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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Jeu 29 Mar 2012 - 12:46
le journal de la veuve
Christian Bourgois (09/02/2012) 272 pages
4ème de couverture :
Citation :
Une femme, veuve depuis peu, s'enfuit de sa demeure londonienne pour s'installer dans le Norfolk. Loin des quelques proches dont elle ne supportait plus la fausse complaisance, elle trouve refuge dans une petite maison de pêcheurs, et réapprend à vivre seule. Son quotidien se partage entre la rédaction d'un journal auquel elle confie ses réflexions, les excursions qu'elle entreprend sur la côte et les moments passés au pub, sous le regard étonné et réprobateur des habitants du village. À mesure qu'elle reprend le contrôle de sa vie, elle se penche sur son mariage : idyllique en apparence, il se révèle en réalité porteur de lourds secrets. Mick Jackson campe avec finesse et causticité ce personnage féminin complexe, résigné et rebelle, sombre et drôle.
Citation :
« John parti, la vie est désormais une interminable succession d’options, dont aucune ne doit être soumise au comité domestique avant entérinement. Ce sentiment soudain de liberté peut se révéler, cela va sans presque dire, tout à fait déconcertant. »
La lecture de cet ouvrage, peut se révéler, au premier abord, déconcertante. Il n’y a pas d’action, ou très peu. J’ai plus eu l’impression de voir sous mes yeux se dessiner, par petites touches, un tableau champêtre comme légèrement flouté. L’état d’esprit de cette veuve, que je vois plus dans le désappointement, la déstabilisation, que la peine véritable, et le chagrin, se retrouve parfaitement dans la construction de ce roman fait d’un mélange parfois assez confus entre les impressions d’hier, et celles du moment .De petits chapitres, qui pour certains sont très courts, allègent avantageusement le côté déconcertant, et compense une certaine atonie de l’atmosphère. Cette veuve, sans enfant, apparemment sans attaches familiales, et assez peu entourée d’amis, s’en va quelques temps pour fuir une solitude que je lui imagine assez lourde à supporter, mais pour laquelle elle ne formule aucune plainte. Tout est dans l’évocation. Petit à petit, ce qu’a été sa vie conjugale se dévoile. Peu à peu, le lecteur s’immisce dans les méandres de son intimité, et de ses petits secrets. L’auteur réussit à décrire la difficulté de la vie de la vie à deux, l’évolution du couple au fil du temps.
Citation :
« Et le fait que notre relation avait changé, et peut-être même échoué sur bien des plans, était mis de côté. Chacun aimait à savoir que l’autre était là. »
Cette femme semble résignée à son nouveau statut. Même si l’alcool est pour elle un compagnon que j’espère pour elle transitoire (elle en est d’ailleurs consciente), elle parait malgré tout encline à s’adapter à la solitude. C’est à mon sens tout le but de ce séjour : rompre avec le quotidien, retrouver le passé ( ?), ou du moins une idée de ce qu’elle a du passé.
Citation :
« Je vois bien ce que je faisais, en fait. Je voulais juste m’approcher un peu plus de la chaleur et de la lumière d’un vrai foyer-d ‘un endroit où règne l’amour véritable. Pareille à un chien perdu qui essaie d’échapper pour un temps à la nuit. »
Une femme complexe jusqu’à la dernière phrase de ce livre…une femme qui finalement se laisse apprivoiser peu à peu. Je note que l'auteur, un homme, s'est glissé parfaitement dans le peau d'une femme, pour en dresser un portrait subtile, sensible, et tout en nuance.
krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Sam 14 Avr 2012 - 13:36
La polka des bâtards - Stephen Wright
La guerre de Sécession vue par un jeune homme un peu candide parti à la recherche de ses origines, dans le Sud. Mais la réalité est encore pire que ce qu'il imaginait ! Il retrouve son grand-père, obsédé par la race blanche et qui tente de curieuses expériences sur ses esclaves. Je ne sais pas trop quoi dire sur ce livre, que j'ai apprécié et trouvé intéressant. Mais pas trop d'émotions dans l'ensemble, le style est agréable et les personnages très particuliers, surtout le grand-père dément !
Invité Invité
Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Sam 14 Avr 2012 - 22:25
Françoise Héritier - LE SEL DE LA VIE' II y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements, et c'est de cela quej'ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie'. Dans cette méditation tout en intimité et en sensualité, l'anthropologue Françoise Héritier traque ces choses agréables auxquelles notre être profond aspire, ces images et ces émotions, ces moments empreints de souvenirs qui font le goût de notre existence, qui la rendent plus riche, plus intéressante que ce que nous croyons souvent et dont rien, jamais, ne pourra être enlevé à chacun.
J'ai croisé la route de ce petit bouquin en écoutant france inter (on peut écouter une présentation audio de l'auteur sur you tube mais j'ai pas (encore) le droit de mettre le lien ici!. A déguster de temps en temps ou d'un coup d'un seul, ce livre m'a donné un élan comme aucun bouquin art de vivre (delerme ou christophe fauré et d'autres théoriciens du bonheur) C'est une collection d'instants vécus, même pas forcément labellisés "heureux", des moments simplement vécus dans la vérité de leur sensation. Je pense qu'on trouve dans les instants partagés avec l'auteur (dans les moments qu'elle donne et dans ceux qu'on ajoute aussi, parce que pas possible de fermer le bouquin sans prendre un carnet pour amasser sa propre collection), bref, on y trouve ce qui signe sa présence singulière au monde. et qu'est-ce que ça rend heureux!
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Dim 15 Avr 2012 - 7:59
nadysk a écrit:
Françoise Héritier - LE SEL DE LA VIE' II y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements, et c'est de cela quej'ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie'. Dans cette méditation tout en intimité et en sensualité, l'anthropologue Françoise Héritier traque ces choses agréables auxquelles notre être profond aspire, ces images et ces émotions, ces moments empreints de souvenirs qui font le goût de notre existence, qui la rendent plus riche, plus intéressante que ce que nous croyons souvent et dont rien, jamais, ne pourra être enlevé à chacun.
J'ai croisé la route de ce petit bouquin en écoutant france inter (on peut écouter une présentation audio de l'auteur sur you tube mais j'ai pas (encore) le droit de mettre le lien ici!. A déguster de temps en temps ou d'un coup d'un seul, ce livre m'a donné un élan comme aucun bouquin art de vivre (delerme ou christophe fauré et d'autres théoriciens du bonheur) C'est une collection d'instants vécus, même pas forcément labellisés "heureux", des moments simplement vécus dans la vérité de leur sensation. Je pense qu'on trouve dans les instants partagés avec l'auteur (dans les moments qu'elle donne et dans ceux qu'on ajoute aussi, parce que pas possible de fermer le bouquin sans prendre un carnet pour amasser sa propre collection), bref, on y trouve ce qui signe sa présence singulière au monde. et qu'est-ce que ça rend heureux!
Peut-être ceci :
Ou encore le passage de l'auteur à La Grande Librairie :
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 1 Mai 2012 - 15:45
Le libraire de Selinonte de Roberto Vecchioni
Livre très court dédié aux livres et aux mots Où un joueur de fifre, pour punir une population inhospitalière, qui néglige la littérature et la beauté, emporte dans son sillage tous les livres pour les plonger dans la mer… À l'exclusion d'un gamin éperdu de la poésie, toute la population va perdre le sens des mots, et donc le sens de la vie. Au fil de ces quelques 100 pages, on a le temps de vivre des passages bouleversants de beauté, qui alternent avec des moments d'ennui profond. L’allégorie reste un peu théorique. Pas inintéressant cependant et en tout cas une très belle écriture
mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
Sujet: one shot Mer 9 Mai 2012 - 17:32
Le secret de Dieu
Albin Michel (01/02/2012) 580 pages
Citation :
Jérusalem : ville sainte, ville maudite. Depuis plus de mille ans, trois religions s y entre-déchirent. Les guerres s’y succèdent. Les attentats s y multiplient. Un homme, archéologue et franc-maçon, a découvert les racines du mal. Mais on ne croise pas impunément le chemin des Fils des Ténèbres... Dans ce grand thriller initiatique, David Emton, brassant personnages, époques et lieux, éclaire d’ un jour nouveau l’histoire des religions et des hommes.
Il y a au moins un argument irréfutable en faveur de ce livre : l’auteur connait parfaitement la région. Quoi de plus normal, me direz-vous, pour un journaliste qui l’a arpentée durant des années !!! Cela suffit-il pour faire un bon livre ? C’est la grande question qui se pose à moi : bon livre ou pas…Si d’emblée je me pose la question, c’est que forcément la réponse va faire débat. Je me garderais bien de répondre oui, ou non. Je dirais simplement, que si le début est dynamique, qu’il ne laisse pas le temps de se poser la moindre question, que si les chapitres courts contribuent beaucoup à entrainer le lecteur aux confins d’une logique que seul l’auteur ne semble maîtriser, l’humble lectrice que je suis s’est vite essoufflée au point de tenter de percer plus vite ce secret tant promis. Et je serais bien en peine de vous le révéler, car tout ça est bien obscur, et honnêtement bien indigeste d'autant plus qu’arrivée aux 2/3 de l’ouvrage les idées d’abandon me tiraillaient d’avantage que la curiosité de savoir. Pourtant, le style est de bonne tenue, les chapitres sont courts…. Mais, à force de naviguer dans le temps, et de promener le lecteur dans les temps bibliques sans qu’il puisse donner, si ce n’est qu’un début de sens à ce qui se passe …j’avoue m’être lassée assez vite, et surtout brutalement. Les personnages sont nombreux, et ne suscitent pas forcément la sympathie. Je veux dire en cela, qu’ils (en tout cas Julie, et Daniel) n’ont rien de remarquable, ils m’ont semblé assez fade, et sans relief. De plus, il y a des personnages pour le moins surprenant, voir improbables. Alors, bon livre, ou pas ? Un type de thriller qui ne me tient pas en haleine. Dommage pour moi, j’en espérais visiblement beaucoup plus qu’il ne pouvait m’apporter.
Cassiopée Main aguerrie
Messages : 347 Inscription le : 28/07/2011 Localisation : France
Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Lun 28 Mai 2012 - 18:14
Comme ton ombre d'Elizabeth Haynes
On les appelle des « pervers narcissiques », ce sont des personnes destructrices, toxiques pour l’intégrité mentale de ceux qu’elles côtoient, manipulatrices, qui entrainent leur victime dans un processus de dévalorisation, de culpabilité, de dépendance à haute dose. Ces gens sont à fuir mais lorsqu’on s’en aperçoit, il est parfois trop tard tant un processus de corrélation s’est installé.
Catherine a rencontré un homme beau, charmeur, séduisant, sympathique, parfois secret tant son travail l’accapare. Toutes ses amies lui envient cette relation avec celui qui semblerait être l’homme (presque) idéal puisqu’en plus il clame haut et fort son amour pour elle. Pourtant, aux premiers temps de leur rencontre, un certain malaise s’installe et elle ne parvient pas à discerner pourquoi. Son nouvel ami ferait-il partie de ces manipulateurs (appelés désormais le plus souvent « pervers narcissiques »)… Capables d’un instant à l’autre de changer d’humeur, capables de violence pour aussitôt se rétracter, capables de mentir avec un sourire angélique, capables de surveiller les moindres faits et gestes de celles « qu’ils aiment » tout en disant agir pour leur bien ? Non, il n’est pas comme ça ….Catherine se dit qu’elle comprend ce qu’il souhaite, ce qu’il veut et que ses réactions sont tout à fait compréhensibles…. Ses copines, d’ailleurs, régulièrement, lui rappellent la chance qu’elle a, de cette occasion unique de vivre avec un homme tel que lui donc pourquoi se poser des questions ?
Tout au long de ce roman, nous allons alterner présent et passé.
Présent avec « la reconstruction » de Cathy, essayant de soigner ses TOC (troubles obsessionnels compulsifs), faisant tout pour avancer, ne pas se laisser envahir et ronger par un passé difficile qui l’a amenée à cet état de faits…
Passé avec la découverte de la rencontre de Catherine avec Lee, puis sa relation compliquée ainsi que l’évolution de ses sentiments avec cet homme. Cette partie-là est très bien amenée malgré quelques répétitions. On voit comment leur couple évolue, la place de chacun dans la vie à deux mais aussi avec les autres. Il y a forcément quelques redites, certaines situations ayant un côté répétitif mais l’angoisse augmente, s’installant en nous, insidieuse. On voudrait aider Catherine qui s’interroge et parallèlement, on se demande si elle n’exagère pas, si elle ne se trompe pas. La montée de la paranoïa et les raisons de celle-ci sont remarquablement décrites. Elle a peur, contrôle tout et on doit se faire presque violence pour ne pas être emportée à sa suite, elle nous ferait devenir aussi angoissée qu’elle à ses côtés. … Mais toute la question est là, est-elle déséquilibrée ou pas ?
L’écriture d’Elizabeth Haynes est précise, dure parfois lorsqu’elle évoque des scènes de violence. Elle fouille l’âme de ses personnages, les forçant à dévoiler leur part d’ombre. Elle adapte très bien le vocabulaire aux situations (ce qu’on peut considérer comme le journal intime de Catherine en est une preuve, elle met des mots crus, chargés de honte et de mépris sur des passages très durs…) Les quelques longueurs détectées ça et là ne sont pas vraiment gênantes et dans le dernier tiers, tout s’accélère. Même si quelques uns des événements décrits sont un peu prévisibles, c’est un livre prenant que l’on n’a pas le souhait de lâcher une fois commencée.
On se dit que ce qui est expliqué, décortiqué ne peut se vivre que dans les livres…. Mais la réalité est là, frappante, terrible, ce que développe Elizabeth Haynes dans son roman existe bel et bien, pas toujours dans ces proportions mais cela se voit malheureusement…. Et c’est sans doute, ce qui nous rend l’histoire plus « poignante », elle a des accents de vérité dont on préférerait savoir qu’ils ne peuvent pas être ….
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Sam 2 Juin 2012 - 10:49
Traité du boudin à l’usage des prolétaires du sexe (2012) de Stéphane Tzara
Stéphane Tzara et son comparse Lucien Curval sont de jeunes hommes engagés. Fondateurs de l’Internationale Sagouiniste –en fait mouvement qui épouse plutôt les dimensions d’une cité universitaire- ils prennent position contre une multitude de dogmes qui concernent les choses du derrière.
Moches, sans charme, pas très drôle ni visiblement très éclairés du ciboulot, ils se dressent contre la dictature de la beauté et de l’amour courtois, non pas qu’ils éprouvent pour ces concepts vagues une réelle aversion, mais parce qu’ils sont hors de leur atteinte. Quoiqu’il en soit, même si leur combat avait été seulement idéologique, il aurait été gagné d’avance. La voie permettant de partir à la traque de l’amour courtois est déblayée depuis longtemps.
Mais là où Stéphane et Lucien apportent une petite touche d’innovation, c’est dans leur résolution sans appel de n’attirer exclusivement que des boudins dans leur lit –lorsqu’il y a un lit (la plupart du temps, une relation sexuelle avec un boudin ne mérite rien de mieux qu’un rebord de lavabo, une cuvette de chiotte ou un carrelage recouvert de vomi). Au fait, à quoi pensent les Sagouins lorsqu’ils parlent de boudin ? Rien de bien compliqué : cette dénomination englobe un large champ de catégories féminines, des moches aux coincées, des vierges aux mal-baisées, chacun pourra y trouver un met de choix. Tout un programme… qui pourrait même tenter le beau blasé, celui qui rumine ses amours trop parfaites avec une créature de rêve et qui souhaiterait introduire un peu de glauque, de sale et de sordide dans son existence.
Petit bémol à toutes ces parfaites histoires d’amour dégueulasses ? Elles réussissent toujours car, comme elles n’engagent à rien, et comme elles n’impliquent que des créatures faibles, elles ne se voient jamais refusées. Trois-quatre exemples et la boucle est bouclée. Plus rien à rajouter. De toute façon, on n’en demande pas plus. Au premier exemple on rigole, parce qu’il n’y a rien d’autre à faire (on pourrait rester indifférent, mais il ne faudrait tout de même pas passer pour un pudibond…) Au deuxième exemple on commence à regarder le nombre de pages et à faire le décompte du temps de lecture restant (le livre est très court de toute façon). Au troisième exemple, on se prend pour Freud et on diagnostique un très sévère cas de fixation anale chez les fondateurs de cette Internationale Sagouiniste. Boudin, caca, pipi, vomi, quéquette…. Un peu de régression ne fait pas de mal, on ne le dira jamais assez, et c’est toujours drôle de se donner l’impression d’être retourné en maternelle. Malheureusement, le niveau n’est jamais très élevé, et un thème qui aurait pu révéler des pépites de cruauté et de cynisme finit par n’être plus qu’une gentille blagounette qui circule de table en table dans le dos de l’instit.
Un boudin est-il forcément obligé de s'appeler Gertrude... ?
Citation :
« Gertrude aurait pu sans conteste prétendre à un poste de mannequin chez Olida. De type sanguin, la peau blanche veinée de bleu, grasse comme une truie, elle était en sus charpentée comme un bûcheron. Ses traits étaient sans délicatesse aucune, mais ses petits yeux bleus de cochonne étaient allumés d’une lueur de stupre. Elle enleva aussitôt son corsage, libérant une paire de seins assez flasques qui tombèrent mollement sur la prolifération des plis du ventre. Avec une violence que seul le rut peut conférer, elle me poussa sur le siège des vécés, puis s’acharna sur mon pantalon jusqu’à ce qu’elle parvienne à en faire jaillir ma queue furieusement gonflée. »
En conclusion, un message d'une grande portée philosophique. Prenez note, je vous prie :
Citation :
« Réglons donc une bonne fois pour toutes son compte à la beauté : soyons tous des boudins, si cela n’est pas défait fait. Car comme chacun sait : on est toujours le boudin de quelqu’un d’autre. »
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Sam 23 Juin 2012 - 10:57
Daphnis et Chloé (2e-3e siècle) de Longus
A l’époque de Longus, il ne faisait aucun doute que les animaux ne faisaient pas des parents moins recommandables que les autres. Ainsi, Daphnis et Chloé, chacun de leur côté, furent protégés et nourris respectivement par une chèvre et par une brebis. A une semaine d’intervalle, Daphnis le premier fut découvert par un couple de chevriers, puis Chloé par un couple de bergers. Elevés à proximité l’un de l’autre, les deux enfants grandissent ensemble dans un cadre pastoral idyllique, proche d’une nature qui ne ressemble à rien que nous ne pouvons aujourd’hui imaginer. Confrontés l’un à l’autre dans ces landes d’innocence, ils découvriront les premières manifestations du sentiment amoureux, qu’ils auront bien du mal à qualifier comme tel.
Pierre-Paul Prud'hon
Daphnis et Chloé est désarmant à plusieurs égards. Il offre à première vue une apparence d’extrême simplicité, qui frôle souvent la naïveté. Les jeunes personnages, n’ayant jamais connu autre chose que le milieu pastoral au sein duquel ils ont grandi, ne connaissent rien des sentiments humains et, bien qu’ils ne soient pas épargnés par leurs manifestations, il leur est impossible de les désigner par leur nom. Culmine pour eux le mystère du sentiment amoureux, qu’ils conçoivent peu à peu l’un pour l’autre sans qu’il ne leur évoque rien. Vierges de toute représentation antérieure de ce sentiment, ils l’abordent avec une innocence entière –et souvent drôle car Daphnis et Chloé n’ont pas d’autre objet de comparaison que celui que leur offrent les éléments de la nature : moutons, brebis, coqs et poules… Ce qui amène les personnages à une crudité des actes et des propos d’autant plus jubilatoire qu’on ne l’aurait pas associé à l’innocence qui les caractérise d’autre part.
Citation :
« Mon bonheur serait d’être changé en chèvre et de manger herbe et feuilles, tout en écoutant la syrinx de Daphnis devenu mon berger. »
Pour ne pas les laisser en proie à la torture d’un sentiment qu’ils ne comprennent pas, de nombreux personnages secondaires viendront s’immiscer dans la sphère de leur couple, extrayant chaque membre du duo suivant des schémas symétriques. Cette extrême géométrisation des intrigues est surprenante car elle semble laisser peu de place à l’improvisation ou au hasard, ce que la multiplication des références mythologiques vient confirmer. Malgré une myriade de personnages flamboyants aux individualités marquées, malgré la profusion et la richesse de leurs particularités, leurs interventions semblent relever de la seule nécessité d’instruire Daphnis et Chloé.
Pour toutes ces raisons, Daphnis et Chloé est un récit surprenant. Construit sur une mécanique rigide, il permet pourtant à la fantaisie de se déployer à travers une succession de personnages bigarrés, de chansons, de danses et de musiques. L’univers regorge de vie et constitue une ode à la nature et à la simplicité des mœurs. Enfin, le récit joue à un double niveau avec le lecteur. Alors que nous sommes gavés des variations infinies qui existent autour du thème du sentiment amoureux, Daphnis et Chloé nous offre une seconde jeunesse et nous permet de redécouvrir les balbutiements de ce mythe que nous appelons maintenant le « sentiment amoureux ».
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 26 Juin 2012 - 12:55
Le Village oublié - Théodor Kröger Un gros livre, 620p, mais qui s'avale d'un trait comme on boit une vodka et jusqu'en finir la bouteille, même si les effets induits en sont un peu difficiles à digérer. Une écriture claire, facile, agréable mais un livre d'un autre temps. Théodor Kröger y raconte sa déportation en Sibérie et sa captivité. On est en 1914, il est accusé d'espionnage et d'assassinats. Une captivité dont les conditions s'améliorent rapidement et le placent en conditions de devenir une sorte de bienfaiteur de la petite ville de Nikitino (?). Tour à tour misérable forçat, exilé en résidence surveillé, personnage dispendieux, interprète et organisateur du camp de prisonniers, ami et conseiller de la plus haute autorité de cette communauté, trafiquant de fourrures, et en point d'orgue époux de la belle Faymé, on suit dans ce récit toutes ses péripéties. Il faudra attendre la page 400 pour entendre parler de cette idée d'un village qui va se faire oublier. Une prédiction faite à l'ancien annonce une période noire qui fera suite à la guerre et durant laquelle les hommes iront même jusqu'à renier Dieu... Pour un récit, il est parfois difficile d'apporter crédit à tout ce qui nous est raconté ici mais pourquoi pas, en tous cas, des pages très belle sur cette immensité mystérieuse qu'est la Sibérie. Un beau et terrible voyage un peu simpliste mais si agréable à lire.
tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
Sujet: Littérature de l'Est Lun 2 Juil 2012 - 9:24
Bienvenue à Z et autres nouvelles de l'Est
Anthologie de nouvelles
Citation :
Présentation de l'éditeur Pour fêter leur vingtième anniversaire, les Éditions Noir sur Blanc ont décidé de rassembler les auteurs les plus marquants de leur aventure éditoriale à travers les pays de l'Est, des derniers feux du symbolisme russe jusqu'aux éclats les plus vifs de la prose contemporaine. Plus que le fait d'être de l'Est, ce qui rapproche ces seize auteurs de nouvelles et de récits, c'est une attention, une qualité de regard sur les hommes et sur le monde. Voici des écrivains qui transfigurent et jamais ne défigurent, qui nous enrichissent de leurs images ou, pour reprendre le beau néologisme de Janusz Anderman, de leurs paymages. Et toutefois, ils n'enjolivent rien. Ils vont même volontiers fouiller nos recoins les plus sombres : sans convoquer monstres ni diables, ils entrouvrent pour nous des abîmes effrayants, ceux de l'âme. Humour féroce, extravagances du fantastique russe ou yougoslave, inoubliables images de l'enfance : un voyage à travers les pays de l'Est, tour à tour drôle, effrayant, lumineux et émouvant.
Voilà un bon recueil d'une maison d'édition spécialisée dans la littérature de l'Europe de l'Est et centrale. Bien sûr, chacun aimera celle-ci ou celle-là plus ou moins, mais en général j'ai eu des bonnes surprises, et j'ai pu découvrir certains auteurs inconnus pour moi. J'ai particulièrement aimé celle d'Anderman, mais aussi celles de Sologoub, Zochtchenko et autres. On trouvera des auteurs du début du 20ième siècle jusqu'à des très contemporains comme Chichkine.
A découvrir pour les amateurs de littérature de l'Est...
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Un homme vient d'apprendre le décès de sa soeur et la naissance d'une nièce. Cette dernière lui est confiée, mais il doit décider très vite s'il la fait adopter par un couple en mal d'enfants. Il écrit pour la petite fille l'histoire familiale, pour qu'elle connaisse un jour ses origines.
L'histoire de départ est assez artificielle (une seule nuit). Néanmoins, le roman démarre plutôt bien. Le style est suggestif, et les révélations distillées petits à petits prenantes, les scènes de l'enfance parfois très réussies. Mais petit à petit, cela perd de son intérêt. Je crois que le gros manque du livre est la structure narrative. On ne sais plus de qui parle l'auteur (de sa mère, de sa soeur ?), ni de ce qui s'est vraiment passé. Et à défaut de nous permettre de suivre un récit relativement cohérent, l'auteur multiplie des moments forts, censés provoquer l'émotion, une réaction épidermique. Il charge un peu trop la barque à mon sens, à défaut de pouvoir maîtriser une trame romanesque convaincante. Et la fin est un peu à l'avenant.
Dommage, parce que c'était prometteur, mais ce n'est pas réellement abouti. Il y a pourtant quelques beaux moments, surtout au début.
@shanidar l'auteur s'appelle Raj Kamal Jha et est un écrivain indien de langue anglais. J'ai lu Le couvre-lit bleu il y a bien une dizaine d'années et m'en souviens à peine. C'est la 1ère phrase d'Arabella qui m'a mis la puce à l'oreille, cette histoire familiale en forme de testament écrite à l'intention de sa nièce juste née. Je lirais volontiers un autre roman de Raj Kamal Jha mais je n'en ai pas vu d'autre à l'horizon des éditions.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
@shanidar l'auteur s'appelle Raj Kamal Jha et est un écrivain indien de langue anglais. J'ai lu Le couvre-lit bleu il y a bien une dizaine d'années et m'en souviens à peine. C'est la 1ère phrase d'Arabella qui m'a mis la puce à l'oreille, cette histoire familiale en forme de testament écrite à l'intention de sa nièce juste née.
Tu as raison, Maline, c'est bien de cet auteur qu'il s'agit. Qui d'après ce que j'ai lu sur la quatrième de couverture, a surtout fait carrière dans la presse, plus que dans la littérature. Si tu lis toutefois autre chose de lui, je serais curieuse d'avoir ton avis.
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Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]
"One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]