Peter Stamm [Suisse]

J'ai commandé "paysages aléatoires"... ce sera mon premier de l'auteur, une occasion de le découvrir.

krys a écrit:

J'ai commandé "paysages aléatoires"... ce sera mon premier de l'auteur, une occasion de le découvrir.

c'était son 2e roman (après Agnes) et son 3e livre (un recueil de nouvelles entre les deux)
j'ai bien aimé et j'espère qu'il sera de même pour toi

D'étranges jardins

je suis perplexe. Pas franchement séduite par la petite musique de Stamm (je trouve même parfois quelques lourdeurs stylistiques, sans doute dues à la traduction, me dis-je), pas franchement conquise par des récits en creux dans lesquels il ne se passe pas grand chose, car l'histoire se déroule bien souvent en deça ou au-delà du texte. Et pourtant, je ne referme pas le livre avec un sentiment d'insatisfaction, non. Deux, trois nouvelles ont même totalement happées mon attention et tourneront longtemps dans mon esprit.

Comme Arabella, je ne suis pas absolument enthousiaste et pourtant j'ai éprouvé un certain sentiment de plaisir à cette lecture désincarnée, évanescente, faite d'un soupçon de misanthropie assez poignant.

C'est le genre de livres pour lesquels on se dit "il y a quelque chose", mais vraiment du mal à dire quoi exactement. Et peut être l'envie d'en lire un deuxième pour mieux définir cette petite chose qui échappe...

Je percevais aussi dans ce recueil une certaine distance, une certaine misanthropie, comme disait Shanidar. Mais néanmoins, comme le soulignait aussi Arabella, il y a "quelque chose" qui m'a très séduit. Il me semble, vu sa poursuite de sujets (ce que j'en ai lus) qu'il deviendra doucement un peu moins "distancié", mais plus empathique?! A vérifier...

tom léo a écrit:

Il me semble, vu sa poursuite de sujets (ce que j'en ai lus) qu'il deviendra doucement un peu moins "distancié", mais plus empathique?! A vérifier...

oui, on peut le constater surtout dans ses romans
Si je compare le premier avec son dernier, on peut presque dire que c'est un autre auteur..
bien que je dois dire que j'ai bien aimé ce côté distancé.. cette vue un peu froide du dehors sur la vie de Agnes, p.ex. pour son premier roman..

Je n'ai pas encore reçu D'étranges jardins mais j'ai encore plus hâte de le lire après vos commentaires et...une certaine misanthropie ne va pas être pour me déplaire je crois,surtout en ce moment !!

le premier livre de cet auteur que je viens d'emprunter : Comme des cuivres qui résonnent

ne m'a pas emballée, à part 2 nouvelles. J'ai trouvé les nouvelles assez "plates". Mais je crois que les nouvelles finalement ne sont pas les textes que je préfère.

Si je tente un roman, lequel me conseillez vous ?

Bédoulène a écrit:

Si je tente un roman, lequel me conseillez vous ?

je pense que la plupart des parfumés qui ont entretemps lu 2-3 de ses romans, chacun va te donner son préféré..
à mon avis - celui qui se trouve dans ta bibliothèque vaut l'emprunt.. en cas de plusieurs choix:
Agnès - Paysages aléatoires - Un jour comme celui-ci - Sept ans ... dans cet ordre

J'ai,pour ma part, beaucoup aimé D'étranges jardins. Ne vous moquez pas, mais je trouve que l'écriture est limpide et les histoires se lisent avec plaisir. C'est peut-être le fait que ce soit des nouvelles qui me donne cette impression de lecture légère et fluide. Il y a beaucoup de notes tristes ou nostalgiques,c'est peut-être ce qui m'a plu aussi !

Je voudrais lire un roman maintenant...

Noémie a écrit:

J'ai,pour ma part, beaucoup aimé D'étranges jardins. Ne vous moquez pas, mais je trouve que l'écriture est limpide et les histoires se lisent avec plaisir. C'est peut-être le fait que ce soit des nouvelles qui me donne cette impression de lecture légère et fluide. Il y a beaucoup de notes tristes ou nostalgiques,c'est peut-être ce qui m'a plu aussi !

Je voudrais lire un roman maintenant...

Mais on ne se moque pas !

-Verglas-

Citation :

...Pour des histoires de presque rien (c'est le presque qui fait la différence)

Je crois que Traversay résume bien cette impression que vous évoquez...

Citation :

Des récits en creux dans lesquels il ne se passe pas grand chose, car l'histoire se déroule bien souvent en deça ou au-delà du texte. Et pourtant, je ne referme pas le livre avec un sentiment d'insatisfaction

dit encore Shanidar.

C'est vraiment un style à part. Ici de nouveau on retrouve l'univers distancié, plutôt désabusé de l'auteur. Dans Verglas le rapprochement entre les personnages est toujours difficile, ils se frôlent sans vraiment s'étreindre (Le droit coutumier), parlent de leurs amours passés (Passion) ou se loupent parce qu'il est trop tard et que les sentiments n'existent plus.

Le narrateur -qu'on imagine être Peter Stamm- garde sans cesse ce ton résigné, il se retrouve souvent en voyage avec des amis, les observant et se contentant de restituer une atmosphère souvent dolante. Qu'ils soient en vacances en Italie, plombés par la fournaise, retirés dans des lieux vides, ou fêtant un anniversaire, il en découle toujours un ratage, un contre temps, une solitude humiliante ou bien un drâme qu'on n'attend pas.

Dans tout ceci ressort systématiquement l'échec de la relation amoureuse, quelquefois par manque de mots ou de temps. Quelque chose les glace, et ils n'arrivent pas à dépasser cet instant qui ferait basculer les choses, comme un conducteur piégé par la glace et qui dérape.

C'est évidemment bien sombre encore une fois, à partir de rien l'auteur nous fait ressentir un profond mal-être, ses personnages restent en suspens, pas vraiment désespérés mais avec cette vague impression que la vie leur échappe. Le plongeon mortel du jeune homme dans le Lac ne sera qu'un gachis immense et la jeune trentenaire avide d'amour dans Ce que nous savons faire restera seule. Je peux comprendre que certains restent de glace (si on peut dire) car il n'y a pas l'ombre d'une fin heureuse dans ces nouvelles, et je ne le conseillerais pas comme première approche. Mais ici encore il y a ce petit quelque chose qui fait que sa musique me touche, des sensations, des odeurs, un parfum de quête qui me séduisent...
Je ne saurais pas plus l'expliquer que je ne l'ai fait plus haut, mais S(t)amm suffit!

Wouah, quel jeu de mot Aériale. Bon, et lequel tu conseil pour débuter (comme ça jje le note sur mon petit carnet des millier de livres qu'il faut que je lise au plus vite).

Odrey, je te conseillerais Sept ans! Gros coup de coeur sur celui-ci.
Et je pense que pour un début mieux vaut un de ses romans...

parution le 5 janvier 2012

/
Seerücken / Au delà du lac

Citation :

Présentation de l'éditeur
Dans ce recueil, Peter Stamm propose dix nouvelles - genre dans lequel il excelle. Toutes sont situées dans le Seerücken, la région de naissance de Peter Stamm, qui borde le lac de Constance au sud. D'une écriture simple et concise, Peter Stamm dresse un portrait de la vie contemporaine par petites touches teintées d'humour, d'humanité et d'honnêteté. Par des situations simples et de brefs dialogues, il parvient à transmettre des réflexions éclairantes sur le mode de vie moderne et les relations qu'il entraîne entre les individus. Contrastant avec les environnements souvent aliénants qu'il décrit, Peter Stamm s'attache la vie intérieure de personnages qui se battent pour (re)prendre le contrôle de leur existence, en finir avec la solitude, la peur, l'échec et la perte qui les assaillent - bien qu'ils sachent aussi par moments profiter de brefs instants d'apaisement de bonheur. À cet égard, les nouvelles de Peter Stamm capturent quelques pensées et événements flottants au sein d'existences en perpétuel état de tension et d'incertitude. À l'image d'instantanés photographiques, elles cadrent un moment de vie sans jamais imposer de jugement ni offrir de résolution définitivement fermée.

Si on connaît Peter Stamm, on sait à quoi s'attendre. Il excelle vraiment dans la forme de la nouvelle et ce recueil ne fait pas la différence. Au contraire, il confirme à nouveau son talent.

Son éditeur allemand a noté entre autre dans sa description de ces nouvelles qu'il décrit si facilement de vies, celles qui ne sont pas vécues, rapportées, souvenues et finalement râtées et un critique allemand a dit qu'il est le maître de décrire les petits échecs du quotidien qui ne sont pas suivi de grandes souffrances et je ne peux que donner raison à ses deux phrases.

Il entraîne dès les premiers mots, les premières phrases son lecteur dans le monde d'un personnage inconnu qu'on arrive presqu'à palper après les quelques pages qu'il lui consacre. Et ce n'est jamais spectaculaire, jamais effrayant, jamais bruyant. Mais toujours extraordinaire, à part et tout à fait unique.

J'adore! Et je félicite la maison d'édition Christian Bourgois de lui rester fidèle et d'avoir traduit aussi vite ce dernier recueil (livre paru en allemand en mars 2011)! Et vue qu'il y un bon nombre de parfumés qui sont entre temps devenus des admirateurs de cet auteur, je suis d'autant plus contente qu'il peuvent le découvrir bien vite dans ce nouveau livre.