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| Nuri Bilge Ceylan | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Lun 19 Sep 2011 - 15:47 | |
| Comme je suis de ceux qui ont beaucoup aimé les précédents, et en dépit de l'apport très léger des bémols (bémolisés finalement! ), tout ce que tu dis de ce film me rend impatiente de le voir... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| | | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Lun 19 Sep 2011 - 17:18 | |
| A noter que la musique de la bande annonce n'est pas dans le film puisqu'il n'y a aucune musique à l'exception d'une chanson turque qu'ils écoutent dans la voiture. L'atmosphère du film m'a souvent fait penser au roman de Antonio Munoz Molina, Pleine Lune. Les paysages du film de Ceylan sont typiquement turcs, la tradition musulmane très présente, mais les 2 personnages principaux pourraient sortir du roman de l'écrivain espagnol. Surtout cette ambiance nocturne, cette plongée dans la noirceur des âmes qui n'exclut pas une dimension humaniste. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mer 2 Nov 2011 - 22:57 | |
| - Marko a écrit:
- Il était une fois en Anatolie
Grand Prix à Cannes 2011
Nuri Bilge Ceylan revient avec un film plastiquement envoûtant bien que laissant cette fois de côté la palette graphique (ouf! dira Animal...). J'évoquais Zviaguintsev en voyant la bande annonce mais on est finalement plus du côté d'un Abbas Kiarostami montrant des paysages comme des tableaux vivants. Ceylan a néanmoins un univers très personnel qui dépasse de loin une tentation purement graphique ou illustrative. Rien de décoratif mais au contraire la présence de paysages et d'espaces qui deviennent le révélateur des états d'âme des différents personnages, complexes, changeants. Très tendance, le "slow food" fait désormais partie intégrante de la gastronomie. Pourquoi le "slow cinema" n'aurait-il pas, lui aussi, droit de citer, susceptible de plaire à un certain nombre d'amateurs du 7e art, qui en ont assez, d'avaler des blockburgers à la chaîne (entre autres) ? Nuri Bilge Ceylan est un maître queux tout trouvé comme le montre Il était une fois en Anatolie, une oeuvre de 2h37, sans une once de gras (avis subjectif, comme de bien entendu). Pour commencer, si y a bien une intrigue policière, elle importe assez peu, imaginez Les Experts Anatolie, sans un changement d'axe de caméra toutes les trois secondes mais, au contraire, avec des plans fixes qui durent un peu moins longtemps que l'éternité. Apparemment, beaucoup de spectateurs ne supportent pas les 90 premières minutes du film, totalement nocturnes, avec ce cortège de voitures qui balayent la route de leurs phares et quelques haltes qui permettent de savoir ce qu'un procureur, un policier, un médecin, un suspect et quelques autres comparses peuvent bien fabriquer au plus profond de la campagne anatolienne. Pourtant, cette première partie est essentielle, elle fait émerger peu à peu plusieurs caractères dont on peut essayer de deviner la vie et les états d'âme. Et puis ces dialogues : il est question de prostate, de yaourt au buffle et, plus tard, de la nécessité de construire un mur pour protéger le cimetière d'un petit village. L'humour est subtil, déconcertant (le procureur a de faux airs de Clark Gable) et la poésie s'invite au passage, comme par accident, quand une pomme roule jusque dans un ruisseau. C'est un monde d'hommes et de vieux dans ces campagnes désertées par les jeunes générations. Peu de femmes, mais quand elles apparaissent, elles sont filmées comme des madones. Après un peu plus de deux heures, on connait mieux le procureur et le médecin, sur lesquels le film se resserre. Comme si Il était une fois en Anatolie était un construit sur un immense zoom de 157 minutes qui finit par ne garder que deux personnages à l'écran. La leçon d'anatomie finale est perturbante. On y entend la scie qui découpe, les organes que l'on enlève d'un corps. Comme l'Anatolie qui se vide peu à peu de ses habitants, laissant le paysage plus solitaire que jamais. Ce n'est pas un film beau à proprement parler, il a souvent des allures de documentaire, mais sa partie fictionnelle, volontairement réduite, en dit tellement sur les hommes, leurs existences, leurs blessures. Et quand vient la fin, c'est un très grand vide qui vous emplit.
Dernière édition par traversay le Mer 2 Nov 2011 - 23:55, édité 1 fois | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mer 2 Nov 2011 - 23:25 | |
| - traversay a écrit:
- Et puis ces dialogues : il est question de prostate, de yaourt au buffle et, plus tard, de la nécessité de construire un mur pour protéger le cimetière d'un petit village. L'humour est subtil, déconcertant (le procureur a de faux airs de Clark Gable) et la poésie s'invite au passage, comme par accident, quand une pomme roule jusque dans un ruisseau. C'est un monde d'hommes et de vieux dans ces campagnes désertées par les jeunes traditions.
(...) Ce n'est pas un film beau à proprement parler, il a souvent des allures de documentaire, mais sa partie fictionnelle, volontairement réduite, en dit tellement sur les hommes, leurs existences, leurs blessures. Et quand vient la fin, c'est un très grand vide qui vous emplit. Le film m' a donné l'impression d'osciller entre Beckett et Dostoïevski (Pierre Murat dans Télérama parle de Tchekhov). C'est un cinéaste génial et ce film est extrêmement riche mais il demande une disponibilité totale. Il y a quand même des plans d'une beauté sidérante tout au long du film... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Jeu 3 Nov 2011 - 7:56 | |
| - Marko a écrit:
- Le film m' a donné l'impression d'osciller entre Beckett et Dostoïevski (Pierre Murat dans Télérama parle de Tchekhov). C'est un cinéaste génial et ce film est extrêmement riche mais il demande une disponibilité totale.
J'imagine ! - Marko a écrit:
- Il y a quand même des plans d'une beauté sidérante tout au long du film...
Je ne sais pas pour ce film, mais j'ai souvent l'impression qu'il a retravaillé ses plans à grands coups de Photoshop ; je ne sais pas si c'est une idée que je me fais, mais ça me gêne pas mal... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 8 Nov 2011 - 19:40 | |
| Pour qu'Animal ne passe pas à côté de ce film fabuleux qu'est "Il était une fois en Anatolie" je tente un dernier essai (dans la mesure où je te pense susceptible de l'aimer malgré tes réserves)... Jean-Marc Lalanne des Inrocks qui d'habitude déteste le cinéma de Nuri Bilge Ceylan (il le trouve "pompier" et n'aimait pas du tout "Les Climats" ou Les 3 Singes" ) explique rapidement à la fin de cette séquence du Cercle de Canal + qu'il a été très surpris de trouver ce film "très impressionnant de virtuosité, d'inventivité, un des films les mieux mis en scène depuis la rentrée" ... Même Alain Riou aime le film!! Bon? Toujours pas? Le cercle: Il était une fois en Anatolie | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 8 Nov 2011 - 20:29 | |
| Tu as raison, Marko. Je pense qu'animal devrait tenter le coup. Je ne suis pas un grand amateur du cinéma de Ceylan en général. Je m'y ennuie même souvent. Et pourtant, j'ai aimé Il était une fois en Anatolie. Faut dire aussi que je m'étais retiré en moi-même une heure avant, et que je m'étais soumis à une séance d'acupuncture puis à un long massage de la plante des pieds. Non, je déconne, mais ça peut aider. Pour animal, un bon fromage et un rouge gouleyant, ingérés une heure avant la séance pourraient faire l'affaire. Si les symptômes de non-envie d'y aller persistent, déboucher une bouteille de prune. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 8 Nov 2011 - 20:48 | |
| mouahaha. mouais, on verra si le weekend à extension me pousse au vice aussi bien que vous. (j'ai une obscure bouteille thaï et un cognac venu de très loin aussi). pas cliqué encore le lien. si j'y vais, faut que j'y aille neuf tant qu'à faire.
vous êtes démoniaques en fait tous les deux. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 8 Nov 2011 - 23:38 | |
| - animal a écrit:
- mouahaha. mouais, on verra si le weekend à extension me pousse au vice aussi bien que vous. (j'ai une obscure bouteille thaï et un cognac venu de très loin aussi). pas cliqué encore le lien. si j'y vais, faut que j'y aille neuf tant qu'à faire.
vous êtes démoniaques en fait tous les deux. Fais quand même la sieste avant on ne sait jamais! | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 8 Nov 2011 - 23:56 | |
| Et roule en codes plutôt qu'en plein phares | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mer 9 Nov 2011 - 6:58 | |
| après les lunettes pour la 3D, bientôt dans votre cinéma... c'est encourageant. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Dim 18 Déc 2011 - 16:29 | |
| finalement pas vu le dernier au cinéma (mais peut-être qu'il repassera ?), au cas où (c'est con de dire ça non ?), j'ai regardé la rediff sur le web de Les trois singes . Inconvénient c'est petit, avantage ça casse l'image à laquelle je suis un peu allergique. J'ai bien aimé quelques lieux, l'immeuble de la famille en fait au bord de la voie ferrée, un peu gâché par cette façon de faire de l'image quand même. Pour le reste j'avoue que je n'ai pas réussi à m'intéresser, le jeu sur l'appartement un peu cloisonné est froid et mécanique comme la mise en valeur des personnages aux sensibilités et sensualités qui m'ont parues bien artificielles. Du vide et de l'ennui et la crainte d'un jeu du réalisateur peu inspiré sur des simplicités comme la femme mûre toujours incomprise et le jeune désabuso-égaré-avec-un-air-mélancolique.
je préfère l'orient sans scalpel digital (et au parfum plus lourd) des films iraniens que j'ai vus cette année. | |
| | | pascal brutal Espoir postal
Messages : 34 Inscription le : 02/12/2011
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 3 Avr 2012 - 1:52 | |
| Il était une fois en Anatolie, Nuri Bilge Ceylan (2011)Doté d'une esthétique quasi parfaite, « Il était une Fois en Anatolie » filme des paysages grandioses sur lesquels évoluent des âmes perdues, seules et isolées. La Nature, omniprésente dans la première partie du film, est tellement limpide que l'on se demande si le réalisateur n'a pas retravaillé ses plans avec l'aide d'un ordinateur( peut-être est-ce le cas?). Mais ce qui est intéressant dans « Il était une Fois en Anatolie », c'est la simplicité trompeuse de ses personnages. L'intrigue policière, la recherche du cadavre, les dialogues... bref tout ce qui a trait à l'histoire n'est que secondaire et semble remplacer une bande son inexistante. Pourtant, ces dialogues sont primordiaux, car ils apportent une dimension absurde encore plus forte. Ceylan insiste beaucoup sur le regard et les émotions faciales de ses personnages, qu'il considère comme faisant partie intégrante du langage, cinématographiquement parlant. Dans son dernier film, le réalisateur magnifie le silence déraisonné du monde face à l'appel de l'Homme, l'interrogation interne des personnages est omniprésente, tout comme la peur. L'humour est également inhérent au film et vient apporter un côté plus terre à terre à cette atmosphère en apesanteur. Sans forcément être récréatif, ce côté burlesque vient casser cette finesse aiguë imposée par la mise en scène, comme une sorte de transition humaine entre deux bouts d'éternité. Globalement, « Il était une Fois en Anatolie » opère une lente plongée vers l'intérieur de l'Etre Humain. Au départ, la Nature s'impose par sa taille face à des hommes filmés souvent de loin et sur un pied d'égalité. Le procureur, un des personnages-clé du film avec le docteur, est très en retrait. On a du mal à déceler une forme de hiérarchie et seul le présumé coupable, malgré sa corpulence frêle et son apparence vulnérable, semble donner un sens à cette quête obscure et absurde. Puis la caméra se rapproche, l'histoire n'avance pas avec le Temps mais plutôt avec l'Espace. Au fur et à mesure que l'on se rapproche des deux personnages principaux, on semble pénétrer un peu plus ces intérieurs humains, tout en restant bloqués dans un questionnement prolifique sans fin, abstrait et empirique. Ce qui est curieux dans le dernier film de Ceylan, c'est l'absence de femmes ou du moins leur présence au second plan. L'Anatolie filmée par le réalisateur ressemble un peu à la Grèce filmée par Angelopoulos, la terre remplaçant la mer. On y retrouve ces âmes perdues, qui ne semblent pas être à leur place, errant sans but, ne s'activant que pour les missions qu'on leur confient. Dans cette contrée désertique, on y ressent de l'ennui, du vide et très peu d'humanité. Les rapports entre les personnages sont froids et obscurs. Chaque visage manifeste une forme d'interrogation sur lui-même. « Il était une Fois en Anatolie » est une fresque grandiose tantôt ennuyeuse, tantôt captivante. Ceylan filme de manière minimaliste des êtres humains en mouvement dans une Nature écrasante. Puis il filme un vide existentiel peuplé d'incertitudes plus ou moins concrètes, toujours de manière simple et naturelle. Et dans cette simplicité, la question « qu'est-ce qu'on fout là ?" trouve un peu plus de consistance... ou pas. A voir absolument! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mer 4 Avr 2012 - 10:31 | |
| - pascal brutal a écrit:
- « Il était une Fois en Anatolie » est une fresque grandiose tantôt ennuyeuse, tantôt captivante. Ceylan filme de manière minimaliste des êtres humains en mouvement dans une Nature écrasante. Puis il filme un vide existentiel peuplé d'incertitudes plus ou moins concrètes, toujours de manière simple et naturelle. Et dans cette simplicité, la question « qu'est-ce qu'on fout là ?" trouve un peu plus de consistance... ou pas. A voir absolument!
Tout ce que tu en dis me semble très juste. Notamment ce rapprochement progressif vers l'intime en étant parti de ce cadre naturel très pictural, écrasant et magnifique en même temps. Avec la distance je retiens quelques images de visages, de regards, ce chien errant comme chez Tarkovski, la chute du fruit dans le ruisseau, l'humour burlesque de certains dialogues, la lumière de cette jeune femme et finalement cette séance d'autopsie effrayante sur le plan sonore avec cet enfant qui s'éloigne avec sa mère. Je vais le revoir. | |
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| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan | |
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| | | | Nuri Bilge Ceylan | |
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