Jonathan Littell

Bien que sachant que je ne lirai pas Les bienveillantes (je me suis expliquée plus haut), je dois vous dire que je suis très intéressée par tout ce que vous avez écrit, vous les courageux lecteurs des ce livre...et je vous en remercie!

Je suis encore dans l'expectative: dois-je ou pas le lire ce roman? En fait, j'ai la trouille. Oui, je suis "morte de trouille" à l'idée de me lancer dans une telle lecture. Sans doute suis-je parasitée par les échecs de beaucoup de blogers mais aussi et surtout par les souvenirs de ma visite de Dachau, j'étais en 5è, lors d'un voyage en Allemagne. Je me souviens encore des odeurs de peinture écoeurantes se mêlant aux images d'archives du camp où rien ne nous était épargné...j'en ai encore des frissons horribles.
Je lirai un jour ce pavé mais là c'est au-dessus de mes forces.
J'ai lu avec grand intérêt les commentaires de Marie et du Bibliomane qui me donnent, malgré tout, l'envie de me plonger dans ce bouquin.
Merci pour vos commentaires fouillés et sans concession.

En ce qui me concerne, j'avais acheté les bienveillantes après avoir lu à sa sortie un article dithyrambique dans le magazine Lire. Eh bien, je dois dire que je l'ai échangé contre 4 poches quelques jours plus tard.

2 Raisons à cela: la première purement technique : je venais de subir une opération de la main et l'épaisseur du livre me faisait souffrir quand je le tenais.
La deuxième plus littéraire : j'ai trouvé le 1er chapitre passionnant mais hélas pour moi j'ai continué ma lecture et j'ai trouvé ce roman pas trés bien écrit (et l'argument avancé par les critiques selon lequel c'est parce que l'auteur est américain ne tiens pas; au risque de paraitre un peu rigide, j'estime que si Littel n'était pas à l'aise en français, il n'avait qu'à écrire en anglais) et assez rébarbatif.
Le sujet en lui même ne me dérange pas, au contraire je le trouve passionnant mais c'est la manière dont Littel l'aborde qui m'a déplu. De plus, j'ai trouvé qu'il y avait trop de termes allemands non explicités et c'était plus qu'embêtant de demander des explications à mon amoureux (qui lui connait l'allemand) à chaque fois que je butais sur un grade, un terme militaire ou que sais je encore.

Par contre, les poches que j'ai eu à la place m'ont tous plu !

Pour terminer je vous conseille à tous le visionnage du DVD "un spécialiste" qui reprend les images restaurées pour l'occasion du procés de Eichmann. C'est parfois difficile à supporter mais je crois que ça fait aussi partie du devoir de mémoire que de voir les images des procès des nazis et surtout de connaitre leur mode de défense (plus qu'édifiant en ce qui concerne Eichmann puisqu'il dit n'avoir fait que son travail même si cela parfois le génait un peu).

Leiloune, ton premier chapitre, il s’arrête où ?
Sinon, même si au bout d’un moment on finit par s’habituer aux grades (il y a une table d’équivalence à la fin du livre), je trouve qu’il aurait dû effectivement les traduire directement.

Il y a beaucoup de bons documentaires sur le génocide nazi mais celui de Lannzmann « Shoah » (1985) me semble le plus complet en cela qu’il donne toute la parole nécessaire aux victimes mais aussi aux bourreaux, pour expliciter l’engrenage de l’horreur… 9 heures de témoignages bruts !

Citation :

Par contre, les poches que j'ai eu à la place m'ont tous plu

Alors , une question me brûle les touches : Quels sont donc ces fameux poches , Leiloune , dis-nous...!

oui dis-nous tout...histoire que nos listes de livres à lire s'allongent

Bien sûr ce roman n’est pas sans défaut…l’auteur s’enfonce parfois dans des détails trop longs voire inutiles et il y a plusieurs fautes de français, parfois dérangeantes…mais c’est un livre qu’il faut lire pour cette incroyable descente aux enfers d’un homme ordinaire et cultivé.

Certes cet homme a eu une relation incestueuse avec sa sœur mais à une seule occasion et il n’y repense et fantasme en les multipliant (suivant les versions la relation sexuelle peut laisser penser à un viol, à un accident voire à des simples attouchements) que quand ses tabous sautent les uns après les autres, certes il est homosexuel mais de toute façon de moins en moins sexuel après sa conversion totale à l’apologie de la race supérieure, certes il tue vraisemblablement sa mère mais ce n’est que par analogie avec le nazisme, les ennemis devant être éliminés…il va inconsciemment jusqu’au bout de la logique du système.

L’accusation « d’anormalité » du héros par les détracteurs du roman est à la fois ridicule et juste…les sociétés évolues, pour le meilleur mais aussi pour le pire, du fait d’hommes qui se situent en dehors des normes mais en n’y réfléchissant bien nous sommes tous anormaux quelque part…

En fait, cet homme croit d’abord au nouveau système qu’on lui propose…mais il n’y participe que modérément puis quand il n’a plus le choix (il est soupçonné d’homosexualité, c’est donc la SS ou les camps) il oeuvre à des actions qu’ils jugent déplaisantes et injustes pour les personnes frappées mais nécessaire à l’instauration d’une société juste. Puis, quand on en arrive aux meurtres d’enfants, il y a une résistance, le doute s’immisce mais la logique du système est là, si le sang n’est pas pur, tout ce qui a été fait précédemment deviendra inutile, tous ces morts pour rien…il faut donc continuer…

Imperceptiblement la logique du système change, une fois les boucs émissaires désignés puis éliminés, il faut en trouver d’autres pour les remplacer et le monstre finit par s’auto dévorer. Les incohérences se multiplient, à tous les niveaux les comportements deviennent de plus en plus contradictoires avec les discours…et les dirigeants, aveugles, s’en prennent naturellement de plus en plus aux plus faibles des leurs.
Mais que deviennent les hommes qui ont cru à ses discours…les renier serait reconnaître leur statut d’assassin, ceux qui s’y refusent ne peuvent que devenir amoraux, des psychopathes « ordinaires » comme notre héros…

La fin du roman, dans l’Allemagne occupée, que je ne raconterais pas, est stupéfiante…la « meute » d’enfants est particulièrement symbolique du pouvoir de l’éducation !

Je suis comme Chaperlipop, je ne sais pas si je dois lire ou non...
Tu me donnes envie sousmarin, mais il faudrait m'aménager un "temps spécial", une semaine de vacances (?).
- Les fautes de français dérangeantes, ça vient de l'éditeur? Il n'y a pas eu une bonne relecture? Agaçant ça.
La "descente aux enfers d’un homme ordinaire et cultivé" qui viole (juste une fois!?) sa soeur et tue sa mère (juste une fois?) argh, je vais dire des bêtises.
Je ne reviendrai ici que lorsque je me serai lancée dans cette lecture.
Merci sousmarin

Babelle a écrit:

Je suis comme Chaperlipop, je ne sais pas si je dois lire ou non..

J'adore ton "chaperlipop' "...ça swingue grave !

Babelle a écrit:

La "descente aux enfers d’un homme ordinaire et cultivé" qui viole (juste une fois!?) sa soeur et tue sa mère (juste une fois?) argh, je vais dire des bêtises.
Je ne reviendrai ici que lorsque je me serai lancée dans cette lecture.
Merci sousmarin

Ce que je voulais dire c’est que l’on ne sait pas si l’acte incestueux a réellement existé, donc a fortiori le viol, ou si c’est un fantasme…de même il n’est pas sûr qu’il tue sa mère, elle est assassinée certes mais on ne sait pas par qui et il nie en être l’assassin mais il était sur les lieux…refoulement ou réalité, à chacun sa version.

Ce qui est sûr, c’est que les personnes qui flirtent avec les tabous de la société dans leur jeunesse, tabous justifiés ou non d’ailleurs, sont plus enclines à les violer pour aboutir à une société plus juste. Sans tabous, un homme est-il toujours un humain ?

Citation :

refoulement ou réalité, à chacun sa version.

Hum, Sous-marin......d'après mes souvenirs, oui, il n'avoue jamais le meurtre de sa mère ( et de son beau-père.....). Mais il y a des éléments quelque peu troublants, non? Ses vêtements pleins de sang, par exemple..
Et les deux policiers qui lui courent après vont mal finir aussi.......C'est d'ailleurs très surprenant, cette enquête policière acharnée pour retrouver l'assassin de deux personnes à une époque où deux morts de plus ou de moins ne devaient pas perturber grand monde!

Bon, chacun son opinion sur le personnage d'Aue, et c'est ce qui en fait l'intérêt...

Marie a écrit:

Citation :

refoulement ou réalité, à chacun sa version.

Hum, Sous-marin......d'après mes souvenirs, oui, il n'avoue jamais le meurtre de sa mère ( et de son beau-père.....). Mais il y a des éléments quelque peu troublants, non? Ses vêtements pleins de sang, par exemple..
Et les deux policiers qui lui courent après vont mal finir aussi.......C'est d'ailleurs très surprenant, cette enquête policière acharnée pour retrouver l'assassin de deux personnes à une époque où deux morts de plus ou de moins ne devaient pas perturber grand monde!

Bon, chacun son opinion sur le personnage d'Aue, et c'est ce qui en fait l'intérêt...

Oui, comme je l’ai dit précédemment, il a probablement tué sa mère mais le doute persiste... même pour lui la confusion est totale…
Je trouve que cet acharnement des policiers est très symptomatique d’une société meurtrière, plus l’injustice règne plus les homme se raccrochent au semblant de justice qui persiste

sousmarin a écrit:

Oui, comme je l’ai dit précédemment, il a probablement tué sa mère mais le doute persiste... même pour lui la confusion est totale…
Je trouve que cet acharnement des policiers est très symptomatique d’une société meurtrière, plus l’injustice règne plus les homme se raccrochent au semblant de justice qui persiste

Ben nan, moi je trouve que courir après un assassin présumé, c'est pas de l'acharnement.
>Je sors, je sors, et promets de ne revenir que quand j'aurai lu le livre!

Certes…mais encourager l’assassinat d’une certaine population et dans le même temps réprimer l’assassinat d’une personne peut sembler dichotomique voire schizophrène…

sousm' fait partie des courageux qui ont lu et terminé "Les Bienveillantes"...chapeau bas!