William Friedkin

Hier, je suis allée à une masterclass en présence de Lloyd Kaufman (réalisateur, producteur et acteur de cinéma underground et indépendant américain, fondateur de Troma Entertainment) et il a parlé de Killer Joe, qui est également un film indépendant.

Il regrettait profondément qu'un film aussi intéressant et singulier soit si peu connu dans son pays, à cause de son indépendance. Aux Etats-Unis, ce film est passé totalement inaperçu, très peu de cinémas l'ont mis à l'affiche. D'après les informations que j'ai pu trouvé, seuls 75 cinémas l'ont programmé pour un si grand pays, c'est peu. En comparaison, The Avengers, a eu droit à 4400 cinémas.

En France, je ne sais pas s'il est tellement plus connu, ni s'il a eu droit à plus de diffusions (proportionnellement) mais en tout cas, dans la communauté des cinéphiles, c'est quand même un film qui a fait parlé de lui et qui est vraiment apprécié (à ma connaissance). J'espère qu'il en va de même pour les cinéphiles Américains...

Dommage, c'est pourtant un film qui mérite d'être vu, comme vous, je l'avais trouvé époustouflant.

Ça doit être assez souvent comme ça. Et Friedkin ne rameute pas les foules. Déjà il s'exporte, et je suppose qu'il en vit, qu'il arrive à mener à bien ses projets, sans devoir faire plein de concessions, ou de rentrer dans un moule étriqué. Forcément ça parle moins au plus grand nombre, mais est-ce si horrible que ça ?

Horrible non, dommage oui. Et il parlait de tous les films indépendants, celui de Friedkin n'était qu'un exemple.

Kannskia a écrit:

Horrible non, dommage oui. Et il parlait de tous les films indépendants, celui de Friedkin n'était qu'un exemple.

En France, c'est la même. Et pourtant y'a une sorte de pédanterie Cinéma d'auteur ici... Mais tu verras toujours 100 fois plus de salles accordées à la dernière comédie avec Dany Boon ou Christian Clavier que le film avec des acteurs pas très connus, et un cinéaste "intelligent".

(Rien que pour preuve, en zieutant sur allociné : La grande boucle 651 salles (non mais QUI va aller voir ce film, sérieusement ?!) et L'inconnu du lac 108 salles (et encore il n'a pas trop à se plaindre).)

Mais, c'est vrai, ça reste Dommage.

Aux US :
The Avengers = 4400 cinémas (Man of Steel = 4200 cinémas)
Killer Joe = 75 cinémas

En France :
Man of Steel = 810 cinémas
L'inconnu du lac = 108 cinémas

Toute proportion gardée, je vois quand même une légère différence.

Mais quoi qu'il en soit, le but de mon post à la base n'était pas de taper sur le système d'exploitation Américain, le système Français fonctionne plus ou moins à l'identique, ce sont toujours les gros blockbusters ou les dernières comédies à la mode qui écrasent tout le reste. C'est évident voire incontournable certainement. D'ailleurs, dans mon message initial, j'évoquais mon doute quand au meilleur accueil en France.

Le but était simplement de partager une bribe de la master-class avec vous. J'avais adoré Killer Joe et donc, c'est naturellement cette partie là que j'ai retenu et partagé.

(et si je me déguisais en Chuck Norris ?)

Killer Joe

La petite famille texane cradingue et le tueur flic qui en fait six caisses de postures étudiées... très provoc et tout à la fois racoleur . On croirait presque du Tarantino tellement c'est complaisant, du coup j'ai plus eu l'impression d'être devant un flan cinématographique que devant un truc noir et grinçant à souhait. Il faudrait se venger sur le croquignolet et ce qu'il y aurait de transgression et de rapport à l'image... il "faudrait".

Il faudrait aussi que j'arrête d'essayer de regarder des films de William Friedkin.  

Et il faut reconnaitre que l'entertainment à base de misère sociale ça demande un petit peu plus. 

Bug et Killer Joe sont adaptés de pièces de Tracy Letts, on lit sur la page wikipedia :

Letts' plays have been about people struggling with moral and spiritual questions. He says he was inspired by the plays of Tennessee Williams and the novels of William Faulkner and Jim Thompson.

j'ai mis en gras l'élément important.  

 Sale panda !!!

Vu Killer Joe en DVD;
Manque de finesse ( Traversay), outrancier ( Queenie) , provoc, racoleur , complaisant ( Animal)!
Et Héyoka qui ne dit pas pourquoi elle a adoré ce film..Raconte? Moi, j'ai bien aimé aussi !
Oui, il est tout cela, bien sûr, c'est tellement.. trop que ça tourne à la grosse farce par moments. Mais il n'est pas que cela. C'est donc l'adaptation fidèle et assez théâtrale du reste,  du texte de Tracy Letts qui raconte un fait divers réellement advenu au Texas,  une famille ayant quelques soucis payant un tueur à gages pour toucher une assurance vie d'une somme ridiculeusement basse..Et bienvenue dans une certaine Amérique! Le molosse ( T Bone ) enchaîné sous la pluie , la télé en permanence ( elle finira mal, elle-aussi),le décor sordide,les armes qu'on achète dans la rue,  et dans cette famille pas piquée des vers, pas un pour racheter l'autre ..J'aurais quand même une certaine préférence , s'il fallait faire un classement du plus horrible, pour le père interprété par Thomas Haden Church, question lâcheté et bêtise,  il est extraordinaire!



En ce qui concerne la distribution aux Etats-Unis,Friedkin explique dans l'entretien du bonus que dès qu'un film est interdit aux moins de 17 ans, forcément il sera peu diffusé. Et là, il l'a été, non pour la violence, tout le monde s'en fout, mais bien sûr pour la fameuse scène dite du pilon de poulet . Il le savait, il raconte que pour un film antérieur, il avait tourné exprès un bon nombre de scènes hard pour qu'elles soient coupées, et que le film sorte tel qu'il l'avait voulu. Là, il dit qu'il n'a plus l'âge de ces petits jeux avec la commission de censure et qu'il préférait une interdiction aux moins de 17 ans et pas de coupures.

Marie a écrit:

En ce qui concerne la distribution aux Etats-Unis...
[...] Là, il dit qu'il n'a plus l'âge de ces petits jeux avec la commission de censure.

 

Merci pour l'info, c'est intéressant.
Chez nous c'est une interdiction moins de 12 ans...

Marie a écrit:

Vu Killer Joe en DVD
Manque de finesse ( Traversay), outrancier ( Queenie) , provoc, racoleur , complaisant ( Animal)!
Et Héyoka qui ne dit pas pourquoi elle a adoré ce film..Raconte? Moi, j'ai bien aimé aussi !

Je viendrai demain raconter mais dit comme ça, on dirait que Traversay et Queenie n'ont pas aimé alors que si. En lisant leur commentaire, j'ai même plutôt l'impression qu'ils ont kiffé bien comme il faut.

Citation :

on dirait que Traversay et Queenie n'ont pas aimé alors que si. En lisant leur commentaire, j'ai même plutôt l'impression qu'ils ont kiffé bien comme il faut.

Oui,  en fait je voulais souligner dans ce que dit Animal que cela avait déjà été noté dans les critiques de Traversay et de Queenie, ce côté too much, mais qu'il est bien sûr volontaire. 
Toutes mes excuses, je me suis mal exprimée!

Marie a écrit:

Toutes mes excuses, je me suis mal exprimée!

Hummmm je ne sais pas si tu mérites le pardon.  

Ah oui, hein, j'ai beaucoup aimé Killer Joe !

C'est vrai que cette scène de pilons de poulet est difficile à regarder.

Le Convoi de la peur / Sorcerer (1977)

La "version américaine" du Salaire de la peur... bouquin ou film de Clouzot ? ça resterait à voir dans les deux cas. Et supposé chef-d'oeuvre négligé de William Friedkin à voir aussi ?

C'est que le film est bizarre, du moins il se démarque du film de Clouzot comme du livre. Long a démarré il commence par l'exposition des quatre futurs chauffeurs, des quatre coins du monde, chacun en fuite pour se retrouver rejeté dans une marge tropicale du monde. Un petit bled en planches et tôles ondulées qui vit entre dictature et puits de pétrole (par et pour des américains) et guérilla...

Ce qui ne change pas c'est qu'il faut trimbaler de la nitroglycérine par camion dans des conditions suicidaires... et que ça tourne à l'épreuve d'endurance existentielle. C'est aussi ce qui fait que plus on avance dans le film plus la musique est présente, Tangerine Dream assez inspiré (avec les camions c'est un peu l'intro de la Forteresse noire avant l'heure). Et plus ça va moins il y a de monde et plus c'est fou et irréel, désespéré, un goût de grande malédiction humaine...

Malheureusement c'est aussi par là que le film pêche. Sa structure très cloisonnée, ses grandiloquences ponctuelles et sa mystique assez kitsch le plombent un rien. D'un autre côté ça fait une part de son charme...

Reste quand même les acteurs solides avec en tête Roy Scheider et Bruno Cremer et les images de vraie jungle et de massif, dérisoires et fantastiques camions pourris (dont le Sorcerer qui donne son titre original au film).

Il a du bon (et du moins bon) dans ses différences et le film a des qualités, en même temps il est bancal (on sent que ça a été compliqué à faire). Pas indispensable, sans doute pas un chef d'oeuvre non plus, mais ça peut se voir, ça mériterait bien de se voir, pour peu qu'on essaye de se souvenir de cette histoire pas nette et très particulière (qui ne s'oublie pas).

Aurais-je plus apprécié si je n'avais pas vu quelques uns des films évoqués plus haut dans le film ?

Police Fédérale Los Angeles / To Live and Die un LA (1985)

Une autre histoire de flic ou truc dans le genre qui traque un gros méchant pour venger son partenaire ? La veine brute du film de flic le disputant à l'ambiance pop moderne et à des faiblesses scénaristiques flirtant volontiers avec l'incohérence... il reste le style pour faire tenir l'affaire.

Le style de William Petersen en jeans moulants et Ray Ban ? Le style vénéneux de Willem Dafoe (le méchant, peintre ?, c'est lui) ? La blonde mi-torride mi glaciale ? L'autre blonde ?

Ou le style "nerveux" du réalisateur qui tente de refaire une recette qui a déjà fait ses preuves avec French Connection sans forcément y réussir tout à fait. Deux heures de compression de l'histoire ça ne vaut pas quelques bonnes filatures et les plans de LA façade zones industrielles et périphériques ne sauvent pas tous les meubles.

Basique mais assez efficace, malheureusement plombé par ses excès (pas très intéressants) et son kitsch assumé certes mais potentiellement déjà daté (Thief ou 48 Heures par exemple ça a bien mieux vieillit je trouve). A la deuxième vision je ne comprends toujours pas sa cote démesurée... au moins aussi moyen que dans mon souvenir.

Coin coin.