Un bon début, ça aide...

animal a écrit:

(auteur = Buzzati si j'ai bien compris ? )

Oui, Bulle essaie de ne pas oublier l'auteur et le titre du livre que tu cites, sinon ça devient incohérent...
Ce n'est pas un reproche. Hé !

bix229 a écrit:

Oui, Bulle essaie de ne pas oublier l'auteur et le titre du livre que tu cites, sinon ça devient incohérent...
Ce n'est pas un reproche. Hé !

D'accord Bix229 c'est fait .

Les villes la nuit, je le sens bien, renferment des hommes qui pleurent dans leur sommeil puis disent Rien. C'est rien. Rien qu'un sale rêve. Ou à peu près..Il suffit, pour les repérer, de suivre à fond de cale le roulis des pleurs, avec les sondes à larmes, et les jauges à sanglots. Une femme ( épouse, amante, muse efflanquée, grasse nourrice, idée fixe, mangeuse d'hommes, vieille maîtresse ou mauvaise conscience) se réveille bientôt, se tourne vers l'homme et lui demande avec cette insatiable curiosité féminine: " Qu'est-ce qu'il y a?" Et l'homme de répondre: " Rien. Non, ce n'est rien, je t'assure. Rien qu'un sale rêve."
Rien qu'un sale rêve. Ouais, c'est ça...Rien qu'un sale rêve. Ou à peu près.
Richard Tull pleurait dans son sommeil...

L'information
Martin Amis

Jan Andersson de Skrolycka ne se lassa jamais, meme dans sa vieillesse,
de parler du jour où naquit la petit fille.

Dès le matin, Jan Andrsson était allé chercher la sage-femme et d'autres personnes d'expérience, après quoi il avait passé toute la matinée et
un bon bout de l'après-midi assis sur le billot, dans le bucher, sans faire
autre chose que d'attendre.

Selma LAGERLOF - l' Empereur du Portugal.

Ce livre-là est celui que j'ai préféré de Selma Lagerlof. On parle de
romans d'amour... celui-là n'est pas mal je crois...

Il n'est guère facile de décrire ma mère. Aussi lointaine qu'une étoile
étincelante, sa grace étrange n'était en rien liée au paysage diurne.
Devrais-je dire qu'étrangère elle était belle et qu'elle ne m'aimait pas ?
Les ombres sont elles belles ?
La nuit aime t'elle son enfant ?

Anna KAVAN - Demeures du sommeil

Ce passage est avant le début. Peut etre un incipit ? Ou une dédicace ?
Mais j' aime tellement cette dame, que vous aurez droit au commencement
aussi !

En elle meme toute idée est neutre, ou devrait l'etre ; mais l' homme
l'anime, y projette ses flammes et ses démences ; impure, transformée en croyance, elle s' insère dans le temps, prend figure d' évènement : le
passage de la logique à l' épilepsie est consommé...
Ainsi naissent les idéologies, les doctrines et les farces sanglantes.

E. M. CIORAN - Précis de décomposition.

Comment ne pas etre d'accord avec ce début-là ?

Cioran était un grand styliste et un pessimiste professionnel. Et la pratique du pessimisme était sa thérapie.

Recomandé à tous ceux qui n'aiment pas les abus de douceurs et les
petits coeurs ! Queenie, Mordi

Cioran, il a de vrais bons trucs. Mais j'ai jamais rien lu entier.

Il fait bref, Cioran. Sous forme d'aphorismes ou de courts paragraphes.

et ça colle avec son style...

Jamais je ne parcourais cette allée sans un frisson de peur. Ma soeur
m'accompagnait jusque-là, marchant en silence, jetant sur moi, en chemin, des regards brefs et distraits.
Lorsque nous étions arrivés à la grille, elle murmurait à mon intention :
" Va ", avec une assurance cavalière où je croyais saisir une allusion à la disiparité de nos destins.
" Rien à faire, semblait-elle dire avec ce monosyllabe, c'est ici que nos routes se séparent ", comme si des lois étrangères à sa volonté lui imposaient de me quitter.
Et elle disparaissait aussitot. Quant à moi, je me retrouvais privé de réconfort, à cette heure de l'après-midi, dans le parc de la villa.
Un calme profond, insidieux, drapé des froids aromes d'un mois de mars
printanier enveloppait peu à peu mon corps ; une brise légère le chatouillait soudain, comme si, furtive, elle était entrée avec moi juste
avant que je referme la grille.

Dès lors, j'étais seul ; et je n'avais plus qu'à m'acheminer le long de l'allée
le coeur rempli d'angoisse, poursuivi par la pensée de ce que j'allais découvrir.

Carmelo SAMONA - Villa Landau

Comme beaucoup d'auteurs italiens, Samona était Sicilien. Et comme
certains d'entre eux, il est venu tard à la littérature.
Il a publié pourtant un livre extraordinaire de puissance et de subtilité
sur l'amour et la maladie : Frères.
Malheureusement, j'ai emprunté ce livre je ne sais où, et je possède seulement Villa Landau que j'avais acheté par pur enthousisasme après la lecture de Frères.

Mes yeux se sont détournés de vitres teintées, mon dos se redresse légèrement et mes larmes redoublent.
Le bruit de la cléf qui tourne dans la serrure...
La porte jaune qui s'ouvre sur cette silhouette blanche, comme j'aimerais
qu'elle ne soit qu'une silhouette, un fantome qui passe et ne s'arrete pas...
Recroquevillée près de l'oreiller, agrippée à la barre du lit, coincée entre
la table de nuit de fer peinte en blanc et mon malheur, je l'observe
derrière le brouillard de mes larmes, mon regard se fixe sur le plateau
qu'elle porte, cet indéniable défi...

Valérie VALERE - Le Pavillon des enfants fous.

Ce défi c'est celui de Valérie Valère, qui à 13 ans décida de ne plus se
nourrir et fut internée en hopital psychiatrique, pour cause d'anorexie.

Anorexie, boulimie : deux faces d'un meme mal, d'une meme angoisse...

bix229 a écrit:

Mes yeux se sont détournés de vitres teintées, mon dos se redresse légèrement et mes larmes redoublent.
Le bruit de la cléf qui tourne dans la serrure...
La porte jaune qui s'ouvre sur cette silhouette blanche, comme j'aimerais
qu'elle ne soit qu'une silhouette, un fantome qui passe et ne s'arrete pas...
Recroquevillée près de l'oreiller, agrippée à la barre du lit, coincée entre
la table de nuit de fer peinte en blanc et mon malheur, je l'observe
derrière le brouillard de mes larmes, mon regard se fixe sur le plateau
qu'elle porte, cet indéniable défi...

Valérie VALERE - Le Pavillon des enfants fous.

Ce défi c'est celui de Valérie Valère, qui à 13 ans décida de ne plus se
nourrir et fut internée en hopital psychiatrique, pour cause d'anorexie.

Anorexie, boulimie : deux faces d'un meme mal, d'une meme angoisse...

effectivement , et qui de plus est , une maladie récurante .

Le 16 noovembre 1532, à la tombée du jour, l' Inca Atahuallpa était
arraché à sa litière au milieu de ses gardes et capturé par Francisco
Pizarro.
Son armée, taillée en pièces par une poignée de cavaliers, se perdait dans la nuit. En trois heures à peine, la puissance du plus grand état de l'Amérique précolombienne était définitivement brisée.
La chute de l'empire des Incas précéda la mort d'une civilisation dont meme les rudes aventuriers qui la détruisirent avaient perçu la grandeur.

Alfred METRAUX - Les Incas

Alfred Métraux, anthropologue d'origine Suisse -mort en 1963- fut un savant hors pair, de l'envergure de Levi Strauss.
Spécialiste des peuples d'Amérique Latine, d'Haiti et de l'Ile de Paques,
il s'interessait aussi bien à l'histoire, qu'à l'archéologie, aux religions et
à l'ethnologie.
Il mit son courage moral hors du commun, au service des droits de l'homme
et de l'anti rascisme.
Et ça méritait un petit hommage...