Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Friedrich Dürrenmatt [Suisse]

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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyLun 24 Oct 2011 - 22:37

La saison Dürrenmatt continue.

d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 Durren12

La Mort de la Pythie suivi de Minotaure (Das Sterben der Pythia - Minotaurus). Editions de Fallois - L'Age d'Homme. 86 pages.
Avec ces deux textes, nous sommes plongés dans l'Antiquité.

1/ La Mort de la Pythie (das Sterben der Pythia ; publié pour la première fois en 1976). Traduit de l'allemand par Michel Leyvraz. 52 pages.
Citation :
"Pannychis XI, prêtresse de Delphes, était, comme la plupart des pythies avant elle, efflanquée et de haute taille. Agacée par l'ineptie de ses oracles et la crédulité des Grecs, elle avait écouté le jeune Oedipe : encore un qui demandait si ses parents étaient vraiment les siens, comme si, chez les aristocrates, il était si facile de trancher une telle question. Car vraiment, certaines femmes allaient jusqu'à prétendre que Zeus avait partagé leur couche, et il se trouvait même des maris pour les croire !" (page 9).
Un jour, elle en a assez.
Citation :
"Alors, soit pour le guérir de sa foi aveugle en l'art divinatoire, soit par pure malice, pour irriter ce prince infatué venu de Corinthe, elle lui prédit un destin dont l'absurdité était si énorme et la vraisemblance si infime qu'elle était sûre qu'il ne se réaliserait jamais : qui au monde, pensa-t-elle, serait capable de tuer son père et de coucher avec sa mère ?' (pages 9-10).
Elle oublie rapidement Oedipe.
Citation :
"Elle était si vieille, et pourtant sa vie se traînait interminablement dans d'incessantes disputes avec le grand-prêtre. Celui-ci gagnait un argent fou sur son dos grâce à ses oracles qui devenaient de plus en plus extravagants. Pannychis, pour sa part, ne croyait pas un mot de ce qu'elle prophétisait ; prédire aux hommes leur avenir était pour elle une façon de se moquer de leur crédulité - qu'elle ne faisait ainsi que renforcer. [...]
Ce qui se passait en Grèce avait depuis longtemps cessé de l'intéresser." (pages 10-11)
On croit avoir appris la véritable histoire d'Oedipe... et puis non. Il y a une autre révélation, qui fait qu'on croit que la prophétie ne s'est pas réalisée. Et puis arrive une autre révélation qui fait que, d'une manière totalement inattendue, elle s'est vraiment réalisée, en fait. Et une autre révélation qui fait que... euh... finalement... ? Oedipe ne serait pas Oedipe ? Ou peut-être qu'encore non ou si, on ne sait même plus. Et on entend des histoires qui, à chaque fois, sèment le doute (et si tel bébé avait été remplacé par tel autre ? et si ... ?), dans lesquelles interviennent Ménéocée, son grand-père Udée, Cadmos, Tirésias, Capys, Laïos, Jocaste, Créon, Polybe, Mérope, la Sphinx... N'en jetez plus !
C'est parfois un petit peu long. Quel était le vrai but de telle prophétie ? N'était-ce pas le contraire de ce que l'on croit ? Ou que l'on croit croire ?
Citation :
"Cesse de te creuser les méninges, fit Tirésias en riant. Laisse ces histoires tranquilles : elles se seront passées autrement, quoi que l'on fasse, et nous échapperont d'autant plus que nous nous efforcerons de les élucider. [...] Il n'existe de vérité que dans la mesure où nous la laissons tranquille." (page 56).

2/Minotaure (Minotaurus. Eine Ballade. 1985). Traduit de l'allemand par Jean-Paul Clerc. 22 pages.
"Mit Zeichnungen des Autors." est-il précisé dans l'édition allemande de 1985.
d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 Durren13
Il y a donc des dessins, que nous n'avons pas dans l'édition française, du moins pas chez l'Age d'Homme.

Ce texte commence par une longue phrase assez labyrinthique. C'est la naissance du Minotaure que "mit au monde la fille du dieu du soleil, Pasiphaé [...]".
Le Minotaure ne commence à prendre conscience du monde qu'une fois dans le Labyrinthe, construit avec d'"innombrables parois de verre, en sorte que la créature ne voyait pas devant elle que sa seule image, mais encore les images de ses images." (page 65).
La créature est donc entourée de ses semblables, mais ne comprend pas dès le début qu'il ne s'agit que de reflets.
Citation :
"Elle bondit sur ses pieds, instinctivement, pour mettre en fuite les créatures accroupies ; ses images bondirent simultanément. Elle se ramassa sur elle-même, et ses images avec elle. Impossible de les chasser. [...] Elle s'étira, étendit les bras, mugit ; avec elle s'étirèrent, étendirent les bras et mugirent une infinité de créatures semblables, les mille répercussions de l'écho lui renvoyèrent un mugissement qui semblait ne vouloir jamais finir. Un sentiment de bonheur la submergea. [...] Gambades, sauts, culbutes, marcher sur les mains - si grande était sa joie, parce que les images exécutaient tout ce qu'elle faisait, en sorte qu'elle eut le sentiment d'être à leur tête, plus encore, d'être un dieu, eût-elle su ce qu'est un dieu -, ces manifestations de joie enfantine devinrent danse rythmée de la créature avec ses images ; et elles étaient soit inversées, ou alors, images reflétées par des images, identiques à la créature, et encore, reflets d'images renvoyés par d'autres créatures, inversées à leur tour, jusqu'à se perdre à l'infini." (pages 66-67).

On voit ici le Minotaure danser devant les miroirs (1984) :
d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 Durren14

Bien sûr, on connaît l'histoire du Minotaure, mais on ne l'avait pas forcément lue du point de vue du Minotaure, créature innocente mais qui peut se montrer brutale (malgré elle, ou volontairement), qui tente de comprendre les règles du monde qui l'entoure.

Ici, face à Thésée (1984) :
d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 Durren15

Un récit très bien écrit, plus simple que La Mort de la Pythie, sans doute moins profond, mais finalement plus intéressant, littérairement parlant.

Pour finir, voici une peinture plus ancienne de l'auteur (Minotaurus, 1962)
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Cachemire
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyDim 11 Déc 2011 - 22:33

Je viens d'apprécier ce soir au théâtre à Francfort "les physiciens". La mise ne scène et le décor mettaient parfaitement en valeur cette comédie drôle et grave en même temps. J'ai passé un très bon moment à voir la pièce que je connaissais pour l'avoir lue.
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eXPie
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyDim 7 Oct 2012 - 21:02

d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 Durren10

Val Pagaille (Durcheinandertal - dites, les éditeurs, c'est pénible de devoir aller sur internet pour trouver le titre original -, 1989). Traduit en 1991 par Étienne Barilier. Motifs. 190 pages.
Dans la page de présentation de l'auteur, on peut lire un très curieux : "Aujourd'hui surtout reconnu pour ses romans policiers [ah bon ?], il se considérait essentiellement comme dramaturge." A part La Promesse, je ne vois pas d'autres "romans policiers" connus (Justice ? Le Juge et son bourreau ?)... Alors que, côté théâtre, on a Les Physiciens, la Visite de la Vieille Dame... Qu'importe.

Le Val Pagaille commence ainsi :
Citation :
"Il avait l'air du Dieu de l'Ancien Testament, sans barbe. Il se tenait assis sur le mur, au bord de la route qui, dans le val Pagaille, monte jusqu'à l'établissement thermal." (page 9).
Il est peut-être plus puissant que le vrai Dieu, enfin, si ce n'est pas lui.
Citation :
"Non qu'il eût créé le monde en six jours et qu'il eût trouvé cela bon, comme le Dieu à barbe : il aurait pu le faire en quelques minutes, en quelques secondes, mieux, en une fraction de seconde, ou plus exactement en fractions de fractions, d'un mot, subitement, à l'instant, tout de suite, créer le monde et trouver ensuite que la plaisanterie était bonne." (page 11).

Le début est assez foutraque. Ce n'est pas que la suite ne le soit pas, mais on suivra mieux les événements.
Au début, donc, on fait la connaissance du Grand Vieux, personnage essentiel de l'histoire, vu qu'il est à l"origine de tout. Normal : c'est une sorte de Dieu, enfin, s'il existe, bien sûr. Ce qui n'est peut-être pas sûr (prenons nos précautions).
Le Val Pagaille est un lieu de Suisse que l'on pourrait dire abandonné de Dieu. Il ne s'y passe jamais rien. Même pas une avalanche, un éboulement, quelque chose qui pourrait causer quelques morts et susciter une chaîne de solidarité en Suisse. Non. Rien.
Cette médiocrité totale a toutefois ses avantages. Ainsi, le maître d'école trouve que le village "se révélait préférable à tout autre patelin, parce qu'il n'offrait aucune raison de ne pas s'enivrer." (page 90).

Ce village ne survit que grâce à un établissement thermal. Mais cet établissement va changer de propriétaire, et la nouvelle direction aura une idée lumineuse, un concept miraculeux : "« Pauvreté, source de joie »" (page 53).
Réussir à faire venir les millionnaires de la planète, et à les faire payer très cher pour un séjour avec absence totale de confort, nourriture exécrable, etc., c'est fort. Même si tout ceci se fera au détriment de l'économie locale, comme on le verra en lisant le livre.

Outre le Grand Vieux, on fera également la connaissance de tueurs à gage, à commencer par Marijuana-Joe, Big-Jimmy, les deux plus célèbres tueurs du continent nord-américain.
Citation :
"Le premier était le plus fameux, le second le plus notoire, le premier un moraliste, le second un esthète." (page 68).

On verra aussi un prédicateur assassin, des opérations de chirurgie faciale, trois mystérieux avocats (Raphaël, Raphaël et Raphaël, essayez donc de savoir qui est qui), un pauvre chien poursuivi par la justice, l'armée et ses tanks, des sacs de courrier jetés dans une piscine où barbotent deux boas constrictors, et le soleil qui tourne de plus en plus vite à mesure que le Grand Vieux et le non moins mystérieux Jeremiah Belial actionnent chacun la manivelle de leur moulin à café, quelque part en Antarctique (ceci au sud du plateau du roi Haakon, le café étant du Oetiker, Fr 10.15 : soyons précis, sinon on risquerait de ne pas comprendre).

Un grand délire surréaliste, très réjouissant. Le dernier roman de l'auteur, très en forme.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyLun 8 Oct 2012 - 0:22

eXPie a écrit:
Val Pagaille (Durcheinandertal - dites, les éditeurs, c'est pénible de devoir aller sur internet pour trouver le titre original -, 1989). Traduit en 1991 par Étienne Barilier. Motifs. 190 pages.
Dans la page de présentation de l'auteur, on peut lire un très curieux : "Aujourd'hui surtout reconnu pour ses romans policiers [ah bon ?], il se considérait essentiellement comme dramaturge." A part La Promesse, je ne vois pas d'autres "romans policiers" connus (Justice ? Le Juge et son bourreau ?)... Alors que, côté théâtre, on a Les Physiciens, la Visite de la Vieille Dame... Qu'importe.
Friedrich Dürrenmatt reste apprécié pour l’ensemble de son œuvre dans les pays de langue allemande et pas seulement en Suisse. Ses romans policiers sont certainement connu d’un public beaucoup plus large que son théâtre ou les autres écrits. Si les romans policiers de Dürrenmatt touchent une audience plus vaste, c’est grâce à la télé et aux filmes à grand succès qui en ont été tirés. Il en est ainsi de
Der Richter und sein Henker (Le Juge et son bourreau),
Der Verdacht (Le Soupçon),
Das Versprechen (La Promesse),
Justiz (Justice)
et finalement une nouvelle en 24 phrases Der Auftrag oder vom Beobachten des Beobachters der Beobachter (La mission, ou, De l'observateur qui observe ses observateurs).
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyLun 8 Oct 2012 - 7:49

Merci, Maline ; si je comprends bien, c'est vrai dans le monde germanophone, mais cela ne me semble pas être le cas en France (sauf grosse erreur de ma part ; mais de toute façon Dürrenmatt en général n'y est pas très connu).
Je viens de regarder sur imdb, l'adaptation de Justiz réalisée par Hans W. Geissendörfer (que je ne connaissais pas, le réalisateur et ce film) a quand même été nominé comme meilleur film étranger aux Golden Globes... mais n'est jamais sorti en France.
Je crois aussi que peu nombreux sont ceux, en France, qui savent que le film La Promesse est tiré d'un roman allemand.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptySam 17 Nov 2012 - 20:38

d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 Durren17
La Visite de la Vieille Dame (Der Besuch der alten Dam, 1956). Traduction et adaptation française de Jean-Pierre Porret. Le Livre de poche biblio. 158 pages.
Traduction, je comprends, mais "adaptation"... qu'est-ce qui a été changé ?
Quoi qu'il en soit, la pièce commence.

Citation :
"Avant le lever du rideau, on entend le timbre d'une gare ; au lever, on voit un écriteau : « Güllen. » C'est évidemment le nom de la petite ville qui est indiquée dans le fond : ruinée et déchue. [...]
On entend le bruit de tonnerre d'un express qui passe. (On suppose les voies au-dessus de la fosse d'orchestre, parallèles à la rampe.) Le chef de gare salue. Les hommes sur le banc marquent par un mouvement de tête de gauche à droite qu'ils suivent le rapide des yeux.

LE PREMIER HOMME
La Gudrun, Hambourg-Naples !

LE DEUXIEME
A 11h27, ce sera le Roland-Furieux, Venise-Stockholm.

LE TROISIEME
Le seul plaisir qui nous reste : on regarde passer les trains.

LE QUATRIEME
Il y a cinq ans, la Gudrun et le Roland-Furieux s'arrêtaient à Güllen. Le Diplomate et la Loreley aussi ; tous des rapides internationaux." (page 5).

Les entreprises, usines, laminoirs et autres ont tous fait faillite. Güllen est une ville sans avenir, elle n'a plus qu'un passé : Goethe y a passé une nuit, Brahms composé un quatuor et Berthold Schwarz inventé la poudre !
Tout semble perdu ? Non, en effet...

Citation :
"LE DEUXIEME
Il est grand temps que la milliardaire arrive. Paraît qu'elle a fondé un hôpital à Kalberstadt.
[...]

LE PEINTRE
Elle a commandé son portrait à Zimt, le barbouilleur académique." (page 7).

Voici que le Maire arrive avec une nouvelle :
Citation :
"LE MAIRE
Notre illustre visiteuse arrivera par l'omnibus de Kalberstadt à 1h13." (page 9).

Tout est prêt pour accueillir la riche vieille : fanfare... pyramide de l'Union sportive, banquet, etc.

Ah, voici un train. Mais ce n'est pas l'omnibus, il ne devrait donc pas s'arrêter. Il stoppe tout de même, à la stupéfaction générale, dans un grand bruit de freins. La milliardaire, la vieille dame, descend du Roland-Furieux.

Citation :
"CLAIRE ZAHANASSIAN
C'est bien Güllen ?

LE CHEF DE TRAIN, essoufflé.
Madame, vous avez tiré la sonnette d'alarme.

CLAIRE ZAHANASSIAN
Je tire toujours les sonnettes d'alarme.

LE CHEF DE TRAIN
Je proteste énergiquement. Dans ce pays, on ne tire jamais la sonnette d'alarme, même en cas d'alarme. Le respect de l'horaire est le premier de nos principes. Puis-je vous demande une explication ?

CLAIRE ZAHANASSIAN
Nous sommes bien à Güllen, Moby. Je reconnais ce triste trou. Là-bas, la forêt de l'Ermitage avec le ruisseau où tu pourras pêcher tes truites et tes brochets ; à droite, le toit de la grange à Colas." (pages 17-18)

Claire Zahanassian connaît donc Güllen. Elle y a vécu il y a longtemps, et est maintenant de retour pour une raison bien précise : la vengeance. La riche vieille dame dans le patelin ruiné est en mesure d'exiger tout ce qu'elle veut, et elle du genre à dire sa pensée sans chichis.


Vengeance, argent, sacrifice, veulerie... de bons ingrédients pour une excellente pièce, très drôle, d'un humour extrêmement caustique.
C'est aussi l'une des plus connues de Dürrenmatt.

Le film de Djibril Diop Mambéty (Hyènes, 1992), transposant l'action au Sénégal, est très réussi.

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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyVen 30 Nov 2012 - 11:59

La ville et autres proses de jeunesse

Citation :
Écrites vers la fin de la dernière guerre, donc plus de dix ans avant la Visite de la vieille dame, voici les toutes premières œuvres de Dürrenmatt. Certains raffinés les préfèrent pour leur naïveté même, leur sauvagerie baroque. Ce sont des cauchemars, des mythes où l'auteur a risqué son intégrité créatrice, son salut. On ne peut les traverser sans vertige : tout y est labyrinthe, faille, piège. Absurde et parfaite, la Ville renvoie chaque habitant à lui-même, à son illusion, son vide. Bourreaux et victimes, dans cette sournoise apocalypse, deviennent interchangeables. Les identités se dissolvent, les corps se désincarnent. Dieu et Diable sont confondus. Dürrenmatt nihiliste. Dürrenmatt sauvé du nihilisme. Par un certain rire et un certain détachement, vertus passablement helvétiques qui, en allemand, ne portent d'ailleurs qu'un seul nom : Heiterkeit.
" Que devons-nous faire ? demanda le chef de train. - Rien, répondit le jeune homme, rien. Dieu nous a laissés tomber, si bien que nous voilà précipités vers lui. "

Quelques cauchemars symboliques incroyablement noirs caractérisés par leur grande précision et leur attaque des repères, les repères de l'espace et du temps comme les repères du bien et du mal... jusqu'à un certain point. Dans la noirceur désespérée de ces nouvelles fantastiques et baroques hantées d'ombres classiques il y a la mise à l'œuvre de l'une des grandes spécialités de Dürrenmatt, ce qu'on pourrait appeler un déplacement du sens devant l'inévitable. C'est particulièrement frappant dans ces textes courts à quel point la recherche du sens ou de la finalité se déplace rapidement, passant d'un enjeu à un autre, "de la proie au prédateur", de la peur à la joie ou à la domination. Une pensée et une écriture horriblement mobiles qui ne cessent d'entrainer plus loin le lecteur.

Ces nouvelles auront l'air moins burlesques, construites dans une atmosphère plus sérieuse, classique, et avec une force de description proprement sauvage que d'autres textes de l'auteur, elles n'en sont pas moins extrêmement cohérentes et excellentes.

un extrait de la postface (par l'auteur) :

J'essayais à cette époque, après m'être senti quelques temps à l'aise comme dessinateur dans l'expression plastique (un danger qui pour moi n'était pas négligeable), d'étudier la philosophie, solution surprenante peut-être, mais qui seule me permettrait de prendre une distance, même ténue pour commencer, du visuel qui m'obsédait, distance où je pourrais au moins reprendre souffle. Il s'agissait en quelque sorte de surmonter un attrait trop puissant. On n'aura d'ailleurs aucune peine à reconnaître, en filigrane de "La Ville", le mythe platonicien de la Caverne. On aurait tort de voir dans toute cette prose une tentative de raconter de quelconques histoires : elles obéissent bien plus à un besoin inéluctable de régler un compte avec soi-même ou, pour m'expliquer peu-être plus clairement après coup, de mener un combat qui ne peut avoir de sens que lorsqu'on l'a perdu.

Vraiment excellent à l'image de la dernière nouvelle Pilate, mythe et histoire habités ou qui habitent un fait d'esprit (qui serait décrit partiellement dans la postface et dans les autres nouvelles).

Une lecture que j'apprécie beaucoup et précieuse dans ses qualités.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyMer 1 Jan 2014 - 21:24

d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 Durren10
En couverture : Autoportrait de Ludwig Renn, 1919, Gemäldegalerie, Dresde.

- La Promesse (das Versprechen, 1958). Roman traduit par Armel Guerne. 158 pages.
Au début, le narrateur est un écrivain de romans policiers. Après une conférence sur son sujet de prédilection, il va faire un trajet en voiture jusqu'à Zürich en compagnie d'un ancien chef de la police cantonale de Zurich.
Ils prennent la route. Après un long moment, ils s'arrêtent devant un poste d'essence.
Citation :
"Curieux endroit, en vérité, avec cette maison délabrée qui jurait comme une incongruité dans le cadre si proprement helvétique où se dressait sa misère. Ses murs étaient humides au point qu'on y voyait sourdre l'eau, traçant de véritables ruisselets. [...]
Même sous le soleil presque méchant, à présent, tant il était fort, l'impression qui vous saisissait, démoralisante et tenace, ne vous parlait que de déchéance et de ruine.
- Nous descendons ! commanda l'ancien chef de la police cantonale. Et bien que je n'eusse aucune idée de ce qu'il pouvait avoir en vue, j'obéis, tout heureux de me retrouver à l'air libre.
Sur un banc de pierre, devant la porte ouverte de la maison, un vieil homme était assis. Il n'était pas rasé ; pas lavé. La blouse claire qu'il portait était sale et maculée de graisse ; son pantalon noir et tout luisant de crasse devait incontestablement avoir été un pantalon de smoking. L'homme était chaussé de vieilles pantoufles. Son haleine empestait à distance et ne laissait aucun doute : l'absinthe." (pages 12-13).

Bizarrement, l'ancien chef de la police cantonale a l'habitude de s'arrêter à cette station essence. Pourquoi ici ?
Lorsqu'il repartent, le commandant se met à parler.
Citation :
"- Franchement, je n'ai jamais tenu le roman policier en estime, disait le commandant H., et je regrette que vous vous occupiez de cela, vous aussi. Du temps perdu. Mais j'avoue que ce que vous souteniez hier dans votre conférence peut encore se défendre : depuis que la politique va si notoirement de travers avec tous ces politiciens incapables et leurs promesses fallacieuses [...] les gens ont bien le droit d'espérer que la police, elle au moins, sache tenir le monde en ordre. Je ne vous cacherai pas que j'estime, personnellement, qu'il ne saurait y avoir espérance plus déplorable. Mais ce n'est malheureusement pas sur ce seul point que les auteurs de romans policiers trichent ! Et croyez-moi, je ne fais pas allusion ici au fait que vos assassins soient toujours et immanquablement punis. Ce n'est évidemment qu'un beau conte, mais qui a sa justification morale : cela fait partie de ces mensonges socialement nécessaires, au même titre que le fameux axiome affirmant que « le crime ne paye pas ». Evidemment, il n'est que d'observer quelque peu la société humaine pour être fixé sur ce point ! [...]
Ce qui me fait enrager, voyez-vous, et ce contre quoi je veux protester de toutes mes forces, c'est la manière dont vous conduisez les romans. Parce que pour ce qui est de tricher, alors là, permettez ! on y va un peu fort ! Pour vous, c'est la logique qui fait le fond de tout : l'intrigue, le scénario, c'est comme un jeu d'échecs avec ses règles et ses pièces ; ici l'assassin, là, la victime ; ici le complice, là, le bénéficiaire ; ceux qui savent et ceux qui profitent." (pages 15-16).
Or, le hasard, l'imprévu jouent un rôle tellement important, dans la vraie vie !

Le roman n'est pas sous-titré "Requiem pour le roman policier" pour rien. On sent bien sûr l'écrivain qui parle : ce qu'on va lire ne sera pas un roman policier, par nature artificiel, mais ce sera la vraie vie, avec ce qu'il faut de hasard, de fatalité et de zones d'ombre.

Le commandant en vient ainsi à parler à notre écrivain du déchet humain qui était assis sur le banc devant la station essence : à une époque, c'était son collaborateur le plus précieux, un vrai génie. Et puis, une affaire est survenue, neuf ans auparavant...
On verra comment un homme peut faire une promesse et la tenir, jusqu'au bout. Et être prêt à tout pour parvenir à son objectif.

En 1957, un producteur avait demandé à Dürrenmatt d'écrire un scénario de film sur le thème "les crimes de maniaques sexuels dont sont victimes les enfants. L'intention générale étant d'attirer l'attention sur ce danger, hélas ! de plus en plus fréquent." (page 157). Cette commande a finalement abouti au roman La Promesse. Le scénario, lui, a exploré d'autres voies que celles du roman pour aboutir au film :
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Es geschah am hellichten Tag (Ça s'est passé en plein jour, 1959), un film de Ladislao Vajda avec Heinz Rühmann, mais aussi Michel Simon que l'on entraperçoit dans ce montage (qui n'est pas la vraie bande-annonce, semble-t-il) :



C'est une histoire très triste, mais aussi un très bon roman, qui laisse une impression durable.


Le livre, qui a été adapté quatre fois au cinéma et deux fois à la télévision, est (comme souvent) largement supérieur à sa dernière adaptation (la seule que j'ai vue), la plus célèbre : The Pledge (2001), réalisé par Sean Penn, avec Jack Nicholson.

Si on n'a pas peur de trop en apprendre sur le film (au cas où on ne l'aurait pas déjà vu) et le livre, on peut regarder la bande-annonce :
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyMer 1 Jan 2014 - 21:50

La promesse: livre terrible et beau, je suis d'accord. Il marque effectivement, je n'ai pas oublié ma lecture qui date pourtant de quelques années.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptySam 11 Jan 2014 - 18:29

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- Romulus le Grand (Romulus der Große, 1949). "Comédie historique en marge de l'histoire en quatre actes". Traduit en 1991 par Claude Chenou. Editions l'Âge d'Homme. 135 pages.

C'est la troisième pièce de théâtre de Dürrenmatt, et son premier grand succès.

Le Romulus dont il est question est Romulus Augustule, également appelé Flavius Romulus Augustus, qui fut le dernier empereur romain d'occident.

Citation :
"Temps : le matin du 15 jusqu'au matin du 16 mars de l'an 473 après la naissance de Jésus-Christ.
Lieu : la villa de l'empereur Romulus en Campanie". (page 6)

Pyrame et Achille sont les deux très vieux valets de chambre de l'empereur. Ils en ont vu passer...

Citation :
"PYRAME et ACHILLE
Salve César.

ROMULUS
Save. Nous sommes bien aux ides de mars, aujourd'hui ?

ACHILLE
A vos ordres, mon Empereur, aux ides de mars.
Il s'incline.

ROMULUS
Une date historique. D'après la loi, c'est aujourd'hui que les fonctionnaires et employés de mon empire doivent être rétribués. Une vieille superstition. Afin d'empêcher que l'empereur ne soit assassiné. Allez chercher le ministre des Finances.
Achille lui glisse quelque chose à l'oreille.

ROMULUS
Enfui ?

PYRAME
Avec la caisse de l'Etat, mon Empereur.

ROMULUS
Pour quoi faire ? Elle était vide.

ACHILLE
De cette manière il espère camoufler la banqueroute totale des finances de l'Etat.

ROMULUS
Un homme avisé. Quand on veut dissimuler un grand scandale, la meilleure chose est d'en arranger un petit. Qu'on lui décerne le titre de "Sauveur de la Patrie". " (page 12).

La situation, on le voit, n'est pas très bonne.
En plus de la faillite de l'Etat, les Germains arrivent, s'emparent d'une ville après l'autre... Mais cela n'entame pas le flegme de l'empereur, qui prend son petit-déjeuner : jambon, pain, vin d'asperges (quel goût cela peut-il avoir ?)... et oeufs. Ah, les oeufs ! Notre empereur se passionne pour les volailles, qu'il élève. Il entame son oeuf.

Citation :
"ROMULUS
Auguste n'a rien pondu ?

PYRAME
Rien, mon Empereur.

ROMULUS
Tibère ?

PYRAME
Les Juliens, rien." (page 14).

Mais la poule Odoacre - le Germain qui menace l'Empereur - , elle, est en pleine forme.

d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 Durren13
Pièce d'or à l'effigie de Romulus Augustule.

Les mauvaises nouvelles s'accumulent. Un homme a chevauché pendant des jours pour apporter une funeste nouvelle. Il veut la communiquer à son Empereur. Or, ce dernier donne l'ordre qu'il aille se reposer.

Citation :
"TULLIUS ROTUNDUS
Mais la funeste nouvelle, Majesté ?

ROMULUS
Justement. Même la pire des nouvelles sonne encore à peu près agréablement quand elle sort de la bouche d'un homme bien reposé, baigné et rasé de frais et qui vient de manger. Qu'il revienne demain.
Le ministre de l'Intérieur est déconcerté.

TULLIUS ROTUNDUS
Majesté ! Il s'agit d'une nouvelle qui bouleverse le monde !

ROMULUS
Jamais les nouvelles ne bouleversent le monde. Ce sont les faits qui s'en chargent, les faits que nous ne pouvons plus changer parce qu'ils se sont déjà produits quand arrivent les nouvelles. Les nouvelles ne font qu'agiter le monde, il faut donc apprendre à s'en passer autant que possible.
Troublé, Tullius Rotundus tire sa révérence et sort par la gauche. Pyrame sert un gros rôti de boeuf à Romulus." (pages 17-18).

Mais pourquoi Romulus semble-t-il laisser faire ? Il n'est pas stupide, loin de là...
Parviendra-t-il à sauver l'Empire grâce à l'aide d'un marchand de pantalons ? Parviendra-t-il à tirer un bon prix des dernier bustes qui n'ont pas encore été vendus ?


Très drôle, avec beaucoup de libertés historiques, mais aussi avec de vrais morceaux de profondeur dedans.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptySam 11 Jan 2014 - 23:05

Tiens... cela a vraiment l'air drôle, je vais voir si on le joue par ici ou si je peux me le procurer en v.o. Merci pour ce commentaire original eXPie.  content
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shanidar
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyVen 17 Jan 2014 - 11:00

d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 Durren10 La panne


Je résume succinctement pour ceux qui manqueraient (et ils ont tort) les deux commentaires, l'un d'animal (p.2) et l'autre d'eXPie (p.4).

Un représentant de commerce tombe en panne avec sa Studebacker. Plutôt que de prendre un train pour retrouver sa femme et ses 4 garçons, il préfère tenter l'auberge villageoise avec l'espoir d'une aventure extra-conjugale. Hélas ! Celle-ci est pleine à craquer d'éleveurs venus guincher… qu'à cela ne tienne, l'aubergiste lui indique la maison d'un vieux monsieur qui laisse une chambre à la disposition de son hôte. L'hospitalité du vieil homme va même jusqu'à convier Alfredo Traps à dîner avec lui et quelques amis. Pas franchement emballé, Traps accepte l'invitation. Le dîner va se transformer en procès (pas vraiment en règle) de l'accusé Taps (accusé d'avoir tué son patron, mort d'une crise cardiaque). Les quatre anciens magistrats, qui ont tous plus de quatre-vingts ans et sont de joyeux drilles, vont faire passer à Traps : la plus belle soirée de sa vie… ou presque.

Dans La mission, Dürrenmatt écrivait : l'homme est une illusion, il faudrait ajouter ici pour bien décrire ce court roman : l'homme est une illusion pour lui-même.

La mission traitait (entre autre) du regard des autres posés sur soi, forme de voyeurisme qui permet d'atteindre à une certaine réalité de l'existence. Dans La panne, Dürrenmatt s'interroge sur ce que l'homme connait de lui-même, de son intimité, de ses réflexes enfouis, de son inconscient, de ses intuitions.

Que savons nous de nous, que voyions nous dans notre miroir intime, sommes-nous toujours sûr de nos réactions, savons nous toujours d'où elles viennent, et certaines ne s'échappent-elles pas d'un territoire inconnu de nous-même (inconscient ou volontairement tu)  ? Voilà toutes les questions qui finissent par vous venir à l'esprit en lisant ce texte machiavélique, bouffon et intriguant.

Et Traps va tomber dans le piège de ce miroir tendu à lui-même et qui le valorise, lui, l'homme moderne. Car on peut lire ici (je crois) deux critiques complémentaires : l'une de notre humanité capitaliste, bête, manquant d'instruction, veule, orgueilleuse, louchant sur l'argent, la voiture, la femme du patron, sa place, son statut, sa réussite et qui serait capable de meurtre ou pire de s'inventer un meurtre pour briller, pour être un jour, une fois éloquent. La coupe est bue et l'homme capitaliste se gonfle sous les rires et les huées des 4 vieillards complètement ivres !

Seconde critique (et là je m'avance sans doute sur un terrain complètement miné) celle de la psychanalyse, vue comme une panacée, vue comme le remède miracle qui en cherchant à donner un sens à chacun de nos gestes, à chacun de nos réflexes, à chacun de nos rêves, nous précipite vers un déterminisme qui conduit à l'horreur. Car si nous acceptons d'appartenir à la société capitaliste, à ce système libéral fonctionnant sur l'échange de biens et surtout sur l'enrichissement, alors nous sommes du côté du mal, de l'immoral, de l'adultère, de la réussite malgré tout et si nous ajoutons à cet état, l'étude appliquée de nous-même, alors force est de constater que le portrait renvoyé est celui d'une ordure aussi bête que méchante.

Triste constat mis en balance par l'atmosphère éminemment joyeuse du livre, avec ces 4 anciens magistrats qui semblent tout droit issu de la Grande Bouffe et qui s'amusent comme des petits fous… (désolée je n'ai pas vu le film de Scola tiré du livre).

Un livre étonnant, auquel j'ai eu du mal à m'attacher mais qui une fois lancé ne se lâche plus. Encore un grand moment de lecture pour moi avec le seul regret d'être face à une écriture que j'ai du mal à lire (un peu trop chargée, absconse parfois à mon goût), mais malgré tout porteuse d'importants questionnements et d'un humour féroce.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyVen 17 Jan 2014 - 13:06

je me souviens mal pour cette humanité capitaliste... et je ne sais plus si je les avais trouvés si différents ces juges ?
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shanidar
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyVen 17 Jan 2014 - 13:13

animal a écrit:
je me souviens mal pour cette humanité capitaliste... et je ne sais plus si je les avais trouvés si différents ces juges ?

si différents ? de qui de quoi ?
et je trouve que le personnage de Traps est l'archétype du capitaliste : arriviste, orgueilleux, envieux, adultère... il pourrait faire de la politique, tiens...


Dernière édition par shanidar le Ven 17 Jan 2014 - 13:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   d�rrenmatt - Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 5 EmptyVen 17 Jan 2014 - 13:16

Je savais bien qu'il ne fallait pas que j'ouvre ce fil, que j'évite instinctivement depuis des mois. Seulement voilà, ton commentaire m'a amenée à ceux d'animal et d'eXPie, j'ai lu les extraits, et maintenant je veux absolument le lire, ce bouquin. Pfff, on est vraiment cernés, ici !
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