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| Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] | |
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Auteur | Message |
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topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Lun 23 Juin 2014 - 11:03 | |
| La période n'est pas des plus propices pour moi, mais je note les titres et je verrai à l'occasion | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 24 Juin 2014 - 9:29 | |
| Tu persistes décidément avec Ramuz, animal... on verra bien quand il s'annoncera dans mes horizons de lectures. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 29 Juil 2014 - 22:41 | |
| Chant de notre Rhône (1920)
Un extrait concentré de substrat ramuzien maturé ? De quoi s'agit-il d'autre, ce n'est pas un récit, ce n'est pas non plus tout à fait un poème (quoique), et pas exactement une profonde réflexion, bien que ce soit nourrit certainement de longues ruminations et réminiscences.
Une quintessence, une volonté de l'expression juste dans une forme condensée, ça donne un texte particulièrement et lumineux et puissant, très puissant par cette langue particulière, ici encore plus affinée, affirmée, riche en texture comme la roche et fascinante comme... ah. et le jeu des répétitions que l'on peut être habitué à lire dans la phrase se trame en plus en échos précis.
Pour parler du Rhône, du Lac, enfin de cette image, volonté, peinture chère à l'auteur. Une question d'identité qui dépasse le petit pays pour célébrer avec les voisins d'en face et ceux de plus bas, jusqu'à "l'autre lac" la Méditerranée. La célébration d'une communauté, de la terre, de la vigne, du travail et de tous les gestes quotidiens, infimes et si importants.
C'est presque un rêve, la projection est puissante, incantatoire, intrinsèquement liée au(x) geste(s), un appel ou un chant de reconnaissance.
Pourtant derrière l'affirmation ce qui rend le texte si fort est peut-être la question, l'interrogation de l'identité et de la capacité à la révéler et à la partager. La célébration n'est ainsi pas personnelle, elle prend la forme d'un retour de celui qui a reçu. L'auteur qui a reçu la lumière, le lac, les visions de la vigne et du vin et la femme au peigne en cuivre. Les plus grandes idées ne sont rien ici sans une sensibilité de l'intime (en peu de mots). L'auteur retourne, rend grâce et révèle, peut-être contre certaines tendances, son monde, sa vision du monde.
Et surtout la conviction, qui a l'air moins douloureuse ici, que sa littérature étant sa vision du monde, il s'agit du plus simple chant, que "toute chose premièrement est amour".
Un hymne saisissant et envoutant, et très symbolique, représentatif, de Ramuz, à un tissu humain primaire au sens le plus heureux du terme.
Court texte suivi d'une postface de Claude Louis-Combet (dans l'édition des Amis de... ).
J'ai beau être acquis à la cause, je reste aussi sur mes gardes devant des textes trop courts ou trop extatiques, j'insiste donc sur l'épure de ce mélange très vif, qui n'est pas du domaine de la complète mécanique intellectuel mais de l'expression très choisie et rendant gloire au(x) sens.
Et toujours ce sont les images que l'on retrouve de texte en texte, la vigne, le lac, toutes ces images qui ne peuvent plus être des figures de style mais des morceaux d'une âme.
C'est à lire...
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| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mer 30 Juil 2014 - 10:42 | |
| waouh ! quel commentaire !
et puisque "c'est à lire" et bien je le lirai
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| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 16 Aoû 2014 - 16:48 | |
| AlineEt voilà l’histoire est déjà connue. Aline vit avec sa mère, veuve, qui n’est pas des plus joyeuse ou des plus permissive. Elle ne connait pas grand-chose à la vie, est obéissante. Le père est mort et la mère a du élever sa fille toute seule. Elles n’ont pas d’argent mais se débrouillent. Julien vient d’une famille qui a du bien. Il la séduit, puis la délaisse parce qu’il s’ennuie, a l’habitude de prendre ce qu’il veut, est un homme inconséquent. Mais Aline reste comme elle est, elle lui fait confiance et espère. Elle se retrouve dans une situation difficile, et voit son avenir se dérouler devant elle. Un avenir de rejet pour elle et son enfant. Tout perd de sa saveur, elle ne trouve le réconfort nulle part et se sent abandonnée. Au lieu de réagir, elle sombre. Question de caractère, de premier amour, de jeunesse ? Avec des mots simples qui pourraient être dit comme ces Montagnards les disent, Ramuz ouvre un monde de sentiments sensibles et subtils qui sont de tous temps universels (j’ai enfin compris la signification de ce mot que tout le monde utilise). Il parle en métaphores liées à la nature, aux éléments. Il plut toute la journée. Julien eut le temps de s'asseoir l'esprit et de se regarder en dedans. Son humeur était comme la pluie. Et il vit en dedans que le meilleur encore est de vivre tranquille. Henriette ne parlait pas; elle gardait toutes ses forces pour comprendre, étant des vieilles gens qui ont un mur autour de leurs idées.Henriette s'en était allée. alors Aline étant seule se glissa vers Julien. Elle s'approcha par derrière, elle lui posa la main sur l'épaule et, comme il se retournait, elle sourit. Ses yeux étaient redevenus clairs comme les lacs de Montagne quand le soleil se lève. J’ai aimé me retrouver au milieu de ces Montagnes dans lesquelles il a l’art nous emporter en les décrivant d’une façon si vivante. Autant j’ai eu de mal avec ses constructions de phrases (Eglantine disait je crois que ça l’avait crispée au début, ce qui était un peu ce que j’avais ressenti) dans Autant dans Aline il n’a pas du tout utilisé ce système d’écriture et j’ai pu donc me détendre et me laisser bouleverser. J’ai beaucoup aimé. L'abandonnée de Hugues Merle
Dernière édition par pia le Sam 16 Aoû 2014 - 18:23, édité 1 fois | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 16 Aoû 2014 - 18:08 | |
| - pia a écrit:
- Autant j’ai eu de mal avec ses constructions de phrases (Eglantine disait je crois que ça l’avait crispée au début, ce qui était un peu ce que j’avais ressenti) dans Autant dans Aline il n’a pas du tout utilisé ce système d’écriture et j’ai pu donc me détendre et me laisser bouleverser. J’ai beaucoup aimé.
Et si tu n'as pas lu Vie de Samuel Belet , tu pourras aussi te détendre : car ce n'est pas le Ramuz de Derborescence ou autres oeuvres avec ce style si particulier qui le caractérise ! Encore une fois une bien belle histoire mais ....je n'ai pas retrouvé sa griffe et finalement ça manquait preque ! | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 16 Aoû 2014 - 18:12 | |
| Tu veux dire que tu n'as pas retrouvé sa griffe dans Aline? Je vais mettre quelques extraits qui m'ont plu. Oublié... | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 16 Aoû 2014 - 18:23 | |
| - pia a écrit:
- Tu veux dire que tu n'as pas retrouvé sa griffe dans Aline?
Je parlais de Vie de Samuel Belet pour déplorer justement cette absence de style bien à lui ! J'avais cru comprendre qu' Aline est écrit aussi de cette manière plus limpide certes mais moins attachante pour moi . (je ne l'ai pas lu ) | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 16 Aoû 2014 - 18:25 | |
| Je dois dire que j'ai retrouvé Ramuz sans l'aspect qui m'avait "crispée". Mais je dois continuer à le lire pour me forger vraiment une opinion. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Dim 17 Aoû 2014 - 19:13 | |
| Intéressant... on passe de la "grande histoire montagnarde" à la "petite histoire familiale" ? | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Lun 18 Aoû 2014 - 11:00 | |
| - colimasson a écrit:
- Intéressant... on passe de la "grande histoire montagnarde" à la "petite histoire familiale" ?
Il y avait aussi de la petite histoire familiale dans La beauté sur la terre. Mais maintenant que tu le dis, il parle peut-être plus de l'environnement Montagnard dans La beauté sur la terre que dans Aline. Il fait tout de même beaucoup mention de la nature, qui est toujours lié à l'homme et aux sentiments (si je peux dire comme ça). Mais bon.. dans Aline il est beaucoup question de rendez-vous dans les bois, du chemin de chez elle jusqu'à chez Julien, de la petite maison qu'elle partage avec sa mère. Et tout de même cette vie des hommes et femmes du village. C'est assez court, donc il a peut-être moins dévellopé certaines choses ou alors, il s'est surtout concentré sur le drame d'Aline. Mais j'ai beaucoup aimé. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mer 20 Aoû 2014 - 21:56 | |
| - églantine a écrit:
- Je parlais de Vie de Samuel Belet pour déplorer justement cette absence de style bien à lui ! J'avais cru comprendre qu'Aline est écrit aussi de cette manière plus limpide certes mais moins attachante pour moi . (je ne l'ai pas lu )
Je pense que Aline reste plus proche en apparence de l'image qu'on peut avoir de Ramuz. En prenant la question à l'envers on doit quand même constater dans Samuel Belet des thèmes incontournables (entre les gens, rapport à la Savoie et plus largement au pays d'en face,... ) mais aussi des images (lac, bateaux, montagnes, lumières) mais effectivement ça ressemble plus à un roman "à la française". Autant que le style pas autant affuté, travaillé, il y a la trame. Et comparativement Aline c'est du distillé, raboté, jusqu'à l'extrême (et universel). Ce qui peut amener à se poser la question de l'anecdotique ou de l'événement dans cette œuvre particulière. Même dans Derborence, malgré le fait historique, est on réellement plus marqué par le fait historique que par "autre chose" qui tient d'une impression collective ou de ce que l'anecdotique aurait de partagé ou de projeté ? (ce qui ne veut pas dire que les choix sont gratuits) tout ça pour en arriver au fait que la question "grande histoire montagnarde" ou "petite histoire familiale" est une drôle de question. (et pour dire que je suis content de vous lire sur le fil !) | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mer 20 Aoû 2014 - 22:07 | |
| - colimasson a écrit:
- Intéressant... on passe de la "grande histoire montagnarde" à la "petite histoire familiale" ?
Oh! la grande Histoire montagnarde. Je n´avais pas pigé sur le moment. Comme dans Derborence donc surement. Que je n'ai pas lu, donc je vous laisse débattre... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 23 Sep 2014 - 14:44 | |
| Derborence (1934) Dans le canton du Valais, Derborence fait jouer les charmes de ses sonorités printanières pour attirer l’homme éphémère et le fasciner par sa nature montagneuse. Derborence, pourtant, n’a pas oublié l’éboulement des Diablerets qui survint en 1714. Un dictionnaire géographique nous rappelle : « Un pâtre, qui avait disparu et qu’on croyait mort, avait passé plusieurs mois enseveli dans un chalet, se nourrissant de pain et de fromage… »On imagine Charles-Ferdinand Ramuz, captant cette anecdote et rêvant aux possibilités folkloriques, tragiques et poétiques dissimulées derrière cet accident. Son écriture n’est pas éloignée de celle de Jean Giono dans Les Grands troupeaux : les hommes vivent dans un temps mythique, contenus dans l’univers d’une montagne merveilleuse et colérique comme une déesse antique. Le dépaysement est brutal pour le citadin du siècle moderne, plutôt habitué à se considérer comme le contenant d’un monde raisonnablement dissécable, réductible à des lois et à des propriétés rationnelles. Charles-Ferdinand Ramuz a la réputation d’être l’écrivain qui a voulu établir une langue-geste du parler paysan, utilisant celui-ci comme matière poétique à la transmutation du langage. Il me semble pourtant que le ton employé dans Derborence reste classique. La poésie se faufile discrètement dans les descriptions merveilleuses ou terrifiantes des falaises, du cours d’eau, des plantes et de l’horizon, mais n’empêche jamais la simplicité et la concision d’un langage brut. Ce mélange presque insignifiant progresse sans bruit, retient à peine l’attention, et plonge parfois dans un ennui molletonneux de rêvasserie. Pas convaincue, j’ai poursuivi cette courte lecture jusqu’à son terme pour comprendre que cette modestie de forme devait servir à donner au récit toute la puissance nécessaire à sa conclusion. Ses horizons sont ceux d’un conte ou d’une légende transmise sous la cape, de génération en génération. Nostalgie d’être soumis à un univers, de ne pas pouvoir aller au-delà, de ne pas le vouloir… et ceux qui s’en échappent malgré tout sont les damnés du Diableret –un nom que Derborence tente aussi d’élucider à sa manière fantasmagorique. - Citation :
- « Il y a maintenant huit veuves et trente-cinq orphelins au village, mais elles vivent, et eux aussi ; c’est comme ça. L’arbre qu’on fend par le milieu se cicatrise. Le cerisier qui est blessé élabore une gomme blanche dont il recouvre sa blessure. »
- Citation :
- "Là-haut (on dit "là-haut ") quand on vient du Valais, mais quand on vient d'Anzeindaz on dit "là en bas" ou "là au fond"), la neige, en se retirant, faisait de gros bourrelets ; ils découvraient sur leurs bords, dans l'humidité noire que la vieille herbe recouvrait mal d'une espèce de feutre terne, toute espèce de petites fleurs s'ouvrant à l'extrême limite d'une frange de glace plus mince que du verre à vitre. Toute espèce de petites fleurs de la montagne avec leur extraordinaire éclat, leur extraordinaire pureté, leurs extraordinaires couleurs : plus blanches que la neige, plus bleues que le ciel, ou orange vif, ou violettes : les crocus, les anémones, les primevères des pharmaciens. Elles faisaient de loin, entre les taches grises de la neige qui allaient se rétrécissant, des taches éclatantes. Comme sur un foulard de soie, un de ces foulards que les filles achètent en ville, quand elles y descendent pour la foire, à la Saint-Pierre ou à la Saint-Joseph. Puis c'est le fond même de l'étoffe qui change ; le gris et le blanc s'en allaient ; le vert éclatait de partout : c'est la sève qui repart, c'est l'herbe qui se montre à nouveau ; c'est comme si le peintre avait d'abord laissé tomber de son pinceau des gouttes de couleur verte, puis elles se rejoignaient."
Carte des Diablerets issue de ce site | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 23 Sep 2014 - 15:18 | |
| ton commentaire me rappelle que j'ai un petit livre à lire de Ramuz, et surtout les sentiments qui ont animé mes lectures de cet auteur. | |
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| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] | |
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| | | | Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] | |
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