Alan Bennett

LA REINE DES LECTRICES : Alan Bennett. - Folio

La reine des lectrices est un livre drole et caustique, une fable sur le pouvoir merveilleusement
subversif de la littérature. Télérama

Une occasion pour moi de le lire.

The Uncommon Reader
Alan Bennett

Je viens de terminer ce petit livre plaisant, je ne l'ai pas trouvé hilarant mais carrément sympathique. Il y a des passages ou j'ai vraiment aimé l'humour (en particulier le discours d'anniversaire de la reine pour ses 80 ans). J'aime aussi cette reine qui se 'dévergonde' à travers la lecture et dont le mentor littéraire est un marmiton. Ce personnage de reine rebelle me plait bien.

Ce livre m'a un peu rappelé celui plus ancien de Sue Townsend The Queen and I où la reine et toute la famille royale se retrouvaient dans une situation difficile puisque le parlement travailliste avait voté l'abolition de la monarchie et de ses privilèges. La famille royale se retrouvait donc privée de pensions, ses biens confisqués et retournés à l'état britannique...tous se trouvaient donc contraints de travailler et étaient relogés dans des logements sociaux. Le personnage de la reine y était dépeint un peu de la même façon que chez Bennett, avec du caractère et une certaine résilience que les autres membres de la famille ne possédaient pas. Un livre assez amusant aussi pour les amateurs d'humour British.

Du coup j'ai noté aussi de lire 'Talking Heads' qui me plairait bien je pense...

domreader a écrit:

Je viens de terminer ce petit livre plaisant, je ne l'ai pas trouvé hilarant mais carrément sympathique.

Voilà, exactement !

A propos de la Reine des lectrices

Que n’a-t-on pas écrit et dit sur la Reine d’Angleterre. Tout le monde sait tout et rien à propos de cette femme qui ne s’exprime jamais sur ses idées et ses loisirs.
Le fait de faire de cette femme un personnage de roman, m’a poussée à y regarder de plus près.
La Reine se promène avec ses compagnons à quatre pattes dans les jardins de son Palais se retrouve de façon inattendue dans le bibliobus stationné à deux pas de là. Un peu gênée de se trouver là, la souveraine emprunte un livre …ainsi nait une passion qui ne sera pas au goût de tout le monde.

Ce livre est drôle, caustique et original .L’auteur met en scène un personnage publique quelque peu inaccessible dans une situation des plus banales. Il réussit en partant d’une histoire improbable, à engager le lecteur à s’interroger sur la lecture en général et tout ce qu’elle apporte.
Lire enrichit l’esprit, rend libre, permet à l’individu se construire son propre jugement sur les choses qui l’entourent.
Et la Reine dans tout cela ? C’est bien parce qu’elle découvre les pouvoirs de la lecture, et qu’elle s’affranchit d’un certain nombre de contraintes qu’elle inquiète son entourage à un tel point que ce dernier finira par éloigner celles et ceux qui l’encouragent dans sa nouvelle passion. C’est comme si la Reine devait s’en tenir à son rôle de représentation, et rester fidèle à sa devise « never explain, never complain »,
L’auteur, par le biais d’un roman sans prétention, superficiel au premier abord, drôle, et pince sans rire, met le lecteur en garde contre la tentation de la facilité. Je reste convaincue que la lecture affranchit l’Homme, et le rend pleinement acteur du monde dans lequel il vit

Est-ce que quelqu'un a lu La mise à nu des époux Ransome ? J'aimerais bien l'offrir en cadeau (et cette fois-ci, contrairement à Modiano, c'est vrai! ) mais je n'ai entendu qu'une (bonne) critique radio. Vos avis m'intéresseraient davantage.

Nezumi a écrit:

Est-ce que quelqu'un a lu La mise à nu des époux Ransome ? J'aimerais bien l'offrir en cadeau (et cette fois-ci, contrairement à Modiano, c'est vrai! ) mais je n'ai entendu qu'une (bonne) critique radio. Vos avis m'intéresseraient davantage.

oui, on doit se méfier dès à présent concernant tes demandes

mon avis pour ce livre est sur la première page ici
concernant ses livres 'drôles' c'est le meilleur.. j'ai a-do-r-é

kenavo a écrit:

oui, on doit se méfier dès à présent concernant tes demandes

mon avis pour ce livre est sur la première page ici
concernant ses livres 'drôles' c'est le meilleur.. j'ai a-do-r-é

Ah merci! je ne l'avais pas vu, pourtant je croyais avoir épluché le fil.
Ca a l'air bien tentant dis donc, bien envie d'en acheter deux exemplaires du coup!

A tout hasard, j'ai emprunté La mise à nu des époux Ransome à la bibliothèque la semaine dernière. La couverture me plaisait bien, avec la photo d'un couple aux visages tout ce qu'il y a de plus stricts plantés devant un décor bourgeois

Alors certes, on ne rit pas aux larmes en lisant ce roman, et certains passages, malgré leur côté dérisoire, sont presque tristes (par exemple en ce qui concerne la solitude éprouvée au sein d'un couple et toutes les incompréhensions réciproques). J'en viens presque à me contredire... Alors, qu'est-ce qui m'a fait sourire ? Ce serait plutôt la naïveté de Mme Ransome, toutes les façons qu'elle a de s'embellir la vie (aller chez l'épicier pakistanais du coin, rendre visite à son voisin du 8e étage...) et la description de tous les tics de son époux (sa rigidité en ce qui concerne le langage, ses manies, son obsession pour les technologies acoustiques de pointe...). Toute la réussite du roman tient dans cette analyse minutieuse des mœurs bourgeoises, qui n'est pas dénuée de discrètes piques adressées de ci, de là, au détours d'une conversation ou de tout autre évènement anodin.
La critique est subtile et non dénuée d'une certaine tendresse de Bennett pour ses personnages.
J'ai passé un très bon moment avec ce livre et je compte bien poursuivre ma découverte de cet écrivain avec d'autres de ces textes.

Petite question pour Coline : Tu as parlé de Moulin à paroles. Il s'agit d'un recueil de nouvelles ou de pièces de théâtre ? Ton résumé m'a donné envie de le lire !

colimasson a écrit:

Petite question pour Coline : Tu as parlé de Moulin à paroles. Il s'agit d'un recueil de nouvelles ou de pièces de théâtre ? Ton résumé m'a donné envie de le lire !

Ce sont des monologues pour le théâtre...Si tu le trouves, tu penseras à moi en lisant Une femme de lettres...Mais ce n'est pas du tout le personnage que l'on peut s'imaginer en lisant le titre...

coline a écrit:

colimasson a écrit:

Petite question pour Coline : Tu as parlé de Moulin à paroles. Il s'agit d'un recueil de nouvelles ou de pièces de théâtre ? Ton résumé m'a donné envie de le lire !

Ce sont des monologues pour le théâtre...Si tu le trouves, tu penseras à moi en lisant Une femme de lettres...Mais ce n'est pas du tout le personnage que l'on peut s'imaginer en lisant le titre...

Je n'y manquerais pas !

LA REINE DES LECTRICES

On a déjà raconté le sujet de ce livre. Une fable sur un pouvoir vide de sens et anachronique :
la royauté. La reine s' ennuie et se met à lire et elle lit vrament au lieu de faire semblant.

Une fable, oui. Où irions nous si ceux qui nous gouvernent se mettaient tout à coup à etre cultivés
au détriment meme de leur pouvoir de représentation.
Tout le monde sait que ce sont les communiquants, conseillers et autres "experts" qui font tout le boulot et que les "Grands" ne font que répéter...
Quand ils ne le font pas, on s' apperçoit que leur nudité ne cache rien. Vraiment rien. Sinon de la
vanité, le gout du pouvoir, le fric et le sexe.
Mais meme ça, ils le cachent de moins en moins.

Et donc un livre agréable, drole et sans prétentions. Pourquoi bouder son plaisir, je vous le demande...

La Mise à nu des époux Ransome (The Clothes They Stood Up In, 1998). Traduit de l'anglais en 1999 par Pierre Ménard. 98 pages.
Le roman commence ainsi :

Citation :

"Les Ransome avaient été cambriolés. « Volés », dit Mrs Ransome. « Cambriolés », corrigea Mr Ransome. Le vol s'applique aux personnes, le cambriolage aux habitations. Mr Ransome exerçait la profession d'avoué et estimait que le choix des mots revêt une certaine importance." (page 7).

Pour faire simple, les Ransome sont un couple BCBG coincés. Ils viennent de subir un cambriolage particulier :

Citation :

"Il y a tout de même une limite à leur [on prle des cambrioleurs] capacité d'extorsion : ils s'intéressent rarement aux fauteuils, par exemple, et plus rarement aux canapés. Mais les leurs n'avaient pas fait dans la dentelle. Ils avaient tout emporté." (page 7).

Pendant le cambriolage, les époux Ransome étaient à l'opéra, écouter Cosi fan tutte (Mr Ransome est un fan inconditionnelle, pour ne pas dire hardcore, de Mozart).



Pendant cette divine musique, sans doute inspirée par la divine musique Mrs Ransome se pose des questions sur la marmite qu'elle a laissée dans le four : est-ce que le thermostat sur 4.3 n'aurait pas été suffisant ? Est-ce que ça va être trop sec ?

Qu'importe !

Citation :

"Les voleurs avaient emporté le four, ainsi que la marmite." (page 10).

Même la moquette a disparu.

L'appartement est totalement vide !

Que se passe-t-il ?

Même Dame Kiri Te Kanawa n'est pas à la fête, la pauvre.


La vie des époux Ransome vacille. Mr Ransome, plus coincé que sa femme, va rapidement tenter de remettre sa vie dans ses rails monotones, bercé le soir par Mozart dans les oreilles (entre autres, parce que d'autres tentations surgissent). Mrs Ransome, par contre, s'émancipe un peu. Elle qui vivait dans l'ombre de son mari, va redécouvre le monde, et notamment la télé.

Dusty, une psy, arrive pour aider.

Citation :

"Deux ou trois de ses clients lui avaient affirmé que le cambriolage dont ils avaient été victimes leur avait permis de comprendre ce qui comptait vraiment dans la vie - et qu'ils attacheraient désormais moins d'importance aux biens matériels, qu'ils ne s'encombreraient plus d'une telle quantité d'affaires, etc. Six mois plus tard, lorsqu'elle était repassée pour une visite de contrôle, elle les avait trouvés dans un décor aussi surchargé qu'avant. Beaucoup de gens peuvent se passer d'un tas de choses, s'était dit Dusty : mais ils ne renonceront jamais à en acheter de nouvelles." (pages 62-63).

C'est dit de façon amusante, mais je crois que ça n'est vraiment pas faux du tout.

Le tout est très rigolo. Bien sûr, on pourra se demander ce que faisait Mrs Ransome de ses journées, avant le cambriolage.

Ou bien trouver que c'est un peu caricatural. Oui, mais c'est ça qui est drôle. On n'est pas dans le néo-réalisme : comme dans l'amusant La Reine des Lectrices, Bennett utilise des caricatures et joue à fond dans sur les décalages, pas forcément subtils, souvent attendus, mais quasiment toujours efficaces. Ce sont 159 petites pages amusantes (un peu moins vers la fin, mais Alan Bennett cherche à retomber sur ses pieds, on ne peut pas lui en vouloir), et c'est déjà bien.
On n'en demande pas plus.

Ca a l'air aussi funky que ton commentaire ! Mais tu as soulevé une de mes craintes : l'épuisement rapide du sujet. M'enfin, 159 pages, c'est pas la mer à boire non plus, et ça doit filer tout seul !

Un livre rigolo qui parle de Mozart... pourquoi pas! Merci Expie. J'ai bien ri en te lisant!

J'ai pris beaucoup de plaisir en lisant La reine des lectrices, un livre plein de charme et de english humour (avec une agréable surprise pour les proustiens ).