Leonardo Padura [Cuba]

kenavo a écrit:

Arabella a écrit:

Question bête : est-ce le même que Passé simple qu'a lu Sentinelle et dont je ne trouve pas de trace sur mes listes ?

oui, en effet.. le livre porte le nom de Passé parfait, joli lapsus de la part de Sentinelle

Ah tiens, je préfère mon titre que celui choisi par Padura

Passé parfait

Après recherche, ce volume semble être le premier des Quatre saisons, et il commence donc le premier janvier. Mario Conde, lieutenant de police, est violemment tiré du lit par son chef, alors qu'il cuve sa cuite de la veille, le pauvre devait bénéficier de quelques jours de congé. Mais un gros bonnet du commerce extérieur a disparu sans laisser de traces, et comme notre Mario est sensé être le meilleur, c'est lui que l'on vient tirer du lit. Il se trouve (évidemment) que le disparu est une vieille connaissance de notre Mario, et que sa femme est son grand fantasme d'adolescent. Cela donne quelques pages consacrées aux souvenirs de jeunesse de notre policier, qui est mis en situation de faire le bilan de sa vie, en même temps que résoudre une affaire potentiellement explosive.

Disons que c'est très sympathique, mais un peu convenu. Notre flic mal rasé, au jean un peu crasseux, à la calvitie naissante, forcement un peu rebelle à toute forme d'autorité, non conventionnel, non carriériste, c'est tout de même un petit peu politiquement correct. La Havane est un peu crade, un peu pittoresque, la nourriture et la boisson sont au rendez-vous évidemment, sans oublier quelques personnages haut en couleurs. Et l'enquête est franchement sans grand intérêt. Mais c'est pas désagréable en fin de compte, même si attendu. Je tenterais bien encore un volume ou deux pour voir si cela évolue et s'étoffe un peu.

Et Mario Conde n'est définitivement pas mon genre Kenavo. Je me demande d'ailleurs ce que tu lui trouves

et ben oui, je ne lis pas de polar, donc, l'intrigue ici ne pouvait qu'être un détail à côté.. moi j'aime bien à cause de la Havanne et on peut discuter du politiquement correct, je trouve qu'il sait bien élargir les frontières pour montrer assez de ce qui ne va pas au Cuba sans se faire expulser.. et en même temps, j'ai vu cet auteur à Saint Malo parler de son île, il l'adore et ainsi on trouve aussi de cet amour pour sa ville dans les romans..

Arabella a écrit:

Et Mario Conde n'est définitivement pas mon genre Kenavo. Je me demande d'ailleurs ce que tu lui trouves

ah mais Mario, c'est lui

Disons que la critique de ce qui se passe à Cuba reste très soft, je comprends qu'il ne peut pas en dire plus s'il veut y rester, mais en même temps du coup tout ce qu'il dit est déjà connu. Et j'ai été gênée par un petit côté macho des personnages masculins. Mais encore une fois, c'est sympathique, l'intérêt est en effet dans la description de la ville et des personnages. Mais j'en attendais sans doute un peu trop.

Et pour la photo, tu es sûre que tu ne t'es pas trompée ? Parce que je comprends de moins en moins ..

Arabella a écrit:

Mais j'en attendais sans doute un peu trop.

disons, dans celui que Sentinelle a lu, il y a beaucoup plus derrière que dans ceux du cycle des saisons.. mais sinon, c'est ça.. un petit polar avec un peu de couleur local

et concernant la photo, si tu vois Leonardo Padura, c'est bien ça.. faut pas oublier il a commencé d'écrire Mario Condé quand il était plus jeune, donc il avait toujours l'âge de Mario quand il écrivait.. et du coup, je l'ai vu en réalité et pas seulement sur la photo.. et je peux te garantir, il est très charmant...

Le charme ne passe pas forcement sur les photos. La technique a ses limites

Je lirai sans doute d'autres livres de lui quand même, parce que je ne déteste pas les polars, et celui-ci est pas mal dans ce genre, au-dessus de la moyenne certainement.

donc j'ai emprunté la 4ème saison moi ; mais je pense que ce désordre ne nuira pas à la compréhension si je décide ensuite de lire les autres saisons ?

qu'en penses-tu Arabella ?

à tantôt

Comme je n'en ai lu qu'un seul jusqu'à maintenant, je ne pense pas être la plus à même à te répondre Bédoulène. Cela dit, ils semblent avoir été publié dans le désordre et cela ne semble pas avoir gêné les lecteurs. Moi mon côté obsessionnelle me pousse à les lire dans l'ordre, mais ce n'est sans doute pas vraiment indispensable. Kenavo pourra mieux te répondre.

Bédoulène a écrit:

donc j'ai emprunté la 4ème saison moi ; mais je pense que ce désordre ne nuira pas à la compréhension si je décide ensuite de lire les autres saisons ?

je les ai lu dans l'ordre, mais comme Arabella le dit : pas indispensable.. il explique toujours dans tous les livres ce qui est arrivé à son copain et d'autres personnages qui revienennt sont aussi présentés.. il a pensé à un lecteur qui ne lit qu'un ou dans le désordre.. pas de soucis pour le suivre
(en tout cas en ce qui concerne le cycle des saisons.. à partir de là je dirais que cela devient étrange puisque Mario Conde va quitter la police et du coup c'est en quelque sorte 'un autre personnage' )

Je suis loin de les avoir tous lus mais, en lisant les commentaires, je crois que je ne me trompe pas en vous conseillant de lire Les brumes du passé. S'il faut ne lire qu'un seul, c'est donc bien celui-là ! En tout cas, après avoir lu Passé parfait, j'ai pu mesurer à quel point l'auteur avait évolué au cours du temps, et en bien

sentinelle a écrit:

Je suis loin de les avoir tous lus mais, en lisant les commentaires, je crois que je ne me trompe pas en vous conseillant de lire Les brumes du passé. S'il faut ne lire qu'un seul, c'est donc bien celui-là ! En tout cas, après avoir lu Passé parfait, j'ai pu mesurer à quel point l'auteur avait évolué au cours du temps, et en bien

J'ai tendance à penser qu'il vaut mieux se laisser le meilleur pour la fin. Et je lirai un jour Les brumes du passé, mais entre, des romans un peu moins ambitieux pourront me faire passer un petit moment agréable de délassement.

Ce serait dommage de passer à côté en tout cas, bref qu'importe le chemin qui te mènera à ce roman mais l'important, c'est d'y arriver à un moment ou un autre

Vents de Carême

Deuxième opus des Quatre saisons à la Havane. Comme d'habitude, on confie à Mario une enquête qui sent mauvais. Parce qu'il n'y a pas de raisons que ce ne soit pas lui. Là il s'agit d'une jeune femme assassinée, dans des conditions épouvantables : viols, tortures... Et sans aucun vol. Cela va être en réalité moins sordide que dans la première annonce, mais guerre mieux. Mario va devoir retourner à son ancien lycée, dans lequel la victime enseignait, et il va tomber amoureux d'une belle inconnue.

Il va évidemment résoudre l'enquête, et heureusement, aussi bien la victime que l'assassin se révèlent aussi antipathiques que possible. Et sa belle inconnue se révèle mariée et laisse tomber notre Mario comme une vieille chaussette dès que l'époux annonce son retour : les admiratrices de notre séduisant policier peuvent dormir sur leurs deux oreilles, son coeur est toujours à prendre.

Lecture rapide et plutôt sympathique, je trouve que l'enquête est un peu plus convaincante que dans le premier volume, sans être un grand coup de coeur, je comprends que l'on puisse vraiment suivre cette série et son héros.

L'homme qui aimait les chiens

Padura conduit trois récits parallèles : le premier suit Trotski dans son exil de l'URSS au Mexique, en passant par la Turquie et la Norvège. Le second suit Ramon Mercader, son assassin, depuis l'Espagne en effervescence et au bord du chaos. Le troisième a pour cadre le Cuba contemporain, et se structure à partir des deux premiers récits tout en les éclairant d'un regard saisi d'amertume, plus ample et plus distancié. Il offre au roman son ambition et sa raison d'être.
Le résultat est forcément très dense, souvent passionnant lorsque Padura évoque l'écrasement de l'individu sous le poids des idéologies. En fouillant le cas Mercader, il aborde une confusion d'identité, une perte de soi au profit d'un discours abstrait et désincarné. Les tourments de l'Histoire apparaissent alors presque illisibles, face à l'auto-destruction d'un homme aveuglé par ses illusions.
Je trouve par contre plus faible la partie concernant Trotski, sans doute car celle-ci reste décrite sous la forme d'un exil "passif", d'une révolte à la fois subie et consentie. Trotski reste jusqu'au bout fidèle à ses idéaux, et Padura ne parvient pas à lui insuffler la complexité et l'ampleur qu'il donne à ses autres personnages, sur la réserve face à sa position d'intellectuel et d'homme politique. D'où l'impression de développements tirant parfois en longueur...cependant, c'est un roman qui trouve sa valeur jusque dans ses détours et hésitations, qui décryptent des trahisons successives. La déchéance d'un idéal ne laisse que des silhouettes et des ombres livrées à elles-mêmes.
Padura construit les fragments d'une image qui se révèle peu à peu, marquée par le leitmotiv des barzoïs (les "chiens" du titre, lévriers russes), qui seuls semblent pouvoir révéler la permanence d'un lien affectif.

J'ai fini Electre à la Havane et j'avoue avoir été déçue par ce troisième opus des aventures de Mario Conde. C'est pourtant plus ambitieux en principe, on évoque d'avantage les répressions politiques, les mises à l'écart des déviants de toutes sortes, artistes, homosexuels.... Mais je trouve l'intrigue policière particulièrement mal fichue, et les mises en cause du régime n'apportent finalement pas grand chose à ce que l'on peut savoir par ailleurs. Et le cycle devient répétitif avec les volumes. Dommage.