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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Terrence Malick Sam 1 Sep 2012 - 19:54
coline a écrit:
Héhé...voilà de quoi réjouir quelques Parfumés...
To the Wonder est présenté en compétition dimanche 2 septembre à la Mostra de Venise. Avec Ben Affleck, Javier Bardem, Olga Kurylenko, Rachel McAdams...
... et sans Rachel Weisz, Barry Pepper, Michael Sheen et Amanda Peet qui, bien qu'ayant tourné dans des seconds rôles pour ce film, sont restés entièrement sur la table de montage. J'espère que ça en va pas faire comme dans The Tree of Life, je veux dire cette impression qu'une part importante du film a été coupée...
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Terrence Malick Sam 1 Sep 2012 - 23:22
Ben ... même si je n'appréciais pas ce film (ce qui me surprendrait), je pense que je jouerais d'une réelle mauvaise foi enthousiaste, ne serait-ce que pour offrir la réponse du berger à la bergère, tant Malick a été malmené sur ce fil.
Réplique de Jacques Brel dans "Mon oncle Benjamin" : "10 imbéciles d'un côté, 1 sage de l'autre, la démocratie fait que les imbéciles ont raison."
Donc ... à voir ...
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Terrence Malick Dim 2 Sep 2012 - 8:28
Enfin, malmené... En quelque sorte, mais il y a déjà 19 pages sur Malick, il y a donc du pour et du contre.
Et : personne n'est imbécile ici.
MezzaVoce Envolée postale
Messages : 290 Inscription le : 13/07/2012 Age : 59 Localisation : Lyon
Sujet: Re: Terrence Malick Dim 2 Sep 2012 - 9:03
En attendant - avec impatience - son nouveau film, je viens ramener ma fraise au sujet de The tree of live. C'est l'un des films les plus beaux et les plus bouleversants que j'ai vus ces dernières années (en plus il m'a valu une super note, merci Terrence ! une mine pour la psychologie clinique). Mais j'en ai une vision très différente de ce que j'ai lu ici ou là.
Il y a tout d’abord une lueur. Ce lieu énigmatique qui reviendra régulièrement, telle une ponctuation. Où sommes-nous ? Qu’est-ce que c’est ? Bougie ? Utérus ? Ventre cosmique ? Il faudra deviner. Deviner ou choisir. Allez, courage, choisir est parfois peu confortable quand on n’a pas l’habitude. Ça demande un peu de réflexion. Mais ça vaut toujours la peine…
Puis nous faisons connaissance avec les personnages : une femme - lumineuse Jessica Chastain -, apprenant le drame au téléphone : la mort d’un fils. Le père, au téléphone encore – Brad Pitt méconnaissable. Enfin, après un indéfinissable saut dans le temps, le frère aîné, Jack – un Sean Penn d’une magnifique sobriété - qui semble vivre… en suspens.
Voilà pour le présent. Nous y restons très peu. Suffisamment pour percevoir le nombre impressionnant de cloisons de verre qui morcellent ce réel-là. Vient ensuite ce long passage, déchaînement poétique : la musique, les images, l’univers, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, des silences cristallins aux fracas terrifiants. Il peut paraître un peu long, pourtant je crois qu’il suffit de se laisser porter sur l’instant. (Il y a juste l’apparition de ces dinosaures que j’avoue ne pas avoir particulièrement appréciée. Rouerie de réalisateur malicieux ?)
À la sortie du vortex – j’ai pensé au 2001 de Stanley Kubrick -, ce que Terrence Malick veut nous raconter, ce n’est pas le présent, c’est le passé. Quoique… Nous voici dans les années 50-60 au cœur de cette famille : le père, la mère et le fils, Jack enfant - magnétique Hunter McCracken -, puis deux frères naîtront. Malick nous en parle comme on feuilletterait un album photo, comme on visionnerait de vieux films Super 8. Pêle-mêle.
Peu à peu se dessinent les silhouettes d’une mère douce et aimante et d’un père rigide et autoritaire. Des clichés bien étonnants sous la caméra de Terrence Malick, même au regard de l’époque. Personnages qui conservent d’ailleurs de surprenants visages enfantins. Avec l’une, des moments de jeu et de complicité. Avec l’autre, des moments d’autorité et de crainte. Mais l’amour toujours bien présent, palpable. La haine aussi. Mais haine de quoi ? De qui ? Des visages de femmes passent par là, dont nous ne saurons rien. Un troisième frère, parfois présent, parfois absent de l’écran. Déroutant.
Nous suivons ces instants de vie. Pourtant, à y regarder de plus près, certaines réflexions du jeune garçon dénotent une étrange maturité. Dès le début : « Mère, Frère, c’est pour vous que je suis ici. » Plus tard, à son père : « Je suis comme toi. Je suis aussi mauvais que toi. Je te ressemble, à toi plus qu’à elle » - jusqu’à la lèvre inférieure du fils, d’ailleurs, qui s’avance à la manière de celle du père. Ou plus loin : « Père, Mère, vous luttez toujours dans ma tête. » Sur le moment, ces paroles éveillent quelque chose. Et puis on oublie…
Mais le retour dans le présent nous y ramène. Nous voilà à nouveau aux côté de Jack adulte. Dans un décor irréel, nous le voyons rejoindre les personnages de sa vie. Lui a vieilli, pas eux. Ses jambes flanchent devant tout cela – « un jour nous nous écroulerons en larmes et nous comprendrons toutes ces choses » -, mais il se relève. Nous le voyons renoncer à l’amour exclusif de ses parents pour s’autoriser à être aimé d’eux. Il offre à sa mère, et surtout à son père, de retrouver le frère mort. Celui qu’il jalousait. Il accepte cela. Et une fois en paix, il peut recevoir – enfin – le cadeau de cette mère qu’il aime tant.
Le Dieu de Terrence Malick n’est que le soleil jouant entre les doigts. Ou le rêve du grand frère à qui la mère offre, confiante, le souvenir du jeune frère mort.
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Terrence Malick Dim 2 Sep 2012 - 20:52
MezzaVoce a écrit:
En attendant - avec impatience - son nouveau film, je viens ramener ma fraise au sujet de The tree of live[i]. C'est l'un des films les plus beaux et les plus bouleversants que j'ai vus ces dernières années
Moi aussi... D'ailleurs, après l'avoir vu au cinéma, je l'ai regardé à nouveau cet été, deux fois, sur CanalPlus. Je l'aime de plus en plus.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Terrence Malick Ven 7 Sep 2012 - 12:23
The tree of life (2011)
Gloire à la vie. Terrence Malick nous propose la vision d’une famille idéale : rapports harmonieux, maison confortable de laquelle on refuserait difficilement de sortir… Le bonheur, rehaussé par une musique, une luminosité et des teintes qui semblent porter son nom, ne fait pas douter de sa présence. On peut finir écœuré mais, en consentant à se laisser aller à des sentiments plus honnêtes, on peut aussi accepter de s’effondrer devant la grâce de ce tableau d’un foyer d’amour.
La mort apporte un peu de tragique à la constitution parfaite de cette famille, surtout lorsqu’il s’agit de ces morts « injustes » qui emportent les enfants. Terrence Malick ne cède pas à l’émotion facile, et plutôt que de s’apitoyer sur le sort d’une famille morcelée, il s’envole pour une digression métaphysique de quelques minutes. L’occasion pour lui de faire se succéder des images muettes, qui expriment d’elle-même, par la seule puissance de leur beauté et de leur perfection géométrique, le miracle de la vie. Des dimensions infinies de l’Univers jusqu’au fonctionnement prodigieux des organismes vivants, de la variété foisonnante -presque effrayante- des espèces biologiques jusqu’à l’ébullition de couleurs et de textures des galaxies, Terrence Malick explore l’histoire et la géographie de la Vie, rapprochant l’infiniment petit et l’infiniment grand, pour nous confronter au caractère merveilleux et improbable de la Vie. De quoi justifier l’éveil de tout sentiment religieux. De quoi conférer encore plus de tragique aux histoires individuelles et familiales qui se trament sur Terre. Que devient la grâce qui touche le phénomène de la Vie observé dans sa globalité lorsqu’on se rapproche jusqu’à la particularité ? Toute harmonie disparaît. Ne reste plus que la violence d’assauts pourtant insignifiants, et cette tristesse infinie qui résulte de la destruction des élans vitaux les plus nobles.
Ainsi, Terrence Malick revient bientôt sur la vie de cette famille qui nous avait semblé parfaite, et en nous faisant pénétrer dans l’existence quotidienne de chacun de ses membres, nous ne tardons pas à découvrir les failles d’une hiérarchie implicite et les discordances éveillées suite aux aspirations éteintes. Le combat se poursuit, de manière moins revendiquée que dans la partie précédente, entre ce qu’on pourrait résumer par « pulsion de vie » et « pulsion de mort ». Le père, tyrannique, sait qu’il est passé à côté de sa passion pour la musique et qu’il a gâché ses talents. L’amour qu’il porte à ses enfants n’arrive plus à s’exprimer autrement que par le biais d’une rigueur de fer qui se distingue surtout par son totalitarisme. La mère, dont on arrive encore à capter les derniers relents de grâce, s’éteint peu à peu dans cette ambiance mortifère. Elle n’aide pas ses enfants et pour eux, l’apprentissage de la vie ressemble à une lutte entre deux extrêmes.
Le film serait parfait s’il avait réussi à se conclure sans verser dans cette invention typiquement humaine (et donc bien loin de l’harmonie universelle) qu’est la morale. Tout le monde se retrouve dans un genre de paradis de bord-de-mer et, débarrassés des contingences terrestres, on s’embrasse et on fait la fête… La déception gagne. Ce qui avait fait la force tragique de Tree of life disparaît entre deux embrassades bien vite accordées. Terrence Malick a pris son parti : on retrouve la perfection du début du film, mais aucun élément ne vient désormais plus s’y opposer. Cette conclusion est respectable, mais après nous avoir présenté les personnages et leurs failles, elle ne paraît absolument plus aussi honnête que l’image d’Epinal qui avait servi d’introduction au film.
MezzaVoce Envolée postale
Messages : 290 Inscription le : 13/07/2012 Age : 59 Localisation : Lyon
Sujet: Re: Terrence Malick Ven 7 Sep 2012 - 12:44
colimasson a écrit:
Tout le monde se retrouve dans un genre de paradis de bord-de-mer
Ne sommes-nous pas plutôt dans l'inconscient de Jack ?
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Terrence Malick Ven 7 Sep 2012 - 13:11
J'ai parcouru les pages du fil traitant de The tree of life. Merci Marko pour tout ce que tu as pu collecter concernant le film (articles, commentaires, musiques, poèmes...)
Marko a écrit:
D'autant que les images sont très belles ici aussi. Je lui reproche seulement d'avoir adopté une imagerie un peu convenue de paradis nimbé de blanc où vivants et morts se retrouvent dans un élan de douleurs apaisées. Mais c'est cohérent avec l'ensemble du propos dans cette perspective mystique. Et c'est l'illumination vers laquelle tend toute cette fabuleuse ascension que propose le film par mouvements circulaires.
C'est aussi ce que je reproche en priorité à ce film. Et pour répondre à Mezza :
MezzaVoce a écrit:
Ne sommes-nous pas plutôt dans l'inconscient de Jack ?
Oui, je le pense aussi, mais c'est dommage que cet inconscient soit représenté sous une forme aussi caricaturale. Tout le reste du film nous avait permis de voyager dans un univers foisonnant, et là on retombe dans une imagerie mystique genre new-age. De quoi permettre aux détracteurs de Terrence Malick (et de ce film en particulier) de lui taper dessus...
Marko a écrit:
traversay a écrit:
Méchant eXPie Cela dit, cette voix off, quelle plaie !
C'est amusant comme on peut ressentir les choses tellement différemment. Ce que j'aime avec ces voix off c'est qu'elles pourraient se confondre et ne faire qu'un comme autant de questions restées en suspens dans l'atmosphère et que Malick attrape au passage comme il capte des expressions, des émotions, des bribes de souvenir.
Pas dérangée non plus par ces voix-off qui traduisent, en des termes simples, des interrogations que chacun peut légitimement se poser tous les jours. Peut-être pas de manière littérale, mais le but du jeu (d'un film, d'un livre, de n'importe quelle création artistique) est quand même d'expliciter plus ou moins clairement ce qui peut bouillonner dans nos petites têtes. Et puis, ce sont les questions d'un enfant, donc il n'y a rien de honteux à ce qu'elles paraissent naïves. Ceci dit... "naïf"... si on voulait y répondre vraiment, je ne sais pas si on pourrait éluder en quelques phrases.
Queenie a écrit:
Je trouve ça creux et je n'ai jamais eu de cours de catéchisme, ce n'est pas pour m'en payer au ciné.
C'était comme ça le catéchisme tu crois ? Dans ce cas, dommage que je n'en aie pas eu non plus... (je ne me suis pas mise à prier depuis que j'ai regardé ce film)
Marko a écrit:
J'ai lu que Lars Von Trier avait cherché aussi cette fusion entre intimité et cosmos dans Mélancholia en construisant le film autour de la musique de Tristan et Isolde de Wagner. Le romantisme n'est pas mort!
J'ai parfois pensé à Melancholia moi aussi... Même perfection esthétique, message transcendant à chaque fois. Qu'on adhère ou non à ces tentatives de voir "au-delà" de la réalité, j'apprécie à chaque fois qu'on me donne la possibilité d'y accéder, ne serait-ce que pour quelques heures.
traversay a écrit:
Je n'ai rien de bien nouveau à écrire, si ce n'est que bien que n'aimant que peu le contenu de The Tree of Life, je m'incline devant la mise en scène époustouflante, qui en fait pour moi, de ce point de vue, le plus grand réalisateur du monde, actuellement. Je trouve finalement dommage qu'on évoque plus le fond (qui est, c'est naturel, variablement reçu selon sa propre culture, nature, éducation etc.) que la forme. Sa façon de filmer les scènes domestiques est proprement hallucinante, il faudrait l'analyser image par image.
J'approuve !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Terrence Malick Ven 7 Sep 2012 - 16:30
Agréable de replonger dans le film à travers vos commentaires. Effectivement tout le film est un voyage dans un flux de conscience qui nous embarque loin dans les souvenirs, les émotions, les rêves et les terreurs en prenant la forme d'une prière et d'un chant de la Terre. Qu'on soit croyant ou pas c'est une belle proposition de cinéma panthéiste et un hommage vibrant au mouvement transcendantaliste.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Terrence Malick Ven 7 Sep 2012 - 16:47
Marko a écrit:
mouvement transcendantaliste.
Est-ce que c'est une référence au mouvement philosophique du XIXem siècle dont le représentant le plus éminent est Emerson ?
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Terrence Malick Ven 7 Sep 2012 - 17:02
Arabella a écrit:
Marko a écrit:
mouvement transcendantaliste.
Est-ce que c'est une référence au mouvement philosophique du XIXem siècle dont le représentant le plus éminent est Emerson ?
Oui j'en ai déjà parle un peu plus haut sur le fil (et/ou ailleurs avec Nezumi). Malick a lui-même enseigné la philosophie et c'est un mouvement auquel il se réfère.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Terrence Malick Ven 7 Sep 2012 - 19:25
Merci. J'avoue n'avoir pas tout lu, n'ayant pas encore vu le film, je préfère ne pas trop rentrer dans les détails maintenant. Mais ce que tu dis me situe bien les choses.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Terrence Malick Lun 24 Déc 2012 - 0:44
Sortie le 6 mars 2013:
Malgré le lyrisme un peu grandiloquent de la bande annonce il semblerait que le film soit encore plus abstrait que Tree of Life, divisant plus que jamais la critique au festival de Venise. Je l'attends donc avec impatience.
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Terrence Malick Lun 24 Déc 2012 - 0:56
Marko a écrit:
Sortie le 6 mars 2013:
Malgré le lyrisme un peu grandiloquent de la bande annonce il semblerait que le film soit encore plus abstrait que Tree of Life, divisant plus que jamais la critique au festival de Venise. Je l'attends donc avec impatience.
Le jour de ma fête!Chouette! Je suis impatiente!...
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Terrence Malick Lun 24 Déc 2012 - 8:10
Toujours bien filmé (je suis curieux de voir ses scènes dans une ville européenne), mais ah la la, j'espère qu'on ne va pas avoir des considérations de haute volées sur l'Amour pendant deux heures...