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 Alejo Carpentier [Cuba]

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kenavo
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MessageSujet: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyMar 14 Oct 2008 - 22:57

alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] Alejoc10

Alejo Carpentier y Valmont est un écrivain cubain né à Lausanne le 26 décembre 1904 et mort à Paris le 24 avril 1980. Romancier, essayiste, musicologue, il a profondément influencé la littérature latino-américaine durant son fameux "boom".

Biographie
Alejo Carpentier est né d'un père français architecte et d'une mère russe professeur de langues.

On a longtemps pensé qu'il était né à La Havane où sa famille s'est installée peu de temps après sa naissance, mais son certificat de naissance aurait été retrouvé en Suisse après sa mort et prouverait qu'il est né à Lausanne.

Il avait 12 ans quand sa famille s'est installée à Paris. C'est là qu'il commence à étudier la musicologie. Quand ils retournent s'installer à Cuba, Alejo Carpentier commence des études d'architecte, qu'il ne terminera pas. Il se consacre au journalisme, mais son engagement à gauche lui vaut un séjour en prison (1928 ), sous la présidence de Gerardo Machado, avant de l'obliger à s'exiler en France. Il y rencontre les surréalistes, dont André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon, Jacques Prévert et Antonin Artaud. Durant ce séjour en France, il fait plusieurs voyages en Espagne où il développe une fascination pour le Baroque.

De retour à Cuba en 1939 , il poursuit une carrière de journaliste et de chroniqueur de radio . Il assiste à une cérémonie Vaudou et s'intéresse à la culture afro-cubaine. En 1943, il est marqué par un séjour à Haïti, durant lequel il visite la forteresse de la Citadelle La Ferriere et le Palais de Sans-Souci, bâtis par le roi noir d'Haïti Henri Christophe. En 1945 il s'installe à Caracas ( Vénézuéla ) où il vivra jusqu'en 1959. Après le triomphe de la révolution cubaine il revient à La Havane. En 1966 il devient ambassadeur de Cuba en France où il résidera jusqu'à sa mort.

Alejo Carpentier est célèbre pour son style baroque et sa théorie du real maravilloso. Ses œuvres les plus connues en France comprennent Le Siècle des Lumières (1962), La Guerre du Temps (1967), Concert baroque (1974). Son premier roman, Ecue-yamba-o! (1933), est d'inspiration afro-cubaine. Dans Le Royaume de ce Monde (1949), son premier grand roman, il évoque le mouvement révolutionnaire cubain. C'est aussi dans le prologue de ce roman qu'il décrit sa vision du real maravilloso ou "réel merveilleux", que les critiques identifieront au Réalisme magique.
Son séjour au Vénézuéla de 1945 à 1959 lui inspire manifestement la description du pays sud-américain sans nom où se déroule l'essentiel de son roman Le Partage des Eaux (1953).

Son roman "Le Recours de la Méthode" (El Recurso del Método), publié en 1974 est l'un des grands romans de la littérature latino américaine à tracer le portrait type du dictateur (en prenant ici pour modèle la figure de Machado). Il est précédé en cela par Miguel Angel Asturias avec "El Senor Présidente" (1946), Augusto Roa Bastos : "Yo el Supremo" (1974) et suivi par Gabriel Garcia Marquez: "El Otoño del Patriarca" (1975) et Mario Vargas Llosa : La Fiesta del chivo (2000).
En 1975 il reçoit le Prix mondial Cino Del Duca. Il reçoit le Prix Cervantes en 1977 et le Prix Médicis en 1979.

La fin de sa vie est marquée par une lutte contre le cancer, tandis qu'il termine son dernier roman .

Il meurt à Paris le 24 avril 1980. Son corps est transféré à Cuba, où il est enterré dans le Cimetière Colón de la Havane. Ses funérailles sont célébrées le 28 avril, en présence du président Fidel Castro.

Bibliographie
Citation :
Index : cliquer sur le numéro de page pour y accéder

Le Royaume de ce monde (El reino de este mundo, 1949)
Le Partage des eaux (1955) - Prix français du meilleur roman étranger en 1956 pages 1 , 2 , 3, 4
Guerre du temps et autre nouvelles (Guerra del tiempo, 1956)
Chasse à l'homme (1958)
Le Siècle des Lumières (El siglo de las luces, 1962) page 4
Le Recours de la méthode (El recurso del método, 1974)
Concert baroque (Concierto barroco, 1974) pages 1 , 2
La harpe et l'ombre (1979) page 3
La Danse sacrale (1980) pages 1 , 2 , 3, 4
La Musique à Cuba (1985)



Source: wikipedia

Citation :
arrêté à la page 4 le 17/08/2014


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kenavo
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyMar 14 Oct 2008 - 22:57

alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] Ab77
Concert baroque
Citation :
Quatrième de couverture
A Venise, pendant le carnaval, un Mexicain déguisé en Moctezuma rencontre Vivaldi. Puis Scarlatti et Händel se joignent à eux pour visiter un couvent de nonnes musiciennes et pour aller prendre un petit déjeuner sur la tombe d'Igor Stravinski. Car les chronologies s'enchevêtrent dans ce merveilleux concert baroque où la musique, forme sublimée du temps, mène le récit. Si Vivaldi avait pris la plume, il n'aurait pas écrit autrement ce Concert baroque.


Inspiré par l’opéra peu connu d'Antonio Vivaldi Montezuma, Alejo Carpentier s’est offert le plaisir d’écrire ce roman à l’âge de 70 ans.

Au début du 18e siècle un créole mexicain riche et instruit entreprend un voyage en Europe. À la Havane il trouve Filomeno, qu’il va prendre avec lui comme serviteur.

L’Espagne comme pays de ses ancêtres ne plait pas au Mexicain. C’est au carnaval de Venise que les deux vont enfin trouver un peu l’atmosphère qui leur plait.
Ils rencontrent Antonio Vivaldi, Georg Friedrich Händel et Domenico Scarlatti.
Ce qui s’ensuit est une improvisation rythmique jusqu’à la jam-session.
La petite communauté se réunit sur la tombe d’Igor Stravinski pour discuter de développements musicaux.
En rentrant en ville, ils voient le cercueil de Richard Wagner qui est transporté à la gare.
Le mexicain qui s’identifie entre temps avec Montezuma part de Venise parce qu’il est insatisfait des coutumes européens de faire monter sur scène des opéras, tandis que Filomeno veut rester à Venise pour aller écouter un concert de Louis Armstrong.

Un roman dans la tradition des auteurs de l’Amérique du sud avec ce petit atout de surréalisme..


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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyMar 14 Oct 2008 - 22:57

alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] Ab78
La danse sacrale
Citation :
Présentation de l'éditeur
Deux couples sont les étoiles de cette oeuvre conçue comme un ballet: Vera, danseuse d'origine russe et Enrique le Cubain, puis Calixto et Mirka, élèves de Vera à La Havane: lui est noir, elle est blanche. L'aventure des héros de cette grandiose fresque s'inscrit dans l'histoire: la résistance cubaine à la dictature de Machado, qui oblige Enrique à s'exiler en Europe, la guerre d'Espagne puis la Seconde Guerre mondiale, le régime sanglant de Batista qui provoque la révolte armée de Fidel Castro et de ses guérilleros, la baie des Cochons. A la fois évocation baroque, et chronique de la vie culturelle de toute une époque, ce dernier roman d'Alejo Carpentier nous entraîne sur les traces de Picasso, des surréalistes, jean Cocteau, Django Reinhardt, jusqu'aux " bals nègres " de Paris..

Pour ouvrir ce fil, j’ai relu Concert baroque bien que j’ai adoré plus La danse sacrale.
Et je ne vais pas comprendre pourquoi on n’en parle pas plus souvent de ce livre pout cet auteur. Beaucoup connaissent quelques autres livres de lui, notamment Concert baroque, mais mon cœur bat pour ce livre. C’est une histoire à vous faire emporter dès la première page, c’est passionnant et il y a de tout – la guerre, l’amour, la musique
Et après Concert baroque je sais que je n’ai qu’une envie – retrouver La danse sacrale et me plonger dans cette lecture aime

(et je ne vais jamais comprendre pourquoi on n’a pas donné le titre exacte à ce livre qui s’appelle en espagnol : Le Sacre du Printemps.. parce que le livre tourne exactement autour de ce ballet…)


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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyMer 15 Oct 2008 - 10:24

Voilà, je me souviens maintenant du livre que j'ai lu de lui : Le siècle des lumières. Ma lecture est trop ancienne pour que je puisse en parler précisément, mais je l'avais beaucoup aimé à l'époque.

Citation :
Amazon

Alejo Carpentier donne un goût exotique à la Révolution française. Ou comment les Antilles, Cuba, la Guadeloupe et les Guyanes reçurent les idées et événements français de 1789 à 1808. Sous nos yeux se tisse une histoire singulière car aux troubles français se mêlent des problèmes locaux, tels que l'esclavage ou les déportations massives à Cayenne. Malgré la somme de connaissances réunies par l'auteur, le roman, servi par une langue foisonnante, baroque, saturée d'épices et de lourdes senteurs, ne s'enferme jamais dans l'Histoire. Ses trois protagonistes (Victor Hugues, disciple de Robespierre, le jeune bourgeois Esteban et la belle Sofia) sont les médiateurs d'une méditation poétique sur les grandeurs et désillusions de toute révolution humaine.

Le Siècle des lumières est le quatrième roman de l'écrivain cubain. Le Royaume de ce monde (1954) et Le Partage des eaux (1955) révélaient déjà une écriture unique, à contre-courant de la littérature traditionnelle d'Amérique latine, alliant le réalisme le plus rigoureux à une poésie visionnaire, enrichie de mythes et d'archétypes universels. --Laure Anciel

Description
Les prestigieux paysages des îles et de la mer des Caraïbes sont le décor de ce roman baroque et tragique où le grand écrivain cubain fait revivre des événements peu connus de la Révolution française. Autour du mystérieux personnage de Victor Hugues, qui joue un rôle important à la Guadeloupe en 1791, puis en Guyane où il devra renier son idéal, on voit toute l'Amérique de langue espagnole évoluer vers son émancipation. On revit l'atmosphère coloniale de La Havane, les drames sanglants de la grande Révolution, la guerre contre les Anglais, la guerre de course... Il est difficile de lire ce roman qui évoque le passé avec tant de force sans penser à des événements d'aujourd'hui.
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyMer 15 Oct 2008 - 10:27

Epi a écrit:
Voilà, je me souviens maintenant du livre que j'ai lu de lui : Le siècle des lumières. Ma lecture est trop ancienne pour que je puisse en parler précisément, mais je l'avais beaucoup aimé à l'époque.
ah oui.. merci Epi de mentionner ce livre.. tout comme pour Danse sacrale ma lecture date de trop longtemps.. mais j'adore cet écrivain
et je crois le plus que j'aime, le plus cela me prend du temps de leur faire un fil chez les Parfumés.. Alejo a pris presqu'un an Wink
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyMar 21 Sep 2010 - 18:05

Je lis ton post après avoir vu le dernier choix de lecture d'Arabella et ce que tu dis de ces 2 livres ne peut que me donne renvie de le lire!! Surtout La Danse Sacrale.
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyMar 21 Sep 2010 - 18:16

Comme cela tu pourras participer à la LC Caraïbes Wink
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyMar 21 Sep 2010 - 18:28

Arabella a écrit:
Comme cela tu pourras participer à la LC Caraïbes Wink

Je le fais déjà avec le roman d'Ospina...
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyMar 21 Sep 2010 - 19:39

Marko a écrit:
Je lis ton post après avoir vu le dernier choix de lecture d'Arabella et ce que tu dis de ces 2 livres ne peut que me donne renvie de le lire!! Surtout La Danse Sacrale.
ah oui.. trop bon si tu veux lire ce livre cheers
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyMar 21 Sep 2010 - 19:54

Concert baroque est son livre le plus court, c' est peut etre celui que je préfère, mais je n' ai
pas tout lu ...
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyDim 26 Sep 2010 - 19:10

Le partage des eaux


Le narrateur étouffe dans sa petite vie, entre un travail purement alimentaire, sa vie conjugale avec une comédienne qu’il ne fait que croiser, et sa maîtresse qu’il n’aime pas vraiment. Musicien de formation, il se voit proposer par son ancien maître, Conservateur du musée organographique une expédition en Amérique du Sud, afin de trouver des instruments primitifs, qui permettrait de vérifier une théorie musicologique sur l’origine de la musique. Sa maîtresse, Mouche le décide à accepter, dans le but de se faire payer le voyage à deux, la recherche des instruments ne figurant pas vraiment dans le projet du couple. Notre duo arrive dans une ville d’Amérique du Sud, une révolution intervient, pour la fuir ils se dirigent dans une plus petite bourgade. Chemin faisant, aussi grâce aux rencontres qu’il fait, le narrateur se décide à aller chercher pour de bon les fameux instruments, ce qui se révélera finalement pas trop difficile. Mais ce n’est pas là que prendra fin le périple du narrateur : il va aller dans une ville fondée tout récemment dans la jungle par des courageux explorateurs, un lieu qui n’existe sur aucune carte, quelque chose en train de se construire à partir de rien. Il a abandonné Mouche en chemin, et fait la rencontre de Rosario, amour bien différent de ceux qu’il a connu jusqu’ à maintenant. Mais la civilisation qu’il a fuit se rappelle à lui. D’abord dans le désir de composer, qui revient dans le désert, et pour lequel il manque de papier. Ensuite, sous la forme d’un avion venu le chercher. Il revient à la civilisation, de façon temporaire pense-t-il. Mais le retour dans le paradis perdu est-il possible ?


Roman baroque, foisonnant, dans lequel les thèmes et les motifs s’entrecroisent, comme dans la cantate que veux composer le narrateur. Impossible de les citer tous. La vie dans une grande ville moderne s’oppose à la vie dans la jungle, où tout ce qui compte est ce qui permet de survivre d’une façon quasi physique, et le reste est superflu. Mais où s’arrête l’essentiel et où commence le superflu. Où finit la nature et où commence la culture. Où s’arrête la liberté et où commence la contrainte. Le partage des eaux est le roman de la complexité des aspirations humaines, de leurs contradictions, de leur éternel inassouvissement. Un très beau voyage, dans l’espace et dans les méandres des âmes humaines.
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shanidar
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyVen 11 Nov 2011 - 13:22

alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] Carpen10

Ce livre, je le sais, est déjà, à peine refermé, à nouveau traversé et puis relu, une énorme, une profonde, une sidérante découverte. Il parle à la partie enfouie, rêvée, voulue, désirée la plus profonde de mon être, de mon histoire, de mes violences et de mes aspirations. Il est une mesure de moi, un échange, un partage des eaux qui se fait dans la ferveur, l'ivresse et cette forme d'abandon qu'atteint la lecture lorsqu'elle devient murmure du coeur.


Ce livre parle à l'intelligence, celle du corps et celle de l'esprit, il est fusion charnelle et intense désir sexuel, il est écoute du souffle, de la respiration, du moi ouvert au monde, il n'est pas un hymne à la nature ou au retour à l'état de sauvage mais un hymne à la culture et un questionnement sur l'avenir de cette culture dans un monde précipité, suractif, oublieux.


Le narrateur est un homme malheureux, travaillant à une charge qu'il juge dévalorisante, lui le musicien qui écrit des musiques de films ; mal marié à une femme absente, grande comédienne figée dans un rôle immuable, amant d'une Mouche dont le coche passera vite (Mouche est la figure de l'intellectuelle versée dans le surréalisme et l'astrologie, juvénile perroquet dont la profondeur s'efface au premier contact de l'étranger). Il croise le Conservateur qui lui propose un voyage vers la jungle. Après quelques revirements, le narrateur se décide à partir en emmenant sa maitresse. Par étape, il pénètre dans la jungle, par étape il découvre les hommes qui vivent sur les territoires du Cheval, puis du Chien et enfin des Abeilles. Il va jeter la pierre de Sisyphe (image récurrente du fardeau porté par l'homme moderne, clin d'oeil évident à la figure de Camus et de l'homme qui, s'il ne se révolte pas, se suicide) qui l'empêche de s'élever, de chercher cette origine de la musique pour laquelle il a entrepris son voyage ; mais attention nous sommes loin de l'image idyllique du moderne rencontrant le sauvage, de l'homme cultivé approchant humblement l'homme préhistorique. Sans leurre, sans fioriture, avec une honnêteté foudroyante, le narrateur se présente pour ce qu'il est : musicien, cultivé, voyageur, projeté dans une jungle où les hommes mangent des larves et sucent la terre... Etonnament, il trouvera là, un havre, une possibilité d'écoute, d'affranchissement de lui-même qui le sauve, le rassemble, qui lui redonne les clefs de sa propre humanité.


Arabella souligne la force du Progrès qui écartèle l'homme qui voudrait retourner à l'état brut de la nature la plus féroce, j'y ai vu pour ma part une sorte de possible fusion, éphémère, paradoxale, ultime entre deux mondes qu'on voudrait sans cesse opposer et qui ne sont pourtant pas totalement incompatibles.


Nous ne sommes pas dans un livre de bons sentiments, la nature n'y est pas sublimée ni grandiose, elle peut être effrayante bien sur, mais elle est surtout lassante avec cette pluie qui n'en finit jamais. D'ailleurs le narrateur le souligne, outre quelques oiseaux et ces fichus caïmans qui ressemblent à des bûches, il n'a pas vu de bêtes sauvages, d'immenses serpents, ni d'horribles vampires pas plus qu'il n'a vu d'indiens anthropophages ou belliqueux mais plutôt des êtres à la limite de l'humain, connaissant l'harmonie du monde dans sa disharmonie, utilisant les plantes à bon escient, cultivant une certaine forme de croyance qui s'attache à la terre, celle qui nourrit, celle qui accueille les morts, celle qui protège.


Un livre inoubliable, parce que nourrissant, un livre qui me tend son miroir et dans lequel je me vois, cherchant à unir des mondes pensés de manière incompatibles alors que parfois ils se touchent, s'abouchent, se complètent et s'informent.


Je ne peux finir ce post, sans évoquer la langue, brûlante, veinée, physique de l'auteur, sa manière unique de raconter la jungle, la roche, du même ton qu'il parle de la musique, sa construction, sa force, son irrévérence. Absolument magique !
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyVen 11 Nov 2011 - 14:14

merci pour ton commentaire qui me donne envie de découvrir ce livre à mon tour..
shanidar a écrit:
Je ne peux finir ce post, sans évoquer la langue, brûlante, veinée, physique de l'auteur, sa manière unique de raconter la jungle, la roche, du même ton qu'il parle de la musique, sa construction, sa force, son irrévérence. Absolument magique !
tu devrais aussi retrouver cette magie dans sa Danse Sacrale Very Happy
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyVen 11 Nov 2011 - 18:32

Je n'ai pas la sensation d'avoir ressenti la Force du Progrès, mais effectivement, d'avoir eu le sentiment d'être en face d'un dualisme, nature culture, comme Mouche s'oppose à Rosario, lorsqu'une gagne en intensité, c'est au détriment de l'autre. Après il y a l'aspiration à une fusion, à une union, à une complémentarité, qui peut survenir par moments, mais c'est toujours fragile et temporaire. Lorsque le narrateur revient, il n'a plus sa place dans son coin de nature, elle a été prise. En même temps, il y a complémentarité, le personnage principal ne peut composer que dans la nature, alors que sa musique ne peut être jouée, ni prendre vraiment sens que dans la ville. Les deux deviennent à ce moment associées et complémentaires. Sauf que finalement, il ne peut concilier les deux, et son oeuvre n'aboutit pas. Il ne trouverait vraiment son épanouissement qu'en arrivant à gérer les deux, mais dans le livre, il n'y arrive pas.
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MessageSujet: Re: Alejo Carpentier [Cuba]   alejo carpentier - Alejo Carpentier [Cuba] EmptyDim 13 Nov 2011 - 15:17

Je crois qu'il faut lire la fin du Partage des eaux à l'aune de la mort du prêtre missionnaire qui meurt assassiné et mutilé par une tribu indienne et dont la mort n'est pas un échec mais un triomphe, l'aboutissement de sa vocation. De la même manière c'est en s'enfonçant dans la jungle que le narrateur musicien découvre (ou redécouvre) sa vocation, il n'a plus besoin, alors, d'y retourner car il a trouvé son chemin, la route qui le conduit vers la création. Je ne crois pas que la fin soit fermée. Je ne suis pas sûre qu'il rentre à N.Y. où ailleurs, il peut désormais s'installer n'importe où, fort de sa vocation renouvelée. La jungle lui est fermée, Rosario est à un autre mais était-il vraiment si nécessaire qu'il retoruve la femme et la jungle ? Pas sur. Il a trouvé ce qu'il cherchait, son retour aurait ressemblé à une forme de régression, il a la force maintenant (comme le prêtre) d'aller plus loin et d'y trouver une forme de salut.
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