Un bon début, ça aide...

Hum, oui, je viens d'en terminer la lecture...
J'en ressors éblouie. Je laisse un peu reposer et mûrir avant d'en parler...
C'est une lecture pour toi Bix !

A Paris, ce matin, le soleil va et vient, de grands yeux azurés s' ouvrent et se ferment là-haut dans le ciel,
les feuilles des arbres semblent de verre, une mer de toits bleus céleste brille comme sur une carte postale du lointain, la carte que nous avons tous reçue d' un quelconque lieu de vacances.

Anna Maria Ortese : Le Murmure de Paris

"Peut-on etre épris d' une oeuvre ? Eprover un coup de foudre pour un livre ? Passer par le stade de la
cristallisation ? Trembler du désir... De traduire ?
Le premier mot d' une ouvre c' est souvent le nom de son auteur. Le sésame, le déclic magique. Le nom de Guermantes.
Ce n' est pas une tromperie de la mémoire si je me persuade que les prémices remontent à l' année où
pour la première fois sans doute une tentative de traduction d' Anna Maria Ortese parut en France...
Au salon du livre italien, je découvris ce petit volume Il mormorio di Parigi.
Je le lus en peu d' hures, cette nuit-là, à la gare de Turin. J' étais transi d' émotion. J' aurais fait le tour du monde pour la rencontrer."

Ainsi s' exprime Claude Schmitt, traducteur de ce livre... je ne saurai mieux dire !

UN DEMI PORTRAIT

Je n' ai jamais été enfant, je n' ai pas eu d' enfance.
Chaudes et blondes journéés d' ivresse puérile, longue sérénité de l' innocence, surprise de la découverte quotidienne de l' univers : qu' est-ce que cela pour moi ? Je n' en connais rien, ou je ne m' en souviens pas.
Je l' ai appris par les livres, après ; je le devine, maintenant, chez les garçons que je vois ; je l' ai senti et éprouvé pour la première fois en moi-meme, passé les vingt ans, à tel instant bienheureux de détente et d' abandon. L' enfance est amour, joie, insouciance... et je me vois dans le passé toujours solitaire et pensif.

... Et il est de qui ce début ? A celle qui nous en parle tout les jours, ce sera un jeu d' enfant de le deviner...

"Je suis un homme ridicule. Maintenant, ils disent que je suis fou. Ce serait une promotion, s'ils ne me trouvaient pas toujours aussi ridicule. Mais maintenant je ne fâche plus, maintenant je les aimes tous, et même quand ils se moquent de moi - c'est surtout là, peut-être, que je les aime le plus. Je me moquerais bien avec eux, pas de moi-même, non, mais en les aimant, si je n'étais pas si triste quand je les vois. Si triste, parce qu'ils ne connaissent pas la vérité, et moi, je connais la vérité. Oh, qu'il est dur d'être seul à connaître la vérité ! Mais, ça, ils ne le comprendront pas. Non, ils ne le comprendront pas."

Premières lignes du "rêve d'un homme ridicule", de Dostoïevski.

Je viens de lire 54 pages (si, si, j'ai lu l'intégralité du fil) et j'y ai notamment lu ce que Bix en disait : Si vous feuilletez ces débuts, vous pouvez vous faire une bonne bibliothèque, enfin une partie..

Certes, certes, mais je vais devoir déménager à la TGB

Bon, sérieux, ce début là n'a pas été cité (donc pas de redite kôa) :

Il n'y a pas si longtemps de ça, j'avais encore trente ans. Tout pouvait arriver. Il suffisait de faire les bons choix, au bon moment. Je changeais souvent de travail, mes contrats n'étaient pas renouvelés, je n'avais pas le temps de m'ennuyer. Je ne me plaignais pas de mon niveau de vie. J'habitais rarement seule Les saisons s'enchaînaient façon paquets de bonbons : faciles à gober et colorés. J'ignore à quel moment la vie a cessé de me sourire.

Virginie Despentes - Apocalypse Bébé


Un autre début, d'un auteur que j'apprécie particulièrement, Oscar Wilde. Le portrait de Dorian Gray :

Autre début, donc :
L'artiste est le créateur de belles choses.
Révéler l'art et dissimuler l'artiste, tel est le but de l'art.
Le critique est celui qui peut traduire en une autre manière ou une autre matière les impression que créent sur lui les belles choses.
La mode autobiographique est la forme de critique la plus haute, mais aussi la plus basse.
Ceux qui trouvent à de belles choses des significations belles sont les gens cultivés. D'eux on ne doit pas désespérer. Ceux pour qui les belles choses ne signifient que Beauté sont les élus.

bix229 a écrit:

AOUT

Au mois de juillet, mon père partait aux eaux et nous laissait ma mère, mon frère ainé et moi, en pature aux journées d' été, blanches de feu et enivrantes. Nous feuilletions, étourdis de lumière, le grand livre des vacances, dont chaque page scintillait de soleil et conservait tout en son fond, sucrée jusqu' à la pamoison, la pulpe des poires dorées.

Bruno Schulz : Les Boutiques de cannelle

Ce magnifique début est celui d' un auteur Polonais dont l' originalité est plus familière que celle d' un Kafka dont il est le contemporaiin et auquel il est apparenté...

j'ai lu ce livre il y a longtemps, je me souviens de l'avoir aimé, il faudrait que je le relise... merci pour la piqûre bix !

Aie ! J' ai écrit Schultz, alors que c' est Schulz... Confusion avec l' auteur des Peanuts ?!

bix229 a écrit:

ECOUTE, PETIT HOMME

Ils t' appellent "petit homme", "homme moyen", "homme commun"; ils annoncent qu' une ère nouvelle
s' est levée, l' "ère de l' homme moyen".
Cela, ce n' est pas toi qui le dis, petit homme !
Ce sont eux qui le disent, les vice-présidents des grandes nations, les leaders ouvriers ayant fait carrière, les fils repentis des bourgeois, les hommes d' Etat et les philosophes. Ils te donnent ton avenir, mais ne se soucient pas de ton passé.
Tu es l' héritier d' un passé horrible. Ton héritage est un diamant incandescent entre tes mains. C' est moi qui te le dis !

Wilhelm Reich : Ecoute, petit homme

Non, je ne l' ai pas lu, mais je l' ai retrouvé au cours de fouilles dans les profondeurs de mes bibliothèques.

Un message subliminal et intuitif m' avait dit qu' on allait en parler !

L'un de mes livres de chevet, que j'ai prêté, ou conseillé, ou offert à mon entourage.

Le passage intitulé "Regard vers l'avenir" relève d'un esprit visionnaire. (p.148)

Les illustrations de William Steig collent parfaitement à ce texte qui se présente sous forme de harangue se voulant réveiller les consciences. (Petite bibliothèque Payot)

Ah oui, je l'ai lu aussi. Il faudra que j'y revienne un peu plus d'ailleurs, il m'avait beaucoup plu.