Francis Ford Coppola

Arabella a écrit:

C'est dommage.

Mais faut que tu sache que question cinéma, sauf exception je vais au cinéma municipal à côté de chez moi, parce que c'est tout à côté et que j'ai une carte d'abonnement. Pas sûre que cela t'aurait convenu.

Rabat-Joie !
Si je t'avais soudoyé avec un apéro dinatoire, ou un vrai resto, tu te serais peut-être laissée corrompre pour un lieu plus "commun".
enfin, tu nous diras pour ce film, que je n'aurais certainement pas la force d'aller voir.


Je ne sais pas si Twixt est un film qui se re-regarde...

Evidemment, si tu me soudoie, les choses peuvent toujours s'arranger.

Je pense que Twixt est un film à usage unique. J'admire Animal et ses analyses, mais j'ai du mal à le suivre sur ce terrain pour ce film.

Twixt

Film difficile à aimer et difficile à rejeter mais l'ensemble ne me plait pas beaucoup.

J'ai eu le même sentiment de fausse bonne idée qu'avec le film de Woody Allen (Midnight in Paris) et son musée Grévin d'auteurs du passé. De ces films dont on perçoit trop les ficelles artisanales, les idées plus ou moins burlesques et mélancoliques qui les animent et qui sont sensées témoigner d'une grande "liberté". C'est volontairement bricolé, distancié, bordélique mais je reste à distance de ce mélange de l'Antre de la Folie de Carpenter (le côté série B dans un bled paumé avec trip mental onirique), de Lynch (mais en tellement moins hypnotique, étrange et inspiré!), ou même des frères Cohen (les trognes, l'Amérique profonde, le grotesque). On voit bien qu'il a voulu montrer ce que c'est pour un créateur que de vouloir exorciser la mort d'un enfant en cherchant une voie artistique pour l'exprimer. Il convoque Edgar Poe grand poète du morbide et du sublime, de la beauté et de la mort qui se rencontrent. Il en fait son guide spirituel mais cela tient plus du procédé bancal que d'une véritable rencontre magnétique même s'il ne prend pas tout ça vraiment au sérieux.

Je me suis assoupi plusieurs fois dans les parties colorées mais il y a malgré tout de beaux moments vers la fin. Les 20 dernières minutes laissent imaginer le beau film douloureusement tendre qu'il aurait pu tirer du drame. Ces images de moto rouge emportant Elle Fanning (et son appareil dentaire, seule idée vraiment sympa dans la drôlerie décalée) en train de fuir un prédicateur maléfique dans des décors expressionnistes et gothiques ont une certaine allure. Malheureusement tout cela est noyé au milieu d'un grand n'importe quoi qui ne m'a pas captivé.

J'ai l'impression qu'il était tenté par un trip lynchien pour raconter la mort de sa fille de manière onirique (où peur et burlesque cohabitent) mais qu'il devait vouloir instiller davantage d'humour. Malheureusement cette forme d'humour m'ennuie terriblement et me gâche le plaisir de tout le reste.



P.S. J'ai aussi pensé pour le graphisme (l'horloge, les intérieurs expressionnistes...) à certains jeux vidéos comme Silent Hill ou surtout The Dark Eye qui était entièrement consacré à Edgar Poe (et que je recommande si on le trouve encore):

Je vois que dans l'ensemble, vous n'avez pas été plus emballés que moi...

Avant d’aborder le commentaire de ce film, je dois me confesser… Francis Ford Coppola m’est un parfait inconnu. je n’ai jamais vu Apocalypse now, Dracula, ni même sa fameuse trilogie du Parrain. Je n’évoque donc pas ses autres films, qui me sont même étrangers de nom…

Faire une telle annonce d’entrée de jeu peut paraître surprenant car il ne devrait pas être nécessaire d’avoir une culture béton de la filmographie et de la biographie d’un réalisateur pour apprécier ses derniers films. Pour Twixt, il en va tout autrement. Comment apprécier le gothique aux lourds relents de romantisme sans connaître les influences sombres et tribales qui imprégnèrent les premiers films de Coppola dans les années 70 ? Comment ne pas avoir envie de se poiler devant cette histoire pathétique de la mort d’une enfant sans connaître le tragique de la vie personnelle du réalisateur ? Ces arguments d’autorité, même s’ils ne concernent que de loin sa deernière réalisation cinématographique, devraient rendre incontestable la qualité de Twixt. Quel malheur alors de n’avoir pas pu assister à la projection sans toutes ces connaissances préalables, car il ne me reste de ce film que le souvenir d’un nanar aussi incroyablement mauvais que les livres ineptes écrits par Hall Baltimore.

Heureusement, tout n’est pas à jeter. L’histoire du malheureux Hall Baltimore est traitée avec beaucoup d’humour et se déroule dans un milieu atypique qui confère au film la patte d’une personnalité bien marquée. Mais alors pourquoi Coppola cède-t-il soudain au conformisme lorsqu’il se lance dans des incursions fantastiques à base de vampires au teint blafard et aux longues robes blanches ? La description de l’univers parallèle est ridicule. Même un fan de Marilyn Manson se sentirait mal à l’aise dans cette mise en scène tout de toc vêtue. Il ne suffit pas d’invoquer Edgar Allan Poe pour justifier ses prétentions d’égaler le maître de la nouvelle fantastique…

La lutte que mène Hall Baltimore pour livrer un roman potable à sa maison d’édition semble transposer la lutte livrée par Coppola pour pondre une sorte de film qui en mettrait plein la vue à ses spectateurs. Tout au long du développement de l’intrigue, on sent transparaître, sous la difficulté de l’enchaînement des scènes, sous l’ennui et le conformisme du déjà-vu, les difficultés rencontrées par le réalisateur pour presser de son cerveau quelques millilitres de pure inventivité. Tout le reste n’est qu’une digestion bâclée de références que même le plus ancien moine troglodyte au monde doit connaître.

L’épilogue brutal qui s’abat en trente secondes sur la tête du spectateur est mortel … Impossible de se lever avant que le générique de fin ne soit achevé. Ca tue et ça laisse abruti… Ce n’est tout de même pas la fin du film ? On attend le twist, le vrai, la surprise renversante qui nous permettra d’appréhender l’heure et demie qui vient de s’écouler sous un autre angle et qui viendra nous confirmer que Hall Baltimore n’était qu’un objet de dérision comique, et pas un représentant minable de Coppola. Malheureusement, le générique défile et se clôt sur un écran noir. Le twist est complètement foireux. C’est peut-être là que réside son potentiel d’émerveillement –ou devrais-je plutôt dire : de déception…

colimasson a écrit:

Mais alors pourquoi Coppola cède-t-il soudain au conformisme lorsqu’il se lance dans des incursions fantastiques à base de vampires au teint blafard et aux longues robes blanches ? La description de l’univers parallèle est ridicule. Même un fan de Marilyn Manson se sentirait mal à l’aise dans cette mise en scène tout de toc vêtue.

même si c'est "moche" c'est en partie à travers ça que j'ai vu la matérialisation de l'univers (jeune) adolescent. D'où en partie au moins mes élucubrations sur le discours éventuel du film. (Pour résumer sans le faire les épisode précédents).

Dis-toi Coli qu'il te reste le meilleur à découvrir.

animal a écrit:

colimasson a écrit:

Mais alors pourquoi Coppola cède-t-il soudain au conformisme lorsqu’il se lance dans des incursions fantastiques à base de vampires au teint blafard et aux longues robes blanches ? La description de l’univers parallèle est ridicule. Même un fan de Marilyn Manson se sentirait mal à l’aise dans cette mise en scène tout de toc vêtue.

même si c'est "moche" c'est en partie à travers ça que j'ai vu la matérialisation de l'univers (jeune) adolescent.

Alors ça rend dépressif en ce qui concerne la réalité de l'univers jeune/adolescent.

Arabella, je suis ravie d'avoir commencé par le pire. Le problème, c'est que je nourris maintenant des appréhensions concernant le reste de la filmographie de Coppola. Mais je suis courageuse, t'inquiètes pas.