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| Nicolas Fargues | |
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+3bertrand-môgendre kenavo Aeriale 7 participants | |
Auteur | Message |
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Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Nicolas Fargues Lun 7 Avr 2008 - 14:40 | |
| Né en 1972, Nicolas Fargues a déjà écrit 4 romans aux Editions P.O.L. : Le Tour du Propriétaire (2000), Demain si vous voulez bien (2001), One Man Show (2002), Rade terminus (2004). J'étais derrière toi (2006) Beau rôle est son sixième roman . - Citation :
Nicolas Fargues est né en 1972. Enfance au Cameroun, au Liban puis en Corse. Études de lettres à la Sorbonne. Mémoire de DEA portant sur la vie et l’œuvre de l’écrivain égyptien Georges Henein. Deux ans de coopération en Indonésie, retour à Paris, petits boulots, publication en 2000 du Tour du propriétaire. De 2002 à 2006, dirige l’Alliance Française de Diégo-Suarez, à Madagascar. Il a deux enfants. Il vit actuellement à Paris J'avais lu de lui " J'étais derrière toi" . Un roman que l'on imaginait inpiré de sa propre expérience, où il racontait une histoire d'amour et de rupture d'une façon foncièrement authentique. Ce roman m'avait à la fois touchée par sa franchise mais un peu dérangée par l'aspect oppressant, limite impudique, de cette passion. Ici il nous livre aussi les confessions d'un homme jeune et connu (qui lui ressemble comme un frère) avec le même style: simple et efficace, mais avec un côté plus enlevé et que j'ai eu plaisir à retrouver. Beau rôle- éditions POL- Antoine est un acteur trentenaire, beau gosse et charmeur, qui vient juste de se faire connaître grâce à un premier rôle dans un film à succés. Il se retrouve donc à ces moments de la vie où l'on se pose des questions, porté par sa petite gloire naissante, la reconnaissance qui l'accompagne, et l'image qu'il projette sur les autres, d'autant qu'il est métis et qu'il sort d'une rupture affective. Une période de doute où pointe l'angoisse du temps qui passe, celle de ne pas trouver l'amour ni d'asseoir sa carrière. Des questionnements donc, livrés à brûle pourpoint, dans un style direct et fluide, et mêlés à des réflexion sur ses origines. Il nous décrit tout cela avec beaucoup de spontanéité et d'honêteté, sans fausse pudeur. Conscient de son image et de ce qu'elle véhicule, il sait en tirer profit mais n'est jamais dupe. Le doute perpétuel dans lequel il est lui permet de garder la tête solide. Même si ce n'est pas toujours facile. J'ai bien aimé ce roman, et le personnage d'Antoine qui nous fait encore penser par pas mal de côtés à son auteur. Cynique sans l'être trop, humain ce qu'il faut, j'ai trouvé qu'il dépeignait le monde qui l'entourait avec la bonne distance. Son roman est bourré de vérités qui nous renvoient à nos propres arrangements avec la vie et tout cela sonne très juste. C'est léger, souvent drôle, et toujours un peu cru. Mais surtout très sincère. Nicolas Fargues est un auteur sans prétention qui me touche parce qu'il ose se mettre à nu. Et ce n'est pas si courant! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Nicolas Fargues Lun 7 Avr 2008 - 19:13 | |
| Merci d'avoir ouvert ce fil.. et aussi pour cette présentation. J'étais pas sûre si j'allais suivre ce monsieur dans ses prochains livres Découvert avec Rade terminus, j'ai lu One man show et J'étais derrière toi - mais avec ce livre je me suis un peu ennuyée - mais c'était aussi peut être dû au fait qu'il faut de temps en temps faire une 'pause auteur' - mais avec ton aperçu tu me redonnes envie de le lire.. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Nicolas Fargues Lun 7 Avr 2008 - 19:38 | |
| - kenavo a écrit:
- Merci d'avoir ouvert ce fil.. et aussi pour cette présentation. J'étais pas sûre si j'allais suivre ce monsieur dans ses prochains livres
Découvert avec Rade terminus, j'ai lu One man show et J'étais derrière toi - mais avec ce livre je me suis un peu ennuyée -mais c'était aussi peut être dû au fait qu'il faut de temps en temps faire une 'pause auteur' Oui pour la pause, Kenavo . Et aussi sur le fait que le dernier m'a paru un peu redondant, lancinant...J'étouffais un peu avec ses problèmes de couple mal réglés et son incapacité à s'en sortir tout seul. Mais cet auteur a ma sympathie, bien qu'il soit souvent fustigé ou traité de nombriliste, de vaniteux et je ne sais quoi d'autre... Ce que je ne trouve pas, bien au contraire! Dur d'être à la fois beau et sympathique...On ne pardonne pas la moindre légèreté ni la moindre confidence. Ce genre d'auteurs ont sans cesse à prouver leur légitimité! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Nicolas Fargues Lun 7 Avr 2008 - 19:44 | |
| - aériale a écrit:
- Et aussi sur le fait que le dernier m'a paru un peu redondant, lancinant...J'étouffais un peu avec ses problèmes de couple mal réglés et son incapacité à s'en sortit tout seul.
Oui - la première partie en Italie avec la rencontre de la jeune fille était sublime.. j'adorait - peut être trop.. par après je trouvais qu'il avait perdu un peu de légerté.. et aussi qu'il a peut être étalé trop.. - aériale a écrit:
- Dur d'être à la fois beau et sympathique...On ne pardonne pas la moindre légèreté ni la moindre confidence. Ce genre d'auteurs ont sans cesse à prouver leur légitimité!
Tout à fait d'accord.. d'ailleurs je voulais l'écrire avant - mais effectivement - on ne peut pas lire une critique de cet auteur sans trouver la mention - 'le beau', 'il est joli et pourrait être modèle' etc. je suis d'accord que parfois cela peut aider dans nos temps superficiels à vendre des livres - mais pour lui cela doit être un peu la galère - parce qu'en dehors d'être beau il peut vraiment écrire (mais il est vraiment très joli ) | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Nicolas Fargues Lun 7 Avr 2008 - 19:59 | |
| - kenavo a écrit:
- quote]Oui - la première partie en Italie avec la rencontre de la jeune fille était sublime.. j'adorait - peut être trop.. par après je trouvais qu'il avait perdu un peu de légerté.. et aussi qu'il a peut être étalé trop..
Tout à fait d'accord Kenavo;) En Italie, on le suivait pas à pas...c'était frais, léger, ça sentait le printemps et l'amour! Par la suite...pffft...ça manquait vraiment d'oxygène! Et puis un homme (ou une femme d'ailleurs) qui se laisse annihiler, dominer à ce point...c'est très dérangeant au final. - kenavo a écrit:
- (mais il est vraiment très joli )
.. Oui, on peut le dire , tant pis si ça fait café du commerce | |
| | | bertrand-môgendre Sage de la littérature
Messages : 1299 Inscription le : 03/02/2007 Age : 69 Localisation : ici et là
| Sujet: Nicolas Fargues Mer 9 Avr 2008 - 16:26 | |
| J'étais derrière toi de Nicolas Fargues Broché: 216 pages Editeur : POL (2 mars 2006) ISBN-10: 2846821313 Présentation de l'éditeurC'est dans la trentaine que la vie m'a sauté à la figure. J'ai alors cessé de me prendre pour le roi du monde et je suis devenu un adulte comme les autres, qui fait ce qu'il peut avec ce qu'il est. J'ai attendu la trentaine pour ne plus avoir à me demander à quoi cela pouvait bien ressembler, la souffrance et le souci, la trentaine pour me mettre, comme tout le monde, à la recherche du bonheur. Qu'est-ce qui s'est passé ? Je n'ai pas connu de guerre, ni la perte d'un proche, ni de maladie grave, rien. Rien qu'une banale histoire de séparation et de rencontre. Mon commentaire : Un homme perdu dans sa relation conjugale déséquilibrée, relève la tête peu à peu, fortifie sa confiance en lui avec l'amour complice d'Alice, son gros secret à ne pas partager. Ecrit comme une confidence intime, Fargues utilise le lecteur comme un thérapeute, l'invitant dans le secret d'un confessionnal. Le livre rend mal à l'aise l'homme que je suis, ne supportant pas qu'une tierce personne (homme ou femme), puisse utiliser la violence (verbale ou physique) pour se faire entendre. En cela les personnages sont formidablement bien dépeints, atteignant pour l'un (Alexandra, la désespérée) le paroxysme de l'abjecte, pour l'autre, le mari en manque de câlin maternel, la dépendance démesurée. Le machiavélisme des situations tarabiscotées sont réduites à néant, dès lors que l'humain réagissant, fait bouillir ses tripes laissant libre court à son coeur amoureux. Fargues utilise la citation de Nietzsche « tout ce qui ne tue pas rend fort », semble être l'image la plus appropriée pour résumer ce roman fleuve (dans le sens où tout coule, comme dit l'auteur). L'histoire de ce personnage qui se débat dans un univers oppressant, qui le rend, ni jaloux, ni mâle heureux, ni vivant, ni mort, donne à la lecture un besoin d'air pur, une nécessaire envie de souffle nouveau. Une question demeure en suspend : qu'est ce qui peut bien pousser une femme (ou un homme) à agir en tyran de la sorte ? Ces gens ne méritent aucune pitié (évitant ainsi de rentrer dans leur jeu, dominant, dominé) mais assurément, une sérieuse analyse approfondit. L'écriture de Fargues est simple, lâchée, agréable à lire. Nous restons accrochés aux récit du personnage qui a l'air de chuchoter son mal être. Avant qu'il ne se réveille nous attendons son cri de délivrance, comme un bon coup-de-pied au derrière à la personne qui lui bouche la vie. Les méchants sont mauvais, mais les pires sont les bons, tant qu'ils se taisent (bertrand-môgendre) | |
| | | bertrand-môgendre Sage de la littérature
Messages : 1299 Inscription le : 03/02/2007 Age : 69 Localisation : ici et là
| Sujet: Beau rôle de Nicolas Fargues Mer 9 Avr 2008 - 21:09 | |
| Beau rôle de Nicolas Fargues
Broché : 274 pages Editeur : POL (3 janvier 2008) ISBN-10 : 2846822247
Présentation de l'éditeur
Jeune premier plus si jeune ayant connu succès public au cinéma cherche rôle aux côtés actrice célèbre. Présente signe particulier mais demande être jugé sur pièce. Metteurs en scène franco-français s'abstenir.
Mon commentaire
Un début prometteur introduit l'histoire anodine des retrouvailles de ces copains d'avant qui s'invitent après une semi-existence passée à affirmer leurs différences dans leurs conditions professionnelles bien assimilées. Alors que l'un est devenu comédien de série à succès, il discrédite, arguments à l'appui, le cinéma français. L'intention première vire au pugilat, aux procès d'intention, bafouant la retenue due aux élégances de la conversation de gens bien élevés.
Nicolas Fargues utilise ses personnages pour déprécier la qualité des acteurs, des metteurs en scène, des réalisateurs français. Parfois je rejoins certaines de ses idées concernant la manière de filmer non américaine des réalisateurs, comme Alejandro Gonzalez Inarritu (hormis Babel). Beaucoup de références à de bons films.
Même si le rôle du personnage d'Antoine est costumé, de fait, pour jouer le destructeur de service, je retiens, malgré tout, l'utilisation mesquine de l'écrivain pour rendre des comptes par roman interposé. Le livre est aussi un prétexte pour soulever les problèmes de la jeunesse aux prises avec les nouvelles technologies, le malaise de l'enseignement, la planète en péril, le réchauffement climatique, l'immigration...
En fait, je n'avais pas envie de trouver dans ce livre ce genre d'avancées revendicatrices portées par un professeur et son ami d'enfance devenu comédien, frisant la petite notoriété. Son côté polémiste revient en cours de texte, comme redondance, pour défendre la position des hommes de couleur, français.
Le Héros Antoine est face à une perpétuelle mise en abyme de sa condition de privilégié par rapport au vécu de ses concitoyens, aux conditions de ces “Noirs” omnibulés par la magnificence de l'Europe, attirés comme moustiques à la lumière des néons, la nuit. Il recadre, mesure, tempère, décrypte, décante les intérêts des “Blancs contre les Noirs ”, pose sur la balance le pour et le contre. Fargues s'attribue un beau rôle de composition rapportant avec soin, le malaise vécu par un “Noir” (comme il dit) pris dans la tourmente d'une société de privilégiés. Les références à longueur de pages m'ennuient. Il se pose trop de questions, le “bounty, noir dehors, blanc dedans ”
Fargues marque trop les différences existantes entre l'éducation des “gens de couleur ” en France, (pays décidément plus tolérant que leur pays d'origine) “et les enfants de visages clairs, de cheveux filiformes et d'yeux clairs où chacun affiche cette assurance d'être naturellement dotés des attributs physiques les plus enviables de la race humaine ou chacun tire, sans le savoir, sa force et sa confiance en lui, de cette conviction-là ” Une belle tirade sur l'humanisme naturel déployé par ses frères de sang, avec à la bouche ce regret perpétuel pour certains, d'avoir choisi la voie de l'Europe, celle-là même qui les tient à la gorge, uniquement pourvus d'un billet de non-retour.
J'apprécie peu le procédé, qui m'empêche de commenter la qualité d'écriture. | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Nicolas Fargues Mar 29 Juil 2008 - 23:54 | |
| J'étais derrière toi
Plaisante, la rencontre de "je" avec Alice. Plaisante la description de leur amour naissant, de leur aventure, de leur nuit originale, de leur année virtuelle... Précise et faisant froid dans le dos la description du couple de "je" et Albertine. Une description des sentiments ambigus de "je", de 'limpasse dans laquelle il se trouve... Ca pourrait paraître effroyablement juste, mais ça m'est apparu effroyablement caricatural. En fait, je n'ai pas accorché à cette série, à cette litanie de confidences qu'il me faisait à moi, alors que je n'étais pas près à les recevoir. Je n'ai pas aimé ses excuses foireuses après des jeux de mots encore plus foireuse. Plutôt que cette "complicité", j'aurais préféré que l'auteur établisse plus de distance dans son roman, qu'il abandonne ce ton de conversation qu'il adopte dès le début et qui m'a lassé très vite.
En fait, je viens de lire 7 ou 8 romans ces deux derniers mois qui étaient tous écris à la première personne et celui-là est celui de trop, celui où je n'ai pas pu accompagner "je" au seul regard des mots qu'il me fournissait... | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Nicolas Fargues Mer 30 Juil 2008 - 9:41 | |
| - Steven a écrit:
- En fait, je n'ai pas accorché à cette série, à cette litanie de confidences qu'il me faisait à moi, alors que je n'étais pas près à les recevoir. Je n'ai pas aimé ses excuses foireuses après des jeux de mots encore plus foireuse. Plutôt que cette "complicité", j'aurais préféré que l'auteur établisse plus de distance dans son roman, qu'il abandonne ce ton de conversation qu'il adopte dès le début et qui m'a lassé très vite.
Je pense tout comme toi Steven. Bien aimé au début ce livre et même le ton de confidence que Fargues emploie pour nous impliquer dans son récit car c'est léger, joyeux, vivant ...Et puis ça se gâte, et de confident le lecteur se retrouve voyeur. Très vite j'ai étouffé dans cette seconde partie où des problèmes de couples, piégés dans des rapports passionnels dominant-dominé, viennent impudiquement court-circuiter ce qui au départ avait des allures de vacances romaines narrées avec fraîcheur par un jeune homme amoureux. D'autant que dans l'histoire il n'a pas le beau rôle justement, et que cette intimité en devient d'autant plus génante. Thérapie sans doute pour lui, mais voyeurisme pour nous du coup, et on finit par décrocher de ce tumulte à deux dans lequel on se sent de trop. - steven a écrit:
- Une description des sentiments ambigus de "je", de 'limpasse dans laquelle il se trouve... Ca pourrait paraître effroyablement juste, mais ça m'est apparu effroyablement caricatural.
Ceci dit se livrer sans garde-fou a quelque chose d'héroïque mais je n'y ai pas vu de caricature. Possible qu'elle t'ait apparue car nous n'avons pas les clés pour tout déceler, que les rapports de couple sont tellements particuliers et réservés à l'étroite sphère de ses protagonistes, qu'ils nous apparaissent vite grossièrement caricaturaux. Parce qu'on y voit que les grosses lignes et pas assez le tissu dont ils sont faits. Je continue donc de penser que cet auteur est sincère (trop?) et qu'il a quelque chose qui retient l'attention. Mais je ne pourrais pas le conseiller à tout le monde car je peux comprendre aussi qu'il puisse agacer | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Nicolas Fargues Mar 6 Oct 2009 - 0:30 | |
| Le roman de l'été - Citation :
- C'est le début des vacances d'été dans le Cotentin. Après une vie d'échecs divers, John, 55 ans, voudrait se mettre à la littérature. Mary, sa fille, lui annonce son arrivée prochaine, avec son compagnon et une nouvelle amie italienne. Jean, lui, est sur le point de partir en retraite de son emploi de soudeur de coques de sous-marins à la DCN de Cherbourg. Il est marié à Claudine. Ils ont un fils, Frédéric, employé à la SOREDA, l'usine de retraitement de déchets nucléaires de la région. Le rêve de Jean : percer une ouverture dans le mur de sa maison pour voir la mer. Seulement, le bâtiment étant construit en bordure du terrain de John, il faudrait l'accord de ce dernier. Chassés-croisés entre les deux familles sur fond de petites manoeuvres politiques du député-maire du village. Malentendus, quiproquos, instrumentalisation des uns par les autres, incommunicabilité intrafamiliale et interculturelle, amours déçues.
C'est un livre choral, un instantané de la société française, le temps d'une saison, quelque part dans le Cotentin. Nicolas Fargues, dans Le roman de l'été, manie l'ironie (quelque peu misanthrope) avec un plaisir évident, qu'il n'a pas de mal à faire partager. Ses portraits des bobos parisiens, en villégiature, des édiles locaux ou des simples "autochtones", sont l'occasion pour l'auteur d'exercer sa verve pour capter l'air du temps, talent encore plus évident dans des dialogues hilarants. Il y a bien quelques facilités de langage, un style parfois relâché et quelques histoires périphériques sans grand intérêt, mais Fargues est toujours juste devant les veuleries et petites hypocrisies de ses personnages aux faiblesses pathétiques. On pourrait aisément ranger ce roman entre Djian et Dubois mais puisque Fargues se targue d'être plus inspiré par le cinéma que par la littérature alors, c'est plutôt le couple Jaoui/Bacri qu'il faudrait appeler à la rescousse. Nicolas Fargues dit lui-même qu'il a conscience d'avoir écrit un roman périssable, dont l'intérêt risque de diminuer une fois que l'air du temps, justement, aura changé. Cela n'enlève rien à la paisible jubilation que ressent le lecteur d'aujourd'hui à cette comédie de moeurs joliment troussée. Et tant pis pour la postérité ! | |
| | | FrançoisG Envolée postale
Messages : 281 Inscription le : 29/09/2009 Localisation : Au calme dans ma maison
| | | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Nicolas Fargues Mer 16 Mar 2011 - 13:42 | |
| Nicolas Fargues a eu le prix France Culture-Télérama pour Tu verras. L'occasion de le découvrir? | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Nicolas Fargues Mer 16 Mar 2011 - 13:45 | |
| - topocl a écrit:
- Nicolas Fargues a eu le prix France Culture-Télérama pour Tu verras.
L'occasion de le découvrir? oui, j'avais lu cela hier.. et du coup je ne sais plus où situer ce prix.. parce que je pense que j'ai fait le tour avec cet auteur mais si tu vas découvrir, je serais curieuse de lire ton avis pour savoir si je lui donne encore une chance | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| | | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Nicolas Fargues Mer 6 Avr 2011 - 15:23 | |
| Tu verras - Citation :
- Dans les jours et les semaines qui suivent la mort accidentelle d’un enfant, un pré-ado, on y voit et on y écoute son père revivre non seulement les circonstances du drame mais aussi leur vie quotidienne et tout ce qui commençait à les opposer l’un à l’autre, tous les conflits commençant qui dressent les fils contre les pères et d’autant plus lourdement quand il s’agit d’un père « séparé ».
Nicolas Fargues, 39 ans, écrivain, deux fois père. Tu verras, écrit à la première personne, raconte le deuil d'un père et, plus largement, les rapports qu'il a entretenu avec ce fils décédé, son éducation, les conflits générationnels de plus en plus fréquents. Pas un récit auto-biographique, donc, mais une mise en situation extrême, une entreprise risquée, quid de la légitimité de l'écrivain et de sa responsabilité dans cette fiction qui ose se frotter à un sujet aussi périlleux et impossible, a priori, de traiter sans pathos. Un roman que chaque lecteur appréhendera avec sa propre sensibilité et son vécu et qui, par conséquent, touchera plus ou moins. Mais s'il s'agit d'un livre sur le chagrin et la douleur d'un père, Tu verras est bien davantage que cela. Les sentiments du narrateur sont mêlés, la culpabilité y a sa place de même que l'impression lancinante d'avoir été égoïste, d'avoir réagi en "vieux con", incapable de comprendre la psychologie d'un pré-adolescent d'aujourd'hui. Ce père-là ne se fait pas de cadeau, fonctionnaire sans ambition, à la vie amoureuse sans éclat, vaguement raciste, vaguement réactionnaire, dans le vague pour à peu près tout et imperméable au monde qui l'entoure. En ce sens, le roman de Fargues est assez violent, sans tabous ni souci de politiquement correct. Il fait aussi le portrait d'une époque (Facebook, les familles recomposées,...) avec une acuité et une lucidité rares, qualités qu'on avait déjà décelées dans les précédents livres de l'auteur, mais davantage sur le mode de la légèreté ironique. La dernière partie de Tu verras surprend, un voyage en Afrique comme une renaissance, peut-être, ou en tous cas une façon d'assumer qui on est vraiment, ce que l'on a perdu et ce qu'il reste pour continuer à vivre. Il n'y a pas de dénouement véritable au livre, juste une vie en suspens, entre ciel et terre. Ce qui est clair, en revanche, c'est qu'il s'agit, et de loin, du meilleur roman de Nicolas Fargues à ce jour. | |
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| | | | Nicolas Fargues | |
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