Laurent Gaudé

Nezumi a écrit:

Sans vouloir être méchante, ça se voit assez.

Il (Laurent Gaudé) aime le côté sombre, le côté ombre je crois

aériale a écrit:

C'est bien ce que je pensais.

Citation :

Par contre, ça a été beaucoup plus dur d'arriver à imaginer que le lecteur puisse attaquer la descente aux Enfers avec conviction, en y croyant.

Il peut avoir ce regard décalé, cet esprit imaginatif proche du fantastique parce qu' il n'a pas été lui-même frappé par la perte d'un proche.

Ce n'est pas ce qui ressortait de son interview dans l'émission de télé l'autre jour...Il a plusieurs fois parlé de ses morts (sans les nommer)...

aériale a écrit:

Il peut avoir ce regard décalé, cet esprit imaginatif proche du fantastique parce qu'il n'a pas été lui-même frappé par la perte d'un proche.

Tu crois ? Parce que j'ai trouvé sa postface assez émouvante. Pendant tout le bouquin je me suis demandée s'il ne pensait pas à quelqu'un en particulier.
Le déchirement du deuil et de la perte est rendu de façon assez convaincante je trouve.
D'où mon étonnement devant sa vision abominable de l'au-delà, comment pouvoir imaginer que ses morts soient confrontés à cela ? Rien d'apaisé (sans parler de joyeux) dans ce roman.

aériale a écrit:

Il peut avoir ce regard décalé, cet esprit imaginatif proche du fantastique parce qu'il n'a pas été lui-même frappé par la perte d'un proche.

Il parle de ses morts, page suivante de la fin.

Citation :

J'ai écrit ce livre pour mes morts, les hommes et les femmes dont la fréquentation a fait de moi ce que je suis. Ceux qui, quel que soit le degré d'intimité que nous avions, m'ont transmis un peu d'eux-mêmes. Certains étaient de ma famille, d'autres, des personnes que j'ai eu la chance de croiser. A eux tous, ils constituent la longue chaîne de ceux qui, en disparaissant, ont emmené un peu de moi avec eux. Qu'il me soit ici permis de dire leur nom: Mathias Cousin, Jean-Yves Dubois, Simone Gaudé, Lino Fusco, Hubert Gignoux. Puisse ce livre les distraire. Ce qui est écrit ici est vivant là-bas.

Oui, on a tous malheureusement connu des disparitions autour de nous, mais il y a celles naturelles je dirais (nos grands-parents par exemple) dues à l'age, au cycle naturel de la vie et pour lesquelles on garde ce souvenir dont il parle, cette "part "en nous.

Et puis il y a les autres, plus proches encore, brutales et que l'on juge inacceptables,pour lesquelles nous ne sommes pas armés.
Et là c'est impossible je pense, de les transposer dans des récits tels qu'il le fait...

aériale a écrit:

Et puis il y a les autres, plus proches encore, et que l'on juge inacceptables,pour lesquelles nous ne sommes pas armés.
Et là c'est impossible je pense, de les transposer dans des récits tels qu'il le fait...

tu marques un point, il ne doit pas avoir connu de personnes décédé(e) par mort précipité .

Spoiler:

aériale a écrit:

Oui, on a tous malheureusement connu des disparitions autour de nous, mais il y a celles naturelles je dirais (nos grands-parents par exemple) dues à l'age, au cycle naturel de la vie et pour lesquelles on garde ce souvenir dont il parle, cette "part "en nous.

Et puis il y a les autres, plus proches encore, brutales et que l'on juge inacceptables,pour lesquelles nous ne sommes pas armés.
Et là c'est impossible je pense, de les transposer dans des récits tels qu'il le fait...

Je ne sais pas, mais ça peut être comme une thérapie que d'évacuer cette brutalité et ce sentiment inacceptable par le biais de la fiction. ET Laurent Gaudé, dans toute les présentations du livre, entretiens que j'ai entendu ou lu parle de ses morts.
Et peut-être que la description des enfers est le moment le moins réussis du livre parce qu'il n'arrive pas à imaginer ce qu'il est advenu de ses disparus. Alors, il se rattache aux récits sur les enfers, aux descriptions existant.... Car ce passage fait très déjà vu, déjà lu... Unpeu comme dans A la croisée des mondes de Pullman quand Lyra doit descendre dans le monde des morts.

Steven a écrit:

Car ce passage fait très déjà vu, déjà lu... Unpeu comme dans A la croisée des mondes de Pullman quand Lyra doit descendre dans le monde des morts.

C'est exactement ce que j'ai pensé, ça y ressemble beaucoup ! Sauf que chez Pullman, c'est plus subtil et réussi (et bien plus optimiste aussi)...

LA PORTE DES ENFERS

Je crois que je n’arriverai pas à faire un commentaire de ce roman face auquel je n’ai pas une réaction sereine.
Je ne sais pas si cela m’est déjà arrivé à ce point…
Je pense qu’il me ramène à trop de douleur.
Une fois de plus, j’ai été envoûtée par ses talents de conteur et c’est comme si je regrettais de m’être laissée emporter là où je ne voulais pas aller…

coline a écrit:

LA PORTE DES ENFERS

Je crois que je n’arriverai pas à faire un commentaire de ce roman face auquel je n’ai pas une réaction sereine.
Je ne sais pas si cela m’est déjà arrivé à ce point…
Je pense qu’il me ramène à trop de douleur.
Une fois de plus, j’ai été envoûtée par ses talents de conteur et c’est comme si je regrettais de m’être laissée emporter là où je ne voulais pas aller…

Je ne connais pas ta vie privée, mais je sens que la vie a été cruelle avec toi coline

Comme tout le monde Bulle...Elle m'a aussi beaucoup gâtée...
A un moment donné, un livre ou un film peuvent raviver une douleur, étrangement jusqu'à un seuil où il n'est plus possible de prendre une distance...
Il faut vite passer à autre chose...Un autre film...Un autre livre...Il y en a tant et tant!...

Je conseille à toutes les 2 en particulier et à nous tous en général la lecture du livre de Piotr Bednarski, les neiges bleues, qui évoque les thèmes de la mort et du deuil avec une dignité, une poésie (et une foi que j'aimerais parfois avoir) déchirantes et malgré tout très apaisantes.

markofr a écrit:

Je conseille à toutes les 2 en particulier et à nous tous en général la lecture du livre de Piotr Bednarski, les neiges bleues

Je l'ai commandé...
Un extrait que tu as posté tout à l'heure m'a rappelé Etty Hillesum (Lettres de Westerbork)...

coline a écrit:

markofr a écrit:

Je conseille à toutes les 2 en particulier et à nous tous en général la lecture du livre de Piotr Bednarski, les neiges bleues

Je l'ai commandé...
Un extrait que tu as posté tout à l'heure m'a rappelé Etty Hillesum (Lettres de Westerbork)...

Je ne connais pas et je note...