peu sur le Net...Certains...Mais s'ils ne le font pas, ils ont bien raison...De toutes façons, on ne fait jamais l'unanimité ...
Mieux vaut , pour un artiste quel qu'il soit, s'en tenir à son art et le perfectionner, l'explorer à l'infini, sans chercher à plaire au plus grand nombre...Et si cela arrive c'est tant mieux..

En Littérature, comme dans toutes les autres formes artistiques en ce moment, il doit falloir viser "les attentes du public" pour être édité...

coline a écrit:

J.
Mieux vaut , pour un artiste quel qu'il soit, s'en tenir à son art et le perfectionner, l'explorer à l'infini, sans chercher à plaire au plus grand nombre...Et si cela arrive c'est tant mieux..

Ecouter les critiques est important mais, comme le dit coline, elles partent souvents dans des sens divergents - Ô subjectivité ! -. Donc au créateur de retenir celles qui lui conviennent et dont IL pense qu'elles lui permettront de s'améliorer. Il ne s'agit pas que, pour plaire à certains, il dénature le message qu'il envie ou besoin de transmettre.

Bertrand-môgendre a écrit:

Citation :

Je considère l'écriture comme un moyen d'échanger des idées réelles ou non. Autant communiquer intelligemment.

Pas seulement des idées mais aussi des impressions, des sensations, des intuitions, des rêves...nous pouvons au moyen de l'écriture échanger tellement plus que seulement des idées!

Je suis d'accord sur le fait qu'un auteur - et tout artiste d'ailleurs - se doit de rester fidèle à sa vision des choses et ne pas aller dans le sens du public, ce qui serait très démagogique de sa part.
Mais je crois aussi que les écrivains/artistes ne sont pas aussi indifférents aux critiques qu'ils voudraient le faire croire. Et puis tout dépend aussi de sa notoriété. J'imagine que dans le cas d'une premier roman, les critiques comptent tout de même pour l'auteur. En revanche, pour celui/celle qui a déjà publié des dizaines de romans et est reconnu dans le métier, en bien ou en mal, cela importe nettement moins. Encore que...
Je me souviens avoir vu à une émission de télé Yann Moix se faire éreinter par un chroniqueur pour son dernier ouvrage (disons-le carrément : c'était chez Ruquier). Moix semblait assez affecté car le chroniqueur en question lui avait dit que son roman n'était que du vent, qu'il n'était "rien". Moix avait rétorqué qu'il pouvait accepter qu'on n'aime pas son livre (chacun ses goûts) ou qu'on le déclare franchement mauvais mais dire qu'il n'était "rien" était inacceptable. L'écrivain avait vraiment l'air blessé (les yeux brillants...j'ai bien cru qu'il allait verser quelques larmes).
Je n'apprécie pas les livres de Yann Moix et je n'ai pas spécialement envie de le défendre mais sa réaction est la preuve que même un auteur à succès peut être atteint par un commentaire (ou alors Moix était très déprimé ce jour-là, je ne sais pas).
Toujours est-il que sa réaction m'a interpellé et qu'elle était compréhensible. En effet, le pire commentaire qu'on puisse faire à un auteur n'est pas que son bouquin soit mauvais mais bien de lui refuser le statut d'une oeuvre qui dit quelque chose - quelle que soit cette chose et la manière de le dire -, en parlant de "vide".
Il n'y pas que la nature qui a horreur du vide, apparement. Les écrivains aussi.

L’artiste (celui qui vend des œuvres bien sûr et non l’image d’un pseudo artiste ) dit souvent qu’il n’ « écoute » pas les critiques mais il les entend bel et bien, et de façon disproportionnée (question d’ego)…en réalité, tout dépend de l’émetteur de la critique, du contexte dans laquelle elle est prononcée, si elle argumentée…

Les artistes sont évidemment très sensibles aux critiques mais le plus souvent pour des raisons idiotes car les plus mauvaises critiques sont les mensongères…en effet, l’artiste communique, il doit donc accepter d’avoir le retour, même et peut être surtout s’il est mauvais, de sa communication…ce qui ne veut pas dire qu’il doit en changer mais qu’il doit accepter les conséquences de cette communication, toutes les conséquences…

Citation :

l’artiste communique, il doit donc accepter d’avoir le retour, même et peut être surtout s’il est mauvais, de sa communication…ce qui ne veut pas dire qu’il doit en changer mais qu’il doit accepter les conséquences de cette communication, toutes les conséquences…

Et cela vaut aussi (bien que dans une moindre mesure) pour les posteurs des forums

Suite à la lecture d'un Lê, je reviens sur mon précédent post, jugeant Ernaux.
J'aime me laisser emporter par la prose de Lê (même si son sujet m'a ennuyé), autant que je déteste me laisser rouler dans la farine par Ernaux.
Je reconnais chez la première un vrai travail littéraire.

bertrand-môgendre a écrit:

Suite à la lecture d'un Lê, je reviens sur mon précédent post, jugeant Ernaux.
J'aime me laisser emporter par la prose de Lê (même si son sujet m'a ennuyé), autant que je déteste me laisser rouler dans la farine par Ernaux.
Je reconnais chez la première un vrai travail littéraire.

Dis donc Bertrand, je viens de lire ton commentaire sur le roman de Nicolas Fargues...Tu n'as pas l'air de t'amuser en ce moment avec tes lectures?... Ernaux, Lê, Fargues...

Germaine Tillon vient de disparaitre
J'espère que comme Lucie Aubrac, elles continueront à résister... à l'oubli.

coline a écrit:

Dis donc Bertrand, je viens de lire ton commentaire sur le roman de Nicolas Fargues...Tu n'as pas l'air de t'amuser en ce moment avec tes lectures?... Ernaux, Lê, Fargues...

Oui, je me faisais la même réflexion! L'ami Bertrand semble avoir des problèmes de digestion en ce moment, car peu d'ouvrages passent le cap d'un verdict positif il me semble...
Juste lu Fargues et Ernaux et très honnêtement je ne partage absolument pas tes points de vue.
Mais bon, c'est vrai aussi que tu es plutôt un lecteur intransigeant et qu'il t'appartient de l'être...

Je passe souvent par cette période de déception face à un auteur ou un titre : une période plus ou moins longue où mes lectures ne me plaisent pas. Et c'est une déception, comme pour Bertrand.
Puis arrive un moment où "la chose" se révèle à moi : un titre que je reprends lorsque je suis d'une humeur différente, un petit quelque chose a eu lieu et je découvre avec bonheur le titre qui ne m'aurait pas touchée auparavant. Là, je rentre vraiment en lecture.
Aussi ne suis-je jamais intransigeante. Il y a une telle profusion, je prends, je laisse, j'abandonne et me réjouis tour à tour, guidée par mes émotions. Et quand le petit choc avec un livre se réalise, je perçois une puissance d'échange qui s'est faite entre le texte et moi, comme si j'avais rejoins l'auteur dans un lieu très abstrait où l'on a croisé une perception qui nous est commune; la magie a eu lieu. Sourire.
Alors, suit le besoin de faire partager, avec d'autres lecteurs : l'écrivain, je ne le "vois" pas, je ne le cherche que rarement, comme si son existence était matériellement secondaire.
Sentinelle me dira si c'est normal...
-Au fait, vous savez pourquoi les chutes sont mauvaises dans les romans de Yann Moix? Mais parce qu'il a des fins de moix difficiles!

Tu n'as pas tort Babelle. Il y a des moments pour "rentrer en lecture". Pour capter à un moment plutôt qu'un autre l'esprit de l'auteur, ses sentiments. Quelque chose de magique oui, comme dans toute rencontre car tout se passe au travers de mots, abstraits par essence.

Je reviens sur mon post car le mot 'intransigeant' est peut-être inexact dans le cas de Bertrand. Disons exigeant, difficile.
Je crois que s'il admet les contradictions, il ne change pas de point de vue. Et pardonne peu de faiblesses aux auteurs. Cela m'a surtout frappée pour Fargues (et Emmanuel Carrère l'an dernier) où je n'ai pas du tout ressenti la lecture de la même façon que lui. Mais j'y reviendrai

Je n'oublie jamais que les auteurs sont avant tout des hommes et femmes faits de chair et de sang comme nous. Non des entités abstraites pourvus de vérités incontournables qu'ils assènent à quelques lecteurs basiques que nous sommes tous.
Je dirais même que si je ne perçois pas ce lien, je ne peux accrocher à une lecture. Pour moi leurs failles sont le témoignage de leur propre humanité, le signe de leurs souffrances, de leurs imperfections.

Sans elles je ne lis que du vide, rien ne résonne en moi, et je laisse très vite tomber...