Paroles d'insomniaques

Vive l' insomnie !
Doucement Pia ! J' ai pensé ainsi longtemps. Comme je l' ai dit précédemment, profiter des insomnies, c' est comme si du temps en plus m' était accordé dans ma vie. Et en plus j' adorais-et j' adore toujurs- la nuit.
Vivre en  noctambule est une façon de vivre différente des habitudes diurnes. Surtout dans les grandes villes où la nuit et son royaume appartiennent aux travailleurs de la nuit, mais aussi à tous ceux qui, pour une raison ou une autre ont choisi de vivre la nuit.
De s' y promener, de rencontrer d' autres noctambules, de parler. La nuit libère la parole souvent. On a
 parfois l' impression qu' on peut tout dire. Et en tout cas échanger des propos qu' on ne pourrait exprimer à la lumière du jour.

Je me souviens qu' à une époque je prenais des trains de nuit. Et j' y ai rencontré des gens qui me
confiaient des détails de leur vie qu' ils n' auraient jamais conté ailleurs et autrement.
Y compris à des proches...
Et c' est vrai, leurs confessions étaient sans risque. On pouvait raconter ce qu' on voulait. A l' arrivée,
on se quittait. Et ceux qui avaient parlé ainsi impunément partaient soulagés.

Il m' est aussi arrivé d' autres évènements nocturnes, petits ou grands.
Envolées lyriques au cours de déambulations entre amis ados. Concerts nocturnes. Fetes improvisées. Et bien entendu les lectures passionnées, en tete à tete idéal avec le livre, ses personnages, ses aventures, ses  mystères...

Tout cela est vrai et inoubliable. Mais, et je l' ai déjà dit ici, lutter contre le sommeil est dangeureux.
Parce que tout le monde ne peut se contenter de 4 ou 5 heures de sommeil.
Et que l' habitude de manquer le train de 21 heures ou 22 heures risque de perturber sérieusment le
cycle su sommeil et entrainer des insomnies inoncontrolables..
Qui interférent forcément avec votre journée de travail. C' est ce qui m' est arrivé.
Mais fatigué que j' étais, je n' ai jamais pu renoncer à mes habitudes de lire tard -ou très tard- parce que c' était une façon de compenser mes frustrations de la journée.

Et puis, un jour, la maladie vous tombe dessus et l' insomnie en état de faiblesse devient une malédiction qui ne compense rien. Ou pas grand chose.
Je pourrais rajouter que j' ai rarement connu les beautés de l' aurore qui sont uniques et que je n' ai
jamais cessé de regretter.
Mais on ne peut tout avoir et finalement, je ne regrette pas grand chose.
Quoi qu' on fasse, on est limité par les contraintes et les nécessités de l' existence et tout ce qu' on
obtient de grand ou d' original se paie souvent d' une façon ou d' une autre.

pia a écrit:

Tu arrives à être comateuse et à projeter???  
 

Comateuse du corps, le reste ça tourne dans la tête.

bix229 a écrit:

Vive l' insomnie !
Doucement Pia ! J' ai pensé ainsi longtemps. Comme je l' ai dit précédemment, profiter des insomnies, c' est comme si du temps en plus m' était accordé dans ma vie. Et en plus j' adorais-et j' adore toujurs- la nuit.
Vivre en  noctambule est une façon de vivre différente des habitudes diurnes. Surtout dans les grandes villes où la nuit et son royaume appartiennent aux travailleurs de la nuit, mais aussi à tous ceux qui, pour une raison ou une autre ont choisi de vivre la nuit.
De s' y promener, de rencontrer d' autres noctambules, de parler. La nuit libère la parole souvent. On a
 parfois l' impression qu' on peut tout dire. Et en tout cas échanger des propos qu' on ne pourrait exprimer à la lumière du jour.

ça me rappelle une réflexion... de Bernanos je crois...
Dans ma ville, la nuit, il n'y a personne.

C'est beau comme tu le racontes Bix!

C'est vrai que vivre la nuit dans une grande ville est possible. A la campagne aussi, mais c'est autre chose, il y a moins de monde, moins de lumière. Je dois dire que plus jeune, j'adorais aussi me balader la nuit et je n'avais peur de rien. Je me sentais tellement libre. J'ai frolé certains dangers parfois, quand j'y repense.  C'est vrai que la nuit tu rencontres d'autres sortes de personnes, qui sont souvent dans une situation particulière. Que ce soit à cause de l'insomnie ou autre. Cela favorise le rapprochement et bizarrement la confiance et la confidence. Je vis dans une petite ville maintenant et je ne suis plus si courageuse ou je ne me sens plus aussi libre. J'aimerais mais...bon. alors je prend un livre.

Les trains dont incroyables! Le nombre de gens avec qui je parle 2 heures durant et que ne ne revois jamais...Je parle souvent plus avec eux qu'avec des gens que je cotoie tous les jours!

Je ne lutte pas contre le sommeil, c'est lui qui lutte contre moi!   Et je dois dire que je ne dors pas plus de 5 heures par nuit. Et quand j'arrive à plus je pousse des hourras et me sens invincible!

Je ne lis pas tard, je m'écroule sur mon bouquin assez tôt, incapable de garder les yeux ouverts et je me réveille la nuit. A ce moment là au lieu d'attendre, de ressasser ou de projeter (ça, j'aime assez!), je prend de plus en plus un bouquin. ça me détend et je me rendors.. parfois. Je n'ai jamais vraiment pris de "mauvaises habitudes" de noctambule. En fait je me fustige toujours...Tu dois te lever demain donc tu ne peux pas être une noctambule..Quel dommage n'est-ce pas?

Les beautés de l'aurore. ça aussi c'est un moment particulier. Encore une fois le courage me manque de sortir de mon lit douillet pour voir le jour se lever. Et pourtant quand il n'y a encore personne dans les rues, sauf des gens qui sont tirés de leur sommeil pour aller au travail et qui sont tout comateux et tout doux encore. Quand je sais que je dois me lever pour aller travailler, je n'ai pas le moral. J'aimerais pouvoir ne pas travailler parfois pour pouvoir organiser ma journée comme je veux....

@ Coline j'adore le texte de la chanson de Barbara. Si s'endormir c'est mourir, Ah là laissez-moi mes insomnies, j'aime mieux vivre en enfer que de mourir en paradis... ça rejoins ce que tu disais!
Moi aussi j'ai un troupeau, il ne me dérange pas mais il prend de la place dans ma petite chambre. Peut-être que je devrais compter autre chose...  

Oui, Pia, c' est bien d' échanger des impressions vécues à propos de l' insomnie. En plein jour et sur un forum !

Il y a pas mal d' années était paru livre qui avait connu un réel succès et que je n' ai jamais lu.
Mais il n' est peut etre pas trop tard.
Si quelqu' un l' a déjà lu, qu' il se fasse connaitre...

Pas lu, mais j'aimerais bien pouvoir être l'auteur un jour aussi !

J'ai bien aimé te lire pia.

Ce n’est pas une petite chose que de savoir dormir : il faut savoir veiller tout le jour pour pouvoir bien dormir. Dix fois dans la journée il faut que tu te surmontes toi-même : c’est la preuve d’une bonne fatigue et c’est un pavot pour l’âme. Dix fois il faut te réconcilier avec toi-même ; car s’il est amer de se surmonter, celui qui n’est pas réconcilié dort mal. Il te faut trouver dix vérités durant le jour ; autrement tu chercheras des vérités durant la nuit et ton âme restera affamée. Dix fois dans la journée il te faut rire et être joyeux : autrement tu seras dérangé la nuit par ton estomac, ce père de l’affliction.

Ainsi parla Zarathoustra, Nietzsche

Faites ce que je dis et non ce que je fais !
Je crois que Nietzsche souhaitait aux autres ce qu' il ne put réaliser lui-même. Et qu' il avait sans doute des insomnies !

bix229 a écrit:

Faites ce que je dis et non ce que je fais !

C'est souvent comme ça...Pas vrai?