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| Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] | |
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Max Main aguerrie
Messages : 381 Inscription le : 21/03/2014 Localisation : Toulouse
| | | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 25 Mar 2014 - 16:35 | |
| Maria Chapdeleine, une vieille histoire du pays... Je l' ai lue enfant... La lit-on encore JHB ? | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Dim 6 Avr 2014 - 22:01 | |
| Farinet ou la fausse monnaie
Farinet a réellement existé (clic), faux monnayeur qui s'évade plusieurs fois de prison il incarne une indépendance et une liberté toujours célébrée aujourd'hui. L'aventure s'arrête en 1880 et on ne saura pas si c'est la police qui l'a tué ou bien un accident. La vigne à Farinet (clic) existe toujours et après l’acteur Jean-Louis Barrault (qui a incarné Farinet à l'écran, d'après le roman de Ramuz) et l'Abbé Pierre, c'est maintenant le Dalaï Lama qui en est le propriétaire.
Le roman de 1932 s'approprie et (peut-être) contribue à créer le mythe durable. Pourtant il ne s'agit pas d'une biographie romancée. L'entreprise ramuzienne multiplie les thèmes et les interrogations et fait émerger les images. Le Farinet du roman a une mine d'or et sa monnaie en est plus vraie que la monnaie officielle. S'il part de Sion pour rejoindre la montagne, et différents étages, différents monde de la montagne, je ne qualifierai pas ce texte de Ramuz de la montagne. Ni de Ramuz "d'en bas".
Pourtant très typique avec la très puissante montagne et des amours contrariées qui avec l'impossible liberté de Farinet sont la trame dramatique de ... l'exposé ? En effet on peut voir, sans trop se forcer, en ce Farinet un double de l'auteur. La "fausse langue" de Ramuz n'a-t-elle pas pour ambition (assumée) d'être plus vraie qu'un certain français officiel ? N'a-t-il pas une ambition de partage, de don même ? Une volonté de faire exister une beauté pour les autres et pour son pays rendu au mythe dans ce canton du Valais.
On pourrait voir tout ce qui va bien, la liberté retrouvée de la montagne et de la nature, l'ivresse des hauteurs et des chemins que Farinet seul connait, l'amour résolu ou moins raisonné, la solidarité des villageois et des bergers, la chaleur de peu de mots de la "salle à boire", le vin, le fromage, le pain... et tout ça y est. Mais à l'évidence, et c'est aussi pour ça que c'est si beau, c'est un récit très contrarié.
Joséphine, robuste, travailleuse et ayant derrière elle sa prime jeunesse, s'acharne pour un Farinet qui apparait bien ingrat. Et ces hésitations de Farinet, doit-il accepter ou non de se rendre ? Sa liberté quelle est-elle réellement, pour lui, pour les autres ? Sa monnaie ? Dans cette montagne tout un tragique banal prend forme et les formes de la culpabilité y sont multiples. Mais tout apparait en sensations frustes et irrésolues. Il n'y a pas vraiment d'issue offerte, jusqu'à l'inévitable.
La question des distances est très particulières, comme des échelles différentes de la vie qui apparaisse, plus ou moins libres, plus libres alors qu'on s'éloigne, plus libre de regarder, de s'émerveiller peut-être. Pour le lecteur il reste la stupéfaction de ces choses simples, étonnamment concrètes... et tout le trouble de ce qui ne s'est pas dit, mais aperçu, une inquiétude et une force qui n'ont pas beaucoup de noms.
Toutes les tensions et les intentions si particulières de l'auteur, et encore un récit élémentaire, troublant. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 8 Avr 2014 - 12:42 | |
| - bix229 a écrit:
- Maria Chapdeleine, une vieille histoire du pays... Je l' ai lue enfant... La lit-on encore JHB ?
Désolé de répondre beaucoup plus tard... mais Maria Chapdelaine de Louis Hémon fait partie des lectures classiques. On l'enseigne parfois dans le corpus des oeuvres québécoises du terroir. Faut dire que Louis Hémon est Français. | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 8 Avr 2014 - 12:53 | |
| - animal a écrit:
- Farinet ou la fausse monnaie
J'aime bien ton commentaire Animal ! Cet écrivain, que j'ai à peine découvert ,me réserve de beaux moments de lectures je pense . | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 8 Avr 2014 - 21:58 | |
| Un petit extrait alors, dans le début, qui doit rendre un peu de la vanité, de la folie, de l'ivresse qu'on trouve souvent (plus souvent qu'on ne pourrait le croire ?) chez l'auteur : - Citation :
- L'ensemble se présentait peu à peu, à mesure que ses yeux s'y habituaient, dans l'absence de toute lumière (ce qui le rassurait aussi), comme taillé à coups de ciseau dans de la pierre noire, y compris les hauteurs de Valère et de Tourbillon, mais moins hautes qu'il n'était lui-même. L'église, qui est au sommet de celle-là, et le château, qui est au sommet de celle-ci, étaient tous deux au-dessous de lui, tellement il était déjà monté. A présent il commençait à rire, et, s'étant assis admirait comment toute une ville, avec un évêque, un gouvernement, un château, deux châteaux, des tours, sept ou huit églises, un tribunal, des juges, un jugement rendu, des gendarmes et des geôliers, n'avaient pas pu le retenir, toutes ces choses et ces personnes mises ensemble, tandis que lui était tout seul contre elles toutes. Il était seul, eux quatre ou cinq mille. Mais c'est que leur justice ne vaut rien, leur justice est de l'injustice. Eux, vivent petit là-dessous, ils vivent étroit, ils vivent faux (pendant qu'il regardait toujours de haut en bas), ils vivent couchés dans des lits, pendant qu'il sentait sous sa main l'herbe devenir toute mouillée, et elle était pleine de fleurs qui recommençaient à sentir bon. Adieu! alors, vous autres, vous d'en bas. Chacun sa vie. Ils sont morts pour deux heures encore et j'ai tout le temps pendant qu'ils sont morts. Ils ont voulu m'empêcher de vivre parce que j'ai ma vie, à moi...
Hardi! crie-t-il dans son coeur, hardi! et à bientôt la suite; - mais pour l'instant repos, parce que tout va bien, mais c'est qu'on a bien calculé. Il tâte son corps dans l'herbe haute : touche ses pieds nus, ses genoux, le gros pantalon d'uniforme à rayures, la toile de chanvre pleine d'écorces de sa chemise d'uniforme, - mais dessous il y a moi et c'est moi qu'il y a dessous. | |
| | | HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 8 Avr 2014 - 22:39 | |
| La première phrase de l'extrait que tu as mis renvoie à un élément esthétique récurrent ,j'ai l'impression, chez Ramuz. (enfin esthétique n'est pas le bon mot mais à force de le voir je me dis que ça doit être une image qu'il aimait mettre en mot), c'est la disparition des personnages dans le noir total. Lors de la première ascension dans la grande peur dans la montagne, je me souviens avoir été frappé par cela, Dans Aline également lors du rendez vous amoureux, et je me suis fait cette réflexion dans le premier chapitre également des circonstances de la vie (Deux amoureux encore une fois qui se promènent le soir et rentrent dans l'ombre d'une sorte de "ravine". J'essaierai de retrouver les extraits à l'occasion. Mais disons que j'ai l'impression que c'est plus qu'anecdotique. Je n'avais pas remarqué le rose avant d'avoir lu une partie de ce fil (et effectivement après cela je l'ai retrouvé dans les livres, surtout dans Aline) mais ce noir qui engloutit les personnages m'avait interpellé.
En tout cas l'extrait et ton commentaire donne envie de lire ce livre. C'est marrant ça fait un côté un far-west je trouve cette histoire de brigands. Y'a un côté romantique dedans ou pas du tout ? | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 8 Avr 2014 - 22:55 | |
| oui il est très apparition/disparition. pour un auteur auquel on associe descriptions et paysage, on est devant un cas particulier, on n'a jamais de description statique, même dans cet extrait on passe de la vue, à une vision intérieure, puis à des gestes, enchainement cohérent.
il y a un ou plusieurs côtés romantiques dans son histoire, la candeur qu'on lui prête est évidemment présente... tout comme la dureté d'une lucidité qui fait mal. Il y a une coexistence intéressante de beaucoup de choses, rien de simple, rien de résolu, rien de franchement massacré non plus.
l'obscurcissement, la nuit, et la disparition, sont peut-être particulièrement présents dans Farinet. je n'avais pas forcément plus attention que ça... et c'est un bel exemple des éléments toujours présents récurrents, frappants ou perturbants qui peuplent cette oeuvre et qui peuvent surgir ou ressurgir différemment selon les lecteurs et lectures, des parties de ce tout "mouvant". | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mer 21 Mai 2014 - 20:54 | |
| La beauté sur la terre
Je vais mettre juste quelques mots car je dirais que ce n’est pas mon préféré en matière de Ramuz (vous admirerez mon art de la litote).
C’est une histoire finalement tout plein naïve , de personnages assez archétypaux, qu’il aurait fallu prendre comme un conte. Mais sans assez de magie pour cela, non plus, tous ces hommes, ces jeunes et vieux coqs fascinés par la belle.
Et le style m’ a gênée, surtout : il enfonce un peu trop le clou, Ramuz, cette fois. Ces on qui ne désignent personne, ces perpétuels passages du passé au présent. Et je le sentais retenir sa plume, laisser venir, tenir la note à n’en plus finir. Cette façon de piétiner et faire du sur place, de dire sans dire. Nombreux passages m’ont paru volontairement floutés, il me manquait une assise solide et claire, j’avais l’impression que ce roublard de Ramuz prenait un malin plaisir à me perdre.
Et puis, par moments, par éclairs, ça redevenait lumineux, les lumières et les couleurs, la montagne et le jaillissement de l’eau, une note d’humour, des petites remarques sur le progrès qui cherche à se faire une place….ça me rappelait ce que j’avais aimé ailleurs, et sans doute aimerai à nouveau dans d’autres lectures. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mer 21 Mai 2014 - 21:41 | |
| (et voilà qui attise ma curiosité !) | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Jeu 22 Mai 2014 - 10:39 | |
| Ben je suis contente : c'est tellement difficile de te faire lire du Ramuz... | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Jeu 22 Mai 2014 - 13:37 | |
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Dim 22 Juin 2014 - 19:45 | |
| La beauté sur la terre (1927-28-41 ?)
Je vais peut-être devoir le mettre dans mes préférés de l'auteur.
Petit village vaudois des bords du lac, auberge tranquille, fréquentation des habitués. Puis débarque Juliette, orpheline qui vient de Cuba jusque chez son oncle Milliquet, l'aubergiste. Elle est différente, elle est très belle... Et tout ne va plus si bien dans le petit monde.
A moins que ce ne soit un prétexte pour peindre un drame essentiel faussement naïf. Orfèvrerie ramuzienne de tous les instants qui ne perd jamais de vue son ensemble. Cadencement ciselé du récit et ellipses précises. On n'en finit plus de voir par les yeux des uns ou des autres, mais toujours comme un peu en retrait.
D'un côté il y a une vision presque simple. Une jeune fille si belle dans une auberge si tranquille ça ne peut pas aller, les convoitises sont trop fortes et trop violentes. Les autres, Rouge, le pêcheur, surtout, ne sont pas en reste. Donc drames.
D'un autre côté le titre est assez explicite. Et chez Ramuz la vision n'est jamais affaire de passivité ou de passer le temps, ça serait que si la beauté existe bel et bien, elle est vue, et là c'est bien plus compliqué.
Mais jamais bien séparé. D'ailleurs, autant Rouge le voudrais, et d'autres, rien n'est aussi bien séparé qu'ils le voudraient dans ce petit monde. Et pas que dans le miroir du lac ou les vagues de sa rive.
Il y a bien un drôle de tout, tissé de ressemblances tendues derrière la terrienne bonhommie des portraits. Et malgré ses fulgurances c'est bien un Ramuz d'en bas, et c'est assez sombre (avant même l'orage). Un goût de Paradis perdu, troublé par des intrusions d'un mal qui n'apparaitrait, ou ne deviendrait grave que face à la beauté.
Et on pourrait bien décortiqué des heures durant tout ce qui pourrait se cacher dans ses pages incantatoires et hallucinatoires, ça ne vaudrait pas d'en faire (ou refaire ?) l'expérience. Néanmoins, à côté de la jeune Juliette et des hommes qui se perdent, d'ailleurs Rouge qui pourrait être son grand-père, son obsession quelle est-elle réellement ? à côté de Juliette donc il y a quelques autres personnages qui ne manquent pas d'intérêt, on trouve un borgne taciturne mais clair, Decosterd, un accordéoniste bossu italien et cordonnier, ou encore la jeune Émilie qui disparait dans la lumière de Juliette.
Ces personnages font vivre le trouble étrange du roman. La beauté sur la terre, ça ne va pas très bien sur la terre, ou ça va bien, avec les bouteilles au frais au bord du lac et les choses à leur place. La beauté c'est comme si elle apparaissait, malgré elle ou malgré soi, mais aussi qu'elle se donne... et il est à craindre qu'elle ne soit pas à prendre. Et pourtant elle répondrait à ... ce qu'on a perdu, peut-être.
Et quelque part là-dedans il y a tout ce grand mouvement empathique de ce romancier à part. Ne pas se tromper, sous les dehors de compte c'est assez dur, prodigieusement évident mais une construction de reflets choisis qui danse devant vos yeux loin de votre contrôle. Et il y a très peu d'écrivains qui développent une telle force d'évocation : le saisissement devant un paysage qui n'est plus réel, qui est un mouvement à l'intérieur, une transformation et la résurgence de souvenirs au milieu.
De toute façon son petit monde aux allures typiques est consciencieusement marqué de signes de son temps, assez pour ce temps ne soit pas irréel mais nous rappelle que le nôtre pourrait y être.
Peut-être un titre à caser avec Derborence quand il faut attaquer fort. Peut-être plus fort, différent en tout cas, terriblement plus humain et tordu ?
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| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Dim 22 Juin 2014 - 19:55 | |
| - animal a écrit:
- La beauté sur la terre (1927-28-41 ?)
Je vais peut-être devoir le mettre dans mes préférés de l'auteur.
Ca c'est bien! | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Lun 23 Juin 2014 - 8:34 | |
| et essayer Passage du poète (ou Fête des vignerons) ça doit être bien aussi, tu as demandé à ta médiathèque préférée ? | |
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| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] | |
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| | | | Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] | |
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