Peter Cameron

Mais oui qu'il est pour vous! Et on vous pardonne, mais vous me copierez cent fois faut toujours écouter l'aériale.

(Même pas parce que moi déjà j'ai écouté les autres )

Et c'est vrai que le titre dit tout!!

et en plus depuis que je suis allée voir sur priceminister s'il y était, le dit priceminister me l’envoie en bandeau de pub chaque fois que je viens sur le forum. je ne risque pas l'oublier!

topocl a écrit:

Queenie, je te propose une cachette commune où on cachera notre honte, et on rattrapera notre retard, si tu veux on pourrait manger des cookies. Le titre fait envie.

Tu me prends par les sentiments !

Queenie a écrit:

topocl a écrit:

Queenie, je te propose une cachette commune où on cachera notre honte, et on rattrapera notre retard, si tu veux on pourrait manger des cookies. Le titre fait envie.

Tu me prends par les sentiments !

Cela fait plaisir de voir remonter ce fil, peut être que cela va décider ceux qui n'ont pas encore lu ce beau livre.

ah oui, tout comme Arabella, très contente de voir ce fil remonter..

et du coup j'ai réalisé qu'on a fait un film de son roman The Weekend (avec Gena Rowlands et Brooke Shields)




et que l'adaptation de Un Jour cette douleur te servira est sorti en février cette année..

j'attends la traduction française de son dernier, Coral Glynn, pour en parler plus

kenavo a écrit:

j'attends la traduction française de son dernier, Coral Glynn, pour en parler plus

Tu l'as déjà lu ?

sortie en février.. oui.. tu sais bien que j'aodre cet auteur.. et mes auteurs fétiches, je ne peux pas attendre très longtemps avant de craquer

Arabella a écrit:

Cela fait plaisir de voir remonter ce fil, peut être que cela va décider ceux qui n'ont pas encore lu ce beau livre.

Je viens de le noter aussi, je ne vais plus passer à côté !

Un jour cette douleur te servira

Eh bien je vais rejoindre le club des fans de ce livre…

Je me suis donc demandé ce qui faisait un tel consensus.
Je pense que d'abord il y a le style de Peter Cameron. Au début du livre, après ce titre qui évoque une tragédie antique, on est plutôt surpris de la légèreté qui, dans une grande acuité d'observation, évoque plutôt une comédie alerte. Ce n'est que peu à peu que les angoisses et le drame s'insinuent, mais il y a toujours ce recul de l’humour, de la tendresse pour ses personnages. La dérision (le monde de l’art contemporain par exemple) reste toujours affectueuse. James Peter Cameron a un sens de la formule, qui émaille son texte sans pour autant tomber dans l'aphorisme (je comprends qu'Aériale ait eu l'envie de tout citer)

Les gens se figurent toujours que s’ils trouvent des arguments pour prouver qu'ils ont raison, on changera d'avis.

Ce roman séduit par la description de James, cet adolescent qui a un profond besoin de silence et de solitude, au point que cela le gêne dans sa communication avec les autres, mais le rend sans doute fort puisque il échappe au besoin de se rendre aimable, de séduire, d’avoir besoin du jugement favorable de l'autre. On est en même temps déchiré pour ce pauvre James, mais épaté de sa capacité à garder la tête hors de l’eau. J’ adore ce gamin, même si j’ imagine qu'il doit être assez difficile à supporter dans la vraie vie Je connais quelqu'un qui fonctionne exactement comme ça (en moins malheureux), j’ai une partie en moi qui y ressemble, et je trouve que ce type de profil est rarement dépeint en littérature, dans une société où le relationnel, la communication, sont mis en exergue comme une espèce de postulat définitif (où le récapitulatif du nombre de ses amis est la base-même de l’image qu’on a de soi).

Être seul constitue pour moi un besoin fondamental, comme la nourriture et l'eau, mais je me rends compte qu'il n'en va pas de même pour les autres. Mes compagnons de chambre paraissaient enchantés de la vie en commun dans le style on pète, on se fume un joint, et il se fichaient visiblement de ne jamais jouir de la solitude. Pour me sentir tout à fait moi-même, il faut que je sois seul. Communiquer avec les autres ne me vient pas spontanément ; c'est une contrainte qui me coûte un effort et donc, comme cela ne vient pas spontanément, je n'ai pas l'impression d'être tout à fait moi-même lorsque je fournis cet effort. Avec les membres de ma famille, je suis assez à l'aise, mais même là ça devient par moments une contrainte de ne pas me trouver seul



Plaisant aussi, c'est que, Si on voit James et ses proches (ses parents, sa sœur) dans l’incapacité de gérer leur propre vie : ils courent désespérément après leurs amours impossibles, se comportent souvent en égoïste parfait, cependant, ils restent fondamentalement sympathiques, attentifs à l'autre dans leur détresse, complètement maladroitement, certes, mais attentifs quand même. Je trouve que beaucoup d'amour réunit ces quatre personnages qui devraient avoir la vie facile, mais se la compliquent perpétuellement, ils semblent partir chacun de leur côté mais un fil les retient.

Il me paraît à peu près évident que chacun retrouve dans cette histoire des choses qu'il a vécues étant adolescent, avec plus ou moins d'intensité, (et qu'il a peut-être revécues avec ses propres enfants adolescents) : cette solitude, cette incommunicabilité, cette impression d'être incompris, cette angoisse à entrer dans le monde des adultes, avec tout ce qu’il a de rebutant, ce refus des compromis, où il semble que faire le premier pas fait entrer dans un monde où on ne maîtrisera plus rien, où tout sera définitif sans échappatoire et prendre un chemin de traverse sera impossible. James prend finalement sa décision, à partir du moment où sa grand-mère lui propose d'autres pistes, où il comprend que l’ université n'est pas un chemin tout tracé par ses parents, contre lequel il faut se dresser, mais un choix qu'il assume lui-même puisqu'il n'est plus contraint.

Je vais émettre quelques réserves (ça sera moins louche) : j'ai trouvé que les 2 personnages tutélaires de James, la psy et la grand-mère était trop peu fouillés.
La psy est vraiment archétypale, avec tous les défauts qu'on retrouve toujours chez les psys dans la littérature (mais peut-être aussi dans la réalité ? ? Je n'en ai jamais rencontré en tant que thérapeute). Quant à la grand-mère, elle est un tout petit peu trop parfaite et compréhensive.
Et aussi, quelqu'un a trouvé que la fin était apaisée, j'y vois un petit côté happy end qui m' un peu déçue.
Mais tout cela n'est que détail, dans un roman gai et profond, d'une grande finesse psychologique sans être du tout psychologisant, parfois tordant, souvent émouvant où tout est subtilement dosé (je trouve que ce mot subtil lui va comme un gant)

D’autres amateurs ?
Pour ma part, ce sera d’autres Peter Cameron !

Je serais assez de ton avis en ce qui concerne l'idéalisation de la grand-mère, mais je n'aurais pas la même analyse en ce qui concerne l'image de la thérapeute. Parce que la vision que nous avons nous est donnée par James, et vu ce que représente pour lui la thérapie, l'état d'insécurité et de mal à l'aise que cela provoque chez lui, un processus de défense typique est justement de décrédibiliser, de trouver tous les défauts et manque chez la personne, pour se sentir tout simplement moins mal. Par exemple quand il regarde les livres qu'il y a dans le cabinet, pour en tirer des conclusions négatives et dénigrer les goûts et la personne elle-même. Ce n'est pas une image juste, très chargée d'affect, pas l'image que Peter Cameron a d'une thérapeute, mais celle de James est qui dans un état de souffrance psychique forte, cela nous dit en réalité plus sur James que sur sa thérapeute. J'ai trouvé cela très juste et convaincant.

Quand à une appréciation plus négative du livre, j'ai bon espoir en Shanidar.

L’appréciation de la thérapeute par James est une alternance de choses positives et négatives, surtout au bout d'un certain nombre de séances. (il n'y retournerait pas sinon, on peut lui faire confiance).
En fait comme pour tous les personnages il la décortique avec sa propre vision du monde , son œil acerbe, son recul plein d'humour et une part de tendresse (je réalise par exemple que le père et la mère sont tout aussi "caricaturaux",mais cela ne m'a pas gênée, j'ai trouvé ça drôle et affectueux. Je me demande si cela ne m'a pas gênée pour la psy parce que je me suis sentie indirectement mise en cause en tant que médecin, plus personnellement impliquée. Tu comprends ce que je veux dire?

C'est curieux... je partage votre intérêt et même une affection certaine pour ce livre (j'en témoigne plus haut) mais j'ai un peu l'impression que vous le sur-évaluez. Il fait partie de ces fictions certes subtiles et drôlement graves qui adoptent un style faussement naïf et léger pour dire des choses importantes et justes sur l'adolescence et la difficulté à accepter les exigences d'un monde adulte. Mais ça reste une petite gourmandise réjouissante qui n'est quand même pas d'une force littéraire sidérante. ça se lit vite et bien et des amis amateurs de lecture m'ont dit "c'est sympa" ou " pas mal ce petit livre"... Et je trouve qu'ils n'ont pas forcément tort. Quand on voit ce quelqu'un comme Proust peut exprimer sur l'adolescence et la difficulté à accorder son univers intérieur avec les exigences de la réalité on est quand même à des années lumières. Bon ok tout écrivain ne peut pas être Proust. On est plutôt du côté de Salinger ou de Harper Lee pour cet univers faussement enfantin. C'est déjà pas mal. Mais je note par ailleurs qu'en dehors de ce livre Arabella ne semble pas vraiment emballée par les autres romans de l'auteur. J'en lirai pour me faire une idée. Reste qu'il m'a fait passer un moment formidable et que je l'ai vite dévoré. Il vaut le détour!

Tout le monde ne peut pas être Proust mais surtout tout le monde ne VEUT pas être Proust.
Pour beaucoup Proust est d'un ennui sidérant et ce n'est pas parce que c'est le summum de la littérature que cela "parle" aux lecteurs.
Un livre ne doit pas être adoré pour sa perfection styllistique ou du moins ce n'est pas une condition nécessaire mais cela peut être aussi pour ce qu'on ressent en le lisant... Eh bien pour moi Cameron fut plus important que Proust même si ce dernier est un plus grand écrivain.

Je pensais moins au style qu'au voyage qu'il permet à l'intérieur de l'esprit de son narrateur chez Proust. Il s'y passe des choses qui m'ont vraiment transporté et fasciné. En lisant Cameron j'ai pris beaucoup de plaisir et j'ai partagé le mal être de ce gamin en me souvenant de ma propre adolescence qui n'était pas toujours simple. Mais il ne m'a pas emporté au point de le placer très haut en tant qu'objet littéraire. Reste comme je l'ai dit que j'ai de l'affection pour lui.