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| Au fil de nos lectures | |
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Auteur | Message |
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animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 26 Sep 2012 - 22:32 | |
| j'aime bien cette sensible variation de rythme sans changer la structure avec le passage à la neige. C'est un peu copieux mais diablement efficace et devient de plus en plus captivant. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Lun 8 Oct 2012 - 21:08 | |
| JUSTICE
La hantise du bagne vous accompagne dans les matins durs et trop chauds, dans les midis meurtriers pour l' homme d' Europe, dans les soirs fiévreux, bourdonnnants de moustiques. Il y a des forçats partout. On les reconnait à leur souquenille grise, au chiffre marqué sur la manche, au large chapeau de paille, à leur tete rasée et à leurs yeux. Mais on les reconnait aussi à la marque invisible du bagne. Point n' est besoin du fer rouge. Le bagne marque son homme, coupable ou innocent. Un certain degré de misère et d' abjection ne s' atteint pas sans qu' il en reste quelque chose d' ineffaçable. Il faut que le pénitencier soit un terrible creuset pour imprimer ce signe sur tous les visages... On étouffe dans cette cité de servitude. L' homme condamné est un numéro, une machine aveugle. On ne peut lui enlever totalement le droit de penser ; mais on s' y efforce. Le verdict prononçé, il est nu et dépouillé de son nom comme de ses vetements. Il porte les pechés de la société. Le juge est pur, les belles spectatrices du drame sont pures... Tous ces flaneurs qui viennent voir juger un homme sont purs ; et ils sont libres. Mais cet homme qui, hier était comme eux, aujourd' hui il n' y a plus de rédemption pour lui.
Louis Chadourne : Le pot au noir, 1923 | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Ven 26 Oct 2012 - 16:00 | |
| On dit que la prairie est dans les nuages alors qu' en réalité les nuages sont dans la prairie. On dit qu' une vapeur monte de la rivière comme si la rivière exhalait son ame en se mettant à l' envers, et c' est bien ce qui se passe. La rosée n' a négligé aucune feuille, aucun brin d' herbe. Au delà du jardin, les poteaux de cloture disparaissent de nouveau. On ne peut pas commencer les foins avant le retour du ciel.
Lyle est assis à sa fenetre ; il ne fume pas, ne lit pas, ne boit pas de café. Ce matin il s' est réveillé sans le coeur à sortir, meme pour aller à l' atelier poursuivre une tache inutile. Il fait un effort pour ne penser qu' au fait qu' il est asis à sa fenetre : il essaie de chasser de son esprit la souvenance, le désespoir. Il attend que le temps change, le temps ne change pas, il attend. Qui ne préfererait mourir lorsqu' il fait beau ? P 340-341
De nos jours, on trouve que la prairie ne vaut plus la peine d' etre fauchée... Sous sa toison sauvage, la prairie est toujours la prairie, entière, en attente de l' hiver. Des fleurs sauvages exultent toujours dans ses creux et dans ses bosses. Et les canaux d' irrigation, dévastés et envahis par l' armoise, sont ils tristes de leur inutilité savemment quadrillée ? P 343-344
Entre le ciel et le rocher de granit semblable à un oeuf, lisse comme un oeuf, qui flotte là-bas, au milieu du plus grand champ de la prairie, tout est d' un vert différent : la fléole des prés, les feuilles de saules, l' autre coté d' une feuille de tremble, l' armoise gris-vert, l' herbe jaune-vert du paturage, le bois vert loden, tous en cercle, avec ce rocher au centre, comme si la prairie était une oreille verte tendue pour écouter le bleu du ciel, comme s' il y avait un tait tiré entre le rocher et le ciel.
Ailleurs sur la montagne, la plus grande partie du vert reste enfermée dans les pins, la prairie est est jaunie par le soleil. Mais la prarie de Lyle est une hémorragie de vert, un réseau de voies d' eau et d' herbages tendu vers le ciel pour qu' il écoute... Le rocher de granit ne set qu' à le retenir. P 345
Prairie : James Galvin | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Sam 27 Oct 2012 - 22:45 | |
| Ce livre te plaît Bix, on dirait ! Pour ma part, charmée par ce passage : - Citation :
- L’herbe du diable n’est qu’un chemin parmi des millions d’autres. N’importe quoi peut servir de chemin. C’est pourquoi il ne faut jamais oublier qu’un chemin est seulement un chemin ; si tu sens que tu ne dois pas le suivre, alors sous aucun prétexte ne continue d’y avancer. Pour obtenir une telle lucidité d’esprit il faut discipliner sa vie. Alors, seulement, tu pourras comprendre que tout chemin n’est chemin auquel tu peux renoncer si ton cœur le désire sans faire affront à personne, ni à toi ni aux autres. Mais ta décision de poursuivre sur un chemin ou de l’abandonner doit être libre de peur ou d’ambition. Je te préviens, considère chaque chemin en toute liberté et avec une grande attention. […] Puis pose-toi, et à toi seul, une question : une question que seul un vieil homme peut se poser. […] « ce chemin a-t-il un cœur ? » Tous les chemins sont les mêmes, ils ne conduisent nulle part. il y a des chemins qui traversent la forêt, d’autres qui vont dans la forêt. […] Ce chemin a-t-il un cœur ? Si oui, le chemin est bon, sinon il est inutile. Ces deux chemins ne conduisent nulle part, mais l’un d’entre eux a un cœur et l’autre n’en a pas. L’un est propice à un merveilleux voyage ; aussi longtemps que tu le suis, tu ne fais qu’un avec lui. L’autre te fera maudire ta vie. L’un te rend fort, l’autre t’affaiblit.
Carlos Castaneda, L’herbe du diable et la petite fuméeEn fait, complètement convaincue... Je ne connaissais pas cet auteur (découvert dans une anthologie) | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 23 Jan 2013 - 22:23 | |
| - colimasson a écrit:
- Ce livre te plaît Bix, on dirait !
Pour ma part, charmée par ce passage :
- Citation :
- L’herbe du diable n’est qu’un chemin parmi des millions d’autres. N’importe quoi peut servir de chemin. C’est pourquoi il ne faut jamais oublier qu’un chemin est seulement un chemin ; si tu sens que tu ne dois pas le suivre, alors sous aucun prétexte ne continue d’y avancer. Pour obtenir une telle lucidité d’esprit il faut discipliner sa vie. Alors, seulement, tu pourras comprendre que tout chemin n’est chemin auquel tu peux renoncer si ton cœur le désire sans faire affront à personne, ni à toi ni aux autres. Mais ta décision de poursuivre sur un chemin ou de l’abandonner doit être libre de peur ou d’ambition. Je te préviens, considère chaque chemin en toute liberté et avec une grande attention. […] Puis pose-toi, et à toi seul, une question : une question que seul un vieil homme peut se poser. […] « ce chemin a-t-il un cœur ? » Tous les chemins sont les mêmes, ils ne conduisent nulle part. il y a des chemins qui traversent la forêt, d’autres qui vont dans la forêt. […] Ce chemin a-t-il un cœur ? Si oui, le chemin est bon, sinon il est inutile. Ces deux chemins ne conduisent nulle part, mais l’un d’entre eux a un cœur et l’autre n’en a pas. L’un est propice à un merveilleux voyage ; aussi longtemps que tu le suis, tu ne fais qu’un avec lui. L’autre te fera maudire ta vie. L’un te rend fort, l’autre t’affaiblit.
Carlos Castaneda, L’herbe du diable et la petite fumée
En fait, complètement convaincue... Je ne connaissais pas cet auteur (découvert dans une anthologie) ... Comme on se rencontre, Coli ! J' ai ouvert un fil à Cataneda où je parle de ce mystère qui l' entoure et ce que j' en pense. Voir - le suivant,-est mon préféré... Ensuite, compte tenu du succès, il n' a fait que se répéter... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Jeu 24 Jan 2013 - 22:28 | |
| Il faut que j'aille consulter ce fil alors ! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Ven 25 Jan 2013 - 11:19 | |
| La ligne d'horizon, nette comme l'entaille d'une épée, sépare la terre du bleu visqueux qui la surplombe. À perte de vue, pure absence. De choses, de plantes, d'animaux. Un néant uniforme, sans obstacle pour le regard. Être mouvant ou immobile ne semble pas faire de différence. Pourtant les ombres très courtes précèdent les dromadaires dont le pas foule inexorablement la surface lactée. Les êtres humains se balancent, ils flottent, leur visages sont bandés pour que la réverbération ne brûle pas leurs yeux. Ils avancent en file indienne, muets et aveugles, se fiant à l'instinct de la route, le même depuis mile ans, depuis que le premier pèlerin traversa cette étendue, en découvrant ses propres limites et la souffrance physique qui le rapprochait de Dieu, clément et miséricordieux.
Wu Ming 4, L'étoile du matin | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 10 Fév 2013 - 18:55 | |
| FONTAINE DE JOUVENCE - MUSCOGULGES ET SIMINOLES
Les sauvages de la Floride racontent qu' au milieu d' un lac est une ile où vivent les plus belles femmes du monde. Les Muscogulges en ont tenté maintes fois la conquete ; mais cet Eden fuit devant les canots ; naturelle image de ces chimères qui se retirent devant nos désirs...
Les Indiennes qu débarquèrent auprès de nous, issues d' un sang melé de cheroki et de castillan avaient la taille élevée. Deux d' entre elles ressemblaient à des créoles de Saint Domingue et de l' ile de France, mais jaunes et délicates comme des femmes du Gange. Ces deux Floridiennes m' ont servi de modèles pour Atala et Celuta... Il y avait quelque chose d' indéfinissable dans ces visages ovale, dans ce teint ombré que l' on croyait voir à travers une fumée orangée et légère, dans ces cheveux si noirs et si doux, dans ces yeux si longs à demi cachés sous le voile de deux paupières satinées qui s' entrouvraient avec lenteur ; enfin dans la double séduction de l'Indienne et de l' Espagnole.
Extraits des Mémoires d' Outre Tombe : Chateaubriand, livre VIIIe
Une prose vraiment somptueuse...
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Lun 4 Mar 2013 - 22:10 | |
| - Citation :
- Le soleil eut le temps de changer de position, de s'abaisser vers son site de quatre heures. Bloyé s'éveilla et s'étira. Il regarda ses compagnons qui dormaient encore avec des expressions amères. Il pensa :
- ils n'ont pas l'air gai quand ils dorment. Il se demanda ce que le sommeil faisait de son propre visage. Les visages qu'il voyait n'étaient pas des visages heureux, mais seulement des visages relâchés sur lesquels ne s'étendait qu'un apaisement provisoire. Ce sommeil n'était guère qu'une rupture; il n'était pas uni à la veille qui l'avait précédé, à celle qui le suivrait. Cette continuité des veilles et du sommeil, ce passage lié et ce rythme de respiration du bonheur n'appartiennent qu'aux enfants. Le sommeil de ses amis n'était qu'une pause, comme celles où s'abandonnent les soldats entre deux manœuvres, les faucheurs entre deux champs moissonnés, c'était un genre de sommeil trop exceptionnel dans leur existence pour qu'il dissipât mieux que le sommeil de leurs nuits les marques profondément creusées de leur vie. L'expression du sommeil, du désœuvrement n'était qu'un voile, un brouillard qui couvrait légèrement les visages, mais sous ce voile, ce brouillard de paix apparaissaient encore les empreintes du jour, les cicatrices de la veille. Le cheval de Troie, Paul Nizan, pp 32-33. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Jeu 7 Mar 2013 - 21:29 | |
| J'aime bien ce passage, merci pour le partage animal. Ca fait un moment déjà que je veux lire Paul Nizan... | |
| | | shéhérazade Agilité postale
Messages : 926 Inscription le : 01/11/2009 Age : 41
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 7 Avr 2013 - 11:12 | |
| - Citation :
- "Les premiers marrons d' Inde tombent le long du trottoir.
Tombent comme des plombs, roulent comme des billes. Autrefois c'était la rentrée. On les chassait à coups de souliers. Ils avaient une couleur brulée, brune et brillante. On discernait dans le brouillard gris la silhouette du kiosque à musique vide comme l' épave d' un bateau naufragé, comme une salle après le bal, comme un lendemain de fete. Les grands marronniers étaient roux et le sol couvert de coques vertes. On récitait Rosa la rose..." Quelqu'un sait-il d'où vient cet extrait ? je l'avais noté sans référence Bix je crois. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | shéhérazade Agilité postale
Messages : 926 Inscription le : 01/11/2009 Age : 41
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 7 Avr 2013 - 11:28 | |
| Super merci Kenavo | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| | | | shéhérazade Agilité postale
Messages : 926 Inscription le : 01/11/2009 Age : 41
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 7 Avr 2013 - 15:57 | |
| Si si énormément en effet :) j'ai noté ce nom quelque part ! ça me fait pensé à Marie Rouanet, d'ailleurs elle le cite dans son top 10 littéraire. tout le livre est écrit comme ça ? | |
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