Joseph Conrad

eXPie a écrit:

Arabella a écrit:

Je crois que c'était méchant pour Moravia.

C'est bien ce que je pensais : c'était du mépris !

NOSTROMO

Il faut s'accrocher !

Conrad aborde les thèmes les plus universels (cupidité, corruption, pouvoir, amour...) en inventant une galerie de personnalités fortes, denses, complexes, dont il dessine la subtile psychologie au cours des événements.
Le lieu est très prégnant et remarquablement présenté : il s'agit une terre Sud-Américaine, riche de trésors miniers.
L'occasion d'évoquer la colonisation, les différrences culturelles, la volonté de domination, fût-elle simplement morale.

Il faut accepter l'aspect extraordinairement énigmatique de ce livre. L'auteur ne livre pas tout sur ses héros. Nostromo, notamment, mais aussi Charles Gould. Un taiseux acâriatre qui retient le lecteur.

On se prend à chercher les motivations profondes de leurs actes.

Sans forcément avoir le dernier mot.

C'est virtuose et mystérieux.

Je l'ai dans ma PAL , à force de le voir souvent cité de-ci de là. Et aussi parce qu'il est au centre de Histoire secrète du Costaguana de Juan Gabriel Vaquez, et que je veux donc le lire avant. Mais c'est vrai qu'il fait un peu peur, aussi, ce que tu sembles confirmer. Mais, bon, tout cela pourrait me décider à tenter.

dans le livre que tu cites Topocl (que je lirai un jour) j'ai lu que l'auteur racontait fidèlement des périodes de la vie de Joseph Conrad donc oui il faut certainement le lire avant de lire Nostromo (celui-là est à ma médiathèque

tina a écrit:

NOSTROMO

On se prend à chercher les motivations profondes de leurs actes.

Sans forcément avoir le dernier mot.

C'est virtuose et mystérieux.

C'est un peu le cas dans les livres très riches, on se pose plein de questions, sans forcément avoir les réponses, ou alors plusieurs réponses possibles, jusqu'à la prochaine lectures, où d'autres possibilités apparaissent...

C'est peut être le livre le plus complexe de Conrad, y compris au niveau du récit, des multiples personnages, de diverses thématiques. C'est pour moi un peu le sommet de son oeuvre. Il vaut d'ailleurs peut être mieux ne pas commencer par là. Mais quel livre !

M'intéresse aussi...

Lord Jim:

Un roman magistral, d'une grande richesse et d'une densité impressionnante. Il m'a fallu m'accrocher, dans la première partie on ne sait pas trop où on met les pieds. Un naufrage, un procès interminable, et puis peu à peu on pénètre dans le récit, et on cherche à comprendre ce qui anime le personnage de Jim.

tina a écrit:

Lord Jim

De ce personnage central qui se pose les BONNES questions, selon moi.

Tu parles de Jim ou du narrateur principal? Si tu peux développer ça m'intéresse (car Jim se pose peu de questions finalement non? ce sont plutôt des supputations de Marlow) ...

Ce Jim est quand même sacrément torturé!

C'est aussi un roman sombre, à l'écriture très recherchée.

Conrad a écrit:

Ce n'était pas un vulgaire massacre traîtreusement perpétré, c'était une leçon, une rétribution - la manifestation d'un certain attribut obscur et terrible de notre nature, et qui, je le crains, n'est pas aussi loin que nous aimons le croire sous la surface de notre être

Le narrateur, Marlow, est récurrent chez Conrad, il revient dans d'autres récits, dont le célébrissime Au coeur des ténèbres. La relation entre ce narrateur et les personnages dont il narre l'histoire, et sur laquelle il agit d'ailleurs (c'est particulièrement le cas dans Lord Jim), est complexe. Il y a quelque chose de fusionnel, entre les deux, et ce qu'exprime l'un sur l'autre, n'est pas sans parler de lui. La frontière entre les deux est perméable, il y a une identification du narrateur au narré. Enfin, je trouve. Même si, c'est plus subtil évidemment, car l'existence d'un autre que soi même et le rapport à cet autre, la difficulté de l'altérité, est un des thèmes centraux de l'oeuvre de Conrad.

Oui si on voit les choses comme ça...
Pour ma part, j'ai trouvé cette relation fusionnelle comme tu dis un peu étrange. Dans le sens, où l'on ne comprend pas bien pourquoi Marlow voue un tel culte auprès de Jim, et qu'il est un peu toujours à sa recherche, à croire qu'il n'a pas de vie, on ne sait finalement pas grand-chose de lui. Après c'est aussi une astuce littéraire pour développer le récit.
Mais au final, Jim - à part un peu sur la fin, ou de temps à autre - me semble donner peu d'intérêt à Marlow, en tout cas si peu en comparaison de cette fascination qu'a Marlow pour lui. Je l'ai davantage ressenti comme une grande admiration, un fort intérêt pour Jim.

Nostromo

Citation :

"Il y a dans un trésor quelque chose qui s'attache à l'esprit d'un homme. Il prie et  blasphème et persévère cependant ; il maudit le jour où il en a entendu parler pour la première fois, et laisse arriver sa dernière heure sans s'en apercevoir, croyant toujours qu'il ne l'a manqué que d'un cheveu. Il le voit chaque fois qu'il ferme les yeux. Il ne l'oublie qu'à sa mort - et même alors… docteur, avez-vous jamais entendu parler des misérables gringos de l'Azuera, qui ne peuvent pas mourir ? Ah ! ah ! Ce sont des marins comme moi. On ne peut pas échapper à un trésor une fois qu'il s'est  attaché à votre esprit."

Sur fond historique de colonialisme, de coup d'états militaires, de guerre civile, et de politique dictatoriale au Costaguana, petit pays fictif d'Amérique latine, Joseph Conrad nous fait vivre au rythme d'un groupe d'Européen, installés là-bas comme chez eux. Écartelés entre leurs amours, leurs rêves et leur cupidité, ils mènent une existence à la fois brillante et fiévreuse, où ils apprennent que la réalisation des espérances, financières ou autres,  ne mène pas forcément à l'épanouissement personnel. Même chose pour Nostromo, un marin génois débarqué ici pour faire fortune, emblématique de cette petite communauté, qui voue un mélange d'admiration et de mépris à ce personnage valeureux et  fantasque.

Difficile de faire un commentaire  sur ce roman,  considéré par tous comme le chef-d’œuvre de Joseph Conrad, si ce n'est pour redire que c'est un roman magistral, qui se mérite, mais qui récompense généreusement l'effort qu'on a pu mettre dans sa lecture.On est captif des allers-retours temporels, des péripéties romanesques dignes des meilleurs romans d'aventure, de la complexité des personnages pris dans les rets de cette vie coloniale alternativement délicieuse et rude, cette petite communauté imbue d'elle-même, égocentrique et brillante, qui au delà de son lustre n'échappe pas à la moiteur.
Un roman âpre, foisonnant et tumultueux dont on ressort avec une satiété heureuse.

Falk, un souvenir:

Nouvelle issue du recueil Typhon et autres récits.
Quel plaisir de lire une telle plume
Il y a quelque chose de magistral, d'hypnotisant chez cet auteur, qui nous mène là où il le souhaite, avec brio.
Encore une histoire de loups de mer, travaillant dans un coin perdu d'Asie. Ce mystérieux M. Falk, bourru et revêche, nous réserve bien des surprises et des questionnements!

J'en redemande

C'est que tu deviens un vrai fan, Arturo.

Je t'envie d'avoir encore tant de ses beaux livres à découvrir.

C'est plutôt bien parti en effet

J'ai lu Typhon ce jour.
Comme tout le monde, je reste bluffée par la maestria pour décrire cette tempête réelle et allégorique.
Ca décoiffe, tous ces éléments déchaînés.
Je retiens la figure taciturne de ce commandant.

Et surtout le final "il y a des choses, voyez-vous, qu'on ne trouve pas dans les livres".

Ben tiens !

tina a écrit:

J'ai lu Typhon ce jour.
Comme tout le monde, je reste bluffée par la maestria pour décrire cette tempête réelle et allégorique.
Ca décoiffe, tous ces éléments déchaînés.
Je retiens la figure taciturne de ce commandant.

Et surtout le final "il y a des choses, voyez-vous, qu'on ne trouve pas dans les livres".

Ben tiens !

C' est toujours la traduction de Gide ?