Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]

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rivela
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptyMar 10 Fév 2009 - 20:05

Interrogation.

Ceci c’est comment il rabote et il a son enfant assis juste au coin de l’atelier. Avec des copeaux et de la sciure, le petit fait un jardin ; lui, il pousse son rabot. Un coup, 10 centimes ; deux coups, 20 centimes. C’est l’heure (vers les 9 heures) qu’il vient du jour abondamment pardessus la remise du voisin et la planche qu’il rabote a changé de couleur. Toutes les couleurs du bois réveillées, là où c’est un peu rose, là où c’est un peu vert, les nœuds, les places pelucheuses, les lisses ; et puis tout le joli dessin des veines aussi qui s’est réveillé, parce que si vous croyez que c’est fait sans soin ! Le Bon Dieu ne fait rien sans soin .

Un coup, ça fait deux sous. Un coup encore, ça fait quatre sous. Sans s’abîmer, sans trop s’user, sans même se fatiguer. Gagner de l’argent avec plaisir, chez soi, pense-t-il, il n’y a que ça. Parce que moi je suis chez moi. Les ouvriers d’usine sont obligés d’aller à l’usine. Il se fait un tableau de ce qu’il a. J’ai que j’ai assez de clients et qu’ils me paient .
J’ai que j’ai une maison à moi, j’ai une femme et un enfant. J’ai que j’ai un métier que je sais faire et sur lequel on peut compter. Il lui pousse comme ça une chanson dans la tête avec des vers qui viennent à cause du rabot qui va.
La tête ne pense rien de bon que le corps ne l’ait pensé d’abord. Il faut que ça se passe premièrement non dans le cerveau mais dans le coeur où est le sang qui donne le signal du mouvement et le mouvement par lui se répand. Un certain mouvement, un ordre qu’on a d’abord dans les bras. Alors la tête peut entrer dans la danse mais seulement alors, si on veut que ça compte. Un ordre qu’on a dans les bras, un ordre qui est en dehors d’elle : comme ce matin, c’est le cas et il jette un regard de côté vers le petit qui est toujours très occupé. Un ou deux coups encore j’aurai gagné mon heure : c’est dans les 2 francs l’heure.
Il continue à raboter. La vie va être facile à vivre. Un beau soleil qui est dessus, d’un bout à l’autre de nos jours.

Seulement il s’est arrêté tout à coup. Parce qu’il y a cet autre bout. Il tient les bras allongés, le rabot au bout de ses bras allongés ne bouge plus.
La fin de la phrase et de toute phrase. On ne la voyait pas ; tout à coup elle est là. Et il pense : Alors quoi ? Même si tout allait comme on voudrait, puisqu’il faudra quand même bien. Et tout est bon, quitter ce bon est encore pire. On a fait seulement reculer le malheur. Il fait noir devant lui, la planche devient sans couleur. Il y a arrêt de tout parce qu’il y a arrêt en lui, considérant le temps que le grand arrêt se fera et que viendra pour lui l’oubli de lui ; toutes choses qui seront ôtées.
Et qu’est-ce qu’il faut faire ? Parce que la bonne volonté n’y peut rien. La voix de la femme et l’entrain qu’on met à l’ouvrage sont sans effet sur ces choses-là. Il s’est tourné vers l’enfant ; il a pris l’enfant dans ses bras.
Il l’a pris, il ne sait pas pour quelle raison, c’est un besoin, il l' a embrassé ; quand on a le cœur triste on tâche de le consoler ; tout à coup il a tourné.
Il a pris l’enfant, il l’a embrassé. Et puis il l’a reposé par terre, que non ce n’est pas encore ça. Alors quoi, qu’est-ce que ce sera alors, quoi ?
Et il reste les bras pendants et le petit qui est pressé de recommencer à s’amuser s’essuie vite la joue avec sa manche.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptyMar 10 Fév 2009 - 20:07

La vie.

Parce que trop de nuit t’entoure encore, cette grande nuit d’où tu sors, vainement le soleil à cette heure monte dans les arbres, ô petite vie qui commences, et vainement’ il est là tout près, et vainement sont là les arbres et vainement le vent dedans : tu es sourde et aveugle à tout, tu es comme une motte rose, toi qu’on vient de prendre et qu’on lève en l’air, et qu’on va laver à grande eau.
Tu nais, mais du sein de la mort, cette grande mort d’en arrière. Qui est une mort qu’on oublie, tandis que l’autre est toujours sous nos yeux. Pour toi, tu ne vois point cette autre ; tu ne vois encore rien du tout ; as-tu seulement conscience de celle à laquelle tu viens d’échapper, t’étirant, comme on voit, d’une main qui s’entrouvre, le tout petit oiseau, faible encore et sans plumes, tenter un premier pas en avançant le cou ?
Un cri : quelque chose a été rompu, quelque chose a cédé dans ce grand mur de nuit, la multitude s’est ouverte, ô milliers d’ombres de là-bas, - et toi tu as paru, toi aussi toute petite ombre, tandis que, parmi le ciel du matin, des nuages passaient comme une troupe d’anges et l’automne avancé habitait dans les feuilles comme un fruit de couleur.

Mais moi, te prenant alors sur mes genoux, je te raconterai cette autre mort d’avant et tu seras consolée.
Je te dirai : «C’est à cause que tout doit finir que tout est si beau, C’est à cause que tout doit avoir une fin que tout commence. C’est à cause que tout commence que tu as connu le grand émerveillement. Tâche seulement d’être toujours émerveillée. Découvre toujours quelque chose comme en ces premiers jours où tu découvrais tout. Garde ces poings fermés dans l’effort joyeux et dans le courage, et le sourire qu’il faut aussi dans le courage. Il y aura toujours les belles fleurs des rideaux et toujours les belles fenêtres. Fais qu’elles s’ouvrent seulement plus nombreuses et que la lumière dedans aille seulement croissant en clarté. Et puis, un jour, l’amour viendra, ce nouvel amour. Et tous les amours. Et ainsi tu iras, distinguant mieux, sans cesse, sans cesse plus de choses ; puis, un jour, la fatigue se fera sentir ; tu quitteras le sommet de la courbe, on te remettra au berceau. Mais que ce soit dans la douceur des grandes choses consenties et dans le respect de la symétrie, quand les lointains s’éloigneront, au lieu qu’ils s’avançaient. Alors, et la lumière s’assombrira : naissance de nouveau, naissance en sens contraire, cercle qu’on referme, retour, mais avec ce même beau calme et le peu à peu de ce qui décroît, s’étant accru par une loi semblable : ainsi on voit sur l’horizon la plus haute de ces montagnes naître insensiblement de la plaine et y redescendre insensiblement. »
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptyJeu 12 Fév 2009 - 10:05

Roman, La beauté sur la terre, 1927
Il y a déjà un aperçu sur la première page, mais comme c'est un beau roman j'en rajoute.
Par un jour pluvieux de printemps, Milliquet, aubergiste de son état, accueille sa jeune nièce Juliette, partie de Cuba à la mort de son père.
Sa présence va éveiller la convoitise des uns et la jalousie des autres. Renvoyée par la patronne, elle passera l’été en compagnie de pêcheurs, semant le trouble chez les hommes du village.

C’est un joyau délicatement ciselé que nous a laissé Ramuz, un roman tout en suggestion, en finesse et en miroitement. Il y est question d’une jeune femme, cubaine, à la beauté troublante et mystérieuse, qui attise l’envie et même la folie.
Plutôt que de dépeindre platement Juliette, la « beauté », Ramuz la décrit subtilement, par touches, usant de son art de la répétition qui se fait vite incantation. Ainsi, Juliette se reflète dans l’eau des torrents, du lac, dans les yeux du villageois… et du lecteur.

l'effet de Juliette sur la communauté peu habitué à cette nouvelle présence.

Elle est reparue, elle s'élève peu à peu, elle naissait à nouveau devant nous. Lentement, encore une fois, elle a élevé son corps, elle l'a développé dans l'espace: c'était comme s'il donnait un sens à tout. Il semble que les choses aient eu tout à coup leur couronnement, par quoi elles se sont expliquées et tout à coup elles s'expriment; puis, s'étant exprimées, elles vont se taire de nouveau; elles vont se taire, hélas! pour toujours. Elle, elle a ri encore vers nous, - puis, en effet, parce que rien ne dure sur la terre, que nulle part la beauté n'y a sa place bien longtemps...

Maurice pense à Juliette, alors qu'avant il ne pensait qu'à Émilie, et Émilie soufre.
Beau texte et touchant à la fois.

Elle allait porter les dix-heures à son père et à ses deux frères. C'est la petite Émilie. Elle avait une jolie robe de toile à rayures, elle avait un chapeau de paille avec un ruban de soie, elle avait ses cheveux blonds: oh ! qu'est-ce qu'on cherche dans la vie ? Elle demande aux arbres s'ils ne l'ont pas vu. Elle va sous des cerisiers dans un chemin herbeux, marqué seulement par deux ornières; mon Dieu ! comme on est solitaire ! Elle lève les yeux, elle voit qu'il n'y a rien, qu'il n'y a personne nulle part. Personne que sa petite ombre qui est un peu à gauche et un peu en avant d'elle dans l'herbe. Elle regarde alors en arrière d'elle où on voit le village s'abaisser peu à peu, vu d'en dessus, avec ses toits; mais ça ne compte pas ces toits. Ni ces pommiers, ni ces noyers, ni ces poiriers, ni toutes ces barrières, ni la ligne du chemin de fer, ni la gare; et, à mesure qu'on monte, on voit l'eau devenir de plus en plus large, avec en arrière d'elle les montagnes qui balancent dans l'air chaud comme des ballons prêts à partir. C'est posé à côté de vous pour un petit moment, et nous, on est posé à côté de ça, pour un petit moment, et puis c'est tout. Elle va seule, avec son ombre. Elle voit venir la vigne où les trois hommes doivent l'attendre. La vigne vient derrière son mur; on y entre par une ouverture percée dans le mur et qu'on ferme au moyen d'une porte de fer peinte en rouge; elle voit les larges feuilles dentelées dont le beau vert est taché comme s'il avait plu bleu dessus. Et il a plu bleu par terre, et il a plu bleu sur les pierres, sur les échalas, qu'est-ce que ça nous fait ? Elle voit venir son père et ses deux frères sous la hotte de cuivre et le grand chapeau de jonc; ils ont la moustache comme des morceaux de mur pas encore secs, ils ont la poitrine comme une maçonnerie, ils ont des pantalons comme des tuyaux de ciment. Ils lui ont dit: «Ah ! te voilà», ils ont été se laver les mains. Il n'y a rien. Elle pose son panier sur le mur, elle a écarté le linge blanc qui le recouvre, en tire les deux bouteilles qu'elle met à l'ombre, prépare les couteaux, le verre, puis elle attend qu'ils soient revenus, parce qu'ils mangent sans assiette, sur le pouce. Et c'est mon père. Et ils reviennent. Ils ont été se laver les mains, ils reviennent; c'est mon père et c'est mes frères, mais ils ne disent rien, parce qu'ils n'ont rien à dire; ils ne lui ont rien dit, à elle, et puis c'est aussi qu'ils ont faim. Il se sont assis l'un à côté de l'autre sur le mur et à une certaine distance l'un de l'autre. Ils sont les trois là, sur le mur. On voit le lac entre leurs têtes. Il y a une grande place entre leurs têtes pour toutes les choses qui viennent, et c'est l'air ennuyeux avec une mouche dedans et un papillon jaune ou blanc, ou bien c'est encore une voile. Qu'est-ce qu'on cherche ? car ils sont là, mais ils mangent, parce qu'ils ont faim. Ils coupent avec leur couteau dans leur pain, ensuite dans leur fromage. Ils portent de la lame le morceau à la bouche et leur main redescend, pendant que leurs mâchoires bougent. Ils font aller de haut en bas leur mâchoire; eux, ils ne bougent pas, ils ne disent rien. Ils ont la tête qui leur pend en avant, les bras qui leur pendent et les jambes. Ils sont comme s'ils n'étaient pas. Oh ! qu'est-ce qu'il y a ? qu'est-ce qu'il y a ? et qu'est-ce qu'il arrive donc qu'on ne trouve rien nulle part à quoi se prendre ? quand on voit de l'eau entre leurs épaules, et puis c'est tout; on voit de l'eau autour de leurs têtes, et puis c'est tout. O séparation ! ils sont là, moi je suis ici, ils mangent leur pain et leur fromage. Elle voit l'eau: séparation; elle voit de l'air, elle voit des arbres: séparation, séparation ! Et là-bas, alors, tout à coup dans le bout du large repli que fait sous la falaise et ses sapins la Bourdonette, un morceau de grève est paru; et lui sûrement qu'il est là et il est là et je n'y suis pas; Maurice est là-bas et je suis ici. ô séparation! et d'une autre espèce. Elle baisse la tête, elle ne peut plus regarder, elle n'en a plus la force; eux, n'ont rien vu. Ils ne comprennent pas, eux qui sont mon père et mes frères, parce qu'on ne peut pas se comprendre, parce qu'on est seulement posés les uns à côté des autres, parce qu'on ne peut pas communiquer, parce qu'on est un, puis un, puis un; parce qu'il y a eux, il y a lui, il y a moi. Et on a cru que lui et moi... J'avais tout parce que je l'avais... Tout s'en va, tandis qu'elle a retenu avec peine un sanglot, mais eux ils mangent toujours et boivent; ils n'ont rien remarqué, ils n'ont rien vu, ni entendu. Ils se passent le verre, ils font claquer leurs lèvres. Ils prennent entre leurs lèvres leur moustache pour l'essuyer, ils se lèvent. Moi, où est-ce qu'il faut que j'aille ?

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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptyMar 17 Fév 2009 - 10:47

Adam et Eve. 1932

Tout à la fois un roman de l’amour et de la séparation, une méditation poignante sur la perte de l’innocence et sur le sens de notre présence au monde

Louis Bolomey est désespéré par le départ de son épouse Adrienne, qui l'a quitté après six mois de mariage. Il la
cherche partout et questionne les habitants du village. Le vieux Gourdou lui conseille de chercher la réponse dans
la Bible. Bolomey s'enferme alors chez lui et passe ses journées à lire pour trouver l'explication

C'est un de mes préférés. C'est l'histoire en vérité d'un pauvre type, l'histoire commence comme ça.
. Il vient de perdre sa mère, ce qui le plonge
dans une profonde dépression, et c’est alors qu’il rencontre Adrienne, jeune
femme d’à peine vingt ans. Il l’épouse, et croit avoir retrouvé le bonheur, mais
la jeune femme dit s’ennuyer, et le quitte après six mois de vie commune.


J’ai été élevé un peu trop solitairement par ma mère. Voilà ce que c’est d’habiter une maison écartée comme la nôtre. Il me fallait une demi-heure pour aller à l’école. J‘étais seul, j’ai été gâté. J’étais nourri, logé, chauffé, blanchi, sans avoir à m’occuper de rien. Et puis, voilà, ma mère est morte.
Son cœur a été triste alors, mais il se disait : « Chacun son tour.»
Ah ! mais pourquoi (se disait-il) chacun son tour ? J’avais pourtant besoin d’elle. Pourquoi est-ce qu’il faut qu’on meure ?
C’est dans le Livre où il est écrit : Tu retourneras à la terre, car tu en as été pris ; parce que tu es poudre, tu retourneras aussi a la poudre
C’est la condamnation, se dit-il. Il marchait derrière les porteurs dans un pays tout blanc ; eux, étaient noirs dans tout ce blanc


Malgré qu'il trouve une compagne, il y a séparation, et même les réponses qu'il trouve dans la bible n'arrangent rien puisque le véritable problème vient de lui-même.
Parce que le problème est dans la tête et nul part ailleurs. Sont comportement fait peur à sa femme.

Elle a déplacé un peu son corps vers le sien, comme attirée par lui jusque dans son sommeil ; il s’écarte vivement. Il regarde avec cruauté et attention la beauté de ce corps qui est déjà toute niée. Il a vieilli, il est usé, ce corps ; il s’est comme détruit lui-même. Les seins pendent mollement, fatigués d’avoir servi. Il y a des taches noires à ses bras ; des plaques rouges sur son ventre. Elle ne bouge pas, elle est comme jetée là, toute défaite, toute dénouée ; et c’est qu’elle est morte, c’est ce qu’il se dit ; elle est morte pour moi. Ce n’est pas elle, ce n’est plus elle. Et une triste odeur, qui monte de sa ruine à elle, l’insulte alors, réveillant sa colère ; c’est pourquoi il n’a pas pu s’empêcher

Malgré des mauvaises critiques, il y a aussi des excellentes.

Pour aimer M. Ramuz, il faut aimer et comprendre le Ramuz : le Ramuz comme il y a le Mallarmé .
Avec la langue de M. Ramuz, avec la théologie de M. Ramuz (ou de son rétameur) M. Ramuz a fait de ce petit livre un chef-d’œuvre de poésie, le meilleur qu’il ait écrit depuis longtemps.


Son éditeur lui écrit de Paris.

On me parle de tous côtés d’Adam et Eve, depuis quelques jours, avec une amitié que vous ne pouvez imaginer. Avant-hier, c’était Jacques Chardonne, venu à la NRF tout exprès pour me dire que vous n’aviez jamais rien écrit qui lui parût aussi franchement admirable) » ; « hier c’étaient Jean Schlumberger, Arland […] (bien d’autres encore) qui me disaient n’avoir rien lu de vous qui fut aussi puissant, et aussi tendre — et aussi naturellement grand ; « Claudel l’admire extrêmement

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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptyMar 17 Fév 2009 - 11:02

Adieu à beaucoup de personnages 1914

En 14, Ramuz écrit ce court texte en hommage à ses précédent romans.
Car pour Ramuz les prochains livre prendront une autre direction (théologique, mystique, métaphysique.) Et il est temps pour lui de dire au revoir à ses premiers livres.
Voici un extrait du texte.

Pourtant, à toi aussi, Samuel, je dis adieu, comme j’ai déjà dit à Aline. Adieu Magnenat, adieu Jean-Luc, adieu Aimé.
Vous tous, je vous quitte, et vous me quittez, vous engageant tous ensemble dans une direction, moi dans l’autre, et ainsi la distance s’accroîtra sans cesse entre nous.
Là aussi, il y a une nécessité qui opère, mais j’y obéis sans murmure, comme vous y avez obéi.
De même que vous êtes morts quand il a fallu, de même j’ai appris qu’il faut que je meure à moi-même, non point me reniant, mais m’oubliant sans cesse, consentant à finir pour me recommencer.
I1 faut qu’on aille vers l’inconnu des choses et de leur sens intérieur, qui est l’inconnu de nous mêmes.
O vie, tu es comme une grotte noire, un grand trou dans la terre, où on entre sans lampe, où on s’avance, les mains tendues, tâtonnant contre tes parois.
On avait cru t’envisager tout entière : on connaît maintenant que, ce qu’on savait de toi, c’est ce qu’on avait déjà dépassé, c’étaient les parties d’en arrière, et, celles d’en avant, une grande nuit nous les cache, et toutes leurs possibilités.
C’est vers elles que je vais maintenant, et leur suis d’avance docile, consentant d’avance aux erreurs, en vue d’un agrandissement. Consentant d’avance à tomber, ramper sur les genoux, tourner en rond peut-être, heurter ma tête durement, quand j' aurai prétendu la redresser trop tôt : la leçon venant après la leçon, l’obscurité durant quand même ; — et peut-être n’aboutirai-je jamais à l’endroit du grand jour et de l’issue (le grand jour pour un temps, une issue provisoire), mais, à cela aussi, j’ai consenti.
Adieu à tous ceux qui m’ont entouré que j' ai aimés, que j’ai connus : que je sois dépouillé d’eux, que je sois nu, que je retombe à la solitude ; qu’il y ait autour de moi cette privation d’amour, qui est l’occasion du désir.
Chemin tortueux du monde, succession de jour et de nuit : à peine cette lampe a-t-elle paru qu’elle est éteinte, à peine ce tournant est-il franchi qu’il se présente un autre tournant.
Mais peut-être qu’ainsi, de mort en mort nouvelle. De résurrection en résurrection, arriverai-je une fois au lieu supérieur, d’où tout se découvre et où la raison de tout s’aperçoit.
L’espace sera supprimé, il n’y aura plus de distances; ceux-là mêmes que j’ai quittés, parce que je les aurai quittés, seront tout près de moi.
0 règne de la parfaite ressemblance alors (à laquelle dès à présent j’aspire), comment même pourrai-je les distinguer l’un de l’autre, qui ne seront plus devant moi que comme une seule Personne, dont le visage dira oui, et plus jamais non ?
Moi-même participant à eux, eux confondus à moi, moi confondu à eux ; moi rentré dans cette Personne, d’où je suis, malgré tout, sorti. Et la mort n’apparaîtrait plus que comme une naissance à rebours.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptyMar 17 Fév 2009 - 11:09

J'ai assez posté sur Ramuz, je finis avec ses derniers écrits dans son journal.

JOURNAL.
[Fin février – début mars 1947]


L’heure du soir. 5 heures, 6 heures, l’heure sinistre dont j’avais lu souvent des choses dans les livres, l’heure des malades et des mourants ; mais je ne l’avais pas vécue et je n’y croyais qu’à demi. Je la vis, à présent. A mesure que l’ombre envahit la pièce, on la sent venir avec ses terreurs. L’angoisse vous prend à la gorge. L’inoccupation vous gagne, on se laisse tomber dans le coin de son canapé. On est là, on ne bouge plus. Une peur inexplicable, comme si quelqu’un rôdait dans la pièce ; et on a le souffle coupé. Alors les idées noires sur tout et à propos de tout. Ce qu’on fait, ce qu’on va faire, ce qu’on a fait. On est déshabillé de soi, on n’est plus qu’une masse inerte, sans présent et sans passé. Et, son passé, on le retrouve bien par un effort de mémoire, mais il retourne contre vous son néant, il vous accable de son insuffisance ; il vous accuse, on est sans forces pour se défendre. On est sans forces contre rien. Où qu’on se tourne, tout vous semble irrémédiablement compromis. J’ai beau me dire que cet état a sans doute des causes physiques, qu’il est tout physiologique, je ne me rassure pas, je ne me console pas.

Faire exprimer des choses par des gens qui ne savent pas les exprimer.
Les suggérer alors par des images, le ton, la forme. Faire que le contenu déborde le contenant.

Même dans mes pires moments, je n’ai jamais cessé d’aimer passionnément la vie.

Je cherche à me prouver que j’existe.

Espérer, attendre. Espérer quoi ? Attendre quoi ? Voilà où j’en suis ce matin. Je suis coupé de mon passé, je suis coupé de la vie. Et les choses viennent, ou ne viennent pas. Je ne puis aller les chercher, il faut qu’elles fassent le chemin. Et il y a en moi l’homme du passé qui subsiste, et l’homme du présent mais qui ne s’est pas encore habitué à ce présent, de sorte qu’il se conduit et pense non pas conformément à ce qu’il est, mais à ce qu’il a été, qu’il croit toujours être.

En mai, Ramuz est hospitalisé d’urgence ; après une ablation de la prostate, il meurt le 23 mai 1947.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptyMer 12 Aoû 2009 - 12:12

Juste une information, il y a en France une association qui s'appelle les amis de Ramuz qui existe depuis longtemps. Cette association vient d'ouvrir sont site internet. Alors comme il n'existe pas au monde un forum qui a autant de pages sur Ramuz je mets un lien de ce site. Moi ça me fait plaisir, avec ça au moins il n'est pas totalement oublier.
LesamisdeRamuz

Pendant que j'y suis un petit mot tiré de son journal que j'aime bien de temps un temps lire.
Fin juin [1940] Armistice.
Quelque chose s’est effondré à notre droite, de l’autre côté du Jura. On entend le bruit de l’écroulement. Puis il y a eu un grand silence. Et là où il y avait pour nous une douce grande chaleur, c’est de là maintenant qu’un grand froid nous arrive.
Stupeur. Comment est-il possible que vingt siècles d’histoire prennent si subitement fin ? Il y avait une France, il n’y a plus de France (et pour combien de temps ?)
Ou il y en a deux pour le moment et deux est la négation de un.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptyMer 12 Aoû 2009 - 13:07

rivela a écrit:
Juste une information, il y a en France une association qui s'appelle les amis de Ramuz qui existe depuis longtemps. Cette association vient d'ouvrir sont site internet. Alors comme il n'existe pas au monde un forum qui a autant de pages sur Ramuz je mets un lien de ce site. Moi ça me fait plaisir, avec ça au moins il n'est pas totalement oublier.
LesamisdeRamuz



Bonne nouvelle (pour moi qui ne savais pas)!...Merci pour ce lien Rivela...Et pour ce passage aussi!
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptyMer 12 Aoû 2009 - 13:13

Je vais mettre ton lien dans le premier post, comme ça il ne sera pas "perdu" au milieu des pages.
(Et si tu veux nous concocter une bio du monsieur, tu me l'envoies par mp, et je la copie-collerais dans le premier post également)
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptyMer 12 Aoû 2009 - 18:37

coline a écrit:
rivela a écrit:
Juste une information, il y a en France une association qui s'appelle les amis de Ramuz qui existe depuis longtemps. Cette association vient d'ouvrir sont site internet. Alors comme il n'existe pas au monde un forum qui a autant de pages sur Ramuz je mets un lien de ce site. Moi ça me fait plaisir, avec ça au moins il n'est pas totalement oublier.
LesamisdeRamuz



Bonne nouvelle (pour moi qui ne savais pas)!...Merci pour ce lien Rivela...Et pour ce passage aussi!

Coline ça pourrait te donner l'idée de fonder les amis de Bauchau en France.
Si ça n'existe pas déjà.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptyMer 12 Aoû 2009 - 18:39

Queenie a écrit:
Je vais mettre ton lien dans le premier post, comme ça il ne sera pas "perdu" au milieu des pages.
(Et si tu veux nous concocter une bio du monsieur, tu me l'envoies par mp, et je la copie-collerais dans le premier post également)

Oui ma reine, je m'atelle à la tâche de suite Very Happy
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptySam 5 Sep 2009 - 13:43

La Guérison des maladies

Je n'en savais pas grand chose avant de le lire et du coup je pense que je ne vais pas vous dévoiler beaucoup de l'histoire. A part que ça se passe sur les bords du lac et que ça commence avec un type bourré qui rentre chez lui, un alcoolo et que sa femme trime comme pas possible et que sa fille n'a pas vraiment l'air en forme.

ça pourrait faire zolesque mais ça change, allons à l'essentiel, à l'impression. On peut commencer avec un doute sur une possible complaisance à jouer sur une fatalité des petites gens et une drôle de manière de se rapprocher d'eux par le langage, le tout assaisonné d'une dénonciation de bon ton de travers populaires et moins populaire. On aurait alors une substance basique et un peu creuse. On pourrait se dire que c'est efficace mais lourd. On pourrait si l'atmosphère n'était pas aussi pénétrante, si on ne se retrouvait pas nous aussi à participer à une sorte d'hallucination collective subordonnée au lac et à la lumière, au relief. Si les petites mesquineries ne côtoyaient pas les racines d'un mysticisme primaire dans les fin fonds de cette folie étouffante et généralisée, qui vous suit dans le sommeil après avoir refermé le livre pour la nuit.

Même cette langue différente de notre français (en un sens c'est plus francophone que français) qui semble un effet de style de paysannerie se révèle puissante, entêtante, sa musique et ses répétitions étant aussi pleinementl'hallucination.

L'ampleur du phénomène en fait une lecture profondément intéressante et marquante et démonstratrice de la force de l'auteur.

Que je le veuille ou non cette lecture revient sur celle de la grande peur dans la montagne, précisant les incertitudes d'intentions sur l'attrait de la fatalité et de la paysannerie rustique comme prétexte ou simple pivot pour glisser dans le ressenti vers "l'objet", voir le prisme révélant l'hallucination tellurique inévitable.

Prodigieusement dingue, à voir si cette sensation se poursuit et se retrovue en explorant plus avant l'oeuvre de l'auteur qui a certainement varié au cours du temps...

extrait plus tard !
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptySam 5 Sep 2009 - 14:41

Super commentaire Animal!... enthousiaste
Je n'ai pas encore lu La guérison des maladies mais ce que tu dis s'applique aux ouvrages de Ramuz que je connais...

Animal a écrit:
On peut commencer avec un doute sur une possible complaisance à jouer sur une fatalité des petites gens et une drôle de manière de se rapprocher d'eux par le langage, le tout assaisonné d'une dénonciation de bon ton de travers populaires et moins populaire. On aurait alors une substance basique et un peu creuse. On pourrait se dire que c'est efficace mais lourd. On pourrait si l'atmosphère n'était pas aussi pénétrante, si on ne se retrouvait pas nous aussi à participer à une sorte d'hallucination collective subordonnée au lac et à la lumière, au relief. Si les petites mesquineries ne côtoyaient pas les racines d'un mysticisme primaire dans les fin fonds de cette folie étouffante et généralisée, qui vous suit dans le sommeil après avoir refermé le livre pour la nuit.

Même cette langue différente de notre français (en un sens c'est plus francophone que français) qui semble un effet de style de paysannerie se révèle puissante, entêtante, sa musique et ses répétitions étant aussi pleinementl'hallucination.

L'ampleur du phénomène en fait une lecture profondément intéressante et marquante et démonstratrice de la force de l'auteur.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptySam 5 Sep 2009 - 20:33

Animal bravo pour cette critique du livre c'est un commentaire intéressant.
Le thème de la guérison est celui ou l'on voit le parcours de cette jeune fille qui se sacrifie au profit des gens pour leur donner amour et espoir.
Il y a une résonance mystique et religieuse puisque la fille s'appelle Marie.
Justement lorsque ce livre est sorti les critiques s'interrogeaient pourquoi Ramuz cache ce rapport à la religion.
Voici une lettre que Claudel à écrit à Ramuz.
Claudel exprime à Ramuz son admiration, tout en lui reprochant d’omettre jusqu’au nom de Dieu dans un livre consacre au récit des miracles.

Ce livre m’a tout à fait empoigné et je vous écris tout de suite pour vous dire l’émotion qu’il m’a causée (j’avais déjà beaucoup admiré « Le Règne de l’esprit malin »). Il n’y a qu’une chose que je vous reproche. Votre livre basé sur la valeur du sacrifice, sur la possibilité de nous charger du fardeau des autres, est un livre chrétien et catholique. Comment se fait-il qu’on n’y trouve pas une seule phrase qui parle de Dieu, car ce n’est tout de même pas votre Marie qui fait les miracles dont vous parlez, mais Dieu seul qui se sert d’elle. Mais surtout je sens le besoin d’autre chose que de ce « sourire » et de cette « lumière ». Les miracles se passent ailleurs que dans les régions crépusculaires, chères aux amateurs, ou se font et se défont les fantômes du protestantisme et du tolstoïsme. Mais vous n’êtes pas un amateur, vous êtes un passionné, et vous savez qu’une vie morale intense exige autre chose que ces fumées, mais cette réalité divine hors de nous, dont vous nous donnez une sensation saisissante, et qui nous dispense une preuve de sa réalité, en ayant ses chemins à elle et en étant cette cause continuelle pour nous de surprise, de souffrance et de difficultés »


Il y a aussi Jacque Maritain qui analyse l'influence de la religion
Jacques Maritain constate chez lui l’antinomie entre le souci des « fins dernières » et la volonté d’être «attaché au sensible» ; c’est son « réalisme intégral » qui lui permettrait d’incorporer le mystère à sa vision du réel, et de faire ainsi revivre les mythes chrétiens. .. « .Mysticisme athée ou humanitaire ? » s’interroge encore .Maritain, qui, rejoignant Claudel constate que Ramuz, dans ses romans, laisse le nom de Dieu «en blanc ».

Alors Ramuz ne nome pas Dieu

Pour moi, centre de mon petit monde, je n’ai qu’une certitude transitoire, celle de ma réalité et de la réalité de mes créations passagères. «Cet idéalisme » poursuit Ramuz est essentiellement « source de poésie». Il décide de laisser sans réponse l’interrogation sur Dieu, mais la place de « ce vide béant» est occupé pour lui par l’évocation du monde sensible qui, par sa simple existence, apparaît comme le signe d’une présence métaphysique

Animal, avec la guérison des maladie qui est le sacrifice pour donner l'amour il y a le règne de l'esprit malin qui est son contraire, puisque cette fois-ci c'est le mal incarné qui sous les traits d'un cordonnier qui,avec de simples paroles et de simples manipulations fait basculer une partie du village du coté obscur de la force. Cette fois-ci c'est un roman plus méchant plus pessimiste, même si à la fin le bien triomphe. Il est pas mal comme livre.

Animal
Tu parles de langue différente tu as raison, des fois je me demande comment malgré toutes ces critiques qu'il a du subir il n' a jamais abandonner sont style et n'est pas rentré dans le rang d'une littérature plus classique.Malgré tout il a persévérer.

extrait de son journal après la parution de son troisième livre
Jean-Luc paru et rien que du silence autour. Ce qu’il vaut, je ne sais ; du moins dans son ensemble ; ce que je sais, c’est qu’il est bien de moi. Je n’ai eu, en l’écrivant, aucun modèle dans l’esprit. Je suis parti de vérités durement acquises ; j’ai mis en œuvre une expérience, encore trop courte, et trop incertaine, mais je n’ai mis qu’elle et j’ai pu me tromper, mais je me suis augmenté en me trompant. Si bien que l’opinion d’autrui me semble chose bien accessoire et le succès chose plus accessoire encore
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 EmptySam 5 Sep 2009 - 20:50

Une remarque, Animal au sujet de la langue.

Tu écris qu' ele est plus francophone que française...
Si je t' ai compris, je dirais que je ressens la meme chose en lisant des
écrivains du Québec, ou d' Afrique, des Antilles...
C' est le français et autre chose.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 6 Empty

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