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| Terence Davies | |
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+7traversay Avadoro kenavo Marie Aeriale coline Marko 11 participants | |
Auteur | Message |
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Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Terence Davies Mer 27 Juin 2012 - 19:50 | |
| Magnifique. J'ai été dedans dès les premières secondes. Ça m'a un peu perturbé quand les voix ont surgies d'ailleurs, même si c'était incroyablement maîtrisé, pile au moment où il faut (quand l'actrice se prend une gifle pour la réveiller. Et juste avant ou juste après, quand son amant lui dit un petit mot d'amour - oublié lequel...). Tout le film est merveilleusement orchestré. Peut-être trop trouveront certains (comme Traversay et Aériale), mais c'est là, réellement une question de sensibilité et de plongée dans le rythme qu'on nous donne. Une fois dedans, c'est gagné. Evidemment cette très grande maîtrise de l'image (mais quels plans magnifiques !), de la musique, des flash backs, des mouvements de caméras, sont tellement beaux et parfaits qu'il est difficile (impossible ?) d'oublier qu'on est devant un film, un spectacle, et ça peut nous laisser légèrement en dehors de l'émotion. Mais en même temps, j'aime ne pas être tout le temps dans une complète empathie, à en verser des larmes sur mes pop corns. Un film à l'ambiance triste, mélancolique, et pourtant terriblement vivant, avec de la violence, une énergie presque animale, sauvage. Ça m'a rappelé un film comme A single man, même entrée en matière douce, hyper triste, même maîtrise de l'image, avec des décors, des couleurs, des lumières ultra pensées, qui font sens, qui font beau, qui nous maintiennent en tant que spectateur : transportés mais pas imbibés. J'étais restée un peu au bord de Amore avec lequel le compare Traversay. Je n'ai jamais tellement accrochée aux WKW. Mais j'admire complètement ce The Deep Blue Sea de Davies ! | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Terence Davies Mer 27 Juin 2012 - 19:57 | |
| - Citation :
- Une fois dedans, c'est gagné.
C'est ce qui m'a vraiment manqué, si on ne rentre pas d'emblée tout nous parait appuyé. Derrière moi j'avais une mamy qui expliquait à sa copine tout le film (l'autre devait avoir un problème de sonotone) ça m'a trop ramenée dans la réalié, il faut pouvoir s'en libérer avec ce film, et avoir l'état d'esprit pour. C'est fou comme les conditions sont importantes... | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Terence Davies Mer 27 Juin 2012 - 20:33 | |
| Voilà un avis qui me réjouit ! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Terence Davies Mer 27 Juin 2012 - 21:45 | |
| J'espère voir un jour ses films précédents.
Aériale, vu le contexte où tu as vu le film, je comprends que tu as eu des difficultés à entrer dedans. La salle de ciné, pour moi, était complète mais très calme, incroyablement réceptive. Malgré cela, dès qu'il y avait un bruit ou un mouvement, ça me perturbait.
Finalement, c'est peut-être un film à voir seul.
Et j'ai vraiment bien aimé cette façon d'insérer les chansons, en chorale, tous ensemble face à cette histoire. ça m'a rappelé La France de Serge Bozon ((url=https://parfumdelivres.niceboard.com/t1852-la-france-serge-bozon]clic ici[/url]) : je suis d'ailleurs toujours étonnée de voir que je suis la seule à en avoir parlé ici... et tout autant étonnée de n'avoir pas trouvé d'occasion de voir d'autres Bozon. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Terence Davies Mer 27 Juin 2012 - 22:20 | |
| je vais enfin le voir ce week-end... Vos commentaires me font encore plus baver. J'aime tous ses films et son univers si particulier, mental et quasi onirique, proustien finalement à pas mal d'égards. Son adaptation de La Bible de Néon est visuellement à tomber par terre aussi. Mais on peut se sentir asphyxié par ces images ultra maîtrisées et ces personnages qui semblent surgir du néant sur ce théâtre presque irréel. Et pourtant ça vibre à l'intérieur. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Terence Davies Mer 27 Juin 2012 - 22:21 | |
| Merci pour ton commentaire Queenie, je me retrouve tout à fait là-dedans.. (j'ai eu ma séance toute seule à la maison devant mon ordi , d'ailleurs si quelqu'un le veut, je peux mettre le DVD au cerclage (version anglaise/sous-titre anglais)) - Queenie a écrit:
- Ça m'a rappelé un film comme A single man, même entrée en matière douce, hyper triste, même maîtrise de l'image, avec des décors, des couleurs, des lumières ultra pensées, qui font sens, qui font beau, qui nous maintiennent en tant que spectateur : transportés mais pas imbibés.
ah oui, bonne comparaison.. oui, je plussoie! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Terence Davies Mer 27 Juin 2012 - 22:33 | |
| - Marko a écrit:
- je vais enfin le voir ce week-end... Vos commentaires me font encore plus baver. J'aime tous ses films et son univers si particulier, mental et quasi onirique, proustien finalement à pas mal d'égards. Son adaptation de La Bible de Néon est visuellement à tomber par terre aussi. Mais on peut se sentir asphyxié par ces images ultra maîtrisées et ces personnages qui semblent surgir du néant sur ce théâtre presque irréel. Et pourtant ça vibre à l'intérieur.
Faut donc que je lise puis que je vois La bible de néon ! - kenavo a écrit:
- Merci pour ton commentaire Queenie, je me retrouve tout à fait là-dedans..
(j'ai eu ma séance toute seule à la maison devant mon ordi , d'ailleurs si quelqu'un le veut, je peux mettre le DVD au cerclage (version anglaise/sous-titre anglais))
- Queenie a écrit:
- Ça m'a rappelé un film comme A single man, même entrée en matière douce, hyper triste, même maîtrise de l'image, avec des décors, des couleurs, des lumières ultra pensées, qui font sens, qui font beau, qui nous maintiennent en tant que spectateur : transportés mais pas imbibés.
ah oui, bonne comparaison.. oui, je plussoie! Merci ! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Terence Davies Mer 27 Juin 2012 - 22:35 | |
| - Queenie a écrit:
- Faut donc que je lise puis que je vois La bible de néon !
pas (encore) vu le film, mais j'en ai bien envie, faudra le trouver, mais je ne peux que t'encourager de lire le livre.. extra!! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| | | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Terence Davies Jeu 28 Juin 2012 - 21:55 | |
| - Avadoro a écrit:
J'étais très impatient de découvrir ce nouveau film de Terence Davies et en sors comblé au-delà de mes attentes. Le rapport du cinéaste au passé, au souvenir, à la mémoire et à la fragilité du vécu me bouleverse, tout comme l'incarnation par sa mise en scène d'une hypersensibilité intériorisée, dont le refoulement et l'éclat forment le coeur de cette adaptation de Terence Rattigan.
La musique apporte aussi une richesse indispensable : les deux séquences sur "You Belong To Me" et "Molly Malone" sont mémorables car elles sont l'évocation rare d'une osmose collective, d'un partage face à une solitude, parenthèse d'un moment qui sans elle serait réduit à l'état de vestige immobile. Le mouvement lent du concerto pour violon de Barber apporte par contre la sensation d'une continuité, leitmotiv d'une souffrance que l'on voudrait à la fois transcender et dépasser. Sa répétition crée l'effet d'une pesanteur qui, loin d'une surenchère, offre au film l'esquisse d'un rythme que celui-ci parvient à soutenir...grâce à la fluidité des plans et l'attention portée aux moindres gestes du quotidien. - traversay a écrit:
- Mais justement, cette stylisation permanente a pour effet de brider l'émotion, en empêchant complètement de se brûler les yeux au feu intérieur qui consume son héroïne. Il y a trop d'intelligence et pas assez de coeur dans ce film chamarré qui aurait convenu à un Douglas Sirk ou à un William Wyler.
- Aeriale a écrit:
Pas ou peu d'émotions autres que visuelles (superbes plans aux couleurs tamisées, collant à l'impression de flou du passé, c'est vrai) j'ai fini par ne ressentir que de la distance, sans croire à leur romance, l'ensemble m'a semblé trop convenu. - Queenie a écrit:
Un film à l'ambiance triste, mélancolique, et pourtant terriblement vivant, avec de la violence, une énergie presque animale, sauvage. Somptueux film qui m'a complètement transporté et donné la chair de poule devant tant d'intelligence et de sensibilité de mise en scène. Je réagis par rapport à ce que dit Aériale (et indirectement Traversay) concernant ce sentiment de banalité convenue et de distance qui empêcherait d'investir les personnages autrement que d'un point de vue plastique. C'est que ce film est à l'image de cette fumée de cigarette qu'on accompagne, qui se fige et qui semble contaminer tout l'écran jusqu'à donner le sentiment d'observer à travers un léger voile un peu opaque des fantômes ou plutôt des émanations du passé apparaître et disparaître de l'écran, d'être dans un espace mental flottant où présent, passé et avenir proches semblent fusionner et se confondre (on est parfois chamboulé dans la construction chronologique). Cette histoire minimaliste et banale, comme tant d'histoires d'amour à toutes les époques, est envisagée comme une épure universelle. Deep blue sea est en quelque sorte la quintessence du mélodrame amoureux, son parfum qui flotte dans l'espace. Ces deux hommes et cette femme jouent devant nous un drame éternel et ils sont comme les personnages proustiens, des souvenirs qui fusionnent et s'incarnent momentanément à travers des êtres éphémères. Swann et Odette, Marcel et Gilberte puis Albertine, Charlus et Morel... Toujours la même histoire qui recommence, les mêmes chimères, les mêmes souffrances. Ces archétypes du fantasme amoureux s'incarnent le temps de la projection à travers Hester et Freddie dans une ronde du désir qui oscille entre destruction et reconstruction à l'image de cette guerre qui occupe l'arrière plan, qui se manifeste par des bribes de réminiscences (géniale séquence du tunnel qui n'est pas sans rappeler celles qu'on trouve dans "Expiation" de Mc Ewan) puis dont les traces disparaissent. Le récit est cyclique et adopte génialement la construction du morceau de Barber qu'on peut entendre comme un chant mélancolique douloureux puis comme une nostalgie qui n'exclut pas une libération. C'est le cycle vital qui régit l'intime comme le monde dans son ensemble. Les personnages secondaires sont là pour rappeler les différentes conceptions de l'amour qui s'opposent au désir et à la passion. Hester est transfigurée par cette foi qui pour les autres apparaît comme une maladie ou une névrose à combattre. Mais elle sait qu'en ayant vécu cette exaltation elle a donné un coeur à sa vie. Elle a failli plonger dans le gouffre (the deep blue sea) mais elle va pouvoir y puiser une grande force et peut-être remonter à la surface. Le film montre magnifiquement la solitude de chacun comme les moments de communion. Dans tous les films de Davies le peuple chante ce que les héros vivent comme un choeur antique. Et cette scène de querelle dans le bar qui trouve un écho dans cette chanson populaire est une idée sublime. Davies a trouvé un langage artistique qui sublime les expériences humaines les plus douloureuses à travers le prisme du souvenir jusqu'à un point de raffinement extrême comme chez Proust. Il aime les années 50 qui le renvoient à sa propre enfance et aux chansons qui l'ont bercé dans des moments de tristesse et de violence. ça vaut la peine de revoir sa trilogie autobiographique après avoir vu ce dernier film. Mais on y trouvera encore plus d'artifice et de théâtralité. J'ai été étonné dans Deep Blue Sea de voir à quel point Davies était arrivé à rendre ses fantômes à ce point vibrants. C'est du pur cinéma. J'en suis sorti à la fois en apesanteur et tout remué devant tant d'émotions génialement jouées par tous ses acteurs.
Dernière édition par Marko le Ven 29 Juin 2012 - 21:47, édité 1 fois | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Terence Davies Ven 29 Juin 2012 - 21:52 | |
| Oh non! Je viens d'effacer par erreur un dernier post où j'évoquais une critique formidable de Jean-Christophe Ferrari dans Positif. Pas le courage de tout recopier | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Terence Davies Ven 29 Juin 2012 - 21:52 | |
| Il est vrai que le terme de rêverie est particulièrement approprié...beauté et douleur se rejoignent jusqu'à se confondre tant chaque geste coule de source. Et cette perception du temps conserve toujours une sensation d'urgence, le ressenti d'une brûlure et l'excès d'un engagement vital. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Terence Davies Ven 29 Juin 2012 - 21:53 | |
| - Marko a écrit:
- Oh non! Je viens d'effacer par erreur un dernier post où j'évoquais une critique formidable de Jean-Christophe Ferrari dans Positif. Pas le courage de tout recopier
quel dommage, je venais de le lire et voulais répondre.. bon, je vais alors seulement poster ma trouvaille j'ai trouvé un commentaire concernant la musique, malheureusement qu'en anglais - Citation :
- Deep Blue Sea: The Music
Terence Davies’ work is hugely resonant with musical leitmotifs. The pulse of his work is meditative. For The Deep Blue Sea he utilises a heartbreaking and deeply passionate soundtrack with Samuel Barber’s Violin Concerto. Throughout the film, the Violin Concerto articulates the depth and passion of Hester’s dilemma, much in the same way that the Rachmaninov Piano Concerto No 2 articulates the emotional crisis of Celia Johnson’s character in Brief Encounter. It is no co-incidence that Davies has chosen to stage Hester’s second suicide attempt at a tube station this, of course, echoes Celia Johnson’s suicidal thoughts at Milford Junction- both are women in extremis provoked to the consideration of extreme actions. Returning to the milieu of the 1950s for the first time since The Long Day Closes, Davies once again utilizes popular music and pub sing-songs in order to explore the cultural background of the early 1950s. These songs place the story in a particular historical moment, but they also add a commentary on the situation of the main characters. For instance, Jo Stafford’s You Belong To Me is both an exotic love song, but also expresses Hester’s needy—and sometimes suffocating–love of Freddie. A traditional folk song, Molly Malone, provides a sing-song during an air-raid, but thematically this song of the life and death of a passionate young woman resonates directly with Hester’s story. “The music is fundamental to the film,” says O’Connor, “and was there even before the screenplay was finished. The Barber piece has been the guide. It’s beautiful but it has a sense of pain and that’s a uniquely Terence Davies thing and there’s also nostalgia which is classic Terence Davies. It’s a meditative piece and it gives the film its rhythm. We played it on set so it literally infuses the shots and the acting so it all melds together with a strange alchemy.”
Emanuel Levy source | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Terence Davies Ven 29 Juin 2012 - 21:53 | |
| - Avadoro a écrit:
- Il est vrai que le terme de rêverie est particulièrement approprié...beauté et douleur se rejoignent jusqu'à se confondre tant chaque geste coule de source. Et cette perception du temps conserve toujours une sensation d'urgence, le ressenti d'une brûlure et l'excès d'un engagement vital.
Tu as eu le temps de lire le message avant que je l'efface? | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Terence Davies Ven 29 Juin 2012 - 21:55 | |
| Oui, je crois qu'il est resté lisible un bout de temps. | |
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