Politique / Civilisation

Pour une politique de civilisation, le livre d'Edgar Morin paru en 1997 puis 2002 chez Arléa Poche, est épuisé (sans doute va-t-il être réédité).
En attendant :

Citation :

Résumé électre :
Pour conjurer la crise actuelle que traverse la société, E. Morin propose de rétablir l'être humain comme moyen, fin, objet et sujet de la politique, et d'insuffler l'espoir, non en tant que résurrection de la grande promesse, mais en tant que résurrection d'une possibilité, pour qu'il porte l'élan salvateur.

Citation :

4è de couv.
>"Ce petit livre traite de problèmes dont nous faisons l'expérience quotidienne, et qui concernent notre vécu concret. Il s'agit des déficiences et des carences de notre civilisation et, par là-même, de nos besoins et de nos aspirations, qui ne sont pas seulement monétaires. Il s'agit de régénérer la vie sociale, la vie politique et la vie individuelle.
- Dans les campagnes, les quartiers, un peu partout dans le pays, se créent de nombreux mouvements régénérateurs, mais ils restent isolés, dispersés. D'où cet ouvrage, qui propose non un programme, ni un projet de société, mais qui définit une voie.
Pour prendre sens, ce texte est inséparable d'une réforme intellectuelle et d'une refondation politique. Un système qui n'a pas en lui les moyens de traiter ses problèmes est condamné soit à la régression - voire à la mort -, soit, en se dépassant lui-même, à la métamorphose.
En refusant la régression, en résistant à la mort, œuvrons pour la métamorphose."

Mais peut-être avez-vous lu ou étudié l'auteur à travers d'autres ouvrages :
Pour sortir du XXè s.
Pour entrer dans le XXè s.
Culture et barbarie européennes
Où va le monde?
Introduction à une politique de l'homme
Dialogue sur la nature humaine (avec Boris Cyrulnik)
L'Esprit du temps
(...)

Le 3 janvier, Le Monde démarre ainsi l'interview : -Qu'est-ce que vous entendez par "civilisation" ?
Edgar Morin répond :

Citation :

Il faut distinguer culture et civilisation. La culture est l'ensemble des croyances, des valeurs propres à une communauté particulière.

La civilisation, c'est ce qui peut être transmis d'une communauté à une autre : les techniques, les savoirs, la science, etc. Par exemple la civilisation occidentale dont je parle, qui s'est du reste mondialisée, est une civilisation qui se définit par l'ensemble des développements de la science, de la technique, de l'économie.

Et c'est cette civilisation, qui aujourd'hui apporte beaucoup plus d'effets négatifs que d'effets positifs, qui nécessite une réforme, donc une politique de civilisation.

Edgar Morin : "La politique de civilisation ne doit pas être hypnotisée par la croissance"

je n'ai rien lu d'Edgar Morin mais j'ai vu l'article du monde !
Pourquoi Edgar Morin distingue-t-il culture et civilisation. La culture est un élément de la civilisation, elle n'est pas hors la civilisation, elle en est partie intégrante. Je ne comprends pas ce que l'on cherche à démontrer en séparant culture et civilisation. Peut-on imaginer une civilisation sans culture ? La culture n'est pas uniquement des croyances, des valeurs, une communauté particulière, c'est aussi du bien, du patrimoine historique oublié quelquefois et que l'on redécouvre parfois des siècles après grâce par exemple à quelque chose de bien matériel comme un livre ou une découverte archéologique. Sans témoignage concret, création artistique ou autre trace matérielle du passé, on entre dans le domaine du mythe et de la transmisson orale.
Sinon, les idées de Morin relèvent du bon sens. Il nous dit quoi ? Villes surpeuplées, campagne désertées etc. Je ne vois rien de nouveau si ce n'est que les politiques font exactement le contraire de ce que prône le bon sens. Les grandes villes cherchent à attirer le plus de population et d'entreprises possible car elles se font concurrence à tous les niveaux et les campagnes désertifiées sont devenues dans le meilleur des cas des villages dortoirs de plus en plus réservées aux plus nantis. Spirale infernale !
Le pouvoir d'achat, ben oui est l'expression à la mode. Pouvoir et achat. Pouvoir d'acheter ? Pourquoi Morin ne n'utilise-t-il pas le mot "décroissance" (volontaire ou non) qui d'ailleurs refléterait plus la réalité. Décroissance qui pourrait fort bien être raisonnée. Travailler plus pour gagner plus et surtout consommer plus ! Re-spirale infernale surtout quand on pense à tout les laissés-pour-compte de plus en plus nombreux.
Mais "civilisation" sonne sans doute mieux. Alors parlons de réforme de civilisation. Civilisation européenne, civilisation asiatique, africaine et euh n'oublions pas l'Atlantide ! Osons parler de chute de civilisation comme on parle de la chute de l'Empire romain mais je mégare oulà !
Mais sans doute ais-je lu cet article du monde un peu vite et que je n'en ai pas saisi toutes les subtilités.

mimi a écrit:

je n'ai rien lu d'Edgar Morin mais j'ai vu l'article du monde !

J'avais lu Penser l'Europe il y a plusieurs années et avais trouvé cet essai très intéressant; je prendrai donc le temps de lire cette interview.

Point sur l'actualité :
Entretien dans la revue Sciences humaines (Rencontre avec...) :

Citation :

-Le chef de l’Etat Nicolas Sarkozy a utilisé votre expression, « politique de civilisation », lors de ses vœux aux Français. Pensez-vous que vos thèses puissent inspirer sa politique ?

(E. M.)>"Je ne prétends à aucun label sur l’expression « politique de civilisation ». Le président, comme quiconque, peut l’utiliser. Il semble qu’Henri Guaino, qui est l’un des inspirateurs de Nicolas Sarkozy, m’ait lu. Quand ? Comment ? Je l’ignore. Est-ce que le président m’a lu ? J’en doute. Mes idées comportent quelque chose de radical : une réelle politique de civilisation ne saurait passer par des réformettes. Pour l’instant, le président n’a pas précisé ce qu’il entendait par cette expression. Si elle doit créer du débat, j’entends un débat profond, j’en serai ravi. Mais dans l’état de superficialité des médias, je doute que ce grand débat ait lieu."

Edgar Morin (avec Henri Guaino) était l'invité de l'émission "esprits libres" hier sur France 2. Pas vu mais l'émission sera rediffusée le 18 janvier à 22 h sur France 2. Quelqu'un l'a vue ?

http://www.programme-tv.net/2008-01-11/3/5/2170833/cable/esprits-libres.html

Sarkozy à toutes les sauces, sur tous les fronts, toutes les idées.

http://ilestpartout.canalblog.com/

mimi a écrit:

Edgar Morin (avec Henri Guaino) était l'invité de l'émission "esprits libres" hier sur France 2. Pas vu mais l'émission sera rediffusée le 18 janvier à 22 h sur France 2. Quelqu'un l'a vue ?
http://www.programme-tv.net/2008-01-11/3/5/2170833/cable/esprits-libres.html

Oui, j'ai regardé les 3/4 de cette discussion.
J'ignore si Morin s'est senti "oublié" par la gauche française à un moment ou à un autre, mais il m'a semblé que l'invité "porteur" du sarkozysme, réhabilitant le sens et les valeurs du philosophe pour les reprendre à son compte, a commis avec sa classe politique un détournement de pensée.
C'est la nouvelle méthode du pouvoir actuel. Voilà donc la fameuse excellence qu'une certaine droite nous promettait de rattraper... celle de mettre à son service le travail porteur des autres (entre 2 visites à Disneyland).
Le seul point positif sont les discussions qui pourront s'engager, à condition qu'elles soient communes (de gauche à droite).
Si Finkielkraut prend un air idiot en refusant d'utiliser le portable, internet, la voiture et même la carte bancaire, je trouve que Morin a une pensée profonde et enrichissante.
Il est vrai que nous vivons mal, nous mangeons mal, nous ne savons pas répondre aux difficultés existentielles de nos proches, nous aspirons à consommer davantage mais pas mieux, les choix de nos jeunes sont centrés sur un pseudo bien-être immédiat...
Je pense comme Mimi que cette dichotomie qui tend à distinguer culture et civilisation est dangereuse.
- Un léger malaise : le philosophe, qui a vécu quelques années dans une haute tour parisienne déshumanisée, a eu un geste de la main "repoussoir" en indiquant presque qu'il était heureux que ces tours aient été "repoussées" de Paris... C'était presque imperceptible (3 secondes).

-Et puis, qui nous dira comment le chômeur de longue durée, le SDF, la part de jeunesse exclue et en échec dans notre pays pourraient accéder à ces bien nobles aspirations, alors qu'il s'agit de tenir jusqu'à la fin du mois pour nourrir la famille, trouver un lieu pour dormir...
Avons-nous chacun les moyens de penser et de recentrer notre existence sur l'essentiel, l'humain?

mimi a écrit:

Sarkozy à toutes les sauces, sur tous les fronts, toutes les idées. http://ilestpartout.canalblog.com/

Elle est trop cette photo!

Opter pour une « politique de civilisation », c’est prendre conscience que notre civilisation occidentale uniquement orientée vers le progrès, le profit, la croissance, l’argent…, s’essouffle et n’est pas sans défaut.
Qu’il faut remettre au centre de nos préoccupations non plus les problèmes de croissance, mais l’Homme et la Terre épuisée, abîmée par l’activité humaine.
Cette politique de civilisation rejoint la prise de conscience écologique.

Mieux dit, source Wiki:

Citation :

Avec Terre-Patrie, écrit en 1993 Edgar Morin en appelle à une prise de conscience de la communauté du destin terrestre, véritable conscience planétaire.
"C'est en Californie, en 1969-1970, que des amis scientifiques de l'université de Berkeley m'ont éveillé la conscience écologique" rapporte-t-il, avant de s'alarmer trois décennies plus tard, après l'assèchement de la mer d'Aral, la pollution du lac Baïkal, les pluies acides, la catastrophe de Tchernobyl, la contamination des nappes phréatiques, le trou d'ozone dans l'Antarctique, l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans, l'urgence est plus grande que jamais.

En 2007, il est l'auteur de L'an I de l'ère écologique : La Terre dépend de l'homme qui dépend de la Terre. Le livre comporte un dialogue avec Nicolas Hulot.


Cette conscience doit s'accompagner pour Edgar Morin d'une nouvelle politique de civilisation, pour sortir de cet âge de fer planétaire... préhistoire de l'esprit humain.

En 1997 paraît Pour une politique de civilisation.
La politique de civilisation (concept emprunté à Leopold Sedar Senghor) explique Edgar Morin vise à remettre l’homme au centre de la politique, en tant que fin et moyen, et à promouvoir le bien-vivre au lieu du bien-être.
Plus concrètement partant du constat que le civilisation moderne génère souvent mal être profond et individualisme, il propose de s'attacher à régénérer les cités, à réanimer les solidarités, à susciter ou ressusciter des convivialités, à régénérer l’éducation.


L'expression politique de civilisation a été reprise par le président de la République française Nicolas Sarkozy, lors de ses voeux du 31 décembre 2007. Edgar Morin s'est montré très nuancé quant à cette utilisation du concept : Je ne peux exclure que M. Sarkozy réoriente sa politique dans ce sens, mais il ne l'a pas montré jusqu'à présent et n'en donne aucun signe. J’ai deux désaccords très importants avec Sarkozy : sur la politique extérieure, où je vois un alignement sur Bush ; et sur l’intérieur et la politique inhumaine envers les immigrés. Pour le reste, il y a une marge d’incertitude et il peut évoluer. [...] Le chef de l’Etat est un personnage plastique, en mouvement. Il n’a pas encore pris conscience du caractère radical d’une politique

Véronique Anger de Friberg (canadienne), fondatrice des éditions Des Idées & des Hommes est aussi auteur de :
«Les Dialogues stratégiques. Mieux comprendre la complexité et l’évolution du monde» préfacé par Joël de Rosnay (essai. 2007);
«Scandales à l’Elysée» avec Robert Montoya (essai politique. 2004).
Le Média citoyen lui ouvre une colonne consacré au sujet.
Son article démarre ainsi :

Citation :

L’habile réutilisation politique par Nicolas Sarkozy des idées d’Edgar Morin, sociologue-philosophe, chercheur et directeur émérite au CNRS, notamment de sa « politique de civilisation », fait l’actualité depuis la cérémonie des vœux. Le président de la République et son entourage ont su avec intelligence intégrer un concept relativement simple et largement décrit dans le livre d’Edgar Morin Une politique de civilisation (éditions Arléa. 1997) co-écrit avec Sami Naïr, philosophe-sociologue et ancien député européen (gauche unitaire européenne).>source V ADF

Citation :

Fin stratège politique, opportuniste, intuitif, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à s’emparer des grandes idées historiquement véhiculées par la gauche. Si son entourage semble avoir su capter des tendances, des attentes fortes des Français et les intéresser à la construction de leur avenir, la gauche est hélas restée sourde à la plupart des réflexions et des grandes idées françaises, en particulier des propositions des anciens membres d’un des groupes de pensée les plus actifs depuis ces trente dernières années, le « Groupe des dix », prolongé dans les années 80 par le GRIT-Transversales.

Le Groupe des dix :
Edgar Morin, Henri Atlan, Jacques Attali, Robert Buron, Jacques Delors, Henri Laborit, André Leroi-Gourhan, René Passet, Jacques Robin, Michel Rocard, Joël de Rosnay, Jacques Sauvan, Michel Serres, Jacques Testard, Jacques Robin commencent dès 1966 à réunir "des intellectuels désireux de contribuer à un monde plus responsable et plus solidaire, appartenant à des horizons différents (biologie, économie, sciences sociales, écologie, philosophie, juridique, politique...) et convaincus de la nécessité de décloisonner les travaux entre les différentes disciplines et d’en relier les connaissances pour appréhender le monde dans sa complexité".

Citation :

« J’ai souhaité irriguer la gauche, je ne l’ai jamais irriguée.
Dans les années 1970, on avait dit aux socialistes : on peut vous faire des séminaires sur la complexité... Ils s’en foutaient. Ils ont toujours vu en termes de pouvoir. Ils se disaient : quand la droite prendra le pouvoir, ils vont se déconsidérer et on prendra leur place. Cela a marché pendant pas mal de temps. Maintenant, cela ne marche plus ». E. Morin