Peter Cameron

thomas212 a écrit:

Arabella et Kenavo on encore frappé !
Je suis dans Un jour cette douleurs te servira "Someday this pain will be usefull to you" et je me régale.
Fin,bien ecrit,bien construit,une petit perle.Il me rappelle cette période de doute constant et d'isolement et un tel livre a cette époque m'aurais surement un peu rassuré (quoique,je doute da'avoir eut assez d'humour pour en saisir les subtilité )
Ce qui m'a retenue au debut c'est le titre que je trouvais un peu pathos,mais il est en fait tourné en dérision plus tard,tres bon.(la couv aussi terrible surtout en association avec le sujet et le titre !vraiment pas malin les editeurs)

Très heureuse de voir que ce beau roman a encore gagné un adepte. Tous ceux qui l'ont lu jusqu'à présent semblent enthousiastes, je me demande ce qu'attendent tous les autres. Je pense en particulier, que Coline et Marko seraient très sensibles à sa finesse et à sa sensibilité.

Je suis d'accord au sujet de la présentation du livre, si l'éditeur avait voulu saboter les ventes, il n'aurait pas fait mieux. Je me demande encore ce qui m'a pris d'embarquer un livre si laid, que je ne connaissais pas, il y a des inspirations heureuses parfois.

Un jour cette douleur te servira-

Et une adepte de plus, une

Cela a été un vrai plaisir que la découverte de ce livre! Un beau titre pour un sujet que l'on imagine grave, et qui doit l'être en quelque sorte, lorsqu'on le vit soi-même. Mais aussi une façon très subtile de parler de la différence, de la solitude de ceux qui ne correspondent pas aux normes.

Dur de copier des extraits car tout m'a plu. Je n'enlèverais ni ne rajouterais rien si j'avais eu le bonheur d'écrire un tel livre. Mais au hasard un passage qui m'a plu...

Citation :

Je me suis tu parce que j'ai entrevu clairement pendant deux secondes, que ce refus d'aller à l'université provenait en partie d'un désir de ne pas bouger, car j'aimais être où je me trouvais en ce moment, et le ressentais avec acuité: être assis là, dans la cuisine de ma grand-mère à boire son café tout chaud sorti du percolateur, avec la porte de derrière ouverte pour laisser une petite brise pénétrer dans la maison, et la pendule électrique au dessus de l'évier qui bourdonnait doucement nuit et jour, et ma grand-mère assise face à moi et m'écoutant, donnant l'impression de me prendre tel que j'étais comme personne d'autre ne le faisait, et le samedi d'été qui suivait dehors, tout autour de nous, en un monde pas encore totalement dévasté par la stupidité, l'intolérance et la haine.

En gros James ne comprend pas les autres. Intransigeant et fidèle à ses principes de vérité, il est complètement déconnecté du milieu auquel il est censé correspondre La futilité de la jeunese ne l'intéresse pas. Sa pire expérience est ce séjour à Washington, entouré de lycéens, d'où il fugue et qui l'amène à voir les choses en face: Il n'ira pas à l'université, ne jouera pas comme eux la comédie du jeu social.

Citation :

J'avais pensé que les adultes n'avaient pas de réflexes de clan, ou de méchanceté, que le critère d'être cool, ou initié, ou "populaire", ne jouerait plus le rôle de l'arbitre du lien social, mais je découvrais peu à peu que le monde adulte était tout aussi brutal et périlleux socialement que le royaume de l'enfance.

James cherche sa place, se sent différent mais ne comprend pas toujours son incapacité à suivre. Des questions affleurent le roman mais l'auteur se contente de suggérer des réponses...

Un récit touchant et aussi très drôle! Au travers de l'histoire de James, Peter Cameron dépeint le désarroi de ce garçon trop lucide avec énormément de talent et de vérité. Un auteur à suivre grâce à vous et que je recommande grandement à ceux qui ne le connaissent pas encore!

Un gros kif. J'ai très envie de me le racheter après l'avoir emprunté...

aériale a écrit:

Un gros kif. J'ai très envie de me le racheter après l'avoir emprunté...

Oui, pour le moment, il y a unanimité sur ce roman, je crois...

aériale a écrit:

[
Un gros kif. J'ai très envie de me le racheter après l'avoir emprunté...

J'ai eu exactement la même réaction Aériale

Merci de ton commentaire.

Un jour cette douleur te servira


"Le voyage de la vie" de Thomas Cole, La vieillesse

Et tout d'un coup je me suis rendu compte avec une espèce de vertige que je désirais être dans le dernier tableau. Je désirais être dans la barque qui flottait vers les ténèbres. Je désirais occuper la barque de La vieillesse. L'homme à bord de cette barque avait l'air terrifié et je ne comprenais pas à quoi ça rimait: pourquoi, sorti de ces redoutables rapides, se laisser porter par un fleuve qui ne menait qu'aux ténèbres, à la mort? Voilà que je désirais être dans la barque avec le vieillard, avec le danger derrière moi, avec l'ange près de moi, me guidant vers la mort. Je désirais mourir.

Ce roman de Peter Cameron est une lecture plaisir qui se dévore très rapidement (310 pages qui en valent presque moitié) dans un style direct, fuide, simple, presque oral, pas vraiment "littéraire" à l'exception de quelques digressions où finalement il évoque ses influences majeures que sont les romanciers satyriques Denton Welch et Anthony Trollope dont je me suis empressé de commander des ouvrages (il y a un fil de Kenavo sur Denton Welch).

Le ton est initialement très drôle, enlevé, gentiment caustique et on se régale à découvrir le regard aiguisé de ce jeune homme rapidement jugé "inadapté" par ceux qui l'approchent. Il s'étonne des travers des uns et des autres avec un mélange d'intelligence exacerbée et de naïveté presque enfantine ou même proche de l'autisme puisqu'une des pistes du roman nous emporte vers la possibilité non seulement d'une période dépressive chez cet adolescent mais d'une éventuelle entrée progressive dans la schizophrénie (mélange de discordance, de bizarrerie et de difficultés relationnelles majeures avec des attaques de panique et un repli quasi autistique qui va au-delà de l'anxiété sociale). J'ai d'ailleurs souvent pensé au roman Le bizarre incident du chien dans la nuit de Mark Haddon qui décrit le parcours d'un enfant autiste de son point de vue. Mais le style de Cameron est nettement plus élaboré. Peu importe de toutes façons de savoir s'il est "malade" ou non. Ce qui intéresse Peter Cameron c'est justement cette frontière à l'adolescence entre le normal et le pathologique, entre l'hyperlucidité sur l'absurdité des échanges sociaux et le handicap psychique authentique. C'est en tout cas un jeune homme qui a peur de l'avenir, de ce qu'on attend de lui, des autres et de lui-même, qui se cherche affectivement, découvrant presque malgré lui à travers le regard de ses parents sa possible homosexualité. Les passages sur ce thème sont d'ailleurs très drôles lorsqu'il est assailli de questions par ses parents.

Chaque personnage est très bien "croqué" et prend sa place même si à l'arrivée on a un peu le sentiment de n'avoir eu qu'une sorte de canevas et des ébauches de personnalités et de situations qui auraient peut-être pu être davantage développées. John, le galeriste passionné d'art ,qui cherche l'âme soeur avec un soupçon d'élitisme, est juste esquissé. Les échanges avec la psy sont intéressants et m'ont fait penser au film de Gus van Sant "Will Hunting" où Robin Williams avait fort à faire pour amadouer un Matt Damon surdoué. Mais elle reste un peu en plan. La soeur aussi alors que les parents ont leurs morceaux de bravoure.

Reste la merveilleuse grand-mère qui sera l'ange du tableau de Thomas Cole et qui non seulement ne le conduira pas vers la mort mais lui transmettra une certaine lumière par son ouverture d'esprit et son bon sens non revendiqué. Grand-mère dont il conservera soigneusement tous les souvenirs puisque comme il le souligne vers la fin: Je crois que je craignais, si je lui en parlais, si je verbalisais le souvenir, qu'il s'évanouisse, ou se décompose comme un objet fragile et ancien risque de se réduire en poussière si on l'exhume.

Je reviendrai à cet écrivain ainsi qu'à Welch et Troloppe. Merci Arabella pour ce choix.

Grâce à Traversay, son avis est ici, je viens d'apprendre que le roman de Peter Cameron Là-bas est devenu un film:



The City of your final Destination



j'ai adoré ce livre.. et je vais me commander ce DVD

Le nouveau Peter Cameron est enfin annoncé (en anglais) pour le 28 février 2012. 224 pages (c'est vrai, j'aurais pu poster dans les repérages, mais là c'est un repérage vraiment très en avance...)

Citation :

Peter Cameron's sixth novel, CORAL GLYNN, will be published by FSG in the winter of 2012. A period novel set in England in the 1950s, CORAL GLYNN explores the odd and various ways love -- or its likeness -- appears in, and disappears from, our lives.

Foreign rights to CORAL GLYNN have been sold to Adelphi in Italy, Knaus in Germany, Rivages in France, and to Aitlantus in the Netherlands.

(voir le site officiel de l'auteur).

La couverture est un détail de "Nova Sleeping", de Duncan Hannah (voir ici).

Pour continuer dans l'actualité de Peter Cameron, l'adaptation de Un Jour cette douleur te servira (film réalisé par un certain Roberto Faenza) sort le 18 novembre en Italie. J'espère qu'il sortira aussi en France, enfin, s'il est bien...

Une très bonne nouvelle, enfin j'espère que ce nouveau livre sera à la hauteur.

Quand au film, je n'en attends pas grand chose....

merci pour cette information eXPie, je l'ai mis sur ma liste d'envies pour ne pas râter la date de sortie.. un auteur que j'aime bien suivre

Un jour cette douleur te servira

Il est marrant de recevoir un livre en cadeau de la part d'une personne qu'on apprécie particlièrement et d'adorer ce livre. Il se produit alors une reconnaissance quasiment idolatrice envers la personne qui nous l'a offert.
Ce livre fut dés le début particulier pour moi et il le fut du début à la fin. Particulier car c'est la première fois que l'on m'offrait et conseillait un livre (eh oui la plupart de mes livres offerts n'ont pas été lus par les généreux donateurs.) Partculier finalement car je ne me suis jamais autant senti compris par un auteur et pourtant il ne parlait pas de moi.
Hormis la différence amoreuse du héros j'ai eu l'impression de me retrouver moi à 18 ans en révolte contre un monde qui me refusait sans même faire l'efforft de me comprendre et moi en réaction je ne comprenais pas le monde qui au fond ne semblait pas fait pour moi.
Ce livre est si bien écrit car sans exagération avec une pudeur intimiste qui donne l'impression que l'on a l'offrande d'une confidence primordiale et d'un message extraordinaire. Si le message nous plait l'on se sent surtout honoré de pouvoir lire son contenu il semble que l'on soit quelqu'un de confiance pour que tant de fragilité (autobiographique) nous soit dévoilé. Les personnages sont riches aucun n'est un héros à proprement parler ils subissent tous un monde dans leque ils doivent s'adapter. Qu'est ce que cela fait du bien, on n'est plus seuls un livre nous comprend un auteur nous réconforte.

MERCI AERIALE pour ce cadeau de grande valeur qui fait chaud au coeur.

Plaisir Kierke de te lire! Je sentais que ce livre était pour toi et je suis émue, et un peu fière aussi, de voir qu'il t'a tant marqué. Il y a une grande pudeur et en même temps énormément de proximité dans les ressentis de ce jeune homme, si bien qu'on a l'impression que ce roman nous parle directement, comme tu le dis. Je suis vraiment heureuse de ce partage.

Roman découvert grâce à Arabella, petit choc émotionnel que je cherche parfois à transmettre, ce sont dans ces chaînes où une part de notre affect voyage aussi que l'on permet à nos sensibilités de se retrouver, et c'est un bonheur quand cela arrive. Merci à toi de l'avoir si bien exprimé

Décidément... ce livre fait l'unanimité non ? Va falloir que je le note sérieusement dans ma LAL !

COMMENT ?
Tu ne l'as pas encore lu ????
.....shame on you

darkanny a écrit:

COMMENT ?
Tu ne l'as pas encore lu ????
.....shame on you

Oui. Je m'en rends compte.
Je vais me cacher.

Queenie, je te propose une cachette commune où on cachera notre honte, et on rattrapera notre retard, si tu veux on pourrait manger des cookies. Le titre fait envie.