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| Nuri Bilge Ceylan | |
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Auteur | Message |
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Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Lun 11 Aoû 2014 - 23:59 | |
| J'ai pu ressentir une forme d'usure et de lassitude vis à vis du personnage tant il concentre tous les enjeux narratifs : il m'a manqué des respirations mais j'ai retrouvé mon souffle par la suite. La dynamique de la mise en scène est très cohérente tout en laissant une sensation passagère d'écrasement. Pour l'artifice, des scènes m'ont paru en effet très démonstratives et littéraires (notamment celle des billets de banque alors même qu'elle doit être un moment clef). Elles sont malgré leur force dramatique proches de la surenchère dans leurs oppositions. Un second visionnage nuancerait peut-être ces impressions et j'ai quand même été très sensible au film. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 12 Aoû 2014 - 0:21 | |
| C'est une scène inspirée de L'idiot de Dostoievski. Mais dans L'idiot c'est la jeune femme qui détruit la liasse de billets. Tout le film est aussi un hommage à toute cette littérature russe. Et aussi à Bergman. | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 12 Aoû 2014 - 0:27 | |
| - Marko a écrit:
- C'est une scène inspirée de L'idiot de Dostoievski. Mais dans L'idiot c'est la jeune femme qui détruit la liasse de billets.
Oui, la signification n'est pas la même et elle m'a gêné dans le film. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Mar 12 Aoû 2014 - 8:30 | |
| - Avadoro a écrit:
- Marko a écrit:
- C'est une scène inspirée de L'idiot de Dostoievski. Mais dans L'idiot c'est la jeune femme qui détruit la liasse de billets.
Oui, la signification n'est pas la même et elle m'a gêné dans le film. Et pourtant elle conduit à un échange de regards entre père et fils qui est très émouvant. Une forme d'honneur retrouvé. Ça m'a plu. | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Dim 24 Aoû 2014 - 10:18 | |
| Winter sleep
J'y suis allée avec une immense attente et c'était un peu périlleux , car attendre autant , c'est vouloir l'excellence . Et le film fut à la hauteur de mes grandes espérances ! 3H15 ...C'est assez long : imaginez tout ce qu'on peut faire en 3 h 15 ! Et bien l'exploit de ce réalisateur , c'est de tenir son spectateur , non pas en haleine , car il ne se passe rien , mais dans un tel état de concentration que le temps n'existe plus ! Et pourtant un film autant dialogués ne laisse guère de flottement et de répit : chaque parole revêt une importance capitale pour saisir toute la richesse de l'oeuvre . D'emblée c'est l'influence Dostoievskienne qui saute aux yeux avec des ruminations sur la notion de devoir et de morale , de bien et de mal ! Chacun des personnages , outre le protagoniste principal , est extrêment travaillé sur le plan de la psychologie : rien n'est laissé au hasard ou en état de flottement : il s'ensuit une tension extrême qui ne nous quittera pas une seconde . Certes on ne manquera pas de souligner l'excellence des dialogues mais plus encore c'est la qualité de l'expression physique des acteurs qui m'a épatée ! Chaque regard , scillement , tremblement ou pincement des lèvres à peine perceptibles prend tout son sens sous la caméra de Nuri Bilge Ceylan .... Si le portrait du principal principal est celui d'un homme pourri de prétentions ,misanthrope, imbu de sa personne jusqu'à la perdition intérieure , cynique , hermétique à l'autre , d'un narcissicisme aigu et d'une grande perversité , c'est aussi celui d'un être coupé de lui même et en grande souffrance , incapable de se donner à lui-même victime du regard d'autrui et des attentes extérieures ....Dès le départ , c'est l'empathie qui m'a emportée .... La soeur ? Un sacré morceau de perversité là-encore : ultime défense pour essayer d'exister ... La jeune et belle femme ? c'est dans l'altruisme qu'elle tente de sauver sa peau et d'exister ....mais on sait bien que l'altruisme ça n'existe pas ! Belle leçon qu'elle recevra lors de la fameuse scène des billets de banque qui s'envolent en fumée ! Et pour moi elle restera une des scènes les plus poignantes , celle du regard entre cet homme humilié croyant retrouver une partie de sa dignité à travers cet acte et son garçon qui y assiste : un pacte filial indéfectible semble sceller à ce moment-là ; l'histoire continuera mais rien ne pourra effacer l'impact de cet instant . La scène finale ? Une porte ouverte enfin ....mais avec toute la fragilité qu'apporte la lucidité ! Un film dense , explosif dans l'expression de la grande comédie humaine qui se délite au fur et à mesure pour nous faire atteindre la grande souffrance universelle . Une invitation à ouvrir certaines portes .... Bon j'ai adoré , j'ai du attendre quelques minutes avec de quitter la salle , aveuglée par les larmes . Merci Nuri Bilge Ceylan : vous qui dites vous être inspiré de votre propre personnage dans la vie pour créer le personnage principal du film ( presque une forme expiatoire ! ) : | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Dim 24 Aoû 2014 - 12:25 | |
| - Marko a écrit:
- Pourquoi trouves-tu que la misanthropie du personnage fragilise le film? Il s'ouvre justement et c'est ce qui est intéressant. Tu le trouves trop monolithique? Caricatural? Le seul artifice que je perçois est la scène avec le cheval qui est trop symboliquement ostentatoire. Mais elle est tellement forte! Peut-être que le sous-bassement littéraire crée ce sentiment de construction un peu visible, démonstrative.
Oui cette scène grandiloquente m'a semblé superfétatoire ....Mais ça passait quand même : séquence émotion grand publique , pourquoi pas ! - Marko a écrit:
- C'est une scène inspirée de L'idiot de Dostoievski. Mais dans L'idiot c'est la jeune femme qui détruit la liasse de billets. Tout le film est aussi un hommage à toute cette littérature russe. Et aussi à Bergman.
Oui c'est impressionnant comme on ressent cette imprégnation de Dostoievsky et il lui rend un bel hommage ! - Marko a écrit:
- Avadoro a écrit:
- Marko a écrit:
- C'est une scène inspirée de L'idiot de Dostoievski. Mais dans L'idiot c'est la jeune femme qui détruit la liasse de billets.
Oui, la signification n'est pas la même et elle m'a gêné dans le film. Et pourtant elle conduit à un échange de regards entre père et fils qui est très émouvant. Une forme d'honneur retrouvé. Ça m'a plu. Cet échange silencieux entre père et fils constitue pour moi un moment essentiel du film :il rerpésente une forme d'union sacrée et souligne la force du lien de sang , avec le poids de l'histoire transgénérationnelle.... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Dim 24 Aoû 2014 - 13:13 | |
| - églantine a écrit:
Bon j'ai adoré , j'ai du attendre quelques minutes avec de quitter la salle , aveuglée par les larmes . Merci Nuri Bilge Ceylan : vous qui dites vous être inspiré de votre propre personnage dans la vie pour créer le personnage principal du film ( presque une forme expiatoire ! ) : Ah! Ce sont les meilleures ces larmes qu'on verse à la fin d'un film (ou parfois d'un livre). Non pas seulement pour une scène spécifique qui serait émouvante mais devant la beauté intense du film dans son ensemble. ça m'est arrivé à la fin des Chiens errants de Tsai Ming Liang. J'étais tellement sidéré par sa beauté que j'ai pleuré aussi tout le générique final. Et c'était bon. ça veut dire aussi que ces oeuvres touchent à quelque chose de très profond et d'universel. Nuri Bilge Ceylan se retrouve souvent à travers ses personnages de misanthropes solitaires et narcissiques qui foutent en l'air leur vie sentimentale et relationnelle. Je l'imagine écrire le scénario avec sa femme (co-scénariste sur presque tous ses films) comme s'ils réglaient leurs propres comptes entre eux ça doit être musclé. Et créatif! | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Dim 24 Aoû 2014 - 13:57 | |
| - Marko a écrit:
- ça doit être musclé.
Oui c'est bien comme cela que je l'imagine au travers de ce que j'ai pu lire sur Nuri Bilge Ceylan et ça me plait bien . En public , quel beau couple ! - Spoiler:
Quelle chance elle a Ebru , je suis jalouse !
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| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Dim 24 Aoû 2014 - 21:40 | |
| Je vais quand même écrire quelques mots sur Winter Sleep, même si je risque de ma fâcher encore avec Marko. C'est d'une certaine façon un objet parfait, images, construction, jeu d'acteurs.....C'est maîtrisé complètement, bourré de références, tout est sous contrôle dès la première image à la dernière. Et je peux admirer, disséquer, à aucun moment je n'ai été émue ni touchée. Je suis restée totalement à l'extérieur de cette belle mécanique. J'ai eu la sensation d'être devant quelque chose de trop fabriqué, le film idéal pour décrocher un prix dans un festival. Mais au final, il m'a manqué quelque chose d'indicible, un sentiment de véritable nécessité. Nuri Bilge Ceylan a un talent fou, il est brillant, mais voilà, je me demande toujours pourquoi il a fait ce film. Sauf pour la Palme d'Or.
J'ai pour le coup trouvé le temps long....Je vais relire Tchekhov, j'y trouve plus mon compte. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Lun 25 Aoû 2014 - 0:19 | |
| Nos avis et ressentis sur ce film sont différents, voilà tout. Et ça n'a pas beaucoup d'importance. Lire Tchékhov c'est bien aussi. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Lun 25 Aoû 2014 - 8:18 | |
| Nous allons nous retrouver sur d'autres films, j'en suis sûre. | |
| | | Aoraki Espoir postal
Messages : 32 Inscription le : 08/09/2013 Age : 26 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Sam 6 Sep 2014 - 22:32 | |
| Bonsoir, Une belle maitrise de la photo, mais cela n'a pas suffit à me tenir éveillé !!! donc après quelques passages dans le sommeil, j'ai quitté la salle, ne me permettant pas encore 1h30 de supplice. Les acteurs sont bons, rien à dire, ils ont des regards, et certainement un excellent phrasé (je ne comprend pas le turque), et les photos sont belles ... mais de ce que j'ai vu, très répétitives. Un film esthétique dont la première moitié m'a fait ch..., et donc je ne commenterais pas la suite. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Jeu 18 Sep 2014 - 14:52 | |
| A moi!...Avec un peu de retard comme souvent... Wintersleep… Palme d’Or à Cannes 2014. Samedi dernier à 20h…5 personnes dans la salle…peut-être 6 ou 7…Pas plus…J'ai pensé: où êtes-vous, vous qui boudez une telle programmation ? Ce qui est écrit sur cette affiche est vrai !… Il y a dans cette œuvre, oui je parle d’œuvre, le meilleur de ce que l’on peut attendre au cinéma. Des dialogues intelligents et nourris, des cadrages sublimes et la plus belle lumière qui puisse se faire sur les paysages somptueux d’Anatolie (Cappadoce) ou sur l’intimité des visages, des regards. Oui, le film est long…il faut aller le voir à un moment où l’on se sent disponible pour s’abandonner pendant 3h20 à sa splendeur mélancolique. Il nous emmène très loin, et nous ramène aussi à nous-mêmes, profondément, par les questionnements de ses personnages, notamment sur les rapports humains, les rapports de classes, le respect de la dignité, le couple… Je n’ai pas cessé de me demander si le personnage principal, écrivain propriétaire d’un hôtel en Cappadoce, m’était sympathique ou pas. D’un plan à l’autre se révélaient les facettes de cet homme. C’est rare qu’un film réussisse à questionner, à faire douter autant, à faire évoluer autant de fois sur sa durée les sentiments que l’on porte sur un personnage. Il faut toute l’analyse psychologique fine que porte le réalisateur sur l’âme humaine. Les acteurs sont merveilleux, la mère, la sœur ainsi que les personnages secondaires : l’enfant qui jette la pierre, son père et son oncle. Et puis il y a en fond la musique de Schubert, en harmonie totale : Piano Sonato N°20 in A major D959, AndantinoBande-annonce: bande-annonceJ'aime beaucoup ta façon de conclure ton commentaire Marko. - Marko a écrit:
A l'arrivée c'est un film somptueux qui donne à voir des visages, des regards (entre père et fils notamment!!!) et des âmes (sans vouloir être pompeux mais c'est vraiment à ce niveau là). Un film qui donne envie d'être moins orgueilleux et de regarder le monde et les autres avec plus de générosité. Plus universel ça n'existe pas et la Palme d'Or offerte par Jane Campion une évidence. - églantine a écrit:
Et bien l'exploit de ce réalisateur , c'est de tenir son spectateur , non pas en haleine , car il ne se passe rien , mais dans un tel état de concentration que le temps n'existe plus !
Et pourtant un film autant dialogués ne laisse guère de flottement et de répit : chaque parole revêt une importance capitale pour saisir toute la richesse de l'oeuvre . [...] Chacun des personnages , outre le protagoniste principal , est extrêment travaillé sur le plan de la psychologie : rien n'est laissé au hasard ou en état de flottement : il s'ensuit une tension extrême qui ne nous quittera pas une seconde .
Certes on ne manquera pas de souligner l'excellence des dialogues mais plus encore c'est la qualité de l'expression physique des acteurs qui m'a épatée ! Chaque regard , scillement , tremblement ou pincement des lèvres à peine perceptibles prend tout son sens sous la caméra de Nuri Bilge Ceylan
Je suis complètement d'accord avec cela aussi, Eglantine. | |
| | | Ariane SHOYUSKI Sage de la littérature
Messages : 2372 Inscription le : 17/04/2014
| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan Ven 26 Sep 2014 - 0:20 | |
| Bon. Qu'est-ce que je peux dire sur "Winter Sleep" ? J'ai adoré "Uzak". J'ai cru trouver un nouveau talent énorme. Mais j'ai été légèrement déçue des "Climats". C'était esthétiquement très beau mais je n'ai pas vraiment aimé l'histoire racontée. Je ne suis donc pas allée regarder "les trois singes" malgré le titre qui évoque un proverbe japonais. Mais quand j'ai entendu une très bonne réputation sur "il était une fois en Anatolie", j'ai eu fort envie d'aller le regarder. Mais je n'ai pas eu l'occasion. Et cette fois, c'est Palme d'Or ! Je ne devrai pas rater celui-ci. J'ai trop espéré peut-être... C'est vrai que le décor est d'abord très joli. Le paysage de Cappadoce, les maisons gravées dans les rochers sont magnifiques. J'aime Ingmar Bergman, Dostoievski, et Tchékhov. Si ces trois grands sont bien mélangés, je ne pourrai normalement pas ne pas l'aimer. Mais quand je regarde un film étranger sous-titré, je ne comprends parfois pas entièrement. Surtout quand les personnages discutent (disputent) comme celui-ci, je peux peut-être rater quelques éléments importants. C'est bizarre ce que j'ai ressenti en regardant ce film. Déjà tout au début, quand Aydin est allé devant la maison du garçon qui avait lancé un caillou à la vitre de sa voiture, j'avais un pressentiment. Et quand sa soeur a commencé à le critiquer, je me suis vraiment sentie une malaise. Et ça a augmenté peu à peu... Au moment où sa femme a prononcé ces phrases, j'ai enfin compris pourquoi cette histoire me faite mal. - Citation :
- "Je reconnais que tu es un homme cultivé, honnête, juste, intègre. Mais tu utilises ces qualités pour étouffer les autres, les rabaisser, les humilier, les écraser. Ta grande morale te sert à haïr le monde entier. Tu détestes les croyants parce que croire, pour toi, est un signe d'archaïsme et d'ignorance. Tu détestes les non-croyants, parce qu'ils n'ont ni foi, ni idéal. Les vieux te paressent réactionnaires, les jeunes, iconoclastes. Qui trouve grâce à tes yeux ? ...
Si, pour une fois, tu pouvais défendre une position qui te soit inconfortable ou éprouver un sentiment qui ne te flatte pas... Mais ce n'est pas possible." Voilà, c'est mon histoire. Aydin est moi. Nuri Bilge Ceylan devrait peut-être venir devant une fenêtre de mon appartement, s'est installé comme homme-boîte, et m'a observée pendant trois semaines. Puis il est rentré à Istanbul et a commencé à écrire son scénario à partir de son cahier d'observation. C'est ça. Parce que je suis tout à fait comme lui. Heureusement je ne suis pas allée au cinéma avec mon mari. S'il était avec moi, il aurait sûrement dû se moquer de moi en sortant de la salle. Au retour dans le bus, je me sentais vraiment mal. C'est rare ce genre de sensation. Après le film, je me sentais critiquée par tout le monde pendant trois jours. A partir de quatrième jour, j'ai commencé à l'oublier. Je ne sais donc pas si c'est un chef d’œuvre. Je ne veux pas le dire. Mais ça m'a fait vraiment mal. Je ne peux pas être objective. Mais même si je n'avais pas ce problème, je ne l'aurais pas aimé, peut-être. | |
| | | Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
| Sujet: Winter sleep (Nuri Bilge Ceylan) Lun 5 Jan 2015 - 18:17 | |
| Aydin, comédien à la retraite, chroniqueur pompeux dans une feuille de choux locale qui comble sa suffisance est bien installé dans ses convictions et son confort matériel. Propriétaire d'un hotel troglodyte en Cappadoce (anatolie centrale), il est marié à une femme belle et beaucoup plus jeune que lui. Celle ci ne l'aime plus depuis longtemps, mais sa présence lui est indispensable. Le couple vit avec la soeur d'Aydin qui souffre de son divorce récent. L'Hotel accueille de rares touristes de passage, et d'autant moins nombreux que l'hiver et la neige arrivent. Il ne faut pas s'attendre à de l'action dans ce beau film de Nuri Bilge Ceylan, palme d'or à Cannes 2014, au contraire chaussez vos pantoufles les plus chaudes et laissez vous bercer par la monotonie au hasard de paysages fabuleux. Si la nature turque incline au calme on sent progressivement qu'un volcan endormi par l'arrivée de l'hiver et de la neige sourd lentement au centre des relations entre ces trois personnages. On peut penser à du Bergman (en moins enquiquinant), à du Antonioni (en moins flamboyantà) - Spoiler:
"réminiscences de l'époque où je dirigeais un ciné club dans une maison de la culture de la region parisienne..." ]
C'est un bon film qui amène à réfléchir sur les soit-disant "bonnes consciences", sur les personnalités dénuées de doutes, la phraséologie dénuée d'experience du réel, l'hypocrisie des êtres,. Ce petit coin d'Anatolie est à l'image du monde qui nous entoure - Spoiler:
"je n'en dis pas plus pour ne pas en dévoiler trop, ce qui serait dommage."]
Avec Timbuktu et Winter sleep l'année 2014 à Cannes a été une année couronnée de pépites... | |
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| Sujet: Re: Nuri Bilge Ceylan | |
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| | | | Nuri Bilge Ceylan | |
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