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| Au fil de nos lectures | |
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Auteur | Message |
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bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Sam 26 Mai 2012 - 15:26 | |
| ... Je me sentais barbouillé, plein d' appréhension. Toute l' agitation du siècle se répercutait en moi. Tout alentour passaient d' étranges courants qui allaient de la soif du suicide à l' attente de la fin du monde. Une littérature de mise en question et d' ignares problèmes universels venait à peine de défiler sa puante et lugubre croisade, et les mains sales et velues des marchands de vie et de mort avaient rendu répugnants ces mots memes : la vie et la mort. Oui, ce fut une nuit ignare en vérité !
Ossip Mandelstam : La Famille Signani. Dans : La Rage litéraire | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 6 Juin 2012 - 15:32 | |
| Un petit extrait du Dictionnaire infernal de Collin de Plancy que j' ai cité ailleurs :
Ninon de Lenclos
On conte que, seule un jour devant son miroir, à l' age de 18 ans, elle s' admirait avec une expression de tristesse. Une voix tout à coup répondit à sa pensée et lui dit : "N' est-il pas vrai qu' il est bien dur d' etre jolie et de vieillir ?"
Elle se tourne vivement et voit avec surprise auprès d'elle un vieux petit nain noir, qui reprend : "Vous me devinez sans doute ? Si vous voulez vous donner à moi, je conserverai vos charmes ; à 80 ans vous serez belle encore et vous ferez des conquetes."
Ninon réfléchit un instant, passa le marché, qui fut très bien tenu ; et quelques instants avant sa mort, elle vit au pied de son lit, le petit nain noir qui l' attendait. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Ven 8 Juin 2012 - 0:17 | |
| Mariagrane (Marie)
Sorcière qui dit avoir vu souvent le diable s' accoupler avec une infinité de femmes ; que sa coutume est de connaitre les belles par-devant, et les laides à rebours. Delancre observe que le diable aime mieux la sodomie que la plus réglée volupté, et qu' il voit les femmes tout aussi bien derrière que devant, selon le lieu où il est allé heurter.
Collin de Plancy : Dictionnaire infernal (18e siècle) | |
| | | shéhérazade Agilité postale
Messages : 926 Inscription le : 01/11/2009 Age : 41
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Ven 8 Juin 2012 - 13:49 | |
| - Citation :
- Et chaque été, à l’Epine, tous, les grands et les petits, les cousins et les cousines, ils montaient une pièce qu’ils jouaient le soir du 15 août dans la salle du chapitre devant leurs parents, leurs oncles et tantes, assise sur les gradins de pierre. Comme c’étaient les grands qui jouaient, c’étaient eux qui choisissaient la pièce, et les petits faisaient les figurants, hallebardiers ou soubrettes, tout à fait inutiles, mais pour qui l’on inventait une réplique qu’il faudrait bien que chacun d’eux dise sans se tromper, en mourant de trouille, tout seul devant l’assemblée silencieuse des parents et des oncles et tantes qui allaient l’applaudir dès qu’il aurait fini sa phrase.
Les hautes falaises, Jean-Paul Goux | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Sam 23 Juin 2012 - 22:49 | |
| - Citation :
C'est ainsi que je quittai le pays. Et ainsi commencèrent sept nouvelles années de ma vie que je passai, toutes les sept, à l'étranger. Quand je fais le total de ce qui m'en reste, je vois que ce n'est presque rien. On a vécu, voilà tout. Il y a des gens qui vont dans la vie avec assurance, comme les bergers de la Bible, quand l'étoile brillait au ciel ; pas un de leurs gestes qui ne soit fait à bon escient, pas une de leurs paroles qui ne porte ; ils ont mesuré d'avance le chemin qu'ils ont à parcourir, ils en ont d'avance compté les étapes. Mais c'est des gens qu'on trouve seulement dans les livres, parce qu'il faut bien flatter le lecteur. Il faut qu'il comprenne tout de suite à qui il a affaire et quelle espèce d'hommes c'est. Il s'agit que les événements, dans les livres, soient comme des chemins qui se coupent à un endroit donné, et il y a des carrefours où tout le monde se retrouve. Il s'agit que vous vous attendiez aux choses qui vont arriver, sans quoi vous vous sentiriez perdus. Moi, je n'ai pas su où j'allais. Les choses venaient comme elles voulaient, non pas comme j'aurais voulu qu'elles viennent. On a besoin d'abords de pain, c'est seulement à quoi on pense. Et le temps s'en va heure à heure, jour après jour, semaine après semaine : on va toujours, on ne sait pas. Est-ce qu'on sait jamais, nous autres ? On pour les gens ceux qui passent. On n'a point de parents, ni d'amis parmi eux ; qu'on soit gais ou bien qu'on soit tristes, ils ne s'en doutent même pas. Alors on se débat, c'est tout ce qu'on peut faire. Sorte d'introduction à la deuxième partie de Vide de Samuel Belet de C.F. Ramuz. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 24 Juin 2012 - 9:49 | |
| - C’est à Londres. Vous y êtes allé ?
- Oui, autrefois, pour mon anglais.
Stéphane eut un coup au cœur et demanda d’une voix changée :
- Vous avez eu un Anglais ?
- Oh ! Je parlais de la langue anglaise. Béatrix Beck, La prunelles des yeux | |
| | | shéhérazade Agilité postale
Messages : 926 Inscription le : 01/11/2009 Age : 41
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 24 Juin 2012 - 9:56 | |
| Ma prochaine commande de livres comprendra des Béatrix Beck !! Je viens de relire son fil et des extraits, ça a l'air chouette chouette !! | |
| | | Exini Zen littéraire
Messages : 3065 Inscription le : 08/10/2011 Age : 51 Localisation : Toulouse
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Ven 20 Juil 2012 - 19:52 | |
| "... Il se mit à pleuvoir à nouveau après mon retour à la maison. Je n'écoutais ni la radio, ni la télévision ce soir-là. A minuit dix, j'enfilai mon manteau, mis mon chapeau, descendis à la boutique et allumai la guirlande d'ampoules au-dessus du ponton, les projecteurs qui illuminèrent le bayou, ainsi que toutes les lampes de la boutique. Je me préparai du café, passai la serpillère, coupai du pain pour mon sandwich et récitai mon rosaire en écoutant la pluie qui battait sur le toit jusqu'à ne plus entendre qu'elle. Je me rendis compte alors que ce n'était plus la pluie que j'écoutais, mais des grêlons qui rebondissaient et fumaient sur le ponton avant de fondre en filaments blanchâtres sous les projecteurs. J'avais envie de rester à jamais sous cette lumière froide qui illuminait le ponton et la boutique, de garder Bootsie et Alafair là avec moi, et de laisser le reste du monde continuer à sa manière, ses villes, ses commerces et son inhumanité pris au piège entre le matin et la noirceur des arbres. Mais c'était moi qui refusais de laisser le monde suivre son cours. ..."
"...La camionnette à plateau de Passion était le seul véhicule dans le parking de la boite de nuit. J'entrai par la porte latérale et vis une femme assise à l'antique piano près du mur du fond. Elle était totalement absorbée par sa musique et n'avait aucune conscience d'une autre présence dans le bâtiment. Ses bras puissants se levaient et sa silhouette s'étoffait de leur ombre tandis que ses doigts roulaient sur toute la longueur du clavier au touches jaunies. J'étais incapable de reconnaître le morceau qu'elle jouait mais le style était inimitable. C'était Albert Ammons, Jerry Lee Lewis et Moon Mulligan; sa musique sortait droit des bastringues du Sud, vieille d'un demi-siècle. C'était Memphis et le Texas dans un rhythm and blues qui vous brisait le coeur. ..." " Purple Cane Road" de James Lee Burke | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 1 Aoû 2012 - 16:09 | |
| Le visage de Dianah avait toutes les caractéristiques de celui des belles femmes de cette année. Tout y était saillant. Les yeux. Les pommettes. Les lèvres. Les dents. Sa chevelure blond platine se décollait d'environ quinze centimètres de ses oreilles, comme les pans d'un imperméable soudainement écartés. Cette coiffure lui donnait l'air d'une exhibitionniste dévoilant son visage.
Karoo, Steve Tesich | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mar 7 Aoû 2012 - 16:40 | |
| Anna oublie de mettre son manteau, descend les escaliers. Elle traverse le parc, marche le long de l' eau. Elle tourne en rond. Le meme parc, le meme pont, les memes maisons, les memes gens sur un banc. Elle marche et regarde l' eau. Elle ne peut pas s' arreter. Comme si cette marche et cette observation pouvaient la retenir, comme si cela pouvait la protéger. Comme si elle marchait à travers une chambre d' où personne ne la chasse... Elle attend qu' il soit tard pour oser rentrer chez elle, dans sa cuisine, devant sa table où repose l' enveloppe jaune. Elle attend que le matin se montre à la fenetre, avec son premier bleu sombre, qui a, meme aujourd' hui, toujours la meme allure immuable.
Dernier dimanche
Pourquoi ne suis-je pas partie à pied ? J' aurais pu partir, j' aurais su qu' il me suivait des yeux, j' aurais disparu au premier coin de rue et puis j' aurais pressé le pas. J' aurais crié le nom de T. sans arret, jusqu' à la porte de notre immeuble, en me moquant de ce que les autres pensaient de moi...Je sais qu' il est toujours dans le tram, juste à deux ou trois mètres de moi, et je lève les yeux, mais il n' y a que moi, sur la vitre.
Prières
L' Eté le plus chaud : Zsuzsa Bank | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Ven 10 Aoû 2012 - 15:43 | |
| A Los Angeles, où j' étais alors Consul général de France, en entrant un matin dans le salon, j' ai trouvé un oiseau-mouche qui était venu là en toute confiance, mais qu' un coup de vent, en fermant la porte, avait emprisonné entre les murs pendant toute la nuit. Il était assis sur un coussin, minuscule et frappé d' incompréhension, peut etre désespéré et perdant courage, et il était en train de pleurer d' une des voix les plus tristes qu' il me fut jamais donné d' entendre. J' ai ouvert la fenetre et il s' est envolé et j' ai rarement été plus heureux qu' à ce moment-là... Une autre fois, en Afrique, je pus donner à temps un coup de pied à un chasseur qui était en train de viser une gazelle immobile au milieu de la route... Je ne sais pas ce que je vois au juste dans les yeux des bètes, mais leur regard a une sorte d' interpellation muette, d' incompréhension, de question qui me rappelle quelque chose qui me bouleverse complètement.
Romain Gary : La Promesse de l' aube | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Sam 11 Aoû 2012 - 20:40 | |
| Ça te ressemble bien ce passage Bix | |
| | | Exini Zen littéraire
Messages : 3065 Inscription le : 08/10/2011 Age : 51 Localisation : Toulouse
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 19 Sep 2012 - 21:27 | |
| "Au cours des dix dernières années, j'ai eu quarante-deux emplois dans six Etats différents. J'en ai laissé tomber trente, on m'a viré de neuf, quant aux trois autres, ç'a été un peu confus. C'est parfois difficile de dire exactement ce qui s'est passé, vous savez seulement qu'il vaut mieux ne pas vous représenter le lendemain. Sans m'en rendre compte, je suis devenu un travailleur itinérant, une version moderne de Tom Joad des Raisins de la colère. A deux différences près. Si vous demandiez à Tom Joad de quoi il vivait, il vous répondait : "Je suis travailleur agricole." Moi, je n'en sais rien. L'autre différence, c'est que Tom Joad n'avait pas fichu quarante mille dollars en l'air pour obtenir une licence de lettres."
"Tribulations d'un précaire", Iain LEVINSON | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 26 Sep 2012 - 22:18 | |
| - Citation :
Moscou est belle comme une sainte napolitaine. Un ciel céruléen reflète, mire, biseaute les mille et mille tours, clochers, campaniles qui se dressent, s'étirent, se cabrent ou, retombant lourdement, s'évasent, se bulbent comme des stalactites polychromes dans un bouillonnement, un vermicellement de lumière. Pavées en rondes bosses, les rues sont pleines du tintamarre des cent mille fiacres qui déferlent jour et nuit; étroites, rectilignes ou cerclées, elles s'insinuent entre les façades rouges, bleues, safranées, ocrées des maisons pour s'élargir soudainement devant un dôme d'or que des bandes de corneilles criardes fouettent comme une toupie. Tout ronfle, tout crie, l'hirsute porteur d'eau, le grand Tartare marchand de vieux habits. Les boutiques, les chapelles dégorgent sur les trottoirs. Des petites vieilles vendent des pommes de Crimée lisses comme des noix de galle. Un gendarme barbu s'appuie sur un grand sabre. On marche partout sur des bogues de châtaignes et les cupules croustillantes des petits fruits noirs du frêne. Une poussière de crottin grésille dans l'air comme des paillettes rousses dans l'eau-de-vie. Sur les places et dans un grand grincement des roues, les trams tournent autour des pyramides d'"arbouses" reluisantes qui ne sont fruits des arbousiers, mais pastèques ou melon d'eau. Un âcre relent de poisson pourri se détache aigu sur un fond mielleux de cuir fauve. Deux jours après, il neige. Tout s'efface, tout s'éteint. Tout est assourdi. Les traîneaux passent sans bruit. Il neige. Il neige de la plume et les toits sont de fumée. Les maisons se calfeutrent. Les tours, les églises s'éclipsent. Les cloches sonnent sous terre, semblent de bois. La foule s'agite toute neuve, menue, pressée, rapide. Chaque passant est un joujou à ressort. Le froid est comme un enduit résineux. Il lubrifie. Il vous emplit la bouche de térébenthine. Les poumons sont gras et l'on ressent une faim énorme. Dans chaque intérieur, les tables ploient sous le poids des victuailles; pâtés aux choux, parfumés et dorés; bouillon au citron, à la crème aigre; hors d'œuvre de toutes les formes, de tous les goûts; poissons fumés; viandes rôties; gelinottes à la confiture aigre-douce; gibiers; fruits; bouteilles d'alcool; pain noir, pain de soldat à la kalatche, cette pure fleur de froment Moravagine, Blaise Cendrars, pp.66-67 dans le Grasset Cahiers Rouges | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 26 Sep 2012 - 22:23 | |
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| Sujet: Re: Au fil de nos lectures | |
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