| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Nuri Bilge Ceylan | |
|
+14Arabella Avadoro églantine pascal brutal eXPie traversay animal Aeriale kenavo Marko Babelle Chatperlipopette coline Queenie 18 participants | |
Auteur | Message |
---|
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Lun 9 Mar 2009 - 20:38 | |
| Il y a longtemps que je n'ai pas eu de coup de coeur photographique comme devant ces images de Nuri Bilge Ceylan... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| | | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Lun 9 Mar 2009 - 23:27 | |
| Le fabuleux site officiel de Nuri Bilge Ceylan: Ici Les photos de son père sont | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 10 Mar 2009 - 12:08 | |
| | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 10 Mar 2009 - 13:54 | |
| Pour continuer avec la figure du père: un article intéressant (critikat) sur les relations entre Le miroir de Tarkovski et les premiers films de Nuri Bilge Ceylan: - Citation :
- Fils de deux pères
Au-delà de ces influences, Ceylan possède non pas un père, mais deux. L’un biologique, Emin, l’autre cinématographique, Tarkovski. À tous deux il voue un véritable culte. Ces deux figures, la mère bien présente est toutefois plus en retrait, occupent, pour ne pas dire envahissent, Koza, Kasaba et Nuages de mai. Ces trois films forment un réseau organisé autour de l’autobiographie poétique de Tarkovski : Le Miroir. Les deux premiers constituent un portrait de famille subjectif et onirique. Drôle de coïncidence. Ou plutôt non. Il s’agit d’une part, comme pour le cinéaste russe, de trouver les moyens cinématographiques pour retranscrire les sensations de sa propre enfance : lieu d’origine, impressions, sons et textures. À ce titre, le jeune Ali est vraisemblablement une projection du réalisateur enfant. Spatialement, cette trilogie dispose d’un centre de gravité matérialisé par une petite clairière, micro cosmos dont le père est l’ordonnateur. Le Miroir est aussi marqué par ce rapport au lieu d’origine. La caméra revient souvent au seuil d’un sous-bois épais et mystérieux, avant que le plan final n’adopte le point de vue inversé, de l’intérieur de la forêt.
"Nuages de mai" Fatma, la mère du réalisateur, et le jeune cousin Ali dans la clairière, lieu d’origine et centre de gravité dont l’ordonnancement revient au père.
D’autre part, ces films se font sous les auspices de la parole du père. Dans Le Miroir, le fils met en image la poésie d’Arseni, le père. Le scénario de Kasaba est quant à lui tiré d’une nouvelle d’Emin. Dans le cas de Tarkovski et de Ceylan, tout repose sur la parole paternelle en présence de la mère ; les pères parlent et prennent en charge un récit que les fils imag(in)ent. Au cours de la veillée au coeur de ce lieu originel protecteur et circulaire, métaphore maternelle évidente, Emin fait le récit de l’origine des civilisations avant de glisser vers les siennes, donc celles de Nuri. Le lien narratif, au sens large, entre Tarkovski et Ceylan est donc extrêmement ténu, beaucoup plus évident est celui d’ordre esthétique. Les citations visuelles sont si nombreuses que l’on peut parler d’imitation, élément sur lequel nous reviendrons plus tard : chiens errants dans les rues vides, paysages neigeux maussades magnifiés, insistance sur des motifs récurrents (eau, feu, nature, terre), cette manière de mettre les corps au contact des éléments et de la terre... Inutile d’être exhaustif ici, il convient simplement de constater que Ceylan est un cinéaste qui débute sous une double tutelle paternelle. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 10 Mar 2009 - 14:05 | |
| - Marko a écrit:
- Le fabuleux site officiel de Nuri Bilge Ceylan: Ici
Les photos de son père sont Merci pour cette découverte Marko! Ce type est un génie de la photo. Enorme comme on dit chez les djeunes! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 10 Mar 2009 - 14:10 | |
| - aériale a écrit:
- Ce type est un génie de la photo. Enorme comme on dit chez les djeunes!
Et un génie du cinéma! Dans les trois singes il utilise une caméra numérique qui lui permet d'utiliser une palette graphique comme un peintre. Le résultat est hypnotisant. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| | | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Jeu 12 Mar 2009 - 9:24 | |
| Toutes ces photos d'images me donnent vraiment envie... ce serait un film à regarder ce matin, emmitouflée sous ma couette... et si je claquais des doigts pour ramener un projectionniste et tout son barda chez moi ?
(C'est peut-être limite un peu "trop" travaillé, ça me rappelle un peu Zviaguintsev et mon impression mitigée sur ses films. Très beau mais très froid au final, pour moi. Et vu l'association avec Tarkovski, que j'ai pas du tout "aimé", là... ben du coup, je suis TRES méfiante) | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Jeu 12 Mar 2009 - 11:00 | |
| - Queenie a écrit:
(C'est peut-être limite un peu "trop" travaillé, ça me rappelle un peu Zviaguintsev et mon impression mitigée sur ses films. Très beau mais très froid au final, pour moi. Et vu l'association avec Tarkovski, que j'ai pas du tout "aimé", là... ben du coup, je suis TRES méfiante) C'est vrai que chaque plan semble pensé, travaillé, signifiant... Froid en surface. J'y pensais en voyant Loin de la terre brûlée où on voit souffrir les actrices (Charlize Théron et Kim Basinger). C'est très incarné même si le film est moyen. La différence c'est que dans ce 2e cas on est devant une histoire un peu artificielle, assez formatée et finalement qui touche sur le moment mais ne laisse pas vraiment de trace. C'est illustratif. Dans les films de Nuri Bilge Ceylan (de Zvianguintsev, ou Reygadas...on est dans la même démarche), par contre, il y a une force et une vérité derrière ces dispositifs qui vont au delà de la "belle" image. Reygadas dit à propos de ses films: - Citation :
- "L'histoire est un mal nécessaire au cinéma. Les films sont faits pour sentir. Le langage cinématographique est conçu pour cela. Et le cinéma est beaucoup plus proche de la peinture et encore plus de la musique que de la littérature et du théâtre. Bresson disait qu'il y avait du théâtre filmé, mais je trouve qu'aujourd'hui on trouve en majorité de la littérature illustrée. Très triste."
Ce sont des peintres qui font "sentir" les choses. Au lieu d'illustrer comme des romans photos des textes déjà existants. Leurs films sont comme des sculptures qui respirent. C'est valable pour Wong Kar Wai aussi et quelques autres. Ceci dit il y en a qui détestent ça. Je me souviens de Jean-Marc Lalanne au masque et la plume qui n'aimait pas Le Bannissement, Lumière silencieuse ou Les trois singes. Il y voit des objets fermés sur eux-mêmes, qui se regardent filmer, où les personnages sont comme sous cloche, sans aucune respiration ru réel... Et pourtant il aime le Gus Van Sant expérimental, Antonioni ou Bergman... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Ven 24 Avr 2009 - 12:56 | |
| - Marko a écrit:
-
Les trois singes
Prix de la mise en scène à Cannes 2008
Pour celui qui voudrait entrer dans son univers, Les trois singes est son film le plus accessible mais aussi l'un des plus beaux (plastiquement et pour sa mise en scène). Plus accessible parce qu'on peut suivre un semblant de trame, une sorte de suspens psychologique même si le plus important se situe au-delà des mots et de l'anecdote.
J'ai vu hier hier ce chef d'oeuvre...Je cherche mes mots pour en parler (pas trop mal)... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Ven 24 Avr 2009 - 16:48 | |
| LES TROIS SINGESVoilà le genre de film qui me laisse béate d’admiration, carrément soufflée devant une telle beauté, si rare au cinéma… Marko a déjà placé sur ce fil quelques images sublimes qui permettent de voir à quel point chaque plan est une œuvre d’art : des cadrages resserrés sur les visages ( le grain de la peau, les yeux, les cheveux sont parfois filmés au plus près) ; des espaces cloisonnés , composés harmonieusement, ou symboliquement, sans qu’aucun détail ne soit laissé au hasard ; des plans larges sur des ciels qui se déchirent avant l’orage au-dessus d’ Istambul et du Bosphore . La couleur et la lumière contribuent à créer l’atmosphère, en accord subtil avec les émotions des personnages. Les personnages?... Une famille (le père, la mère et le fils) et le patron du père. « Je pense que la première scène qui me soit venue à l’esprit, c’est l’image d’un fils qui frappe sa mère. Quelle raison pourrait provoquer cette situation ? » dit Nuri Bilge Ceylan. Le film commence par de longs plans sur une voiture qui roule de nuit sur une route sinueuse, sur son conducteur qui lutte contre le sommeil…Soudain le bruit d’un choc, un cri, et le plan suivant montre déjà un homme étendu sur la route dans un virage… A partir de là, les rapports entre les protagonistes vont être pervertis par l'arrogance du pouvoir, le sacrifice, le mensonge, la tromperie, la jalousie , la violence... « J’aime beaucoup les thèmes du mélodrame tels qu’on les trouve dans le cinéma turc populaire. J’ai voulu emprunter ces thèmes .[…]Pour moi l’essence de la vie est mélodramatique.» dit le réalisateur. Ce film est donc un mélodrame, interprété par quatre comédiens parfaitement dirigés…Leur jeu repose beaucoup sur les regards, les gestes (accomplis ou retenus), les corps. Les mots très rares n’en sont que plus percutants au cœur de longs silences .Et sur l’absence des paroles, le son devient lui-même le langage. Le spectateur se trouve happé dès les premières images, soumis à un suspense, à une tension permanente. Subjugué, fasciné, il ne décroche jamais malgré le rythme lent parce que le réalisateur maîtrise à la perfection tous les éléments permettant d’aboutir à une mise en scène remarquable. J’attends la sortie du DVD parce que j’ai vraiment envie de revoir ce film et que je pourrai cliquer sur PAUSE pour contempler les images aussi longuement que je le voudrai …
Dernière édition par coline le Sam 25 Avr 2009 - 0:54, édité 1 fois | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Ven 24 Avr 2009 - 19:01 | |
| - coline a écrit:
- Et sur l’absence des paroles, le son devient lui-même le langage.
Les bruits naturels sont vraiment une présence invisible constante qui crée un climat de tension et de mystère. J'ai rarement vu une utilisation aussi stupéfiante de tous les moyens du langage cinématographique pour transformer une histoire intime presque banale en drame plastique universel. Ce sont effectivement des tableaux vivants qui abolissent la frontière entre cinéma et installation d'art contemporain. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Jeu 7 Mai 2009 - 18:04 | |
| Les climatsj'avoue d'abord une attention modérée... mangeage et retournage de papiers en parallèle de la vision. l'image est pas moche, j'avais peur d'images retouchées, par contre c'est cadré un peu... branchouille ou "publicitaire", je ne sais pas trop quel mot je cherche. Une alternance de plans à rallonges et fixes avec des variations d'expression des personnages un peu appuyées, genre "ouh ce que tu dis là ça me chagrine", et des transitions au montage plus rapide et à l'air utilitaire. histoires d'amour en milieu artistico-intello-un-peu-branché centrées sur le bonhomme (joué par le réalisateur si j'ai suivi le générique et bien compris les posts précédent), un peu macho ou culturellement macho, tendance control freak ( si si tu mets ton pull t'as froid je te dis)... qui se pose +/- de questions, mystère et doute. je me demande ce que ça aurait donné si j'avais regardé avec attention, mieux ou moins bien ? avis mitigé, je m'attendais à pire ça se regarde malgré l'impression constante que c'est très artificiel dans ses mécanismes et les émotions. un sujet et une mise en forme calibrés aussi. artificiel et potentiellement réducteur en fin de compte. mais visible. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Dim 10 Mai 2009 - 13:31 | |
| reprise depuis le fil Kaurismaki - Marko a écrit:
- animal a écrit:
- violence psychologique au moins relative dans Les Climats non ?
Il y a une scène de sexe entre Nuri Bilge Ceylan et sa maîtresse qui est assez violente. Et ce couple qui s'éloigne peu à peu, il en montre toutes les variations émotionnelles (qui vont avec les saisons évidemment). C'est souvent violent et cruel même si c'est terriblement ordinaire.
Pour Kaurismaki on pourrait dire tout est son contraire. Que cette poésie de la misère peut paraître un peu trop "décrétée" et que cette beauté masquée derrière les bassesses et le ridicule c'est aussi un cliché. Mais je pense comme toi qu'il y a un humour et une générosité qui sautent aux yeux et surtout un travail plastique magnifique qui ne fait pas "pub" (je le crois aussi de l'univers de Ceylan). Et c'est bien pour ça que je ne partage pas ton regard sur Ceylan. Je les vois comme deux grands cinéastes qui ne rejettent pas l'esthétique sans pour autant tomber dans l'artifice, même si c'est très "maîtrisé". c'est à cette scène que je faisais référence en disant (toujours sur le fil Kaurismaki, 'scusez nous) qu'il en montrait beaucoup NBC (bc ??? ). Parce que certes c'est violent mais la manière dont c'est amené et intégré n'est pas neutre, je dirai même que ça nuance la violence en forçant le trait on dirait qu'il en reste de la "passion" ? Terriblement ordinaire oui, et (impression absolument subjective) drapé dans un "plus" : plus de "milieu apte aux émotions" ? et plus moins probable encore du panel d'émotions. Et puis pour prendre des exemples on a une scène sur la plage avec le sable sur le visage qui dure... et plus tard elle part à pied sur la route la fille, machoman la regarde, on la voit qui marche de dos, ah ? oups, revenons à machoman et son scooter. Hypothèse : on a trop vu la route avant (et c'est pas grave machoman va passer avec finesse par toutes les émotions nécessaires). On peut certainement proposer d'autres interprétations mais là où je veux en venir c'est que je n'arrive pas à trouver que ça colle ses durées, elles sont essentiellement sur des poses et des images "déjà faites" qu'elle rappellent des pubs ou qu'il s'agisse de paysages forcément déjà faits, si on sort la plage déserte qui tue ou les ruines (désertes aussi) on favorise un a priori poétique (concrétisé ou pas). un mot qui me vient maintenant est "sommaire". | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan | |
| |
| | | | Nuri Bilge Ceylan | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|