Brian De Palma

J'ai re-regardé Phantom of the Paradise, et ça fait du bien!

Et je comprends tout à fait ce que dit Colimasson, quand elle emploie le terme Kitsch. C'est comme The Rocky Horror Picture Show, y'a une grandiloquence, une façon théâtrale intentionnelle de jouer, une mise en scène pleine de strass et de clichés tordus, qui font leur petit effet. Et oui : kitsch, dans le sens Glam ça a un sens "positif".

L'histoire est terrible, et le final vraiment horrible.

Toujours l'utilisation de ces images mises en parallèle, à voir les actions qui se passent au même moment, et les réactions que ça provoque. C'est toujours diablement efficace (il utilise dans Carrie, dans Snake eyes... et sûrement dans d'autres). Avec cette impression paranoïaque que le mal peut surgir de partout, et qu'on est jamais à l'abri du regard de l'autre.


Par contre, je ne suis pas autant touchée par les musiques et chansons. Ça sonne vraiment ... "propre". Je n'arrive pas trop à mettre le doigt dessus, mais la musique n'est vraiment pas ce qui me transporte dans ce film.

Queenie tu parles du The Rocky Horror Picture show est-ce qu'il y a toujours chaque semaine à Paris une séance qui est diffusée avec des animations dans la salle et, est-ce que tu es déjà allée voir ce film dans ce cinéma

Queenie a écrit:

Toujours l'utilisation de ces images mises en parallèle, à voir les actions qui se passent au même moment, et les réactions que ça provoque. C'est toujours diablement efficace (il utilise dans Carrie, dans Snake eyes... et sûrement dans d'autres). Avec cette impression paranoïaque que le mal peut surgir de partout, et qu'on est jamais à l'abri du regard de l'autre.

La tension tient le spectateur de bout en bout... Et certaines scènes sont diablement orchestrées niveau action/musique (je pense particulièrement à la scène au cours de laquelle Winslow, entendant sa chanson dénaturée alors qu'il galère en prison, se met soudainement hors de lui). Je ne ressens cette sensation que dans de très rares films et toujours, c'est le signe que le film est bon Orange Mécanique m'avait fait le même effet, c'est dire...
J'ai bien envie de me regarder Carrie du coup... Il s'agit bien de l'adaptation du livre de Stephen King ? Si oui, il s'agira d'une incitation supplémentaire me poussant à le voir très vite car j'avais lu ce livre quand j'étais toute jeune (je devais avoir tout juste dix ans) et il m'avait fait beaucoup d'effet à l'époque.

Citation :

Par contre, je ne suis pas autant touchée par les musiques et chansons. Ça sonne vraiment ... "propre". Je n'arrive pas trop à mettre le doigt dessus, mais la musique n'est vraiment pas ce qui me transporte dans ce film.

Le son est un peu trop clean c'est vrai, surtout pour moi qui connaissait les reprises un peu plus rock des chansons qu'avaient fait le groupe Kunamaka. Par moments, ça manque un peu d'énergie, mais ça reste quand même très agréable à écouter ! Par contre la fille m'agace à un point...

rivela a écrit:

Queenie tu parles du The Rocky Horror Picture show est-ce qu'il y a toujours chaque semaine à Paris une séance qui est diffusée avec des animations dans la salle et, est-ce que tu es déjà allée voir ce film dans ce cinéma

Toujours oui.
Encore un truc où je dois aller depuis mon installation à Paris. On m'en a reparlé récemment, et comme on en sort trempés (parce qu'à un moment, dans le film il pleut, donc les spectateurs se jettent de l'eau dessus, se protégeant lamentablement avec un journal sur la tête), je vais attendre les beaux jours.




Regarde Carrie sans hésiter Colimasson : question tension tu seras servie ! Tout est parfait dans ce film.

Queenie a écrit:

Regarde Carrie sans hésiter Colimasson : question tension tu seras servie ! Tout est parfait dans ce film.

Je vais suivre ton conseil de ce pas. D'ici quelques semaines, il fera partie de mon bagage cinématographique

En attendant Carrie, j'ai regardé Scarface.
J'avais entendu dire que ce film avait énormément inspiré l'univers du jeu GTA Vice City, et je n'imaginais pas jusqu'à quel point ! J'irais presque jusqu'à dire que Vice City, c'est du plagiat de Scarface ! Les bâtiments, les rues, les personnages, la musique, l'ambiance, jusqu'aux dialogues semblent avoir été aspirés dans le jeu ! Et j'ai compris à cet instant pourquoi l'univers de Vice City était si bon (ça, c'était pour mon petit côté geek... Il y a eu une époque où je passais des heures sur GTA Vice City... J'aimais beaucoup ce jeu !)

Bref, revenons-en à Scarface...



Tony Montana, après avoir obtenu une amnistie du gouvernement cubain pour retourner en Floride, rêve de sortir de sa misérable vie. Autour de lui, des riches font la fête, sortent le soir et se promènent au bras de jolies minettes, et ça le fait rêver. Las des petits boulots qui ne rapportent rien, il se lance dans la pègre et le marché de la drogue.

Al Pacino incarne merveilleusement bien le personnage de Tony Montana. Superficiel, capricieux, égocentrique, impossible de ne pas le détester (en tout cas, j'aurais bien aimé lui refaire le portrait à deux ou trois reprises au cours du film). C'est un personnage vraiment antipathique, réussi en tout point en ce qui concerne son caractère imbuvable.
A première vue, je pensais que l'explication de la destinée de ce personnage tenait en des raisons politiques ou sociologiques. Le conditionnement par la misère, le rêve américain, on connaît ça et ces raisons justifient une grande quantité de productions artistiques. Il semblerait finalement que ce ne soit pas le cas, comme l'explique Howard Hawks (le réalisateur du premier Scarface de 1932) que soutient Brian de Palma :

Citation :

Un grand nombre de gangsters que j’ai rencontrés étaient assez puérils. J’en ai vraiment marre de toutes ces histoires de gangsters, où chacun aboie sur l’autre et se présente comme le plus grand dur du monde. Ces types n’étaient pas ainsi. C’étaient de vrais gosses.

Source

Comme dans les autres films de De Palma que je connais, j'ai retrouvé, encore une fois, cette mise en scène plutôt théâtrale qui me plaît tant. Tout est dans la démesure, le clinquant, le luxe, l'immense !

Citation :

L’objet, grâce à la mise en image qui en est faite, devient ainsi le symbole explicite du monde personnel et clos sur lui-même, tel un cercle, dans lequel Tony Montana évolue en permanence. L’image de la bulle ou de la sphère dans laquelle le héros vit psychologiquement reclus, y compris au milieu des autres, sera réutilisée, de façon particulièrement remarquable, lors de ce que l’on qualifiera de manière sans doute un peu plaisante, de scène à la baignoire ! Lors de cette séquence, Tony Montana apparaît encore une fois comme seul, isolé, encerclé cette fois-ci non par une table et un mur de miroirs, mais par les rebords d’une gigantesque et somptueuse baignoire, de forme parfaitement circulaire.

Pauvre Tony... On aurait presque envie de le plaindre
Mais puisqu'il est détestable, c'est bien fait pour lui !

Ah, et puis, la bande son pour terminer... Ca va peut-être pas plaire à tout le monde mais j'ai bien envie, encore une fois, de dire qu'elle est terriblement (et délicieusement) kitsch ! Faut que je me procure le CD...

Et puisque j'en ai parlé, quelqu'un a vu le Scarface original de Hawks ?

ouaip la bande son est pas mal du tout. le film un des ... moins mauvais de de Palma (ouais je ne suis pas fan de de Palma), en tout cas un film qui a marqué. Le Scarface de Hawks est très très bon, éventuellement moins d'esbroufe filmique dans mon souvenir (et je ne l'ai vu qu'une fois).

Oui, la version de 1932 fait plus dans le film de genre gangsters à ce qu'il paraît... Je suis bien tentée de le voir du coup.

Carrie au bal du diable (1976)

Ce film a effroyablement mal vieilli... L'image n'est pas très belle et les personnages typiques de leur époque. Encore une fois j'ai l'impression de me retrouver en plein kitsch, mais du kitsch mal maîtrisé et pas forcément désiré.

Autre déception : ayant lu le Carrie original de Stephen King, je m'attendais à retrouver la même ambiance un peu malsaine et étrange. Ici, je trouve que De Palma n'insiste pas assez sur les pouvoirs mystérieux que possède Carrie. Ceux-ci semblent intervenir de leur plein gré sans qu'elle ni que les autres n'en soient particulièrement plus choqués que ça...

Ma déception n'a pas été totale cependant,et malgré mes goûts ou dégoûts personnels, qui font que je n'ai pas adhéré au film, on ne peut pas contester que De Palma a brillamment réussi à faire ressortir la souffrance et la solitude de Carrie. Ses camarades sont épouvantables, sa mère enfermée dans un fanatisme à faire peur et même son enseignante semble ne devoir sa gentillesse qu'à la pitié qu'elle éprouve pour elle.
L'interprétation de Sissy Spacek est également très réussie.



Miam...

Bon, je n'ai pas été très emballée mais ça reste quand même un film agréable à voir (à condition de se délecter du malheur des autres )

Visiblement, les critiques sont plus enthousiastes que moi

L'écran Fantastique :

Citation :

Alors que les excès sanglants de Carrie (...) ont été dépassés depuis longtemps, ce qui nous touche aujourd'hui c'est la délicatesse avec laquelle De Palma décrit cette âme douloureuse. (...)

Repérages:

Citation :

Carrie est bel et bien estampillé De Palma et montre la force libertaire qui émaillait le cinéma de genre dans les années soixante-dix.

Et je me dis qu'en effet, si j'avais vu ce film lors de sa sortie, ma réaction aurait peut-être été sensiblement différente...

colimasson a écrit:

Carrie au bal du diable (1976)

Ce film a effroyablement mal vieilli... L'image n'est pas très belle et les personnages typiques de leur époque. Encore une fois j'ai l'impression de me retrouver en plein kitsch, mais du kitsch mal maîtrisé et pas forcément désiré.

Kitsch c'est sûr, notamment la séquence finale avec la mère complètement folle qui se fait crucifier par toutes sortes d'objets tranchants. Mais j'aime beaucoup les thèmes déjà présents dans le roman de Stephen King autour de l'adolescence. Les premières règles sous la douche montrées comme une scène de meurtre, la cruauté et les humiliations de la part des lycéens plus "cool" qui possèdent le pouvoir de séduction et la manipulent, et surtout le fantasme de vengeance apocalyptique qui donne droit à une séquence hallucinante quand Carrie se retrouve recouverte de sang et déclenche ses pouvoirs paranormaux. Cette scène là reste kitsch mais sacrément chorégraphiée et jouissive. J'aime bien ce film complètement bricolé et daté années 70 mais qui fonctionne bien grâce à la géniale Sissy Spacek qu'on ne voit pas assez.

Marko a écrit:

Kitsch c'est sûr, notamment la séquence finale avec la mère complètement folle qui se fait crucifier par toutes sortes d'objets tranchants.

Sans parler de son expression complètement dingue lorsqu'elle meurt et que sa tête tombe sur le côté, les yeux grands ouverts. Posture que l'on retrouve quelques minutes plus tard avec la statuette du Christ aux yeux lumineux (jamais vu d'objet aussi effrayant que celui-ci )

Marko a écrit:

Mais j'aime beaucoup les thèmes déjà présents dans le roman de Stephen King autour de l'adolescence. Les premières règles sous la douche montrées comme une scène de meurtre, la cruauté et les humiliations de la part des lycéens plus "cool" qui possèdent le pouvoir de séduction et la manipulent, et surtout le fantasme de vengeance apocalyptique qui donne droit à une séquence hallucinante quand Carrie se retrouve recouverte de sang et déclenche ses pouvoirs paranormaux.

Oui, ce sont des thèmes dans lesquels on se retrouve tous plus ou moins, même si le bal de fin d'année reste une célébration typiquement américaine

Ce que j'ai vraiment aimé dans Carrie, c'est ce regard sur l'adolescence, et toute la symbolique tartinée de sang qui est déployée.
Je ne le trouve pas mal vieillit... peut-être parce que j'ai un peu vieillit avec lui, aussi.

Je ne sais pas pourquoi je me suis fait hier soir un rattrapage sur Carrie au bal du diable.
J'avais complètement oublié la symbolique du sang menstruel et n'avait gardé en mémoire que la farce-vengeance de la mauvaise copine.
Trop vieilli, pas jouissif du tout, et même pas peur!
A l'époque interdit en salle aux moins de 12 ans, j'aimerais savoir comment les ados d'aujourd'hui perçoivent Carrie.
Mais il faudrait demander aux ados
P-S :trop drôle de voir Sissy Spacek et John Travolta quasi ados.

Ayant vu et aimé Carrie étant ados, et l'ayant beaucoup revu depuis je ne trouve pas que le film est vieillis, il n'y a que la scéne du bal ou Carrie perd totalement le contrôle d'elle même et de ses pouvoirs qui m'apparait rater a cause du split screen qui est brillamment utilisé dans des films comme Sœurs de sang ou Blow Out mais qui ici casse l'effet spectaculaire qu'aurait pu produire la mise en scéne, pour moi ça fait prendre une distance au spectateur qui est hors de propos dans ce film. Mais tout le reste je trouve que c'est excellent que ce soit la mise en scéne virtuose, l'exploration des tourments de l'adolescence, les rapports entre Carrie et sa mère (et la mort de la mère est un grand moment) et l'introduction toute naturel du fantastique tout ça pour moi fonctionne très bien, et en font un excellent film, peut être pas le plus interessant du cinéaste mais un très bon!

Sinon pour moi De Palma c'est un cinéaste majeur, ses films peuvent dérouter, agacer, on est en droit de trouver que c'est du tape a l’œil vulgaire et vide, mais pour ma part je pense qu'il y a quand même un réel propos derrière. Il ne faut pas oublier qu'il vient du cinema expérimental, que c'était un créateur relativement réputé dans le milieu underground, et qu'il a été marquer comme beaucoup par le cinema d'Hitchcock certes, mais aussi par Godard et Antonioni et que ça se retrouve dans ses films (heureusement il n'a pas sombré dans l'hermétisme narcissique comme Godard et ses films ont le mérite d'être moins désincarné et moins lymphatique que ceux d'Antonioni).
Des films comme Soeurs de sang, Obsessions, Pulsions, Body Double, Blow Out, Snake eyes et aussi mission impossible (il y a aussi Raising Caïn mais bon comme c'est un navet de premiére catégorie je n'ai pas envie de m'y attarder, et Redacted mais il n'est pas très réussit non plus ) sont tous des films qui s'inscrivent dans un courant de défiance envers les images leur caractère mensonger et les différente manipulation qu'on peut leur faire subir (là dessus plane le spectre de l'assassinat de Kennedy et le film de Zapruder sur cet assassinat) et dans une grande partie de ses films c'est donc a une sorte de déconstruction de la mise en scéne que nous assistons, De Palma alterne des moments ou il nous manipule totalement et d'autre ou (avec le split screen par exemple) il nous montre que nous sommes manipulés: dans Snake eyes, la majorité du film n'est qu'une déconstruction du plan séquence d'ouverture ou l'on découvre que l'ensemble n'était finalement qu'une habile mise en scéne. Avec ça De Palma multiplie les effets de caméra ou de montage tous plus virtuose les uns que les autres, associé a des citations visuel venus de différent film que ça soit les films d'Hitchcock, d'Eisenstein, d'Antonioni, des fausses images d'actualité ou des pastiches de la série Z ou du cinema pornographique, nous noyant littéralement dans des labyrinthe d'image ou les grandes œuvres cinématographiques sont associé avec les productions les plus vulgaire et ou les médias d'informations se révèle n'avoir aucune valeur objective.
Bon dit comme ça met l'accent sur le côté théorique, intellectuel de cinema, mais il ne faut pas oublier que De Palma sait aussi comment divertir son spectateur, non seulement il maitrise parfaitement les codes du suspense hitchcockien, mais en plus de ça ses films sont très drôle leur côté parodique et référentiel est d'ailleurs quelques chose dont Tarantino va se souvenir. Quelqu'un a dit que Pulsions faisait série Z c'est vraie, et c'est revendiqué par De Palma qui prend un malin plaisir a mêler avec le second degrés le plus déjanté la sophistication la plus extrême de la mise en scéne avec la vulgarité la plus crasse, dans un second degrés que personellement je trouve assez jouissif (surtout dans ces deux chef d’œuvres que sont Blow Out et Body Double)
et puis rien que pour avoirs fait cet ovni pop et kitsch aussi génial déjanté qu'est Phantom of the paradise, De Palma est quand même un cinéaste qui mérite qu'on s'y intéresse