Jonathan Littell

Chatperlipopette a écrit:

sousm' fait partie des courageux qui ont lu et terminé "Les Bienveillantes"...chapeau bas!

Vraiment je pense aussi que ceux qui lisent ce roman sont des "courageux"...
Je profite de ce que vous me dites de votre lecture et je vais me contenter de vos commentaires aussi je vous en remercie ...Je n'aurai jamais le "courage" d'aborder un tel sujet...

Moi, je suis contente de pouvoir en parler avec des gens qui l'ont vraiment lu, ce livre a été beaucoup acheté, mais, autour de moi par exemple, je me suis aperçue que peu l'avaient lu!
En fait, c'est un roman passionnant à bien des points de vue, notamment sur le plan historique. C'est évident que les premiers chapitres sont très durs, j'ai failli arrêter, puis me suis dit qu'"ils" l'avaient vécu, alors je pouvais bien le lire.....
Et, en fait, pour faire un aparté, Coline, je viens d'être beaucoup plus dérangée par la lecture de "Il faut qu'on parle de Kevin", qui parle des enfants meurtriers. Une question de possibilité d'assimilation, sans doute.






[quote]

Je trouve que cet acharnement des policiers est très symptomatique d’une société meurtrière, plus l’injustice règne plus les homme se raccrochent au semblant de justice qui persiste
Oui, Sous Marin, c'est sans doute une manière de ne pas sombrer dans un chaos total....Mais je ne suis pas certaine que la majorité de la population de l'époque trouvait le sort des Juifs injuste.........

Marie a écrit:

Et, en fait, pour faire un aparté, Coline, je viens d'être beaucoup plus dérangée par la lecture de "Il faut qu'on parle de Kevin", qui parle des enfants meurtriers. Une question de possibilité d'assimilation, sans doute.

Je ne doute pas de l'aspect dérangeant de ce livre aussi...
J'ai un peu de mal à me confronter à l'horreur commise par les humains de sang-froid...
Les mauvais traitements subis par les enfants dans "Contours du jour qui vient" me bouleversent également ...

Marie a écrit:

Je trouve que cet acharnement des policiers est très symptomatique d’une société meurtrière, plus l’injustice règne plus les homme se raccrochent au semblant de justice qui persiste
Oui, Sous Marin, c'est sans doute une manière de ne pas sombrer dans un chaos total....Mais je ne suis pas certaine que la majorité de la population de l'époque trouvait le sort des Juifs injuste.........

A mon avis si, l’injustice était trop flagrante, seulement ils se taisaient et pour la plupart se persuadaient que cela était nécessaire ou ne les regardait pas...quand on a ce genre d’excuse, c’est que l’on sait que ce n’est pas juste…

Il ne faut pas oublier qu'il y avait à l'époque un grand flou sur la finalité de tout celà. La population allemande et même les agents de cette politique ne savaient pas exactement quelles étaient les issues , (ou ne voulaientpas savoir )

A coup d'endoctrinement et de propagande ,l'humain peut perdre toutes notions de "ce qui est juste ou non ", particulièrement en période de crise comme c'était alors le cas.
On cherche des responsables , et tant que l'on se croit à l'abri , on peut sans doute se satisfaire de beaucoup de choses.

Ensuite c'est une question de zèle , de courage ou de couardise .
Mais l'homme ne peut se révéler dans ses extrèmes qu'en période de boulversements où tous les critères moraux se modifient et peuvent disparaître...

info Télérama :

Citation :

"Les Bienveillantes, le roman-phénomène de Jonathan Littell, n'a toujours pas quitté le classement des meilleures ventes publié chaque semaine dans Livres Hebdo.
Il figure à la 13è place des fictions, ce qui est exceptionnel après 30 semaines de présence.
L'analyse des raisons de son succès, tant auprès de la critique que parmi le grand public, ne fait, elle, que commencer.
Dès la fin de l'an dernier, la Revue des deux mondes s'y était penchée, dans un numéro spécial centré sur le thème "Histoire, roman, dernières nouvelles", regroupant notamment les contributions de Nicole Casanova, Michel Parfenov et Dominique Fernandez.
Au même moment, la revue Etudes accueillait une remarquable analyse du philosophe Guy Petitdemange.
Et ce sera bientôt au tour du Débat, la revue dirigée par Pierre Nora, de s'y coller.
Le Débat proposera, dans sa livraison du printemps, un entretien de Littell avec Richard Millet, son éditeur chez Gallimard, à quoi s'ajoutera une magistrale contribution de Georges Nivat qui, sous le titre La houle de Littell, relit les Bienveillantes à la lumière de l'histoire littéraire moderne et contemporaine, de Dostoïevski à Soljenitsyne".

(in Espresso, 26 mars.)

Invité par le Centre Roland-Barthes (Université Paris-VII), Jonathan LITTELL, auteur du roman LES BIENVEILLANTES, est accueilli à l’École normale supérieure pour une conférence-débat avec Julia Kristeva et Rony Brauman

Ecoutez ou regardez

Bien. J'ai eu un peu de mal avec les amoncellements de cadavres dans le premier tiers, mais ensuite je trouve d'admirables rendus de l'isolement et de la détresse des combattants de Stalingrad , dans le dénuement et l'horreur . Bien plus que dans la première partie on sent que la vie humaine n'était rien. J'aime l'écriture . Pour moi l'intérêt trouvé dès la page 300 environ n'a pas faibli dans les 600 suivantes. Un très bon livre, très instructif et donnant à réfléchir.

Marie a écrit:

lors là, je n'aurais jamais le courage de relire les Bienveillantes... Pourquoi le relis tu, Steven? Et tu viendras mettre un mot dans le fil? C'est marrant (enfin, ce n'est pas vraiment le terme approprié, mais bon..)

Je le relis parce qu'à la fin du livre je ne savais pas ce qui prédominait chez moi, si c'était le dégoût où la pitié ! Le dégoût de savoir que ça c'était réellement passé comme ça, que tous les jours les hommes qui massacraient, tuaient, exterminaient faisaient des petits choix mineurs qui amenaient des hommes à la mort.
La pitié en me demandant si, comme Aué, ils pensaient que s'il n'y avait pas eu la guerre ils ne se seraient jamais transformés en assassin.
Ensuite je le relis parce je ne suis pas arrivé à une avis tranché sur Aué : immonde sallopard (excusez moi du terme) ou victime de sa vie et de sa passion pour sa soeur...
Enfin je le relis parce que j'aime bien prendre des notes sur les livres que je lis et que la première fois que je l'ai lu, je n'ai pas eu la force d'en prendre.
Voilà, Marie, pourquoi je le relis.
Par contre, je réponds au bar, mais je pense que ça n'a peut-être pas trop sa place ici et que j'aurais du aller sur le fil pour répondre ?
Post transféré (Portouverte)

Merci Steven!


Encore une fois, je trouve ce problème ( tout à fait réel, cf le mal ordinaire Hannah Arrendt) très biaisé dans ce livre, parce que le personnage d'Aue, je ne suis pas d'accord avec Sous marin, est un psychopathe. Or, il n'y avait pas que des psychopathes, loin de là... C'est justement Daniel Mendelsohn , auteur du livre dont parle Babelle, Les disparus, qui en parlait :

Le Mal n'est pas l'apanage des méchants. Ce qui me frappe dans l'Holocauste, ce n'est pas, comme dans Les Bienveillantes, de Jonathan Littell, que des gens qui sont déjà des assassins-incestueux-homosexuels refoulés, affublés de tous les clichés de la décadence morale, se mettent à trucider des vieilles mamies juives. Mais que des voisins gentils et honnêtes qui vont à l'église et adorent les enfants décident, un beau jour, de le faire.

ici

J'ai lu Les bienveillantes vers le mois d'octobre/novembre 2006.
Je suis sortie de ce roman après 3 semaines de lecture avec un sentiment de nausée et de dégoût très prononcés. Je voulais en finir au plus vite et prendre de la distance avec ce qu'il m'insufflait, j'étais tellement pressée d'en finir que j'ai sauté plusieurs pages les derniers jours, je n'en pouvais plus de cette noirceur et de cette prose un peu bancale (je trouve effectivement que J. Littell n'écrit pas très bien, ce qui alourdit encore un peu plus la lecture du récit).

Ce livre témoigne d'un énorme travail de documentation, et peu de romans traversent l'histoire du nazisme sur une période aussi large allant du début du nazisme jusqu'aux bombardements de Berlin. Evidemment, cela rend le parcours de Maximilian Aue invraisemblable, on imagine mal une personne qui se serait trouvée sur tous les fronts et les étapes les plus importantes du nazisme, mais cela a le mérite de nous offrir une vue d'ensemble assez complète des événements.
Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est que J. Littell démonte ce que nous pensions être une mécanique bien huilée et trop parfaite pour être vrai du nazisme en démontrant finalement que c'était souvent un fameux foutoir et que les exécutions se faisaient fréquemment dans un désordre et une désorganisation complètes.

Ce qui m'a déplu, c'est que Maximilian Aue nous est décrit comme un véritable malade mental. Je suis d'accord avec Marie, pour moi, c'est un véritable schizo.
Or je ne vois pas pourquoi J. Littell nous présente un tel personnage ! Je suis totalement d'accord avec le commentaire de Daniel Mendelsohn cité ci-dessus.
Les psychopathes sont déviants par nature, que cette déviance s'exprime librement en cas de guerre n'est guère surprenant ni très instructif. Les personnes psychorigides qui se conforment à l'autorité sans réflexions individuelles, la soumission au supérieur hiérarchique pour "bien se faire voir" et gravir les échelons sont bien plus courants, considérées comme normales et tout aussi dangereuses en cas de guerre.

J'ajouterais que si J. Littell est très à l'aise avec l'aspect historique du récit, je trouve que la partie plus romancée, celle qui entoure la personnalité de Maximilian Aue, est la moins convaincante du roman. De ce point de vue, j'ai préféré de loin les romans de M. Tournier "Le roi des Aulnes" ou de Robert Merle "La mort est mon métier".

Pour terminer ce commentaire, je dirais que j'ai beaucoup de mal à dire si j'ai aimé ou non ce roman. La seule certitude est que je ne le relirais certainement pas !

Je fais partie de la catégorie citée par Marie : beaucoup de gens l'ont acheté, peu l'ont lu.
Je l'ai acheté sur les conseils d'un ami mais entre temps, j'ai eu des problèmes de santé et pas eu le courage d'entamer la lecture de ce gros bouquin. Mais je vais m'y mettre dès que j'ai terminé celui que j'ai en lecture.
Tous vos commentaires me donnent envie de le lire pour voir quelle sera mon opinion. Dégoût, nausée, pitié ? je verrai...

sousmarin a écrit:

Je trouve que cet acharnement des policiers est très symptomatique d’une société meurtrière, plus l’injustice règne plus les homme se raccrochent au semblant de justice qui persiste

J'interprète également la présence des deux policiers de cette manière.
D’ailleurs, ceux-ci m’ont fortement fait penser aux deux troublions que nous rencontrons dans les romans Le château et Le procès de F. Kafka.
Rappelez-vous dans « Le procès », les deux bourreaux de Joseph K. font preuve d’une conscience professionnelle rigoureuse, et bien qu’ils soient considérés comme des subalternes par K. dans l’échelle du pouvoir judiciaire, ces bourreaux accomplissent leurs missions avec un extrême sérieux alors que la justice même semble faire cruellement défaut à cette société qui condamne arbitrairement Joseph K.

Cannelle a écrit:

Je fais partie de la catégorie citée par Marie : beaucoup de gens l'ont acheté, peu l'ont lu.
Je l'ai acheté sur les conseils d'un ami mais entre temps, j'ai eu des problèmes de santé et pas eu le courage d'entamer la lecture de ce gros bouquin. Mais je vais m'y mettre dès que j'ai terminé celui que j'ai en lecture.
Tous vos commentaires me donnent envie de le lire pour voir quelle sera mon opinion. Dégoût, nausée, pitié ? je verrai...

Je conseille à tout le monde de le lire... enfin s'il en a le courage.
Je n'aurais pour rien au monde passé à côté de ce roman.
Mais le relire... non impossible