Francis Ford Coppola

Marko a écrit:

traversay a écrit:

Une curiosité qui mérite vraiment le coup d'oeil.

Je ne l'ai jamais vu et suis très intrigué...

J'ai vu ça il y a quelques années, parce que c'est de Coppola... Si ça n'avait pas été de lui, plus personne ne le reverrait ce film, non ?
Il y a une atmosphère, un truc tordu, c'est vrai, mais je me souviens m'être un peu ennuyé...

eXPie a écrit:

J'ai vu ça il y a quelques années, parce que c'est de Coppola... Si ça n'avait pas été de lui, plus personne ne le reverrait ce film, non ?
Il y a une atmosphère, un truc tordu, c'est vrai, mais je me souviens m'être un peu ennuyé...

C'est vraiment l'école de Corman, des films fauchés mais avec une une gueule d'atmosphère. Tu as raison, on le voit parce que c'est un Coppola. Je ne me suis pas ennuyé, pour ma part, plutôt amusé.

Le DVD sort cette semaine

Marko a écrit:

Le DVD sort cette semaine

Ayé. Vu.

Scotchée.


Je m'attendais tellement à un truc d'intello esthétique, tout mou dans le mauvais sens, avec plein de trucs plombants de drames affreux.

Mais non, c'est juste génial.

Marko et Coline en ont très bien parlé, et je reste étonnée devant l'avis mitigé de Traversay qui trouve le film trop esthétique... J'avais peur de cela, l'image pour l'image, mais non, pour moi ça coule tout seul. Coppola a réussi à en faire plein pour les yeux, les oreilles, les sentiments, les contes, tout s'équilibre parfaitement et tout prend sa place comme un immense puzzle-labyrinthe fabuleux au milieu duquel on marche, on déambule, on se cogne, on caresse, on découvre, on étouffe et on respire. Jusqu'à ce que tout s'imbrique, apporte des réponses, mais ne nous apaise pas pour autant complètement.

J'ai été bluffée par Alden Ehrenreich :

Comme le dit Marko, il a cet air de DiCaprio (avant les stéroïdes, et le besoin de montrer qu'il est un homme un vrai, un peu lourd avec tous ses traumatismes...etc...). Alden a encore cette force d'être dans le drame et le plaisir, l'envie d'être, l'envie d'aimer, la force dans la fragilité. Son jeu est incroyable, sa gueule est incroyable. Il donne envie de l'aimer (et pas pour rien que le Tetro et Miranda tombent plus ou moins vite sous son charme).

Gallo avait des airs de Tcheky Karyo j'ai trouvé. Un petit coin de blessure sauvage, brutale.


Cette histoire passe toute seule, avec son côté planant et mystérieux, son atmosphère malsaine des secrets de famille qui se déterrent peu à peu (encore une fois on a envie de dire : la famille c'est vraiment un truc pourrie dont il faut savoir enlever de gros morceaux), sa simplicité dans l'envie d'être et d'être ensemble.
Ce n'est pas un film grandiloquent (ce dont j'avais peur).


Je me suis pris ma petite claque. Et je regrette, en effet, de ne pas l'avoir vu en salle...

Queenie a écrit:

Coppola a réussi à en faire plein pour les yeux, les oreilles, les sentiments, les contes, tout s'équilibre parfaitement et tout prend sa place comme un immense puzzle-labyrinthe fabuleux au milieu duquel on marche, on déambule, on se cogne, on caresse, on découvre, on étouffe et on respire. Jusqu'à ce que tout s'imbrique, apporte des réponses, mais ne nous apaise pas pour autant complètement..

C'est excatement comme ça que je l'ai resssenti. Une déambulation constamment intrigante, surprenante, qui nous fait à la fois découvrir d'étonnants paysages et lieux extérieurs (ces rues sud-américaines avec leur ambiance bordélique et sensuelle, ces montagnes scintillantes de Patagonie, ces petits cabarets grotesques et familiers en même temps...) et intérieurs, familiaux mais aussi mentaux (avec cette dimension quasi onirique qui rappelle les plus beaux moments de "Rusty James" ou "Outsiders"). Une grâce et une mélancolie qui donnent vie à tout ça d'une manière époustouflante.

Ils n'ont pas pris le risque d'une sortie en Blu Ray pour l'instant! Quand on voit les nazeries qui sortent et pas forcément commerciales! Mais c'est un détail, le DVD est là et suffit largement pour apprécier la beauté de ce film. Bon faut que je le revoie!

Citation :

Autre hypothèse : ce film est une oeuvre testamentaire volontairement mystérieuse et baroque, ultime pied de nez de cet immense cinéaste qui aura marqué de son empreinte le "nouvel" Hollywood, sans jamais se plier véritablement à ses contraintes.

Testamentaire, j'espère que non, mais le reste, il le dit dans le bonus du DVD, il a l'âge ( et les moyens financiers puisqu'il produit) de ne mettre que ce qu'il a envie de mettre dans ses films. ll voulait des scènes de ballet ( Les Contes d'Hoffmann , Coppélia , et un rappel des Chaussons rouges), métaphore de l'écriture dit-il encore, il les a mises. Il voulait un film personnel - Marko a très bien fait l'analyse de quelques scènes clés , et du " Ne regarde pas les lumières" de la toute fin- et il est parvenu à travers ce magnifique mélo , dans lequel il y a beaucoup d'errances, de déambulations, oui, mais jamais gratuites, à raconter une histoire familiale très personnelle.
Quant à l'image.. le directeur de la photo, Mihai Malaimare l'explique également dans le bonus,la caméra ne bouge pas et tout est filmé à partir de photographies prises par milliers qui servent de cadre pour les acteurs , ce qui donne ce côté léché et stylisé, oui, que personnellement j'ai adoré.
L'homme sans âge m'avait laissée quelque peu perplexe, je suis ravie d'avoir aimé ce Tetro .
J'ai beaucoup aimé ta critique, Queenie !

Ah ça me manque une petite perle de beauté comme Tetro.

Des nouvelles du prochain Coppola.

Citation :

Qui a dit : “Je ne vois pas en quoi un film est meilleur en 3D“ ? Ou encore : “Personnellement, je n’ai aucune envie de regarder un film avec des lunettes. C’est fatigant“ ? Francis Ford Coppola, et ce pas plus tard qu’en mai dernier.1 Et devinez qui vient de s’y coller ? Gagné !
Twixt Now and Sunrise, son nouveau film dont il vient tout juste de terminer le tournage (et que l’on vous annonçait il y a à peine plus de deux mois - voir l’article Coppola fait dans l’horreur), devrait effectivement comporter un “bref segment dramatique” en relief. C’est le site US 99% qui a lâché l’information, précisant toutefois que le passage en question “sert l’histoire“, loin du “traditionnel gimmick de deux heures pour multiplexe“.
Les esprits chagrins pourraient penser que le cinéaste de 71 ans, régulièrement à la pointe des nouvelles technologies - on se souvient de Coup de cœur qui, malgré un fiasco critique et public retentissant en 1982, donnait un coup de fouet à la vidéo alors émergente - s’est senti grillé au poteau par James Cameron et son Avatar, et qu’il espère ainsi revenir dignement dans la course à la 3D qui fait actuellement rage à Hollywood.
Ce serait vite oublier que le fameux procédé ne date pas d’hier (mais bien plutôt des années 1950), et que le réalisateur de Conversation secrète et d’Apocalypse Now l’avait déjà expérimenté il y a 25 ans à l’occasion de Captain Eo, attraction pour Disneyland mettant en scène Michael Jackson.
En outre, voyant certains de ses prestigieux collègues s’y mettre également - on pense notamment à Martin Scorsese et son Hugo Cabret - on comprend bien que Coppola ait eu envie de replonger dans le monde du relief.
Quoi qu’il en soit, gageons que son choix serve au mieux sa nouvelle œuvre, film d’horreur gothique que l’on dit dans la veine d’Edgar Allan Poe, et mettant en scène Val Kilmer, Bruce Dern, Ben Chaplin et Elle Fanning.

Source : site TCM

Sortie au premier semestre 2012 ?

Coppola n'a pas eu le premier l'idée de La chevauchée des Walkyries pour Apocalypse Now. Il a du lire Le temps retrouvé de Proust qui évoquait ainsi les conflits de la guerre de 14/18:



Et ces sirènes, était-ce assez wagnérien, ce qui, du reste, était bien naturel pour saluer l’arrivée des Allemands, ça faisait très hymne national, très Wacht am Rhein, avec le Kronprinz et les princesses dans la loge impériale ; c’était à se demander si c’était bien des aviateurs et pas plutôt des Walkyries qui montaient. » Il semblait avoir plaisir à cette assimilation des aviateurs et des Walkyries et l’expliquait, d’ailleurs, par des raisons purement musicales : « Dame, c’est que la musique des sirènes était d’une Chevauchée. Il faut décidément l’arrivée des Allemands pour qu’on puisse entendre du Wagner à Paris. » À certains points de vue la comparaison n’était pas fausse. La ville semblait une masse informe et noire qui tout d’un coup passait des profondeurs de la nuit dans la lumière et dans le ciel où un à un les aviateurs s’élevaient à l’appel déchirant des sirènes, cependant que d’un mouvement plus lent, mais plus insidieux, plus alarmant, car ce regard faisait penser à l’objet invisible encore et peut-être déjà proche qu’il cherchait, les projecteurs se remuaient sans cesse, flairaient l’ennemi, le cernaient dans leurs lumières jusqu’au moment où les avions aiguillés bondiraient en chasse pour le saisir. Et escadrille après escadrille chaque aviateur s’élançait ainsi de la ville, transporté maintenant dans le ciel, pareil à une Walkyrie.

Twixt

Citation :

Un écrivain sur le déclin arrive dans une petite bourgade des Etats-Unis pour y promouvoir son dernier roman de sorcellerie. Il se fait entraîner par le shérif dans une mystérieuse histoire de meurtre dont la victime est une jeune fille du coin. Le soir même, il rencontre, en rêve, l’énigmatique fantôme d’une adolescente prénommée V.

Coppola a commencé, il y a 50 ans, par une série Z horrifique, Dementia 13, tournée pour un budget ridicule sous l'égide de Roger Corman. En 2013, loin des contingences hollywoodiennes, le cinéaste revient à ce type de production bricolée dont on ne sait si elle tient du ridicule ou du sublime. "Le beau est toujours bizarre" écrivait Baudelaire, l'une des influences du réalisateur dans Twixt. Partant de ce principe, le dernier Coppola est donc très beau, enfin il est surtout extrêmement azimuté. Une sorte de mix entre Twilight, Tim Burton et David Lynch, à la fois artisanal et par moments ultra sophistiqué. C'est déroutant parce que foutraque, et excitant pour la même raison. Le film parle des affres de la création, de la perte de l'innocence et de la douleur du deuil. Après Tetro, le cinéaste poursuit donc sa cruelle autobiographie avec un retour sur la mort accidentelle de son fils dont il ne s'est toujours pas remis. Invité exceptionnel de ce film très spécial : Edgar Allan Poe, très à son aise dans cette ambiance morbide, incarné par un excellent Ben Chaplin. Elle Fanning, diaphane, et Bruce Dern, énorme, complètent une distribution dominée par la masse imposante d'un Val Kilmer, bouffi, susceptible d'avoir abusé du tranxène ou du whisky (disons les deux) tant il est inégal dans son jeu. Twixt ressemble à un premier film d'étudiant en cinéma, avec quelques fulgurances qui rappellent qu'il a signé, entre autres, Le parrain, Apocalypse Now, Conversation secrète et Dracula. Tourner une telle oeuvre à 70 ans passés témoigne d'une jeunesse d'esprit et d'une insouciance étonnantes. De jemenfoutisme, aussi, peut-être. D'un amour total du cinéma, empoigné avec une liberté peu commune, cela, c'est évident.

Twixt

Si Coppola ne retrouve pas la beauté de Tetro, à cause d'un récit bancal oscillant entre le tragique et le grotesque, j'ai été touché par cette confession artisanale qui dévoile en effet un vibrant désir de cinéma. Tous les séquences en couleurs grises, d'une sobriété presque étonnante, révèlent une tristesse et une intimité poignantes. Elle Fanning montre encore une fois sa capacité à "incarner" un rôle : tout comme Bruce Dern et Ben Chaplin, elle participe à la recréation d'un monde, entre renaissance et oraison funèbre. Val Kilmer ne devient alors qu'un témoin et son jeu, parfois déconcertant, est à l'image de sa position à la marge face à des évènements qui le dépassent. Coppola cherche à transcender une perte, un souvenir : il n'y parvient que par instants mais ces moments suffisent à emporter une adhésion.

Voilà un film qui va réjouir la communauté gothique, tout y est, atmosphère funèbre de jardin, cloche d'église qui retentit, lune omni-présente, brume, rites....
Malgré l'histoire un peu bancale dans laquelle on se perd joyeusement, il y a des trésors visuels dont je suis particulièrement friande, sur ce plan je trouve que c'est une grande réussite et d'une troublante beauté, thème majeur du film comme celui de la mort.

Mélange de rêve et de réalité assez sordide (un trou perdu en Amérique et sa population bornée), on y croise tour à tour Edgar Allan Poe (merveilleuse figure de cire), une créature vampire qui touche au céleste, un shérif féru de littérature policière, un couple d'hôteliers tout droit sortis d'un film de Lynch, une communauté de jeunes gothiques tout sauf diaboliques (contrairement à ce que prétend le shérif) et puis on traverse des décors complètement insolites, des mythes se font et se défont, c'est drôle, jamais prétentieux.

Les personnages prennent sens petit à petit, il faut se laisser apprivoiser et éblouir par cette perfection visuelle.
Chapeau !

Je suis sûre que ce film plairait à Queenie, Marko, Sentinelle.
J'assume si ce n'est pas le cas, préparez votre vengeance!

darkanny a écrit:

Je suis sûre que ce film plairait à Queenie, Marko, Sentinelle.
J'assume si ce n'est pas le cas, préparez votre vengeance!

Au départ, j'ai cru que je n'irais pas voir ce film, tant les critiques étaient mauvaises (jparle de "vrais gens" parce que je crois qu'il est bien vu par la presse). Maintenant qu'elles sont plus mitigées, peut-être que je ferais le déplacement.
Et si tu te goures Darkanny, tu me paieras une pinte !