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| Jonathan Littell | |
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Auteur | Message |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Jonathan Littell Sam 12 Jan 2008 - 13:42 | |
| - Fantaisie héroïque a écrit:
- Les Bienveillantes sort en poche le 31 janvier ! Il fera environ 1456 pages
Et Monsieur Littell a fait des changements apparemment assez sérieux.. Et je ne sais pas si vous avez suivi - il a demandé à son éditeur américain de trouver un autre traducteur - il n'était pas satisfait des premières pages de celui qui était choisi par l'éditeur (et l’éditeur qui était pas trop satisfait – vu que la date de parution était déjà fixé, ils ont dû changer !!) | |
| | | Cannelle Envolée postale
Messages : 245 Inscription le : 20/09/2007 Age : 85 Localisation : Belgique
| Sujet: Re: Jonathan Littell Sam 12 Jan 2008 - 13:46 | |
| Zut, en poche.... je me suis précipitée pour l'acheter à la Fnac quand il est sorti ! Il était en promo. Je ne l'ai pas encore lu . j'aurais pu attendre ! | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Jonathan Littell Sam 12 Jan 2008 - 20:16 | |
| Je n'ai pas bien compris en quoi la traduction du livre à l'étranger pose problème. Glané sur le net : - Citation :
- les éditeurs étrangers ont, comme ils le font régulièrement, sollicité une subvention à Paris auprès du CNL (Centre national du Livre), lequel en accorde tous azimuts après examen de chaque dossier par des experts réunis au sein de la Commission d’aide à la traduction. Sauf que cette fois, ils ont refusé d’accorder le moindre euro.
Je croyais que le CNL apportait une aide aux petits éditeurs mais j'ignorais qu'il pouvait le faire aux éditeurs à l'étranger (question budget). Certains français ont trouvé que le roman était truffé d'anglicismes, -voir - Citation :
- "écrit avec le concours de l'éditeur Richard Millet, qui a laissé passer un nombre incroyable d'erreurs et d'impropriétés... Littell est Américain : il n'est pas question de lui reprocher de ne pas savoir écrire correctement le français".
Il semblerait même qu'un livre soit paru intitulé Les Malveillantes... Quelle impression avez-vous eu lors de votre lecture? Les changements opérés chez Folio concerneraient selon la République des livres la syntaxe, les noms, les lieux, grades, etc... mais aussi une scène très critiquée de la dernière partie : celle où, dans le bunker du Führer, Max Aue tord le nez du Führer. Certains en avaient pris prétexte pour dénoncer le côté kitsch et grand guignol du roman. > "Dans l’édition de poche, il lui mordra le nez plutôt, ultime pied-de-nez de l’insolent Littell à ses détracteurs".Je précise que je n'ai tjs pas lu Les Bienveillantes, je crois que je préfère prochainement me plonger dans le Brodek de Claudel. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Le sec et l'humide Sam 15 Nov 2008 - 12:18 | |
| Le sec et l'humide « Le sec et l’humide : une brève incursion en territoire fasciste » est un texte qui fut rédigé en 2002, en pleine écriture des « Bienveillantes », qui reçu le Prix Goncourt et le Prix du roman de l'Académie française en 2006. Cet essai est le fruit de la rencontre de deux documents écrits à des périodes différentes : 1° Le livre « Mӓnnerphantasien » (« Fantames mâles ») de Klaus Theweleit. Il s’agit d’une étude datant de 1977 sur les Freikorps, milice allemande créée après la première guerre mondiale pour défendre la frontière de l’Allemagne de l’Est contre une éventuelle invasion russe mais également pour contrer les tentatives de révolution dans le pays, notamment communistes et socialistes. Pour informations, les Freikorps furent dissous en 1921, et si certains d’entre eux rejoignirent la milice d’Hitler, la plupart se sont engagés dans la milice de droite des Stahlhelm. A partir de l’étude des récits de guerre, journaux et mémoires des miliciens allemands du début des années 20, Klaus Theweleit se livre à une approche inédite du fascisme : en analysant la structure mentale de la personnalité fasciste, il en viendra à considérer le fasciste non pas comme le fruit d’une idéologie mais comme la traduction d’états corporels dévastateurs, qu’il nomme le « mâle-soldat ». 2° Le livre « La campagne de Russie » écrit par Léon Degrelle pendant son exil en Espagne et publié en 1949. Léon Degrelle est un fasciste belge fondateur du mouvement Rex, qui se rapprochera du national-socialisme et collaborera étroitement avec l’occupant allemand. Il combattra sur le front de l’Est avec la 28e division SS Wallonie et terminera la guerre en tant que SS-Obersturmbannführer et Volksführer der Wallonen. Abondamment illustré, cet essai commence par un historique du fasciste belge Léon Degrelle, revenant sur son parcours depuis la fondation du mouvement Rex jusqu’à son exil en Espagne en 1945, où il vécut près de quarante années. Jonathan Littell s’applique à étudier le texte du fasciste Léon Degrelle avec la grille d’analyse proposée par Klaus Thewelet. Aussi, malgré le fait que Léon Degrelle soit de vingt à trente ans plus jeune que les miliciens étudiés par Klaus Theweleit et qu’il appartienne à une autre culture, Jonathan Littell y retrouve les mêmes comportements et champs lexicaux, ordonnés autour « de la peur panique de la dissolution des limites corporelles ». Il retrouve donc, en analysant le discours de Degrelle à partir des clés données dans le livre de Klaus Theweleit, cette opposition binaire « du dur et du mou », qui fait immanquablement penser à l’anthropologue Claude Lévi-Strauss qui écrivit en son temps « Le cru et le cuit ». Le « mou » dont il est question ici fait référence à la boue, la fange, le visqueux, la marée rouge, la peur de tout ce qui liquéfie le corps, tout ce mou auquel le mâle-soldat s’oppose en recourant à sa verticalité, sa virilité, sa droiture, sa pureté, sa carapace corporelle endurcie afin d’éviter toutes menaces de fragmentations, lui qui possède ce corps « pas-encore-complètement-né » du fasciste (dixit Klaus Theweleit). On peut voir le « Le sec et l’humide » comme une sorte d’analyse des mots et des discours du bourreau fasciste, qui fut sans nulle doute bien utile pour construire la langage de son personnage principal Maximilian Aue des « Bienveillantes ». Mais je n’ai en aucun cas retrouvé des traits de personnalité de Léon Degrelle dans Max Aue ! Jonathan Littell n’évite pas non plus quelques écarts de langage dans ce texte, qui n’apportent franchement rien, si ce n’est de la provocation gratuite pas vraiment des plus gracieuses. On peut également se demander dans quelle mesure Jonathan Littell n’est pas lui-même fasciné par toutes ces monstruosités, certains extraits émaillant « Le sec et l’humide » étant particulièrement nauséabonds. Pour votre information, la couverture du livre est une photo de Léon Degrelle au combat en Ukraine (1941-42). |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Jonathan Littell Sam 15 Nov 2008 - 19:28 | |
| - Citation :
- On peut également se demander dans quelle mesure Jonathan Littell n’est pas lui-même fasciné par toutes ces monstruosités, certains extraits émaillant « Le sec et l’humide » étant particulièrement nauséabonds.
C'est une question que je m'étais déjà posée à la lecture des Bienveillantes... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Jonathan Littell Mar 31 Mai 2011 - 16:59 | |
| Je viens d'achever ma relecture des Bienveillantes. Après lecture de vos posts, je pense que je rejoins plutôt sous-marin à propos de Aue. Le personnage est un détraqué mais la plupart de ses actes se réduisent à peu par rapport à ce qu'il vit dans sa tête (l'avant-dernière partie du roman intitulée Air et qui en manque dangereusement, est à ce titre exemplaire). J'ajoute que, au delà de la nécessité, de la guerre, de l'air du temps ou de l'observance pure et dure des préceptes nationaux-socialistes, Littell insiste également sur le fait qu'une fois mouillé le personnage est incapable de revenir en arrière. A partir du moment où il accepte (même et seulement intellectuellement) le principe de la solution finale alors tout est comme plié, irréparable. Et puis, Aue n'est pas un homme ordinaire, il a ce détachement qui n'est pas du cynisme, il possède cette distance (Himmler le trouve imbu de sa personne, guindé, fat) qui l'éloigne de l'action et lui permet de survoler les faits comme un hypnotique. Il est quelque fois fantomatique, uniquement témoin des nombreux drames qui émaillent l'Histoire, juste spectateur ou auxiliaire des actions, des dialogues, des horreurs. Il est parfois présent sans l'être réellement, il a des hallucinations, il perd souvent la notion de la réalité et finalement il n'atteint pas totalement l'aspect de monstre ou d'assassin brutal qu'on voudrait lui faire endosser. Ce serait si simple si ce type était un bourreau pur et dur mais il a ses failles, ses fêlures, sa culture qui le retiennent du côté des humains, c'est sans doute en cela que le roman de Littell est aussi dur à lire, il n'efface pas une certaine identification possible, comme si à partir du moment où l'on accepte de lire ce livre le lecteur se retrouvait à son tour mouillé... Etrange mise en abyme, plutôt désagréable. Pour finir, le livre est très mal écrit mais il y a des moments tellement saisissants et une façon si simple d'imager les déambulations perpétuelles de Aue que le livre finit par ce lire, et même se relire... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jonathan Littell Mer 1 Juin 2011 - 21:31 | |
| Je n'ai pas le courage de relire le fil mais nos discussions lors de la LC ont pas mal modifié ma façon d'appréhender ce personnage. Je le vois maintenant "autrement", ce qui n'était vraiment pas gagné d'avance ! Edit : j'ai tout de même relu quelques commentaires. J'avais complètement oublié le fait que j'avais crié haut et fort que je ne relirai certainement pas ce roman, comme quoi il y a certaines choses qui ne changent pas |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jonathan Littell Dim 20 Nov 2011 - 23:58 | |
| Triptyque, Trois études sur Francis BaconJonathan Littell vient de publier cet ouvrage (court cette fois!) richement illustré consacré à l'oeuvre de Francis Bacon. C'est captivant, très bien écrit, et surtout particulièrement éclairant tout en restant limpide. Une façon idéale d'entrer dans l'univers de ce peintre génial. On ne regarde plus ses tableaux de la même façon ensuite... Pour avoir une idée je vous copie un passage consacré aux Trois études de figures au pied d'une crucifixion (1944), la première oeuvre majeure de Bacon. Littell s'appuie sur les explications données par Manuela Mena, conservatrice au Prado et responsable d'une de ses grandes rétrospectives. Le mieux est d'essayer de décrypter soi-même ce tableau pendant un moment puis de lire ce commentaire. - Citation :
- Manuela Mena adore ce triptyque. "Ici, nous avons trois manières différentes de présenter les figures. Celle de droite se trouve en pleine lumière, en position dominante. Celle du centre commence à douter; celle de gauche montre de la peur, de la soumission. Et celle du centre est comme ça à cause des deux autres, qui lui font face et la menacent. La figure de droite paraît masculine; sa jambe est solidement plantée dans le sol, dans une étendue d'herbe (le père de Bacon, un capitaine de l'armée à la retraite, dressait des chevaux de course); la figure de gauche est une semblant de mère." Quoique l'image-source de la tête du biomorphe du panneau de gauche ait été identifiée comme étant une photographie de la médium Eva Carrière publiée en 1920 par le baron von Schrenck-Notzing, son appropriation par Bacon tient peut-être moins au hasard qu'il ne l'aurait affirmé comme étant une photographie du futur peintre, âgé de quatre ans, le monstre levant des yeux pleins d'amour vers sa mère; les courbes du visage de cette dernière, son menton, sa coiffure, font fortement écho aux traits d'Eva Carrière, telle qu'elle fut peinte par son fils quelque trente ans plus tard.
Et la figure du milieu? "Elle combine le mâle et la femelle, comme c'est souvent le cas lorsque Bacon se représentait lui-même." Le dos de la figure ressemble en effet au gland d'un pénis; mais il évoque aussi, par sa forme et sa couleur, les fesses de la fameuse Vénus de Velazquez, un tableau que Bacon a sans doute vu dès les années trente à la National Gallery de Londres, et qui a eu sur lui une influence décisive. "Si vous ne comprenez pas La toilette de Vénus vous ne pouvez pas comprendre ma peinture", lança-t-il un jour à Hugh Davies, un jeune historien de l'art américain.
Dans l'article qu'elle a rédigé pour le catalogue, Manuela Mena commente cette image et ses migrations: "Velazquez, pour sa Vénus, s'est inspiré de la figure, vue de dos, de l'Hermaphrodite classique (dont il avait rapporté d'Italie une copie en marbre, pour en faire un moulage en bronze, exposé aujourd'hui au Prado, devant Les Ménines), qu'il a converti en femme, et que Bacon, comme preuve de la métamorphose des images que réalisent tous les artistes, a reconverti en homme." Revenons aux Trois études: alors que la figure "mâle" de droite aboie agressivement, et que la figure "femelle" de gauche tord son long cou avec ressentiment, à la fois passive et menaçante, la figure du centre, les yeux recouverts de longues bandes blanches - et si en effet cette figure peut être lue comme un autoportrait métaphorique, il est étonnant de constater que la seule photographie du cadavre de Bacon, prise à la morgue de la clinique Ruber à Madrid par un paparazzi sans vergogne, le montre avec les yeux et le front recouverts d'un bandeau blanc identique, portant son nom - , siffle ou crie de peur, prise au piège. Nous contemplons ensemble l'image centrale un long moment, en silence, avant que Manuela Mena conclue: "On ne lui a pas laissé la moindre chance, dans son enfance." Il y a évidemment d'autres interprétations complémentaires et aucune ne se suffit à elle-même. Il y a notamment une approche mythologique qui fait de ces 3 créatures Les Erynies pourchassant Oreste (Jonathan Littell y faisait référence à travers le titre de son roman "Les Bienveillantes" ) : | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jonathan Littell Lun 21 Nov 2011 - 7:53 | |
| Je sais ce que je vais me procurer prochainement. j'avais aussi vu une vieille femme dans la figure de gauche (des attributs masculins - en forme de coeur - comme une charge monstrueuse sur le dos, illustration parfaite de l'expression en avoir plein le dos ), un homme dans la figure de droite (figure archaïque faisant penser à un dinosaure, castré - manque une patte - même si l'autre bien plantée dans le sol, et donc toujours aussi redoutable, si pas plus après cette amputation - agressivité amplifiée -) mais celle du milieu me laissait dubitative, à part la posture dépressive flagrante. Normal, cette figure est ambiguë et donc plus difficilement discernable. - Citation :
On ne lui a pas laissé la moindre chance, dans son enfance. Elle est terrible cette phrase |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jonathan Littell Lun 21 Nov 2011 - 10:20 | |
| - sentinelle a écrit:
-
- Citation :
- On ne lui a pas laissé la moindre chance, dans son enfance.
Elle est terrible cette phrase Et un peu radicale. Je me méfie de ce genre d'interprétation définitive. Mais c'est vrai qu'il avait apparemment un père très autoritaire qui l'a rejeté à cause de son homosexualité. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jonathan Littell Lun 21 Nov 2011 - 10:25 | |
| - Marko a écrit:
- sentinelle a écrit:
-
- Citation :
- On ne lui a pas laissé la moindre chance, dans son enfance.
Elle est terrible cette phrase Et un peu radicale. Je me méfie de ce genre d'interprétation définitive. Tout à fait, assez réductrice j'ajouterai. Mais qui donne envie de mieux le cerner pour mieux comprendre son oeuvre. |
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