Lecture en commun - David Mitchell : Le fond des forêts

Nezumi a écrit:

Je compte sur toi pour remédier à cette regrettable absence, alors!

s'est promis si j'arrive à le caser entre toutes les lectures que j'envisage pour les prochains mois

maggot

Voilà le chapitre que Nezumi a déjà mentionné pour faire la relation avec Lord of the Flies.
Et en effet, ce livre est tout proche lorsqu’on devient témoin de la terreur des jeunes envers Jason. J’ai eu de la peine pour notre jeune héros et j’aurais voulu lui venir en aide. Mais à travers les mots on peut aussi ressentir la force qui va prendre racine en lui et je suis convaincue qu’il va s’en sortir de cette agression de ses camarades lors du prochain chapitre..

J’y vais de ce pas retrouver ma lecture…

knife grinder – goose fair – disco – january man

il est temps de quitter Jason.. et jusqu’à la fin, ce livre a été une lecture passionnante et intéressante, j’ai eu un énorme plaisir de parcourir avec lui une année de sa vie et il m’a rappelée comme bonus à moi aussi des mémoires de mes propres années ’80

Comme je l’avais ressenti, Jason a trouvé la force de se défendre contre ses agresseurs.. pas lors du chapitre knife grinder (sa rencontre avec les gitans est pour moi le plus faible moment de tout le livre), dans goose fair ont le sent déjà plus fort mais le grand coup va apparaître dans disco – et quel coup.. le ‘petit’ Jason est devenu un jeune homme qui est prêt pour entamer les futures difficultés de sa vie ..

Pour ceux qui vont lire jusqu’ici cette lecture en commun doivent quand même encore faire un petit pas tout seul pour découvrir de quelles difficultés il va parler – et même si on en a cité beaucoup de choses qui se passent dans le livre – il vaut la lecture, il y a encore des milliers d’autres moments à découvrir et j’envie les lecteurs qui vont à la rencontre de Jason et Black Swan Green…


Merci à Nezumi d'avoir proposé ce livre pour cette lecture et merci pour cette lecture en commun.. ce n'était pas seulement un bon moment de lecture.. mais un très bon moment de partage

Merci à toi pour ce partage, c'est très enrichissant, aussi bien de voir des trucs qu'on n'avait pas remarqué que de réaliser que nos impressions sont les mêmes.


Dans Le minable (septembre), donc, il y a une description de bullying très éprouvante, et qui sonne terriblement vrai. Comme tu le dis Kenavo, on a envie de venir au secours de Jason. Par contre, ce chapitre est tellement sombre que je ne pensais pas qu'il arriverait à surmonter ces problèmes et venir à bout de ses persécuteurs (avec cette allusion au suicide d'un élève dans le gymnase, à Sa majesté des mouches aussi) d'une façon si radicale. En effet il trouvera la force et le courage de réagir, réussira même, d'une certaine manière à vaincre le Pendu mais il réalisera aussi que certaines victoires ont un goût amer (sa responsabilité dans l'accident de Ross Willcox) et que l'apprentissage du remords fait partie du passage à l'âge adulte.

Le Rémouleur est en effet plus "facile", assez simpliste dans son évocation des gitans et moins original, c'est peut-être ce qui t'a gênée, Kenavo ? Mais ce chapitre comporte quand même un des passages les plus forts et poétiques du livre, qui donne à Jason sa vocation future, et sans doute son titre à l'édition française.

Citation :

Même moi je ne vois pas souvent le véritable Jason Taylor en ce moment, sauf quand j'écris un poème ou de temps en temps dans le miroir, ou bien juste avant de m'endormir. Mais on peut l'apercevoir dans la forêt. Des branches en forme de cheville, des racines noueuses, des sentiers qui n'en sont peut-être pas , des galeries creusées par des putois ou les Romains, le lac qui gèlera en janvier, une boîte à cigares en bois clouée derrière l'oreille d'un sycomore secret où, une fois, on avait voulu construire une cabane, le silence ponctué de brindilles qui craquent, les fougères qui sourient à pleines dents, et des tas d'endroits impossibles à trouver quand on n'est pas tout seul. Le temps des forêts est plus ancien que celui des horloges; et plus vrai aussi. Les fantômes du Peut-Être organisent des émeutes dans les forêts, les papeteries et le désordre des étoiles. Les forêts se fichent bien des clôtures ou des frontières. Les forêts sont clôtures et frontières. N'aie pas peur. On voit mieux dans le noir. J'adorerais travailler avec les arbres. Les druides, ça n'existe plus mais les gardes forestiers, oui. Garde forestier en France. Les arbres s'en fichent, eux, si vous n'arrivez pas à cracher vos mots.

(p.377)
Avec une chute prosaïque :

Citation :

Cette sensation d'être druide qui m'envahissait était tellement saisissante que ça m'a donné envie de chier.

Nezumi a écrit:

Par contre, ce chapitre est tellement sombre que je ne pensais pas qu'il arriverait à surmonter ces problèmes et venir à bout de ses persécuteurs (avec cette allusion au suicide d'un élève dans le gymnase, à Sa majesté des mouches aussi) d'une façon si radicale.

je l'ai lu.. mais pas pensé qu'il allait se faire plus d'idée là-dessus.. on voit qu'il va très mal, mais peut être ses idées concernant le jeune homme qui a disparu lors de la guerre des Malouines lui ont donné la conviction qu'il y a du gâchis - dans la guerre autant qu'en suicide.. il sait qu'il veut continuer de vivre.. faut seulement trouver le moyen de combattre ses tortionnaires.

Nezumi a écrit:

réalisera aussi que certaines victoires ont un goût amer (sa responsabilité dans l'accident de Ross Willcox) et que l'apprentissage du remords fait partie du passage à l'âge adulte.

ah oui.. important moment pour sa vie.. et tout comme les derniers chapitres changent Jason, le ton y est aussi plus.. sombre – sans être tout à fait triste – mais il y a plus de sérieux

Nezumi a écrit:

Le Rémouleur est en effet plus "facile", assez simpliste dans son évocation des gitans et moins original, c'est peut-être ce qui t'a gênée, Kenavo ?

hm.. simpliste.. moins original.. oui.. un peu de tout cela – mais je pense surtout que ce chapitre n’a rien apporté de ‘plus’ à l’histoire.. je pense qu’il y a un élément qui était important pour l’auteur (sinon ce chapitre ne serait pas dans le livre ) – mais je ne l’ai pas vu.. pas ressenti..
Mais je veux bien lire des livres où il n’y a que 20 pages qui me sont un peu de ‘trop’ quand le reste est de cette qualité que les autres 290 (et en effet la différence reste – contre les plus de 400 pages en français ?!)

Nezumi a écrit:

Mais ce chapitre comporte quand même un des passages les plus forts et poétiques du livre, qui donne à Jason sa vocation future, et sans doute son titre à l'édition française.

oui.. tu as raison.. j’adore comme toi ce passage.. et je ne l’avais pas situé dans ce chapitre quand j’avais parlé de ma ‘déception’ ..

kenavo a écrit:

mais je pense surtout que ce chapitre n’a rien apporté de ‘plus’ à l’histoire.. je pense qu’il y a un élément qui était important pour l’auteur (sinon ce chapitre ne serait pas dans le livre ) – mais je ne l’ai pas vu.. pas ressenti..

Une interprétation possible: il y rencontre des gens en marge comme lui et qui vont l'aider à ne plus se laisser impressionner par ses agresseurs (à la fête foraine). Ce sont aussi eux qui lui donnent aussi une sorte d'amulette, la tête sculptée dans le pneu, qui lui fait réaliser que c'est la peur de la peur qui est la plus dangereuse.

Nezumi a écrit:

Une interprétation possible: il y rencontre des gens en marge comme lui et qui vont l'aider à ne plus se laisser impressionner par ses agresseurs (à la fête foraine). Ce sont aussi eux qui lui donnent aussi une sorte d'amulette, la tête sculptée dans le pneu, qui lui fait réaliser que c'est la peur de la peur qui est la plus dangereuse.

oui.. j'ai aussi pensé à cette idée 'être en marge'.. mais à ce moment je trouvais qu'il a dû connaître ce sentiment déjà à cause de ses poèmes.. il sait déjà qu'il est différent..
mais en effet - tu as raison - c'est la scène à la fête foraine qui donne en quelque sorte un sens à cette rencontre.. voilà - jusqu'à la fin la lecture en commun était utile, je n'avais pas fait le lien.. trop bon!
(et oui, cette tête sculptée est aussi un moment fort.. tiens.. si on va encore parler deux minutes, je vais trouver ce chapitre le plus fort du roman )

Nezumi a écrit:

bulle a écrit:

Mitchell avec le personnage de Jason nous amène dans le rêve, la réalité, l'irréel et retour au réel.

Oui, tout à fait!
Mais j'en profite pour rassurer Eve Lyne, ce n'est pas du tout un roman fantastique, même si la sensibilité et l'imaginaire fertile de Jason donnent un côté onirique et fantaisiste à la réalité.

Je n'avais pas vu ton post Nezumi. Je viens de l'emprunter à la biblio. Vous m'avez tous convaincue, premiers lecteurs comme lecteurs suivants.

Eve Lyne a écrit:

Je viens de l'emprunter à la biblio. Vous m'avez tous convaincue, premiers lecteurs comme lecteurs suivants.

je suis sûre que tu vas adorer

Ah, ravie d'avoir réussi à te convaincre au bout du compte, Eve Lyne !

Il faut se méfier des 4e de couverture .

Eve Lyne a écrit:

Je n'avais pas vu ton post Nezumi. Je viens de l'emprunter à la biblio. Vous m'avez tous convaincue, premiers lecteurs comme lecteurs suivants.

A l'allure où tu lis je suis sûre que tu vas même le finir avant moi

Plus j'avance et plus je me régale. C'est un vrai bonheur de suivre les pensées de Jason, perdues entre les codes des jeunes de son age dont il se sent si différent, ses rêveries solitaires et son goût de lecture qu'il cache de peur de passer pour une tapette, sa curiosité teintée d'effroi devant l'univers si fermé des adultes...

Complètement craquant Jason et son Pendu! Je ris souvent toute seule devant ses expressions pas piquées des vers, mais il y en a trop...il faudrait les noter toutes!
Une au hasard

Citation :

Ses narines ressemblaient à une prise électrique bourrée de poils et de ténèbres

J'en suis au passage sur la guerre des Malouines et là...ça devient un peu plus tragique. La mort revient frapper à la porte de l'innocence et le rire se fige. Il ne manque rien à ce roman: émotion, humour et poésie sont ancrés dans une réalité ...
Trop pressée de poursuivre

Ton enthousiasme fait plaisir à lire, Aériale. Pour l'instant, j'honore les 120 ans de la grande dame de fer.

aériale a écrit:

Il ne manque rien à ce roman: émotion, humour et poésie sont ancrés dans une réalité ...
Trop pressée de poursuivre

oui.. en effet.. ton enthousiasme fait plaisir.. d'autant plus que je ne peux que trop bien comprendre - ce livre m'a fait le même effet.. et c'est bien de le voir se reproduire.. livre magique