Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]

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rivela
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptySam 18 Sep 2010 - 19:32

Il y a aussi Aimé Pache peintre vaudois qui se passe aussi en partie à Paris.
Aimé qui croyait qu'en allant à Paris il allait devenir un grand peintre, hélas comme souvent, beaucoup d'élus et peu de gagnants
Aimé Pache peintre raté n'a plus qu'à rentrer chez lui
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptySam 18 Sep 2010 - 20:49

bix229 a écrit:
On verra bien ce qu' il en pense l' Animal !
j'ai comme une sorte d'a priori positif mdr2

je reviens un peu sur ma dernière lecture car elle précise (le manifeste est plutôt complet) le rapport au temps, au temps dont l'influence se traduit dans l'esprit, comme un passé meilleur, un futur encore meilleur... ou pire ? dans son observation du rapport de ses semblables à ce temps et à la modernité... qui n'est pas rejetée en bloc loin s'en faut mais il regarde de près certaines manifestations. En fait on se voit expliquer autrement ce que son écriture (littéraire) nous a fait comprendre, et qui peut apparenter l'atmosphère à de l'étrangeté, atemporel mais dans le temps, si on veut. Ce qu'il donne est une vision d'une forme de présent actif. c'est le mot important, il emporte en fin de compte avec lui action et incertitude.

c'est un des caractères fascinants qui participent je... pense à la ressemblance qui existe entre ses formes variées, il s'exprime et ses récits à la forme particulière sont une évidence surprenante, outrancière ? de démarche littéraire ? ce qui fait toute la valeur de l'expression mais sans provoquer l'exclusion de ce qui est autre (là je coupe de l'auteur, je parle uniquement de ce que j'essaye d'envisager derrière la démarche). Sous une apparence qui peut passer pour caricaturale (si on regarde ou lit trop vite ?) on peut voir un rejet de schémas figés, ou entendus. Il rejette un académisme tout en s'attachant à un principe (antérieur ??). Dans la forme et dans les idées. ça doit d'ailleurs être un faux paradoxe plus qu'un paradoxe et ça pourrait aussi se dire comme une modernité radicale, sans pour autant qu'on réinvente la roue... huhu.

Certainement un écrivain (très concrètement) révélateur.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyDim 19 Sep 2010 - 19:18

Pour moi faire un commentaire de ces quelques essais ou réflexions qu'il a écrits c'est quelques choses que je n'arrive pas parce qu'il faut à son tour entrer dans l'analyse ( pointue ) de l'oeuvre et ce n'est pas dans mes capacités.
Par contre heureusement ces textes sont assez accessibles pour le simple lecteur que je suis, ce n'est pas de la philo, pas une rédaction compliquée d'un intellectuel qui se perd à trop développer et perd le lecteur par la même occasion.
Ensuite il faut que le thème raconté intéresse le lecteur, cela a bien réussi pour moi en lisant Besoin de grandeur par ex. par contre un de ses essais qui s'appelle Taille de l'homme j'ai vite éprouvé une lassitude et je n'ai pas pu le lire en entier .

Tes commentaires Animal je suis très content de les lires et que tu arrives à en dire autant.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyDim 19 Sep 2010 - 19:36

je ne vais pas bien loin, et je ne le connais pas encore assez pour aller plus loin en parlant de sa vision des choses. c'est amusant que tu parles de son accessibilité parce qu'il en a été apparemment très soucieux, c'est un des pourquoi de son style, et en lisant des petites choses ou en regardant comme hier les vidéos du "dossier" sur le site de la tsr, j'ai parfois la confirmation que je n'ai pas lu de travers. ça constitue (à mes yeux) une sorte de preuve que son accessibilité est réelle.

Citation :
Et je voyais bien de quoi nous souffrions, nous autres, qui était ce hiatus entre penser et dire, à cause de l'hésitation qu'introduisait entres ces deux opérations le doute où nous étions non seulement sur ce que nous avions à exprimer, mais sur nous-mêmes (car les deux choses n'en sont qu'une et on ne sait pas ce qu'on va dire quand on ne sait pas ce qu'on est).

plus haut (et ailleurs) il parle de la "peur de se tromper". on peut croire qu'il a confiance en son travail et que cette peur de se tromper est un risque assumé. je disais ailleurs que j'étais difficilement à l'aise avec la poésie, en lisant un peu Jaccottet récemment et Ramuz donc, il me semble que cette peur de se tromper acceptée (ni cachée ni mise en avant) dans l'envie d'exprimer plus complètement ou certainement est une composante de la trame de l'écriture poétique et donc de son écriture.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyDim 14 Nov 2010 - 21:30

Un ouvrage qui fait le pont entre Ramuz et Bosco influencés par Rimbaud: Vivre Rimbaud de Michel Arouimi.

Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 51win710

Citation :
" Il ne s'agit pas de [... ] copier [Rimbaud], mais de le vivre ou de le revivre "... Cet aveu de C.F. Ramuz incite a repérer les réminiscences de l'oeuvre de Rimbaud dans celle de cet écrivain suisse, poète et romancier dont le projet littéraire est soutenu par une vision de l'art et du monde qui se rapproche de celle du Rimbaud " voyant ". Ce désir de "revivre" Rimbaud semble avoir été partagé par Henri Bosco, qui reconnaissait d'ailleurs la grandeur de Ramuz. Le premier roman publié de Bosco comporte plusieurs références, imprégnées d'une ironie préoccupante, à des oeuvres fort connues de Rimbaud. Même si elles ne sont pas toujours conscientes, ces réminiscences, dans les poèmes et surtout les romans de Ramuz et de Bosco, sont autant de questions posées au mystère du poète et de l'homme Rimbaud, un mystère que rend peut-être moins obscur le regard de ces deux successeurs.

Pas lu mais ça peut être intéressant.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyLun 15 Nov 2010 - 14:08

Comme tu dis c'est intéressant. Ce genre de comparaison ça nous en apprend encore plus, pas seulement sur 1 écrivain mais sur plusieurs. j'ai vu que l'analyse est assez poussée ça doit être du bon travail fait par Arouimi

j'avais mis un texte de Ramuz à la page 7 qu'il avait rédigé en hommage à Rimbaud, je le remet pour rappel

Citation:
Citation :
ARTHUR RIMBAUD EST MORT IL Y A CINQUANTE ANS

Les poètes «maudits». L’épithète n’est qu’à moitié juste, car. Comme Vigny le fait remarquer :
Le poète a une malédiction sur sa vie et une bénédiction sur son nom.

Le cas de Rimbaud me semble illustrer remarquablement cette pensée, mais il est vrai de dire que cette bénédiction coûte cher. Rimbaud l’a payée de sa vie. L’aura-t-il seulement prévue, à l’heure de sa mort, dans cet hôpital de Marseille, près de vingt ans après la publication des Illuminations et d’Une saison en enfer restées en stock chez l’éditeur et qu’il a peut-être oubliées lui-même. Plus rien, le silence, la solitude, l’obscurité (l’admiration de quelques amis, dont Verlaine, mise à part, mais qu’il ignore), et le voilà qui meurt, mais il faut mourir pour ressusciter. Et, lui, ce n’est pas d’un coup, c’est lentement, c’est progressivement qu’il ressuscite, en marge des célébrités, des gros tirages et des Académies, - dans un esprit, puis dans un autre, mais enfin aujourd’hui il est debout. Lui aussi, sera né dans l’étable entre l’âne et le bœuf, lui aussi, aura été crucifié ; lui aussi, sera venu pour apporter, non la paix, mais la guerre : une espèce de sourd ferment qu’il répand dans les consciences des jeunes hommes qui le lisent, et c’est toujours un adolescent qui parle à des adolescents. Il me semble que son heure est enfin venue, à cause de cette ferveur religieuse qui l’anime (le mot, bien entendu pris dans son sens le plus large). Est-ce qu’il n’y a pas, en ce moment, quelqu’un, quelque part, qui s’est déjà levé et dans l’obscurité se prépare à le suivre ? car il ne s’agit pas de le copier, mais de le vivre ou de le revivre : d’où naîtra, de proche en proche, enfin, quelque grand mouvement de libération.
L’hommage a paru dans la revue Poésie 41, en octobre - novembre 1941. Cette jeune revue, éditée dans la zone libre (Villeneuve-lès-Avignon), est dirigée par Pierre Seghers, qui y publie notamment les poèmes de guerre d’Aragon, d’Eluard et d’autres résistants. Le parallèle que Ramuz esquisse à demi-mot entre la renaissance de Rimbaud, due à sa ferveur, et la situation de la France occupée, luttant pour sa libération, est ainsi tout à fait dans le ton de la revue.

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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyDim 30 Jan 2011 - 20:32

Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 978-2-10
Si le soleil ne revenait pas

un quatrième de couverture a écrit:
" Il faut dire que, pour eux, chaque année, vers le 25 octobre, le soleil était vu pour la dernière fois et il ne reparaissait pour eux que le 25 avril. Le 25 octobre, au-dessus de la montagne qui est au sud, il y avait encore une traînée de feu, une vague gerbe d'étincelles comme quand avec un bâton on attise un brasier; et c'était fini pour six mois. " Mais le rebouteux Anzévui a prédit que, ce printemps-ci, le soleil ne reviendrait pas... Le village s'installe dans une psychose de fin du monde. A partir de cette situation, C.-F. RAMUZ, le grand écrivain romand né il y a tout juste un siècle, a écrit un hymne vibrant à la vie, à la jeunesse et à la pérennité de la nature.
Bienvenue dans le petit village de Saint-Martin d'En Haut qui entre dans l'hiver comme chaque année et comme tous les jours les hommes dans la salle à boire. La petite communauté suit son chemin au bord du temps, travail et habitudes... les vieux sont encore là et les jeunes arrivent, mais certains s'en vont. Et il y a cette grande inquiétude, la prophétie du vieux rebouteux que le soleil cette fois ne reparaitra pas. Et dans ce brouillard qui n'en est pas, cette longue obscurité on ne sait plus très bien. Faut-il croire ? c'est que c'est d'un temps actuel que nous écrit Ramuz, avec des voitures et des camions qui vont par les chemins et qu'on peut voir au fond des ravins quand on descend à Saint-Martin d'En Bas le dimanche pour la messe. Et il y a la guerre en Espagne dont les nouvelles arrivent au village par le poste de TSF de Sidonie qui sert à boire. Et les hommes écoutent, les jeunes et les vieux. Ramuz nous écrirait-il aussi d'un trouble plus grand ? d'une grande inquiétude qui désoriente les hommes aussi ailleurs ? probable.

C'est la croisée des générations et des chemins. La peur et quelques mauvaises pensées. Le dénuement, la solitude... et aussi la force de la vie. Que le soleil revienne ou non après la longue patience besogneuse de ses paysans les choses seront différentes, changées par la mort des uns et l'affirmation de la vie par les autres. Sans meurtre, par le jeu du temps et des caractères, par le passage du temps et la continuité de la vie dans le lieu.

Au delà des premières évidences villageoises et picturales de Ramuz, et de sa maitrise des mouvements du récit animés en double par la luminosité de ses atmosphères. Ah ce jeu du regard ! de celui qui regarde le paysage lumineux sur les montagnes d'en face alors que tout est sombre. Alors il voit. Et Ramuz au milieu du tourbillon de cette grande crainte inévitable et plus vraiment raisonnée, dégage, comme son héroïne débouche des bouteilles de soleil accumulé et promis, une chaleur au milieu du village. Au milieu de l'obscurité il ouvre son chemin, comme les gens le chemin dans la neige, et au fil des pages la neige et la glace sont plus fines. Et au dessus encore des grandes valeurs traditionnelles on découvre un Ramuz étonnamment charnel et libre, libéré peut-être, ou se sentant de devoir affirmer encore la grandeur et la beauté possible. Et l'amour, en grand et aussi au foyer dans sa singulière et attentive manière de mélanger le passé et l'après.

C'est encore un grand moment de lecture, encore un étonnement de découvrir les liens multiples qui animent cette prose particulière et toujours un grand réconfort, un apaisement de le voir dessiner ces caractères parfois antagonistes et plus ou moins grands avec minutie sans jamais rejeter l'un ou l'autre complètement en dehors de la communauté. C'est aussi un grand roman de la tentation et du risque de l'erreur (dramatique) ... bien que l'obstination l'emporte encore.

On en conserve des images troublantes comme celle de Métrailler parti seul dans la montagne avec son fusil et qui peut-être ne serait pas revenu. De même pour Arlettaz, veuf et abandonné par sa fille peut-être trop aimée qui boit et ne se console pas.

Un très beau roman humaniste et universel ancré dans la modernité de son auteur et l'ivresse de son pays, plutôt celle qui est douce et rayonnante que celle trop forte qui plonge dans l'obscurité.

Citation :
Car, même au gros de l'hiver, même dans ces villages où le soleil ne se montre pas de tout le jour, rien n'est plus beau à voir, d'ordinaire, que la pureté du ciel et l'éclat de la neige. Même ici où on ne voit pas le soleil pendant six mois, on le sent qui est là, derrière les montagnes, et envoie en délégation ses couleurs, qui sont le rose pâle, le jaune clair, le roux, dont un pinceau minutieux revêt autour de vous les pentes. La neige sur les toits est comme du linge qu'on vient de passer au bleu; elle est sur les côtés des toits comme des piles de draps de lit pliés en quatre dont on voit les épaisseurs lesquelles débordent; et la masse dépassant, de temps en temps, se rompt et tombe, avec un bruit d'écrasement, comme un fruit mûr. La neige est à la point des pieux comme des bonnets en laine d'agneau. L'air est à la fois immobile et animé d'un mouvement secret; il ne se respire pas, il se boit.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyDim 30 Jan 2011 - 21:34

Je viens de commencer Ramuz que je n'ai encore jamais lu, par "la séparation des races" qui fait partie de ma bibliothèque de l'hiver. Quel style étonnant!
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyLun 31 Jan 2011 - 16:37

Cachemire a écrit:
Je viens de commencer Ramuz que je n'ai encore jamais lu, par "la séparation des races" qui fait partie de ma bibliothèque de l'hiver. Quel style étonnant!
Le style Ramuz est un cap à passer ou un sommet d'une montagne pour rester dans le sujet, si après les 25 premières pages tu aprécies cette écriture après les pages s'enchainent facilement.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyLun 31 Jan 2011 - 17:02

Il y a des Ramuz plus rapeux que d' autres ou qui nous conviennenet mieux.
Il y a le moment aussi. Je ne sais pas si j' aurais apprécié pareillement la Vie de Samuel Belet il y a
quelques années...
Et d' ailleurs, je l' avais laissé en sommeil Ramuz...
Les enthousiasmes tout frais, ça aide...
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyLun 31 Jan 2011 - 17:52

rivela a écrit:
Cachemire a écrit:
Je viens de commencer Ramuz que je n'ai encore jamais lu, par "la séparation des races" qui fait partie de ma bibliothèque de l'hiver. Quel style étonnant!
Le style Ramuz est un cap à passer ou un sommet d'une montagne pour rester dans le sujet, si après les 25 premières pages tu aprécies cette écriture après les pages s'enchainent facilement.

En effet, je viens de passer les fameuses 25 premières ages et j'aime cette écriture qu'on entend, qui a un souffle...
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyDim 6 Fév 2011 - 18:58

La séparation des races

C'est la montagne qui sépare. Elle sépare deux villages. Elle sépare deux cultures, deux langues, deux religions différentes, des gens qui ne se connaissent pas et ne veulent pas se connaître.

Et puis il y a la belle, de l'autre côté. La beauté tentatrice qui va envoûter le gars de de ce côté et lui faire commettre son forfait: enlever la fille et la garder pour lui, dans sa maison, côté sud.

Et la neige sépare et rend le retour impossible pendant de longs mois.

La mignonne s'habitue peu à peu à l'idée d'être là. Elle surprend, elle charme, malgré sa différence. Elle finit même par bien comprendre la langue.

Mais elle rêve de retourner. Parce que c'est mieux là-bas. Même si c'est au nord. C'est forcément mieux puisqu'elle est de là.

Et l'amoureux d'essayer de la convaincre, que non, c'est ici que c'est mieux. D'ailleurs il fait plus beau et plus chaud.

Tolérance et intolérance.

On s'ouvre et on se ferme.

On s'aime mais pas assez pour aller au delà des différences.

Il y a une séparation. Irrémédiable.


Quand on vit entre deux cultures, entre deux langues, on ne peut que comprendre et apprécier ce livre même s'il laisse un arrière goût bien pessimiste sur un possible rapprochement entre les humains d'origine bien différente.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyDim 6 Fév 2011 - 20:02

Cela montre bien que le déracinement est toujours difficile. Bon dans le cas de ce livre encore plus parce que la fille a été enlevée de force contre son gré, ce qui ne pouvait autrement que mal se passer

Il y a un autre livre qui s'appelle La beauté sur la terre, ou c'est l'histoire d'une jeune fille qui vient de Cuba pour habiter au bord du lac Léman. L'histoire est plus douce que la Séparation des races mais on perçoit bien les différence culturelle entre cette jeune fille très belle à la peau bronzée, qui embrouille les esprits malgré elle d'un village en 1927. Intégration, différence, être à sa place là ou ailleurs sont de nombreuses interrogations qu'il y a dans ce livre.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyLun 7 Fév 2011 - 13:31

rivela a écrit:
Cela montre bien que le déracinement est toujours difficile.

Et le réenracinement est long et difficile aussi...

J'ai trouvé dans ce livre une manière de dire très proche de celle des gens de la montagne, toujours avares de beaucoup de mots, et une manière proche aussi, toute proche de la réalité de l'expérience.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 12 EmptyMer 9 Fév 2011 - 22:57

Vie de Samuel Belet

Quelques mots sur un roman qui m'a fait forte impression...touché voire bouleversé par ce regard porté sur les contrastes de l'existence, du fébrile enthousiasme de la jeunesse à la recherche d'une sérénité. L'écriture de Ramuz est rude et limpide, mais aussi admirable de poésie lorsqu'il s'agit de cerner l'illusion d'un premier amour, puis d'évoquer la relation poignante qui lie Samuel Belet à sa femme et au fils de celle-ci.
Ramuz cherche toujours une vérité dans les sentiments, et la cohérence du personnage tient précisément à cette sincérité dans l'introspection. L'être humain change, apprend de ses erreurs pour parvenir à une maturité...autant d'évidences apparentes qui trouvent ici une incarnation d'une grande puissance.
Enfin, il ne faut pas non plus oublier la chaleur avec laquelle Ramuz décrit ses paysages, le ciment d'un lien affectif et l'instrument d'une constance.
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