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| Friedrich Dürrenmatt [Suisse] | |
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Auteur | Message |
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animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Ven 17 Jan 2014 - 13:17 | |
| c'est le but !
une grande différence entre Traps et les juges ? | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Ven 17 Jan 2014 - 13:30 | |
| - Armor-Argoat a écrit:
- Je savais bien qu'il ne fallait pas que j'ouvre ce fil, que j'évite instinctivement depuis des mois. Seulement voilà, ton commentaire m'a amenée à ceux d'animal et d'eXPie, j'ai lu les extraits, et maintenant je veux absolument le lire, ce bouquin. Pfff, on est vraiment cernés, ici !
il est très court et se lit vraiment vite | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Ven 17 Jan 2014 - 13:36 | |
| - animal a écrit:
- c'est le but !
une grande différence entre Traps et les juges ? et bien quand même, différence d'âge, de statut social, de culture, de références vécues, j'ai eu l'impression de voir une cours d'Ancien-Régime juger l'arrivée au pouvoir de la Bourgeoisie. Et puis, on pourrait presque dire que lors de cette nuit de beuverie les magistrats retombent en enfance alors que Traps devient adulte (avec ce que cette lucidité entraîne comme conséquence)... Mais c'est une vision toute personnelle. | |
| | | Méphistophélès Main aguerrie
Messages : 407 Inscription le : 01/11/2012 Age : 32
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Ven 17 Jan 2014 - 14:45 | |
| - shanidar a écrit:
- La panne
Je résume succinctement pour ceux qui manqueraient (et ils ont tort) les deux commentaires, l'un d'animal (p.2) et l'autre d'eXPie (p.4).
Un représentant de commerce tombe en panne avec sa Studebacker. Plutôt que de prendre un train pour retrouver sa femme et ses 4 garçons, il préfère tenter l'auberge villageoise avec l'espoir d'une aventure extra-conjugale. Hélas ! Celle-ci est pleine à craquer d'éleveurs venus guincher… qu'à cela ne tienne, l'aubergiste lui indique la maison d'un vieux monsieur qui laisse une chambre à la disposition de son hôte. L'hospitalité du vieil homme va même jusqu'à convier Alfredo Traps à dîner avec lui et quelques amis. Pas franchement emballé, Traps accepte l'invitation. Le dîner va se transformer en procès (pas vraiment en règle) de l'accusé Taps (accusé d'avoir tué son patron, mort d'une crise cardiaque). Les quatre anciens magistrats, qui ont tous plus de quatre-vingts ans et sont de joyeux drilles, vont faire passer à Traps : la plus belle soirée de sa vie… ou presque.
Dans La mission, Dürrenmatt écrivait : l'homme est une illusion, il faudrait ajouter ici pour bien décrire ce court roman : l'homme est une illusion pour lui-même.
La mission traitait (entre autre) du regard des autres posés sur soi, forme de voyeurisme qui permet d'atteindre à une certaine réalité de l'existence. Dans La panne, Dürrenmatt s'interroge sur ce que l'homme connait de lui-même, de son intimité, de ses réflexes enfouis, de son inconscient, de ses intuitions.
Que savons nous de nous, que voyions nous dans notre miroir intime, sommes-nous toujours sûr de nos réactions, savons nous toujours d'où elles viennent, et certaines ne s'échappent-elles pas d'un territoire inconnu de nous-même (inconscient ou volontairement tu) ? Voilà toutes les questions qui finissent par vous venir à l'esprit en lisant ce texte machiavélique, bouffon et intriguant.
Et Traps va tomber dans le piège de ce miroir tendu à lui-même et qui le valorise, lui, l'homme moderne. Car on peut lire ici (je crois) deux critiques complémentaires : l'une de notre humanité capitaliste, bête, manquant d'instruction, veule, orgueilleuse, louchant sur l'argent, la voiture, la femme du patron, sa place, son statut, sa réussite et qui serait capable de meurtre ou pire de s'inventer un meurtre pour briller, pour être un jour, une fois éloquent. La coupe est bue et l'homme capitaliste se gonfle sous les rires et les huées des 4 vieillards complètement ivres !
Seconde critique (et là je m'avance sans doute sur un terrain complètement miné) celle de la psychanalyse, vue comme une panacée, vue comme le remède miracle qui en cherchant à donner un sens à chacun de nos gestes, à chacun de nos réflexes, à chacun de nos rêves, nous précipite vers un déterminisme qui conduit à l'horreur. Car si nous acceptons d'appartenir à la société capitaliste, à ce système libéral fonctionnant sur l'échange de biens et surtout sur l'enrichissement, alors nous sommes du côté du mal, de l'immoral, de l'adultère, de la réussite malgré tout et si nous ajoutons à cet état, l'étude appliquée de nous-même, alors force est de constater que le portrait renvoyé est celui d'une ordure aussi bête que méchante.
Triste constat mis en balance par l'atmosphère éminemment joyeuse du livre, avec ces 4 anciens magistrats qui semblent tout droit issu de la Grande Bouffe et qui s'amusent comme des petits fous… (désolée je n'ai pas vu le film de Scola tiré du livre).
Un livre étonnant, auquel j'ai eu du mal à m'attacher mais qui une fois lancé ne se lâche plus. Encore un grand moment de lecture pour moi avec le seul regret d'être face à une écriture que j'ai du mal à lire (un peu trop chargée, absconse parfois à mon goût), mais malgré tout porteuse d'importants questionnements et d'un humour féroce. Voilà, je l'ai noté dans ma liste d'envie. Ce sera l'occasion de découvrir cet auteur que quelqu'un m'avait déjà conseillé auparavant sans que je me décide pour autant à tenter l'aventure. Ton commentaire (et ton post d'hier dans le fil des lectures de janvier) m'aura enfin permis de me décider. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Mer 29 Jan 2014 - 12:30 | |
| -La promesse-L'intrigue est classique: une enfant retrouvée assassinée dans un bois désert. Le seul coupable potentiel est un pauvre bougre ambulant, celui-là même qui découvre le corps. Après une rapide enquête (tous les éléments concordant) et des aveux bâclés, le meurtrier présumé est arrêté puis se pend dans sa cellule. Point. Ou plutôt départ d'une nouvelle enquête, menée par un jeune commissaire très opiniâtre, Matthieu, prêt à renoncer à une mutation valorisante afin d'honorer la promesse faite à la mère de retrouver le véritable assassin. Cela pourrait donner lieu à un très bon polar. C'est bien mieux que ça. Ce diable de Dürenmatt use brillamment des ficelles narratives et déjoue les codes classiques pour nous démontrer, par le biais d'une tierce personne (le commandant H ancien chef de police et co -voitureur du narrateur, auteur de romans policiers) que la logique ne fait pas tout, et que le réel a peu à voir avec un scénario trop bien huilé. Subtil et malicieux, Dürrenmatt nous balade ainsi au gré de ses fantaisies, rendues plus aisées du fait de ce décalage entretenu par la double narration (celle de l'écrivain narrateur, celle du commandant témoin) On est scotché dès le début, sans savoir où l'auteur veut nous mener et la chute n'en n'est que plus brutale. Ce type sombrant peu à peu dans une sorte de folie obsessionnelle, et convaincu de son intuition, nous force à voir la réalité de face. La vie est non seulement injuste et dérisoire, mais le plus souvent d'un cynisme noir. Si les hommes se battent pour des idées, des convictions, et même si elles se révèlent justes, le hasard se joue de tout, nous laissant tels des pantins déroutés, le plus souvent impuissants. Une satire que j'ai lue comme une fable cruelle. Excellente en tout cas, merci Animal . | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Mer 29 Jan 2014 - 12:44 | |
| ah. en plus ça t'en fait plein d'autres à lire. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Mer 29 Jan 2014 - 14:12 | |
| Arf, t'as raison, ça n'en finira jamais!!
J'aime bien son regard sur les choses, cette petite distance qu'il y met. C'est cynique mais pas totalement désabusé, il y a aussi de l'humour, une certaine bienveillance même, sur cette humanité qu'il analyse avec malice.
J'ai relu tout le fil et retenu La Panne pour ma prochaine étape. On retrouve ces aspects d'après ce que vous en dîtes!
. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Mer 29 Jan 2014 - 15:46 | |
| - Aeriale a écrit:
- Arf, t'as raison, ça n'en finira jamais!!
J'aime bien son regard sur les choses, cette petite distance qu'il y met. C'est cynique mais pas totalement désabusé, il y a aussi de l'humour, une certaine bienveillance même, sur cette humanité qu'il analyse avec malice.
J'ai relu tout le fil et retenu La Panne pour ma prochaine étape. On retrouve ces aspects d'après ce que vous en dîtes!
. et de mon côté je note La Promesse | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| | | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Jeu 30 Jan 2014 - 15:02 | |
| J' ai aussi La Panne...Pourquoi pas une LC de Durrenmatt en février ? | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Jeu 30 Jan 2014 - 20:50 | |
| - bix229 a écrit:
- J' ai aussi La Panne...Pourquoi pas une LC de Durrenmatt en février ?
Ça peut donner des trucs rigolos, car il y a plusieurs versions différentes : les fins ne sont pas les mêmes ! | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Jeu 30 Jan 2014 - 22:33 | |
| - eXPie a écrit:
- bix229 a écrit:
- J' ai aussi La Panne...Pourquoi pas une LC de Durrenmatt en février ?
Ça peut donner des trucs rigolos, car il y a plusieurs versions différentes : les fins ne sont pas les mêmes ! Je suis partante! Quand vous voulez... | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Jeu 30 Jan 2014 - 22:37 | |
| - eXPie a écrit:
- bix229 a écrit:
- J' ai aussi La Panne...Pourquoi pas une LC de Durrenmatt en février ?
Ça peut donner des trucs rigolos, car il y a plusieurs versions différentes : les fins ne sont pas les mêmes ! Ah oui ? Et qui a modifié les fins ? L' auteur, les éditeurs ? | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Jeu 30 Jan 2014 - 23:23 | |
| - bix229 a écrit:
- eXPie a écrit:
- bix229 a écrit:
- J' ai aussi La Panne...Pourquoi pas une LC de Durrenmatt en février ?
Ça peut donner des trucs rigolos, car il y a plusieurs versions différentes : les fins ne sont pas les mêmes ! Ah oui ? Et qui a modifié les fins ? L' auteur, les éditeurs ? J'avais mieux aimé la fin de cette version : que celle de : Quant à l'explication : - Citation :
- Le texte connaît un destin multiple : Dürrenmatt écrit d’abord le récit en 1955 puis le retravaille peu après sous forme de pièce radiophonique, avec une fin différente. La pièce est diffusée la première fois en janvier 1956 sur les ondes de la radio bavaroise. [...]
Vers 1977, Dürrenmatt reprend la plume et modifie une fois encore la conclusion de l’histoire pour créer une comédie, dont il assure la mise en scène lors de la première en 1979 au théâtre de Wilhelmsbad, Hanau (Allemagne). (source : http://www.tcag.ch/blog/2010/actualites/exposition-«-la-panne-».html ) | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse] Mer 16 Avr 2014 - 14:06 | |
| La Promesse (1958) Tout livre contient une promesse : celle de nous délivrer l’idée d’un auteur. La promesse de Dürrenmatt est imbriquée ; peut-être parce qu’il n’en a pas lui-même, il nous livre ici celle de l’inspecteur Matthieu. Les récits se cumulent et la narration commence lorsqu’un conférencier, invité en représentation dans un petit coin perdu de la Suisse, remarque le comportement étrange d’un vieillard qui jure aux grands dieux, assis seul près d’une borne d’essence. L’accompagnateur du conférencier se lance alors dans le grand récit de ce vieillard. Les histoires se mêlent et se conjuguent : discours du conférencier sur l’art de la fiction policière, parcours autobiographique d’un inspecteur policier, réflexions et conversation des deux personnages sur l’histoire qu’ils réinventent –dans le sens où tout témoignage, même celui se voulant le plus objectif possible, interroge à nouveau les faits et ne peut s’empêcher de leur imposer une courbure spécifique. La promesse qui a transformé un inspecteur de police promis aux fonctions les plus glorifiantes en un vieillard buriné par l’obsession met un temps fou à nous être délivrée. Le récit traîne, ralenti par cette foule de petits détails que certains interlocuteurs bavards aiment incorporer à leurs discours. Charmante lorsqu’on ne s’attarde pas, lassante dans tous les autres cas, La promesse prend la forme d’une histoire policière quelconque. En tant que telle, elle plaira à ceux qui affectionnent le genre et agacera les autres. Toute enquête policière, tout mystère juridique, poursuit un achèvement symbolique. L’histoire édifiante prend alors la forme d’une maxime. On appréciera d’autant mieux l’histoire que le chemin pour conduire au symbole voire le symbole lui-même seront percutants. La promesse aurait pu correspondre à ce critère si Friedrich Dürrenmatt, excité par ce qu’il se voyait commettre comme innovation fictionnelle, n’avait pas jalonné son roman d’auto-observations théoriques. En nous rappelant sans cesse quelle orientation aurait pris un roman policier classique, et en se persuadant que la Promesse ne correspond pas à ce schéma, tout facteur de surprise disparaît. Si l’art de l’écrivain doit s’atténuer au profit d’un plus grand réalisme, la Promesse doit alors se constituer en reflet de la platitude même de l’existence quotidienne dont la longueur des attentes, et la monotonie des évènements, nous sont sans cesse rappelées. Telle était la promesse du livre... - Citation :
- « Opter pour la folie en guise de méthode, c’est peut-être assez héroïque et c’est certainement très courageux, je l’admets volontiers, puisque tous les excès ont quelque chose d’impressionnant de nos jours ; mais si jamais cette méthode manque son but, si elle ne vous conduit pas au résultat visé, alors, je le crains fort, il ne vous restera que la folie elle-même ! »
...mais l'impression que Dürrenmatt s'est éclipsé avant de l'accomplir.photo de Noah Doely | |
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