Repérages nouveautés 2009

- Le Timbre égyptien, récit d' Ossip Mandelstam, grand poète russe;
Ed. par Le Bruit du temps.

bix229 a écrit:

- Le Timbre égyptien, récit d' Ossip Mandelstam, grand poète russe;
Ed. par Le Bruit du temps.

Je note Bix, merci.

Fournel Paul, Courbatures

Citation :

Présentation de l'éditeur
On se regarde, on se fait voir. On brille, on brûle et on s'éteint. Petits triomphes de hasard ou gros succès taillés sur mesure, la gloire connaît ses lendemains. Vedette d'un instant, champion d'un jour, le pêcheur d'esturgeon, la mariée napolitaine, le quarterback et le rocker, le lanceur de couteaux, la trapéziste, l'amoureux transi, la boulangère passent tour à tour dans la lumière et doivent en payer le prix. Après les strass, viennent les bleus, les courbatures.

"Courbatures", de Paul Fournel : Paul Fournel sur la piste des champions

Jean Soublin
Le Monde des Livres 05/06/09

L'auteur de ces nouvelles, universitaire, écrivain et cycliste, a naguère présidé l'Oulipo. Autant dire qu'il convient de se méfier : voilà un homme qui a les moyens de nous faire lire. Notamment celui, toujours efficace, de nous parler de nous-mêmes, comme il le fait dans ces nouvelles savoureuses, drôles parfois, et souvent troublantes. Toujours proches de nous, même quand elles présentent des vedettes, des champions ou des vagabonds, ces histoires coulent d'un rythme vif et gai, fondé sur un vocabulaire délibérément populaire, et par conséquent créatif. Fondé aussi sur une attention minutieuse aux détails. Elles enchanteront un large public.

Elles sont naturellement diverses et surprenantes, puisque nous sommes nous-mêmes divers et imprévisibles dans nos passions. On peut très bien tomber amoureux d'une trapéziste, même si elle est un peu mûre, et tout quitter pour la suivre quand elle part pour l'Amérique. On peut aussi comprendre dans un éclair la complexité des choses, justement le jour où l'on devient champion du monde. Ou bien, à l'opposé, savourer la simplicité de l'existence après des années d'errance inquiète : il suffit de rencontrer un pêcheur d'esturgeons qui vous enseignera le métier. C'est le bouleversement radical des vies qui intéresse le nouvelliste.

La recherche du succès, ou ce qu'on considère comme tel, inspire d'autres histoires. On veut réussir, on peut réussir : en boxant, par exemple, en gagnant des coupes au football, ou même tout simplement en jouant au loto. L'envie de gagner occupe ici l'auteur. Il sait que nous l'avons tous plus ou moins. Mais pourquoi gagner ? De cette question, il déduit logiquement l'apparition des inégalités entre nous et l'aigreur qu'elles inspirent, comme il le constate dans d'autres récits. Ainsi, les habitants d'un village qui dépérit s'agacent assez vite après l'arrivée d'un couple de boulangers parisiens qu'une préfecture a circonvenus pour sauver la "vie à la campagne". Ils échoueront, comme échoueront ailleurs les jeunes qui pétaradent sur leur mob de misère et devront s'incliner quand un étranger arrive avec sa superbe Yamaha : c'est lui, désormais, qui partira le soir avec les filles.

Le rêve, dans ces textes, se réalise parfois : il y a des gens qui passent à la télé. D'autres jamais. Mais pourquoi ? Le veulent-ils vraiment ? Ce présentateur vedette connaît ses propres limites, il envie le vrai talent de son ami, qui refuse, lui, le succès : la paillette s'agace de l'austérité. Et puisqu'on parle de stars, on sourira à cette histoire de deux personnalités très en vogue : un homme et une femme qui requinquent leur Audimat en organisant une liaison fictive avec la complicité des paparazzi.

Le rêve peut prendre des formes plus obsessionnelles et plus grandioses : quand l'homme décide de nier la réalité. La plus belle de ces histoires relate la construction d'une gare par la volonté d'un chef. On bâtit l'édifice, on trace des rues, on les borde de maisons. La ville grandit, malgré la présence obsédante du sable alentour : on est au milieu du désert, il n'y a pas de voie ferrée, il n'y aura jamais de train. Qu'importe, puisque tout est relatif ? Et pour bien montrer son dessein, l'auteur propose une dernière aventure, narrée successivement de sept points de vue différents : une histoire d'amour, naturellement, encore que...

source

Hester ALBACH, Léona, héroïne du surréalisme

Citation :

4e de couverture
Une romancière néerlandaise, qui partage depuis plusieurs années son temps entre son pays et le nôtre, lit un jour, par hasard, Nadja d’André Breton dans l’édition originale de 1928. Le pouvoir de séduction de ce livre est demeuré si envoûtant que la lectrice se prend immédiatement de passion pour l’héroïne et pour l’auteur.
Qui était celle que Breton nomme Nadja ? A-t-elle vraiment existé ? Quels liens affectifs ou intellectuels ont pu l’unir au père du surréalisme ? Ces questions, nous nous les sommes tous posées un jour ou l’autre en découvrant le livre ; puis nous les avons oubliées.
Pas Hester Albach. Douée d’une curiosité insatiable et d’une opiniâtreté redoutable, elle a voulu en avoir le coeur net. Elle s’est lancée dans une enquête, dont cet ouvrage est à la fois le récit et le résultat.
Romancière dans l’âme, Hester Albach a tissé dans son récit quelques éléments fictionnels. On chercherait en vain, sans doute, l’appartement parisien où elle nous dit avoir trouvé un exemplaire de Nadja. Comme toutes les grandes passions, celle-ci laisse planer quelque mystère sur ses origines. Mais les informateurs qu’elle a rencontrés sont bien ceux qu’elle décrit. Et les documents l’attestent avec éclat : oui, Nadja a bel et bien existé.

Nadja est un livre qui a marqué mon adolescence.
J'avais repéré l'ouvrage .
Et oui, Nadja a bien existé mais la vérité est beaucoup moins reluisante que ce que décrit Breton qui a fini par se désintéressée complètement de son sort.

pas vu lors de la parution en avril.. mais il n'est pas trop tard pour faire connaissance



Pierre Furlan, Le Rêve du collectionneur

Citation :

Présentation de l'éditeur
A partir de l'histoire réelle d'un inventeur néo-zélandais célèbre et de son fils, qui deviendra un grand collectionneur, Pierre Furlan crée une fiction où se joue une une extraordinaire histoire familiale. D'un côté le père, autodidacte doué pour tout, y compris pour le sport et les arts, fait fortune très jeune en inventant l'épingle à cheveux ondulée ! Il conçoit ensuite le premier carburateur moderne et, devenu entrepreneur en Amérique, incarne la réussite et le rêve de toute une génération. De l'autre le fils, Will Bodmin, qui tentera de s'affirmer en dépit de l'écrasant héritage laissé par son inventeur de père, mais qui devra prendre des chemins de traverse et s'exiler. Personnage on ne peut plus excentrique, devenu psychanalyste jungien à sa manière, plutôt cocasse, il réussira pourtant à réaliser une collection d'objets d'arts et de documents sur le pacifique sud qui fera date dans l'histoire de son pays.

Pierre Furlan est entre autre le traducteur de Russel Banks

- Olen Steinhauser : Le Touriste. - Liana Levi

Citation !
Rien n' est vrai dans ce formidable roman qui vous aspire dès les premières lignes. Tout est réel pourtant, et infiniment juste.
Et c' est précisément dans cette intimité entre vérité et fiction que résident la force et le plaisir du récit...

Michel Abescat, Télérama 1er juillet

- Angel Vasquez : La Chienne de vie de Janita Narboni. - Rouge Inside, Lyon.

Citation :
Passant pour solitaire, égocentrique et autodestructeur, Angel Vasquez vit (à Tanger) paradoxalement un peu comme un étranger, meme s' il habite la langue castillane avec bonheur.
La reconnaissance de ses pairs n' éloignera pas le soleil noir de la mélancolie.
Ainsi, d' un geste rageur, brule t-il tous ses manuscrits quelques heures
à pine avant sa mort.
La chienne de vie de Juanita Narboni porte l' empreinte d' une formation atypique qu' une enclave cosmopolite pouvait seule dispenser.
Le titre qui nous est proposé est de bout en bout constitué de longs
monologues d' une femme occupée à congédier à petits pas et force
dénégations sa jeunesse...
Philippe Di Méo, La Qinzaine Littéraire, 1er au 15 juillet O9

Nezumi a écrit:

Un livre au titre intriguant, à la présentation alléchante et chez un éditeur que j'aime bien (Métailié). Probable que je me laisse tenter à sa sortie, dans les jours qui viennent...

Citation :

Alberto TORRES BLANDINA
Le Japon n'existe pas

Traduit de l'espagnol par François Gaudry

je ne sais pas si Nezumi a succombé à la tentation - en tout cas Corina Ciocârlie est enthousiste:

Zone franche

Le Jeudi 09/07/09
Corina Ciocârlie

Tout aéroport est, selon Torres-Blandina, une zone franche, un espace de liberté «où personne ne vous connaît ni ne va vous juger. Où vous n'avez pas d'autre passé que celui que vous vous inventez ni d'autre présent que l'attente…» Avant toute chose, il faudra prévenir le Québécois Dany Laferrière, auteur du désopilant «Je suis un écrivain japonais» (sorti en 2008 chez Grasset): «Le Japon n'existe pas». C'est un jeune romancier espagnol, Alberto Torres-Blandina, qui l'affirme aujourd'hui.

Il ne s'agit donc pas d'un roman de gare, mais d'une agréable fiction aéroportuaire. Le livre de Torres-Blandina – qui a reçu le Prix Las Dos Orillas, consistant en la publication simultanée en Italie, Grèce, Espagne, Portugal et France – est vivement recommandé par l'éditeur aux voyageurs qui n'aiment pas les longues attentes devant les portes d'embarquement.
Entre deux coups de balai, Salvador Fuensanta, homme de ménage dans un aéroport international, se met à conter – à qui veut bien lui prêter attention – des histoires cocasses ou pathétiques. Son but s'avère purement désintéressé et résolument thérapeutique: dans la vie, n'est-ce pas, il est important d'avoir des temps morts pour réfléchir, lire, parler de la pluie et du beau temps avec un inconnu.
Dans trente-trois jours, Fuensanta prendra sa retraite bien méritée, mais en attendant, il poursuit son monologue et peaufine ses tournures désuètes: «Le cœur de Domingo en est tombé par terre et s'est brisé en morceaux sur le sol ciré et fraîchement balayé du terminal… Oui, la phrase est de moi. Une de ces phrases que je m'invente pour enjoliver mes histoires.»

MADE IN JAPAN

Tout aéroport est, selon Torres-Blandina, une zone franche, un espace de liberté à des années-lumière de vos soucis, un endroit «où personne ne vous connaît ni ne va vous juger. Où vous n'avez pas d'autre passé que celui que vous vous inventez ni d'autre présent que l'attente… et l'attente peut être très longue…»
Pour tromper l'ennui, rien de tel que ce scoop qui n'en est pas un: «À vous je le dis parce que sous peu le personnel vous l'apprendra. Alors peu importe que vous le sachiez avant ou après: le Japon n'existe pas.» Pour résumer, il s'agirait d'une vaste opération de marketing mise sur pied pour vendre de la technologie: Made in Japan est aujourd'hui le meilleur label pour vendre une voiture ou un téléviseur – et en plus, cela permet aux touristes inconditionnels que nous sommes de trouver amusant «de dormir par terre, de contempler des dessins violents et de pleurer avec la sauce wasabi».
La conviction intime de ce conteur intarissable, c'est que la réalité «n'est qu'une possibilité parmi toutes les autres. Et pas toujours la meilleure.» Tout compte fait, le «vrai» se résume à ce que perçoit la majorité et donc, si une rumeur est habilement propagée, un mensonge peut bel et bien finir dans les livres d'histoire. Prenons son cas à lui, par exemple: le balayeur anonyme pourrait bien défrayer la chronique grâce à cet ami facétieux qui envisage de diffuser sur la Toile l'histoire d'un certain Salvador Fuensanta, l'acteur mythique qui aurait joué dans le premier film porno pour le kinétoscope d'Edison, film détruit par des agents secrets du pape Pie XI dans les années 20…

DRACULAMANIA

Voyager, en quelque sorte, c'est s'accommoder aux clichés tout en espérant s'en écarter. Savoir, par exemple, qu'en Transylvanie il n'y a ni vampires, ni gousses d'ail et pourtant espérer en rapporter un pin's avec la tête de Dracula – pour le bonheur des tour-opérateurs, qui promettront ainsi toujours plus de reliques sataniques: «C'est un peu ce qui s'est passé avec saint Jacques. Si on rassemblait tous les fragments de son cadavre que possède l'Église, on obtiendrait au moins huit apôtres.»
«C'est très simple. Les destinations, c'est comme les coupes de cheveux, les chaussures… ou le conjoint. On les choisit si elles nous vont bien.» D'ailleurs, elle est bien loin, l'époque où les gens partaient en Inde pour en finir avec tout, définitivement: «Maintenant c'est banal. Et très moderne. Un voyage dans un pays exotique, ça va bien avec certains pantalons, vous ne trouvez pas?» Tous comme les escales interminables entre deux longs courriers, la logorrhée de Fuensanta n'est pas sans rappeler la boutade de Woody Allen: l'éternité, c'est long, surtout vers la fin…

source

kenavo a écrit:

je ne sais pas si Nezumi a succombé à la tentation - en tout cas Corina Ciocârlie est enthousiste:

Oui, je l'ai lu. Sans délirer d'enthousiasme, j'ai trouvé ça assez sympathique. J'ouvrirai un fil si tu veux, bien que j'aie un peu oublié ce que je comptais en dire. C'est une lecture plaisante, mais pas super-marquante.

Nezumi a écrit:

C'est une lecture plaisante, mais pas super-marquante.

merci.. alors plutôt pas besoin d'un fil
et un livre que je peux pour l'instant effacer de ma liste

Merci pour ton avis Nezumi. Je l'avais repéré également. Je ne vais donc pas me précipiter dessus; je vais attendre qu'il soit disponible à la bibliothèque.

J'en toucherai quand même un mot, ce livre est loin d'être à jeter et peut intéresser certains.

Nezumi a écrit:

J'en toucherai quand même un mot, ce livre est loin d'être à jeter et peut intéresser certains.

si tu ne veux pas faire un fil - le one shot?

J'y penserai!

Arrivé sur les tables, "Dieu rend visite à Newton (1727)" de Stig Dagerman aux Editions du Chemin de Fer. Pas encore réussi à le ranger, il me nargue sur mon bureau. Il est là, posé, ne se doutant de rien... Il ne connaît pas le destin des livres qui osent me braver avec leur présentation recherchée et leur quatrième affolante...