Claude Ponti

Steven a écrit:

Les albums de Claude Ponti peuvent être lu à différent niveau. Une lecture très fine de certains albums peut montrer qu'ils sont autant destinés aux adultes qu'aux enfants. Je pense à L'arbre sans fin, à Ma vallée, à Broutille

Steven a écrit:

(mon gros coup de coeur !), à Zénobie, à Paris , à bien d'autres aussi !

Steven a écrit:

Dans la catégorie roman, je rejoins pagesapages sur Les pieds bleus ; et je rajoute Le monde, et inversement qui est vraiment un superbe roman en plein surréalisme. Je n'ai jamais lu Est-ce qu'hier n'est pas fini ?, je l'ai régulièrement en ligne de mire....
Si il arrive au portail, je le lis !

ah oui, j'oubliais, merci

Steven a écrit:

(mon gros coup de coeur !), à Zénobie, à Paris , à bien d'autres aussi !

J'ai le livre Paris en main.
De bien belles illustrations. Le jardin du Luxembourg en particulier.

Pour tous les amoureux de la nuit, ceux qui choisissent de les vivre et ceux qui n'ont pas le choix et les subissent :

Citation :

Certaines nuits ne sont pas comme les autres. Ce sont des Nuits magiques.
La plus merveilleuse de toutes est la Nuit de l'Enfant-Lune. On la reconnaît facilement : dans le ciel, la Lune est une enfant qui joue avec les étoiles.

Broutille

Claude Ponti fût dessinateur dans l'Express-Paris
du journal au livre Paris
On apprend les détails de son embauche.

Paris - Livre de Claude Ponti

Citation :

La chimère assoupie

Jusqu'à un matin de novembre 1989, Claude Ponti n'avait que rarement dessiné des objets aussi inoffensifs que des maisons. Ses fans des origines pourraient témoigner, collections personnelles à l'appui, qu'il avait plutôt débuté dans le domaine du montre. Le monstre non agressif certes, peut-être même dépressif, mais bel et bien monstrueux: nains cylindriques cogitant en apesanteur, caryatide rêveuse mais assurément difforme et indiscutablement lubrique, Gorgone assoupie mais éventrée... Tous objets et créatures d'autant plus inquiétants que d'apparence placide, nés d'un trait d'une méticuleuse précision, et placés sous un éclairage cru.
A cette époque, Freud et toute sa famille se seraient perdus dans la plus petite des esquises de Ponti, et tous les disciples de l'École de Vienne auraient suivi dans l'abîme quand il se mit à dessiner des forêts et à les peupler de ses chimères.
Mais que tout cela était beau! Et l'est toujours vingt ans après. Certes, j'ai connu une baby-sitter antillaise qui refusait de garder ma fille dans la
pièce où le nain lévitait. Une épouse qui attendit d'avoir accouché avant d'autoriser l'accrochage au mur d'une peinture de l'époque ''Forêts''. Mais jamais la lassitude n'est venue. Et surtout, ces oeuvres ont toutes fini par diffuser ce qui était leur essence même: une étrange douceur.
A L'Express, Ponti a d'abord donné des illustrations très noires, pui plutôt sombres, pui preques gaies. Il est vrai que les pages dans lesquelles il sévissait n'étaient pas toujhours en quadrichromie et que nous faisions surtout appel à lui pour les articles jugés non illustrables dans une iconographie traditionnelle. L'Express-Paris lui a donné l'usage de la couleur et presque mis le rose aux joues (formule un peu audacieuse quand on connît le maître!). Il était donc dessinateur à l'Express-Paris quand nous avons eu besoin d'une planche représentant avec précision toutes les façades de la rue du Jour. Commande passée entre quatre yeux, secrètement , tant pouvait paraître bizarre de demander un dessin architectural à celui qui, en ce temps-là, illustrait d'un trait encore un rien morbide la chronique humoristique de dernière page. Dessins livrés et publiés sous pseudonyme. Succès total. A tel point que, six semaine plus tard, nous avons dû renouveler la performance. Les façades de ce livre pointaient à l'horizon.

Citation :

Dessiner des promenades dans Paris, personne ne sait plus si ce fut une demande de notre part ou une proposition de la sienne. Mais dès la présentation des premiers essais, ce fut à nouveau l'unanimité. On créa pour Ponti les pages "Extérieux jour" que rassemble le présent ouvrage. Suivirent alors quatre-vingts semaine de petits bonheurs hebdomadaires, d'attendrissement, et de redécouvertes. La lumière avait pris le pas sur les ténèbres primordiales. Il ne faudrait pourtant pas croire qu'il y a deux Ponti et que les premiers montres sont les créatures d'une époque révolue, étrangère au doux Paris de ce livre. Quelque part sous le princeau, il a a eu synthèse, certainement pas rupture.
Ce que le Ponti inquiet des débuts a appris peu à peu sur la douceur et les couleurs de la vie s'est conjugué avec la nettteté de son trait et la précision de son regard pour aboutir à ce qui, déjà, est une réussite: donner une traduction graphique simple et limpide à une réalité aussi complexe que celle de la rue.
Mais il y a eu aussi inversion. A l'origine, au temps des Gorgones, l'étrange ou l'Inquiétant occupaient le premier plan. La douceur du fond n'apparaissait qu'à l'usage. Aujourd'hui, dans ces rues et ces jardins de Paris, c'est juste le contraire: on ne voit d'abord que la pais et l'harmonie, la tranquillité. Puis, à l'examen, on trouve telle ruelle bien tros déserte pourne pas être insolite, telle impasse enverdurée de liane un rien bizarre, et ce sous-bois obscur en plein ville carrément inquiétant.

Citation :

C'est en cela que le Ponti de ce livre prolonge le Ponti des origines. Regardez bien:on ne rend pas le trouble parfum d'un square, le silence trop lourd d'une place déserte, l'étrangeté d'une façade baroque, et même la tension immobile d'un embouteillage à Orly-Sud, sans avoir quelques accointances avec l'invisible, quelque perception aiguë du sous-jacent; bres, sans une science consommée du mystère et une vieille affiliation à l'étrange.
D'ailleurs, quelques élus le savent bien, même s'ils préfère ne pas trop le dire: au bout de ces rue anodines, derrière ces fenêtres innocentes, sous ces fondaisons, là où l'ombre mine de rien devient obscurité, il y a sans doute - il y a certainement - un petit monstre rêveur ou une chimère assoupie. Noël-Jean Bergeroux Directeur technique et artistique de l'Express

Steven a écrit:

Pour tous les amoureux de la nuit, ceux qui choisissent de les vivre et ceux qui n'ont pas le choix et les subissent :

Citation :

Certaines nuits ne sont pas comme les autres. Ce sont des Nuits magiques.
La plus merveilleuse de toutes est la Nuit de l'Enfant-Lune. On la reconnaît facilement : dans le ciel, la Lune est une enfant qui joue avec les étoiles.

Broutille

Les illustrations de cet album sont magnifiques. Ponti fait preuve d'une grande créativité, tant sur le plan des illustrations que de la narration.

Livre Paris - Claude Ponti
Vue sur Paris de l'atelier de Ponti

Fenêtre au soleil levant.
Fenêtre en début d'après-midi.
Fenêtre après l'orage. Fenêtre entre chien et loup.
Je suis chez moi, j'habite le ciel.

Ce livre de Paris est vraiment une belle découverte pour moi.
Dans ce livre qui n'est pas un roman...
mais un délicieux voyage à Travers la Ville que j'affectionne.
Il nous présente à sa manière et par ses croquis, de merveilleux endroits.
Les connus bien-sûr et de peu connus.

Dans son introduction , dans son livre Paris, Claude Ponti décrit arrondissement par arrondissement .
De Paris Claude Ponti dit:
- Paris est une forêt. Avec ses territoires, ses futaies, ses labyrinthes, ses surprises et des dangers.

- Il suffit de lever la tête pour découvrir une cheminée qui ressemble au mât d'un bateau.

- Il y a, comme dans toutes les forêts du monde, des points de repère rassurants. L'Arc de triomphe, la tour Eiffel, la place de la Concorde et celle de Notre-Dame, tous livrés aux card de touristes bercés par la voix des hôtesses, qui leur évite le vrai contact avec la ville trop multiple pour un car de touristes ensommeillées. Mais il suffit de faire un tout petit pas de côté, simplement de marcher, pour sentir la Ville, sa brillance spéciale, son énergie unique.

- Une demi-heure de marche dans Paris dissipe n'importe quel chagrin.

- Le Palais-Royal, c'est calme comme une musique de XVIIIe.

- On redescend vers le IXe. C'est un concentré de Paris, des facades sculptées, des places rondes, des rues étroites et droites, des vitraux à certaines fenêtres, un quartier d'ombre.

- Dans la vallée de la Seine, en aval, vers La Roche-Guyon, parviennent, déjà perdus, les échos de la Ville éternelle, de ses milles blessures, de ses histoires folles, de ses scintillement minuscules.

- Les Tuileries , le Palais-Royal le Louvre . Pendant la Révolution, on trouva utile d'y faire pousser des pommes de terre. Mais ça ne dura pas lontemps. Les patates furent remplacées par des statues genre Versailles, et puis, depuis 1964, les jolies dames de Maillot ont succédé aux tuiles, aux ordures, aux grenouilles et aux pommes de terre. Dans la galerie Vivienne, plus de petit théâtre de marionnettes, mais toujours l'ombre d'Isidore Ducasse, des vitrages balzaciens, des boutiques bizarres comme des greniers, et le souvenir d'un petit canon sur lequel était gravé : Hora non numero nisi serenas. Je ne compte que les heures sereines...

dans son livre Paris, Claude Ponti décrit arrondissement par arrondissement .
De Paris Claude Ponti dit:

Aux Tuileries plane la légende de l'Homme rouge, qui apparaîtrait les veilles de grand désastre, genre Waterloo. D'ailleurs, on l'a paraît-il vu la veille de Waterloo. Dans ce jardin plat, aux faux airs tranquilles, il s'est toujours passé des choses étonnantes.
C'est des Tuileries que s'envole en 1783 la première nacelle de ballon à hydrogène. Des Tuileries que décolle l'ancêtre des avions le " planophore".

Le Marais, la Bastille, Beaubourg, le Forum des Halles
- Vers la Bastille, après Saint-Paul, on rejoint les moments mémorables,
On peut penser à l'arbre qui remplaça la prison de la Bastille, c'était l'arbre de la Liberté.
Il y eut ensuite un énorme éléphant, Hugo y installa Gavroche, et puis une statue surmontée d'un agne trop brillant; au coin, l'Opéra a remplacé une sorte d'entrepôt où il y avait des expos, des festivals de B"D" qu'on a déjà oubliés.

Citation :

Tôt, les dimanches d'hiver, dans la rumeur du matin, il y a comme un silence. Et, dans ce silence, un autre silence. Une petite chose presque soluble: la voix des fontaines qui se sont tues. Certaines pour l'hiver, d'autres à jamais. On s'aperçoit alors que leur discrète disparition est un lent retrait dans les murs des maisons. Jusqu'à l'effacement.

dans son livre Paris
De Paris Claude Ponti dit:
Le Quartier latin

Citation :

C'est là que Jean Valjean se cache et s'égare pour échapper au policier javert, là où les rues s'appellent rue du Chat-qui-pêche, et rue Gît-le-Coeur, là où on trouve de vieux puits, et des ombres plus touffues qu'ailleurs. Le Quartier latin garde des airs de taupinière une présence du Moyen-Age et de François Villon; ses secrets son plus secrets qu'ailleurs, et ses églises, Saint-Séverin,Saint-Julie, Saint-Étienne-du-Mont, ou Saint Germain, des lieux habités. Il y a toujours les cinémas, les étudiants, des foules soudaines, ça n'ôte rien au mystère. Et tous les chemins mènent hypocritement au Luxembourg.

Le Luxembourg

Citation :

Marie de Médicis fit construire un jardin français, et pourtant italien,tout en largeur et étrangement lumineux. La fontaine Médiciss'appelait alors la Grotte, et la duchesse de Berry aima, plus tard, y passer les nuits d'été.
- Il n'y a plus de chaisières, mais toujours des gardiens qui sonnent fort et font peur aux enfants quand la nuit tombe.
- L'heure de fermeture est celle du soleil couchant.
- Entre les voitures à pédales, le parc à jeux pour les petits et le Guignol, s'étant la zone parents-du-dimanche-avec-enfants, partout les kiosques à bonbons, mais un seul kiosque à musique, battu par les vents. Sur la pelouse, devant la rue Guynemer, la petite jumelle de la statue de la Liberté de New-York .

Citation :

Il est impossible d'entrer au Luxembourg sans éprouver le sentiment d'y avoir joué enfant. Et de s'y inventer des souvenirs de bohème estudiantine.

Broutille est un livre de Claude Ponti, paru en 1991 à l’Ecole des loisirs, moins connu que ses séries d’albums.

Broutille est une poupée née de l’amour que lui porte une petite fille, Adèle. Cette nuit-là, si particulière, Adèle reve d'une poupée qu'elle aime déjà si fort. Et comme cette nuit est justement la Nuit de l’Enfant-Lune, la poupée apparaît sur les toits de Paris où l’attend un ami, Abigael, un pot de fleur sauvage qui l’accompagnera tout au long du récit.

Ils vont à la rencontre du monde et des livres. Broutille dans cette nuit où les choses de la vie commencent à passer devant elle les attrape et les insère dans son grand livre du monde.

Citation :

Devant eux, passent toutes sortes de choses dans le ciel. Ce sont les choses qui font la vie. Broutille attrape un arbre et beaucoup d'autres trésors. A chacun Abigael donne un nom. Broutille les colle, un à un, sur les pages d'un grand cahier rouge. Elle dit : C'est mon Grand Livre du Monde." (Broutille, pp 12-15)

Les livres, ils sont présents dans le livre, autant d'historiettes initiatiques qui vont permettre à Broutille de continuer à développer sa perception du monde. Elles vont surtout l'amener à grandir et la préparer à rejoindre Adèle dans la vie réelle.
C'est souvent très poétique, avec un nombre minimal de mots ; mais associé aux illustations de Ponti ça devient génial :

Citation :

Le monde est bien étrange, pense Broutille, plus je le regarde, plus il change.

On retrouve les thèmes favoris de Ponti, avec les arbres, une mer apparue de nulle part, les rêves et les monstres. Une grande douceur se dégage de cet album qui est une véritable ode à l'amour, l'amour d'Adèle (qui est la fille de C. Ponti et qui revient dans beaucoup d'albums de Ponti).
Comme Pagesàpages, quand je lis Broutille à mes filles, j'ai souvent des frissons et parfois, les mots me touchent au-delà de ce que je peux traduire avec des mots.

Merci pour cette belle présentation Steven.. j'ai commandé ce livre toute à l'heure chez mon libraire

Merci Steven, encore une merveille de Ponti que je ne connais pas !!!
Et puis, qu'est-ce qu'il est fort : il rend les "broutilles" importantes !

Moi , j'ai adoré le "Catalogue de parents pour les enfants qui veulent en changer " .
Dès que je l'ai reçu , je me suis mise à le feuilleter ..comme un vrai catalogue , j'ai tout de suite flashé sur le Papa Bonplan et la Maman confortable ! J'ai alors donc passé ma commande ! J'ai reçu, dans la semaine , un courrier : mes nouveaux parents étaient en rupture de stock ! Comme c'est dommage !! (je recommanderai et je les aurai ...marre des anciens ...il me faut du neuf ! !)


Je trouve les illustrations très très belles ! J'adore les textes toujours farfelus et les mots qui ne veulent rien dire ...(un peu comme mon univers quoi ...)
Ce catalogue reste quand même très réaliste ! (surtout le bon de commande à la fin )
Vivement les soldes !

little devil a écrit:

Moi , j'ai adoré le "Catalogue de parents pour les enfants qui veulent en changer " .
[...]
Je trouve les illustrations très très belles ! J'adore les textes toujours farfelus et les mots qui ne veulent rien dire ...(un peu comme mon univers quoi ...)
Ce catalogue reste quand même très réaliste ! (surtout le bon de commande à la fin )
Vivement les soldes !

De quoi s'agit-il?...



ils sont tous là, les parents « têtenlères », « les toucartons », « les ravis » et même « les très méchants » avec leur « caractère rifiant » et leur sourire « grincimordant ».
Chacun d’eux, en plus d’un texte descriptif (à la sauce Ponti), s’accompagne d’un lot d’accessoires aussi utiles et indispensables que, par exemple, « une paire de lunettes-télescope avec radar de poursuite » pour les « parents minuscules » ou un « allongeur de courte-échelle » pour parents « très géants », ainsi que d’une prescription nette des enfants auxquels ce « produit » s’adresse : « les triiiistes » sont idéaux pour un « enfant aquatique » et « les discrets » conviendront parfaitement à un « enfant sensible au bruit ».

Que les parents des lecteurs du Catalogue de parents pour les enfants qui veulent en changer se rassurent : ceux qui seront échangés contre un ou plusieurs des trente-cinq articles de ce catalogue seront choyés et aussitôt emmenés dans une « Somptuluxueuse Résidence » spécialement aménagée pour eux. Et leur progéniture les retrouvera, dès qu’elle le désirera, « intacts et reposés » toujours en moins de « quarante tuiteures » (ce qui est quand même très rapide). Alors que demander de plus ?
(Source Culturofil)