Lecture en commun - David Mitchell : Le fond des forêts

kenavo a écrit:

Une visite chez son médecin (speech therapist en français ?) lui laisse penser à tout ce qu’il a enduré pour cacher son mal envers ses camarades.

Orthophoniste en France.

Logopède en Belgique ??

Logopédiste en Suisse ???

Il semble intéressant ce roman, malheureusement il n'est pas disponible en biblio
Par contre, son autre roman "Ecrits fantômes" bien. Je crois que je vais tenter le coup avec celui-là alors

Merci Queenie

et Sentinelle tu nous diras alors pour son autre roman

Il me tente bien en tout cas

sentinelle a écrit:

Il me tente bien en tout cas

je suis aussi presque sûre que tu aimerais bien celui qu'on est en train de lire..

Moi aussi mais avant de l'acheter, j'aimerai tout de même me faire une idée de l'auteur avec un autre de ses romans, au cas où

sentinelle a écrit:

Moi aussi mais avant de l'acheter, j'aimerai tout de même me faire une idée de l'auteur avec un autre de ses romans, au cas où

absolument d'accord

En poursuivant ma lecture sur les 3 chapitres suivants, je me suis aperçue que chacun correspond à un mois, renforçant l'aspect "chronique" de ce roman. Il détaille ainsi cette année "charnière" pour le narrateur, celle de l'entrée dans l'adolescence, où tout change vite et où s'enchaînent les découvertes sur le monde des adultes.

Dans le chapitre 2 / Le pendu (février), on en apprend plus sur ce fameux "pendu", personnage important de l'univers intérieur de Jason, sorte d'incarnation diabolique de ce bégaiement qui empoisonne sa vie, autant familiale que scolaire. A nouveau, cela m'a rappelé des souvenirs perso, cette peur qu'il éprouve à la perspective de la lecture devant tout le monde, et le décompte du temps qu'il lui reste à vivre jusqu'à cette fatale échéance. Qui n'a pas connu ces "épreuves" scolaires, qui font paniquer des jours à l'avance, transpirer de trouille dans le bus qui mène à l'abattoir/collège...

Dans le chapitre 3 / La famille (mars), c'est donc l'oncle, la tante et les cousins de Jason qui débarquent pour un déjeuner en famille désopilant (enfin, pour le lecteur, pas pour notre pauvre héros..). Galerie de portraits très drôle, avec l'oncle beauf qui assène ses opinions à tout va et se prend la tête avec le père de Jason, les deux femmes qui essaient de calmer le jeu en déviant la conversation sur les crevettes cocktail du déjeuner (et la 80issime omelette norvégienne!) , le cousin nerd fan de Scorpions avec son bandeau à la Bjorn Borg...Et surtout Hugo, le cousin hypra-cool et sûr de lui, pour qui Jason est éperdu d'admiration et qui l'initie aux trucs de grands (l'art de la répartie qui tue, clopes dans les bois).

Le chapitre 4 / Le chemin équestre est une sorte d'épopée à travers les champs. Laissé à lui-même (sa famille est partie à Londres pour la journée) un 1er avril, Jason décide d'aller explorer un mystérieux tunnel au bout du fameux "chemin équestre". La route sera semée d'embûches, de rencontres, de découvertes troublantes et de terreurs alimentées par son imagination si active (et les rumeurs délirantes que lui raconte son copain Moran).

Citation :

Le grand champ était rempli de brebis méfiantes et d'agneaux flambant neuf . Les agneaux gambadaient vers moi en faisant des bips-bips, un peu comme ces espèces de Fiat Oui-Oui toutes nulles; manifestement ravis de me voir, les petits imbéciles.

Toujours très drôle, avec des moments plus graves, comme l'allusion à alcoolisme du père de Moran, à la vie familiale chaotique de Dawn, aux problèmes sociaux qui semblent épargner Jason, qui grandit dans une quartier aisé de Black Swan Green. La fin du chapitre et du périple, sur la pelouse ensoleillée et déserte de l'hôpital psychiatrique dont "Augustin Meaulnes" s'est échappé, nous fait basculer dans une sorte de poésie surréaliste tragi-comique vraiment extra.

kenavo a écrit:

petite remarque à part: Hurricane Higgins dont il parle très brièvement était un des grands stars du Snooker dans ses années - et un auteur qui parle de Snooker est très sympa pour moi

C'est marrant toutes ces petites allusions qui font revivre ces années-là (d'une façon aussi efficace et moins déprimogène que les Années d'A.Ernaux... ).
Ainsi cette évocation de "ce morceau d'enfer des Men at work, celui avec la vieille flûte poussiéreuse". Clic.

Nezumi a écrit:

En poursuivant ma lecture sur les 3 chapitres suivants, je me suis aperçue que chacun correspond à un mois, renforçant l'aspect "chronique" de ce roman.

oui.. au début du 3e chapitre je me suis dit la même chose.. j’aime bien son idée de ‘structurer’ le livre ainsi

Nezumi a écrit:

Dans le chapitre 3 / La famille (mars)

Chapitre 3 était pour moi relatives
et j’ai vraiment adoré ces pages. Qui n’a pas vécu ces visites dominicale de la famille?!
Son jeu avec stéréotypes est très bien réussi dans ce chapitre
Je ne sais pas comment le traducteur a fait, en tout cas en anglais une des phrases préféré de l’oncle est ‘oops, pardon my French’
Et j’aime l’expression anglaise qu’il utilise (a inventé ?) pour dire : un ange qui passe :
A cow of an awkward pause mooed
Adorable !

Tu ne parles pas des 3 fois que Jason parle d'un certain « Maggot ». J’avais l’impression qu’il a donné un nom à son ‘unborn twin’ ??

Nezumi a écrit:

Le chapitre 4 / Le chemin équestre

bridle path chez moi
et ponctuel avec l’arrivée du printemps, Jason découvre le charme des filles.. ou disons, d’une fille qui l’intrigue, mais à cause de son ignorance absolue il ne veut pas s’imaginer plus pour l’instant

Nezumi a écrit:

nous fait basculer dans une sorte de poésie surréaliste tragi-comique vraiment extra.

je trouve que tout ce chapitre baigne un peu dans cette poésie.. dans ce surréalisme.. en effet – le printemps est là, il se promène dans les bois, il observe ce qui n’est peut être pas encore pour ses yeux…
C'est toujours le même livre – mais mes sentiments de lecture sont tout à fait différents – Mitchell est à mon avis un magicien !
Trop bon !!

Et la petite phrase du chapitre 4 :
Liquid sunshine streamed down the car windscreen

Nezumi a écrit:

C'est marrant toutes ces petites allusions qui font revivre ces années-là (d'une façon aussi efficace et moins déprimogène que les Années d'A.Ernaux... ).
Ainsi cette évocation de "ce morceau d'enfer des Men at work, celui avec la vieille flûte poussiéreuse". Clic.

ah oui.. je me sens tout à fait 'transportée' dans les années 80.. beaucoup de noms de musiciens.. les tornados qui m'ont aussi donné à moi des peurs quand ils passaient au dessus de nos têtes pour leurs vols d'essai.. les voitures japonaises qui étaient LA grande discussion sur le marché de l'automobile - et ne pas oublier "l'informatique est le futur"
Je ne sais même pas quel âge l'auteur a - s'il n'a pas vécu ses années, il s'est informé très très très méticuleusement!!

kenavo a écrit:

Et j’aime l’expression anglaise qu’il utilise (a inventé ?) pour dire : un ange qui passe :
A cow of an awkward pause mooed
Adorable !

Je n'ai jamais rencontré cette expression-là en anglais en tout cas. Ca doit être une des innombrables et rigolotes inventions de Jason. En français, cela donne La vache de ce silence gêné a mugi.

Citation :

Tu ne parles pas des 3 fois que Jason parle d'un certain « Maggot ». J’avais l’impression qu’il a donné un nom à son ‘unborn twin’ ??

Le terme maggot (l'asticot) n'apparaît pas en français, mais il parle souvent du "Minable". Je ne pense pas qu'il désigne son jumeau-fantôme mais plutôt la partie de sa personnalité qui lui fait honte (timide, timorée, complexée, trop enfantine),

Citation :

Mitchell est à mon avis un magicien !

Absolument! Les perceptions de Jason sont rendues avec justesse, humour, originalité et poésie. La chronique adolescente dans toute sa perfection. Ca me fait penser au Catcher in the Rye en moins poseur.

Citation :

Et la petite phrase du chapitre 4 :
Liquid sunshine streamed down the car windscreen

Très beau! Et sa description de Dawn Madden, petite Diane chasseresse en Bomber et Doc Martens est pleine de charme aussi. C'est que Jason est un poète en herbe (tare qu'il essaie de cacher).

Citation :

Une fossette. De minuscules poils, comme du velours, dans le sillon au dessus de sa lèvre. Un nez de lutin. Des lèvres en pétale. Un sourire en hameçon. Deux reflets de moi qui me regardaient dans ses yeux de biche cruelle.

Nezumi a écrit:

Je n'ai jamais rencontré cette expression-là en anglais en tout cas. Ca doit être une des innombrables et rigolotes inventions de Jason. En français, cela donne La vache de ce silence gêné a mugi.

Oui, jamais entendu en anglais - mais c’est trop bon ses inventions – et tu as raison

Nezumi a écrit:

Jason est un poète en herbe

J’aime ses petites inventions.. et qu’il faut faire aussi attention pendant la lecture pour ne pas louper ces bijoux semés par ici et là..

Nezumi a écrit:

Le terme maggot (l'asticot) n'apparaît pas en français, mais il parle souvent du "Minable". Je ne pense pas qu'il désigne son jumeau-fantôme mais plutôt la partie de sa personnalité qui lui fait honte (timide, timorée, complexée, trop enfantine)

oui.. d’accord pour son autre partie de sa personnalité – puisqu’il a en quelque sorte ‘parlé’ avec cet ‘unborn twin’ dans les chapitres d’avant, je pensais seulement qu’il était passé à lui donner un nom ..

Nezumi a écrit:

Absolument! Les perceptions de Jason sont rendues avec justesse, humour, originalité et poésie. La chronique adolescente dans toute sa perfection. Ca me fait penser au Catcher in the Rye en moins poseur.

tu connais les livres anglais – pas un qui n’a pas au moins 5 à 10 citations de critiques dessus et partout – tout au début tu peux lire : The funniest novel of adolescence since Catcher in the Rye – et je donne raison à ce critique et à toi – c’est tout à fait cela ! Et comme bonus en plus poétique !

Nezumi a écrit:

Et sa description de Dawn Madden, petite Diane chasseresse en Bomber et Doc Martens est pleine de charme aussi

je ne peux pas croire que je suis passée tant d'années à côté de cet auteur

kenavo a écrit:

The funniest novel of adolescence since Catcher in the Rye – et je donne raison à ce critique et à toi – c’est tout à fait cela ! Et comme bonus en plus poétique !

La comparaison avec Salinger est inévitable . Oui, il y a plus de poésie chez Mitchell et Jason est un héros plus attachant que Holden Caulfield, je trouve! C'est plutôt Hugo (quelle tête à claque celui-là ) qui me ferait penser à Holden d'ailleurs.

Mitchell est né en 1969 et a grandi dans le Worcestershire. Ce roman est décrit comme "partiellement autobiographique", ce qui explique la justesse de cette évocation.

Après la déception de Moody, il nous fallait bien un gros coup de coeur comme ça.

Nezumi a écrit:

C'est plutôt Hugo (quelle tête à claque celui-là ) qui me ferait penser à Holden d'ailleurs.

ah oui.. je ne sais pas s'il va encore réapparaitre.. mais il était vraiment trop..

Nezumi a écrit:

Mitchell est né en 1969 et a grandi dans le Worcestershire. Ce roman est décrit comme "partiellement autobiographique", ce qui explique la justesse de cette évocation.

voilà ce qui explique tout..

Nezumi a écrit:

Après la déception de Moody, il nous fallait bien un gros coup de coeur comme ça.

je suis trop contente que tu as proposé.. c'est


et attention les Parfumés - on va sortir la grande pour faire de la pub

Merci à toi! Je découvre enfin la lecture en commun (Moody j'étais complètement décalée) et c'est très agréable!

kenavo a écrit:

Nezumi a écrit:

C'est plutôt Hugo (quelle tête à claque celui-là ) qui me ferait penser à Holden d'ailleurs.

ah oui.. je ne sais pas s'il va encore réapparaitre.. mais il était vraiment trop..

Ce qu'il y a de curieux, c'est qu'apparemment plusieurs personnages de Black Swan Green apparaissent dans ses autres romans Cloud Atlas et Ghostwritten (à la construction beaucoup plus complexe). Mitchell est vraiment un auteur original.

Nezumi a écrit:

Merci à toi! Je découvre enfin la lecture en commun (Moody j'étais complètement décalée) et c'est très agréable!

yessssss

Nezumi a écrit:

Ce qu'il y a de curieux, c'est apparemment plusieurs personnages de Black Swan Green apparaissent dans ses autres romans Cloud Atlas et Ghostwritten (à la construction beaucoup plus complexe). Mitchell est vraiment un auteur original.

d'autant plus curieuse de voir ce qu'il a fait dans Cloud Atlas - et le moment que j'ai commandé le livre, j'ai relu le résumé.. je ne peux plus suivre mes idées qui m'ont retenues de le lire si longtemps..

(je ne vais en aucun cas pouvoir le dire à une collègue de travail qui me harcèle littéralement depuis 4 années avec ce livre - qu'elle a trouvé géééééééénial et ne comprend toujours pas pourquoi je ne veux pas l'écouter et le lire )