John Kennedy Toole

Merci Nezumi, je regarderai ce soir.

Epi a écrit:

Merci Nezumi, je regarderai ce soir.

dito

Je viens relancer un peu le fil sur ce brave Toole !

J'ai découvert La conjuration des imbéciles cette année grâce au bouquin "Les 100 livres les plus drôles" (une vraie mine !) je ne regrette absolument pas de l'avoir lu!

Tout dans ce livre est absolument délicieux. Je pense que cette sensation s'explique par le fait que Toole arrive à traduire d'une manière juste toutes les marques de stupidité dont nous sommes tous les coupables et les victimes au quotidien. Je repense en particulier à cette conversation entre Mme Reilley et Santa :

Citation :

« - […] Tu l’as vue dans ce joli film où elle jouait Tammy, Irene ? / - C’est çui où elle devient aveugle, c’est ça ? / - Alors là, pas du tout ! Tu dois te tromper d’film. / - Ah oui, je sais à quoi chpensais, ma belle. Chpensais à June Wyman, figure-toi. Elle était bien gentille aussi. / - Ooh, elle était bien, dit Santa. J’me souviens d’ce film où qu’elle faisait la débile qu’était violée. / - Jésus, chuis bien contente d’pas l’avoir vu, çui-là. / - Ooh, mais il était formidable, ma chérie. Très triste. Tu sais ? La tête qu’elle faisait cette pauvre petite simplette quand elle était violée. Jamais j’l’oublierai. / - Quelqu’un veut encore du café ? demanda M. Robichaux. »

Les personnages ne se comprennent pas, ils ne s'écoutent jamais, ils restent attachés à une idée fixe, moteur de leur existence et de laquelle ils ne pourront vraisemblablement jamais se détacher.

Toole jongle habilement entre différents styles de langage. Le langage parlé de sa mère et de ses amis, le ton méprisant de Myrna, les phrases grandiloquentes d'Ignatius... J'apprécie particulièrement les extraits des textes qu'écrit ce dernier dans ses cahiers Big Chief :

Citation :

Après une période au cours de laquelle le monde occidental avait joui de l’ordre, de la tranquillité, de l’unité et même de l’unicité et de l’union avec son vrai Dieu et sa Trinité, des vents de changement s’élevèrent qui n’annonçaient rien de bon. Les années lumineuses d’Abélard, de Thomas Becket et d’Everyman s’estompèrent et s’éteignirent dans la tempête. La roue de la Fortune avait tourné, écrasant la nuque de l’humanité, lui fracassant le crâne, tordant son torse, crevant son bassin et endommageant son âme. L’humanité naguère si haut se retrouvait au plus bas. Tout ce qui avait été dédié à l’âme se consacrait désormais au commerce.

Sa haine pour tout ce qui a un rapport avec le monde moderne, et plus particulièrement son dégoût pour les spectacles grand public, auxquels il ne peut toutefois s'empêcher d'assister, est jubilatoire:

Citation :

Au premier plan, l’héroïne se balançait sur un trapèze aux accents d’une valse. Il y eut un gros plan gigantesque sur son sourire et Ignatius tenta de repérer ses caries et d’éventuels plombages. Elle étendit une jambe, Ignatius s’empressa d’en rechercher les défauts de forme. Elle se mit à chanter qu’il fallait cent fois sur le métier remettre son ouvrage, jusqu’au succès. Ignatius frissonna quand la philosophie que laissaient transparaître es paroles lui devint manifeste. Il se mit à examiner la manière dont elle tenait le trapèze, dans l’espoir de la voir lâcher prise et s’écraser dans la sciure.

Je n'ai pas trouvé que le livre, malgré ses 500 pages, était particulièrement long. Je déplore peut-être simplement l'alternance trop rythmée des différents univers composés par celui d'Ignatius, des Levy et du bar. Il faut parfois s'accrocher pour ne pas perdre le lien et ne pas mélanger tous les personnages, mais une fois cette petite difficulté surmontée, ce livre est un plaisir du début à la fin !

lullaby a écrit:

J’avais beaucoup aimé La Conjuration des imbéciles et, La Bible de Néon dans un style totalement différent restera un très bon souvenir de lecture.

Dommage, je n'ai pas encore lu La Bible de Néon et j'espérais que l'histoire soit écrite dans un style semblable. Je pense que je le lirai malgré tout, ne serait-ce que pour découvrir une facette différente de Toole...

La bible de néon à été porté à l'écran, j'ai le souvenir d'un film assez bon.

Ma version de la conjuration présentait cette jaquette: (édition de février 1989)
Je ne connaissais pas celle présentée plus haut avec le cacatoès, de quelle période date cette édition ?

Igor a écrit:

Je ne connaissais pas celle présentée plus haut avec le cacatoès, de quelle période date cette édition ?

c'est une édition spéciale de novembre 2008

parti très vite, on ne peut que le trouver en occasion.. ou comme moi sur les étagères d'une librairie au fin fond de la Bretagne

Il faudra que je me laisse tenter par le film tiens...

La jaquette de l'édition 2008 est pas mal aussi. Évidemment, celle avec le cacatoès surpasse toutes les autres...

colimasson a écrit:

La jaquette de l'édition 2008 est pas mal aussi. Évidemment, celle avec le cacatoès surpasse toutes les autres...

Édition 2008:

Édition 1989:

Ce livre, "Les 100 livres les plus drôles", tu peux nous en dire un peu plus ? C'est le guide qui existe de HUBERT PROLONGEAU ? Quels livres y trouve-t-on ?

Sinon, L'édition avec le cacatoès est vraiment belle - je l'ai sous les yeux.

Toutes mes excuses très cher Igor, heureusement que tu es là pour ramener à moi l'exactitude des relations liant les différentes dates et jaquettes !

Steven : Les 100 livres les plus drôles est effectivement le guide de Hubert Prolongeau. Je le trouve très intéressant car il cite des oeuvres de qualité, d'époques et de genres différents. On trouvera par exemple les très fameux et classiques Alice au pays des Merveilles, Gargantua ou Candide comme des livres plus récents et au style plus léger (Martin Page, Tom Sharpe, Douglas Adams...). Des petites touches de dérision sont même glissées dans ce guide, pour exemple : la présence du Da Vinci Code Rassure-toi, Hubert Prolongeau précise bien que la présence de ce livre dans son guide ne s'explique que par la lecture second degré qu'il est possible d'en faire, et il ne voit pas comment il serait possible de trouver de l'intérêt à ce livre et d'en expliquer le succès d'une autre manière
Chaque livre est accompagné d'un résumé, d'une critique et de quelques anecdotes sur l'oeuvre ou l'écrivain. Une bonne source d'idées, à mon avis, et pour pas très cher.

Merci, colimasson, il est autour de 3 € ce guide. Et présenter da vinci code du point de vue du risible, de l'humour, il doit être très bien.

Oui, après le choc de voir que le Da Vinci Code figurait dans ce guide, j'ai lu la critique associée et je me suis bien marrée Je me suis dit que Hubert Prolongeau avait également très bon goût !

Par rapport à la Bible de Néon, je tiens à rappeler que l'auteur n'avais que 15 ans... je ne sais pas si ça a été dit, mais au vu des allusions de "coca-light décaféinés" il faut remettre les choses dans leur contexte.
La Bible de Néon, je l'ai terminé en pleine jungle équatoriale, et pour moi ça m'a fait plus de bien qu'un coca pas light caféiné et sucré^^

La bible de néon

Un sentiment étrange provoqué par ce livre. L'histoire d'une enfance, quelconque, déshéritée, dans une vallée très conservatrice du sud des USA dans l'apres guerre, mais quelconque. Quelques figures jaillissent, figures de proue de la première partie : sa tante Mae, ex-chanteuse, si différente des habitants de la vallée oú vivent David et sa famille ; cette vallée qu'on devine si conservatrice, engoncée dans ses certitudes, refermée sur elle même, intolérante ; le professeur Farney, instituteur qui vit avec un homme qu'il appelle parfois chéri, mais qui est si inttelligent que personne n'ose rien dire ; M. Et Mme Watkins, couple protestant genre extrémiste, elle institutrice rigide, lui imposant ses vues conservatrices par le biais du journal, s'appuyant sur le pasteur et sa pensée unique. D'autres encore, hauts en couleur, mais peu de relief. Puis le père de David part à la guerre, puis...
"J'ai pris le papier jaune qui était sur la table. C'était un télégramme. Nous n'en recevions jamais. Je savais ce que c'était à cause des films. Dans la vallée, personne ne recevait de télégramme. Il était adresse à maman. Il venait du gouvernement. Il disait que papa était mort. Tué en Italie. Je l'ai gardé dans ma main. Papa mort ? Nous avions reçu une lettre de lui la veille où il disait qu'il pensait que le plus dur des combats était terminé."

L'enfance se termine, le regard, les mots vont se faire plus acérés. La description de la vallée, de ce pasteur si intolérant, au nom de Dieu, qui impose son "bien"... L'enfance perdue reste prégnante, la tension monte comme un décalage inéluctable, jusqu'au dénouement tragique qui mène David dans un train, sans savoir où il va, loin de préférence en espérant découvrir une grande ville. Au final, la description tragico- comique de cette société est saisissante, surtout quand on sait l'âge de l'auteur.

J'ai l'impression que le ton du récit n'a pas grand-chose à voir avec La conjuration des imbéciles ?

Et le "gamin", personnage principal (?), il a quel âge ? Il est juste un regard sur les autres, où il a une vraie place ?

colimasson a écrit:

J'ai l'impression que le ton du récit n'a pas grand-chose à voir avec La conjuration des imbéciles ?

ça a l'air bien différent, c'est clair.