Les Parfumés osent-ils critiquer?...

Parfois, on n'a pas aimé un livre. Et on culpabilise, ou on risque de culpabiliser, puisqu'on a l'impression que tout le monde l'a aimé... en fait, ce ne sont que les votes exprimées.
Ça peut faire donc du bien de se rendre compte qu'on n'est pas seul. Parfois, une petite voix se fait entendre, et puis deux, trois, etc.
Si on ne lit que des critiques positives de tous les livres, on aura envie de tout lire... Bien sûr, ici, on finit par connaître les goûts des autres, savoir que si un(e) tel(le) a aimé, il y a de bonnes chances pour qu'on aime et peut-être que si telle personne a aimé, on n'aimera pas !

Mais quand je n'ai pas aimé un livre, il faut que ça sorte.

Les critiques professionnels savent que les auteurs vont lire leur critiques (ou peuvent la lire), parfois ils connaissent les auteurs : ils ne peuvent donc plus critiquer en toute liberté, il y a une forme d'auto-censure "naturelle", je crois. Ça paralyse un peu, on a tendance à modérer ses propos...

j'ai mis longtemps à oser critiquer sur le forum, et encore plus les livres largement plébiscités.Prenant mes aises en ce lieu, il me semble que c'est un respect pour les autres de m'exprimer avec sincérité. Bien plus que de chercher à ménager untel. explique toujours à mes vieux patients qui se plaignent de "l'irrespect" des jeunes générations, que, tant que les jeunes n’hésitent,pas à les secouer, c'est plutôt bon signe et c'est un peu la même chose.

je me sis aussi que je peux faire plaisir à certains , qui n'osent pas exprimer leur désaccord. Et que l'échange est parfois plus enrichissant s'il confronte des idées plutôt que de se contente de renchérir.

Par contre je fais toujours très attention à utiliser le "je " dans mes critiques, et non pas ds formules plus générales comme "on" par exemple: j'assume mon opinion, je n'en fais pas une règle. Et je en dis qu’exceptionnellement qu'un livre est mauvais.

Qu'est ce que ça serait triste si on était toujours d'accord!

topocl a écrit:

Qu'est ce que ça serait triste si on était toujours d'accord!

Personnellement j'ai tendance à trouver suspect lorsque tout le monde dit du bien l'un livre.

Arabella a écrit:

topocl a écrit:

Qu'est ce que ça serait triste si on était toujours d'accord!

Personnellement j'ai tendance à trouver suspect lorsque tout le monde dit du bien l'un livre.

Je comprends ça. Mais l'inverse me fait un peu le même effet.
Une époque pas simple!

eXPie a écrit:

Les critiques professionnels savent que les auteurs vont lire leur critiques (ou peuvent la lire), parfois ils connaissent les auteurs : ils ne peuvent donc plus critiquer en toute liberté, il y a une forme d'auto-censure "naturelle", je crois. Ça paralyse un peu, on a tendance à modérer ses propos...

Il y a quelques années, j'ai lu La littérature sans estomac, de Pierre Jourde. C'est de la critique coup de poing, mais basée sur la stylistique, donc sur le texte. Pierre Jourde n'y attaque donc pas la personne des écrivains mais bien leurs textes. Puis, je me suis intéressée à ce que cet essai lui avait coûté, ce qui m'a amenée à lire Petit déjeuner chez Tyrannie, d'Eric Naulleau, alors éditeur de Pierre Jourde. Stupéfiant ! Souhaiter la mort de quelqu'un parce qu'il a critiqué des livres, ainsi qu'un bannissement de la part des grands magazines littéraires et des journaux pendant plusieurs années. Chapeau les intellectuels ! Ça fait réfléchir... M'enfin, il paraît que c'était pire au XIXe siècle.

Bix, je comprends bien qu'une critique négative puisse faire mal sur le coup. Ensuite, il faut savoir prendre de la distance et voir si cette critique peut nous éclairer sur des choses qu'on n'avait pas vu ou si, au contraire, elle nous donne envie d'argumenter dans l'autre sens pour défendre ce qu'on aime (comme le disait Queenie, je crois).

Colimasson, j'ai lu ta critique négative de Despentes et je n'ai pas du tout été choquée : c'est argumenté, donc instructif.

Topocl, tu fais bien d'évoquer cette notion de respect qui semble, au premier abord, contradictoire avec le fait de critiquer une oeuvre de façon négative. Il ne faut surtout pas tomber dans la complaisance, ça n'apporte rien. On ne doit pas non plus être méprisant envers les autres lecteurs. En tout cas, la sincérité prime pour moi aussi.

Ouin, piquer sans être courtois-e... heu, heu... il y a effectivement un art de la critique qui se perd et nous avons parfois tendance à prendre les choses personnellement ou encore, oui, il y a de ces gens qui tombent dans le «bashing» de bas-étage.

j'essaie d'écrire toujours un commentaire sur le livre lu, cela me permet d'approfondir ma relation au livre et souvent j'arrive à trouver quelque chose de positif dans cette expérience. En revanche, je n'écris jamais mes commentaires en fonction de ce qui a été dit auparavant, c'est pourquoi je ne prends jamais de manière personnelle un avis qui diverge à partir du moment (et c'est toujours le cas ici) où il est justifié par quelques mots. J'ai un peu appris à connaitre les réactions de chacun mais je n'ai pas envie de composer en fonction d'untel. Un peu comme topocl, j'essaie de formuler des avis qui sont personnels, produits par une émotion instantanée et finalement j'aime bien quand un parfumé n'est pas d'accord et formule son avis avec ses mots, son mode de pensée et ses réactions. Toute différence est constructive, toute reformulation est nourrissante.

et c'est quoi le "bashing" ?

shanidar a écrit:

et c'est quoi le "bashing" ?

Je crois que c'est quand ton argument est un grand coup de batte de base-ball sur la tête du type qui n'est pas d'accord avec toi. Ca a le même effet qu'un argument imparable : il en reste sans voix.

eXPie a écrit:

shanidar a écrit:

et c'est quoi le "bashing" ?

Je crois que c'est quand ton argument est un grand coup de batte de base-ball sur la tête du type qui n'est pas d'accord avec toi. Ca a le même effet qu'un argument imparable : il en reste sans voix.

ah ! il va falloir que je lise P. Roth pour me familiariser avec le base-ball ! merci eXPie !

Bashing, du verbe bâcher ?
Huhu

J'ai bien dû m'exprimer plusieurs fois sur ce fil depuis qu'il existe...Mon avis sur la question a peut-être évolué mais je n'ai pas envie de tout relire...J'ai sans doute pris de la distance...

A quoi bon un forum comme celui-là si l'on se censure dans nos appréciations pour ne pas blesser tel ou tel?
Une critique sévère d'un livre ou d'un film qui n'a pas été à la hauteur de nos attentes n'est pas du tout un jugement porté sur ceux qui l'auront apprécié.
Il est bien rare qu'un auteur fasse l'unanimité sur Parfum de Livres .
Je trouve toujours intéressant de lire les avis divergents quand ils ne servent pas de prétexte à un règlement de comptes entre posteurs.
Personnellement, une fois que j'ai donné un avis, je n'ai pas envie d'essayer de convaincre à tout prix ceux qui ne seraient pas d'accord...peut-être une certaine fatigue après 25000 et quelques messages...

Commenter un livre sur un forum, c' est la règle, ça va de soi. Mais qui pourra jamais mesurer l' impact d' une réplique ou d' un commentaire un peu vif, meme si sincères, sur une sensibilité vulnérable.

Je me souviens personnellement d' un coup de batte dans la gueule à propos d' un post bien sincère et enthousiaste sur Julius Winsome de Gerard Donovan. J 'étais là à attendre tranquille, quand une balle de fort calibre m' a sifflé aux oreilles. Le temps de me mettre à l' abri et d' agiter un drapeau blanc, j' ai dit dans le mégaphone que le batteur -enfin le tireur- pourrait avoir l' honneteté de reonnaitre que c' était son avis personnel... Santa madonna ! Virgen del pilar ! Le tireur -enfin le batteur- a cru que je mettais son honneteté perso en doute. S' en est suivi un tir nourri à la mitrailleurse lourde, puis au bazooka...

Et pourtant, le batteur n' est pas méchant, j' en témoigne. Juste un peu vif !
Mais j' ai comprris que ce n' était pas mon jour de chance et je me suis retiré au bord du KO. Ceci pour montrer que les mots, meme sincères, peuvent etre blessants ou mal compris. Et puis, pour etre tout à fait franc, je reconnais volontiers que j' ai une sensibilité trop vive pour cause de trop de combats sans gloire et perdus d' avance. Bref, on ne peut pas se changer...

Je reprends les propos sur le bashing. J'ajoute une autre spécificité au propos que j'amenais. Nous pouvons parler de dénigrement lorsqu'il s'agit de bashing, un genre de critique assassine. Dans l'univers politique québécois que j'observe, nous pouvons dénoter plusieurs occurences de dénigrement notamment contre le peuple québécois. Dans l'univers qui nous concerne ici, la scène littéraire est une autre sphère médiatique que j'appréhende, notamment avec les institutions dont il est question. La scène littéraire de l'Hexagone prédomine ce qui grouillera d'activité tout autour, veux veux pas. Dans les médias et le contexte nord-américain auquel j'appartiens, je dénote cette propension à couper court au débat et à transformer ça en scène de pugilat.

ah. le jeune homme de 51 ans et les chauves avec des cheveux.

c'est la question inverse finalement qui m'intéresse le plus : comment reçoit-on la critique, quels rapports entretenons nous avec la critique ?

Bix a écrit:

Citation :

Commenter un livre sur un forum, c' est la règle, ça va de soi. Mais qui pourra jamais mesurer l' impact d' une réplique ou d' un commentaire un peu vif, meme si sincères, sur une sensibilité vulnérable.

Tout à fait d'accord.


Puisque le sujet est lancé j'aimerais dire quelque chose que j'ai sur le coeur: je trouve que certaines personnes du forum confondent la critique constructive avec la critique coup de poing. Je n'aime pas polémiquer, je n'aime pas créer de mauvaises ambiances mais j'ai remarqué (et je ne parle pas seulement de mon propre cas) que cela peut prendre parfois un tour violent. Je pense que beaucoup de gens ne se rendent pas compte du ton qu'ils emploient. Je suis peut-être trop sensible à cela mais parler de littérature dans ces conditions présente, pour moi, peu d'intérêt.