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| Stéphane Audeguy | |
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Auteur | Message |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Ven 21 Déc 2007 - 22:25 | |
| - Chatperlipopette a écrit:
- Je suis en train de lire (au petit coin) "Eloge de la douceur" (folio 2€) c'est pas mal mais je ne suis pas transportée non plus.
Je me le suis offert récemment, franchement en partie à cause du prix, vu la collection dans laquelle il paraît j'avais un peu peur qu'il s'agisse essentiellement d'un exercice de style, ton manque d'emballement me fait penser que je ne me suis pas trompée. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Ven 21 Déc 2007 - 23:27 | |
| - arabella a écrit:
- Chatperlipopette a écrit:
- Je suis en train de lire (au petit coin) "Eloge de la douceur" (folio 2€) c'est pas mal mais je ne suis pas transportée non plus.
Je me le suis offert récemment, franchement en partie à cause du prix, vu la collection dans laquelle il paraît j'avais un peu peur qu'il s'agisse essentiellement d'un exercice de style, ton manque d'emballement me fait penser que je ne me suis pas trompée. Un petit livre... Il y a quelques textes intéressants...Ce que je crois c'est qu'il ne faut pas les lire les uns à la suite des autres... Plutôt un à la fois...de temps en temps... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Sam 22 Déc 2007 - 9:32 | |
| - coline a écrit:
Un petit livre... Il y a quelques textes intéressants...Ce que je crois c'est qu'il ne faut pas les lire les uns à la suite des autres... Plutôt un à la fois...de temps en temps... Merci du conseil, je vais donc le lire petit à petit entre d'autres lectures | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| | | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Dim 30 Déc 2007 - 22:32 | |
| - Citation :
- coline a écrit:
Un petit livre... Il y a quelques textes intéressants...Ce que je crois c'est qu'il ne faut pas les lire les uns à la suite des autres... Plutôt un à la fois...de temps en temps... C'est ce que je suis en train de faire, me servant du livre comme une ponctuation entre d'autres écrits. J'aime bien la structure abécédaire qui permet de retrouver sans mal ce qui m'a plu. Certains textes sont rejouissants, d'autres plus banal. Un gentil moment ! - Citation :
- Langage
Une des impressions les plus fausses que peut donner le langage est celle de sa permanence. Car d'une part il ne cesse de se modifier ; d'autre part il peut me donner l'illusion que je saisis le monde tel qu'il est, alors qu'il me donne sur lui une vue très partielle. Si je lis, par exemple, que les Grecs du temps de Platon affectionnaient de boire du vin, je me représente un breuvage que je connais ; or... J'écris ce court extrait tout simplement parce que je n'y avais jamais pensé. Certains textes, d'autres époques, d'autres civilisations mériteront une relecture attentive (et une compréhension différente). | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Ven 11 Jan 2008 - 17:55 | |
| Parfois, on attend la parution d'un livre en poche pour l'acheter - et parfois c'est bien d'avoir une raison pour remonter le fil d'un auteur qui est extra Je viens de voir que le Poche de Fils unique est sortie - et avec une couverture suuuuuuuuuuublime (zut alors.. la prochaine fois j'attend le poche.. il est trop joli ) | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| | | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Ven 10 Oct 2008 - 22:57 | |
| La théorie des nuages - Citation :
- Certains nuages en effet semblent surplomber tous les autres, et s'étirent comme des griffures de chat ou des crinières, en longues fibres parallèles ou divergentes, presque diaphanes. D'autres nuages paraissent plus denses et se dressent sur leur base horizontale, en jouant avec les rayons du soleil, de toute leur masse, si monumentaux ; ....
Les nuées ne forment qu'une seule nappe immense et continue, qui parfois touche le sol, masquant tout le bleu du ciel. J'ai presque envie d'arrêter mon commentaire à cette citation tellement elle dit tout sur ce livre. Luke Howard, inventeur des nuages et de leur classification, scientifique et poétique... C'est cette poésie et les destins des personnages de ce roman, reliés par le fil ténu des nuages, qui m'a attiré énormément. Chaque personnage à un destin, de Virginie Latour, vouée à rencontrer Akira Kumo pour référencer son étrange bibliothèque, à Richard Abercrombie, auteur du mystérieux protocole Abercrombie, qui fit le tour du monde pour vérifier si tous les nuages étaient identiques sous toutes les latitudes et dont l'objectif dévia singulièrement. Akira Kumo, couturier japonais, point de départ de l'histoire ; Akira Kumo, survivant tragique d'Hiroshima, poursuivent une quête à la suite des chasseurs de nuages, secondée par Virginie Latour... Chaque personnage trouve sa place dans cette étrange mosaïque formée par les chasseurs de nuages, une place forte et singulière. A côté du monde et de l'action, les yeux rivés sur les nuages, cherchant à en restituer l'essence par différents moyens : photographie pour Abercrombie, mots pour Howard, peinture pour Carmichael... mesure pour Richardson. Le livre se lit rapidement, sans qu'un soupçon d'ennui s'empare du lecteur - je rejoins Coline et Bertrand sur ce point - mais pas de désintéressement : je pense que l'ennui est un effet recherché par l'auteur, l'ennui que l'on peut ressentir lorsqu'on observe le passage des nuages dans le ciel, sans autre objectif que les regarder passer. Un deuxième coup de coeur pour det auteur après Petit éloge de la douceur. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Jeu 8 Jan 2009 - 15:12 | |
| Je suis en train de lire ce livre Nous autresvoici un commentaire de quelqu'un qui a aussi un fil chez nous et il est ce mois-ci au portail: ICIIl y a de la casse dans la savanePatrick Grainville 08/01/2009 En racontant l'histoire d'un homme qui convoie le cadavre de son père à travers le Kenya, Stéphane Audeguy brosse une fresque cinglante de l'espèce humaine prédatrice. Un roman ambitieux mais pas toujours convaincant. Stéphane Audeguy est un auteur aussi divers que ses sujets qu'il expertise avec science et brio. Nous autres est peut-être son roman le plus ambitieux, car à travers une tournée historique et géographique exhaustive d'un bout à l'autre du Kenya, l'auteur fait entendre quelque chose comme la voix épuisée de l'espèce humaine.
Nous autres, c'est nous : les hommes. Mais pour évoquer notre aventure amère, Audeguy embouche un bizarre clairon emphatique et lugubre qui surprendra le lecteur au débotté : « Et nous aurions pleuré si nous avions des yeux », ou encore : « La route n'en finira jamais ni la souffrance des hommes », ou bien, à propos de la mort d'un âne : « Nous qui connaissons la mort… nous savons qu'il n'est pire chose au monde que cette mort sans langage, l'âne s'enfonce dans une nuit plus sombre que la plus sombre nuit. »N'est-ce pas un tantinet pompeux ? On a le devoir d'ironiser sur Audeguy, car le meilleur de son livre est d'une fibre acerbe et satirique à l'extrême. Donc, en avant pour l'histoire du Kenya et de sa colonisation par les Anglais, l'épopée du rail de Mombasa à Nairobi vers l'Ouganda.
Il y a de la casse dans la savane. Coolies indiens, porteurs noirs et rebelles paient le prix fort de l'odyssée coloniale. Mais l'homme est l'homme, l'Homo sapiens est conquérant, égocentrique, éliminant les faibles sur son passage depuis qu'il s'est constitué en espèce sans rivale. C'est bien la thèse de fond du livre. Sa version la plus comique se décline avec la visite d'un certain paléontologue barbu de renom, une sorte d'avatar d'Yves Coppens, dont le bla-bla vulgarisateur se déverse à Nairobi sur une assemblée postcoloniale éprise surtout d'alcool et de prostituées juvéniles. La verve d'Audeguy me paraît là plus perçante que dans la déclamation du « Nous » tellurique et ténébreux !
L'auteur, bien sûr, conjugue à la fresque documentaire un roman familial révélateur. L'histoire de Pierre, un photographe, débarquant au Kenya pour enterrer un père qu'il connaît à peine et qui semble s'être suicidé lors d'un rituel ! La vie aventureuse et militante du fantasmagorique papa - défenseur des cultures autochtones, au sein d'un bidonville de Nairobi, puis à travers le nord du pays chez les nomades Turkanas - donne à la sombre épopée son cachet d'humanité positive et pittoresque, entre Che Guevara et Sœur Emmanuelle !
Un livre noir avec un versant rose
La belle idée fellinienne du livre, c'est la traversée du pays pour ramener le cadavre dans ce Nord sauvage, au cœur d'un décor lacustre et volcanique où se déroulent des fouilles sur nos ancêtres, oui encore nous autres, partout et toujours !
On ne sait pourquoi ce livre fondamentalement noir et cinglant contredit sa vision centrale en multipliant à la fin des rafales d'idylles, dans des paysages paradisiaques, avec des scènes de retrouvailles propres aux feuilletons patentés. Pierre découvre non seulement Akwam, son demi-frère indigène, mais file une passion pastorale avec une authentique coureuse de fond kikuyue, trentenaire et vierge ! Rob, autre protagoniste, convole avec Imad, une prostituée qu'il sauve de la débine. Rien ne manquera donc à ce panorama kényan, ni le versant lucide et apocalyptique qui prêche l'épuisement de la race humaine ni l'improbable versant rose et son Cantique des cantiques qui fait les yeux doux au lecteur. J'ai préféré l'hymne final aux crocodiles, espèce admirablement bien adaptée si supérieure à l'engeance humaine transitoire mais calamiteuse.source: ICI | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Lun 27 Avr 2009 - 13:38 | |
| -Nous autres-Résumé tiré de Bibliosurf - Citation :
- Lorsque le narrateur apprend que son père, qu’il n’avait jamais vu, vient de mourir au Kenya, il n’imagine pas dans quelles pérégrinations il va se trouver engagé.
D’abord, ce père inconnu avait choisi non seulement de s’expatrier dans ce pays improbable, fabriqué de toutes pièces à la fin du XIXe siècle, mais encore s’installer à Kibera, le plus grand bidonville d’Afrique de l’Est, à quelques kilomètres seulement du centre de la capitale. Ensuite, le fils découvre bien vite qu’il lui sera très difficile de respecter la dernière volonté du défunt, être inhumé en terre kenyane : les Kenyans refusent la sépulture à un Blanc.
J'ai bien aimé retrouver l'écriture de Audeguy à travers ce roman construit en chapitres aérés et courts qui ressemble un peu à un carnet de voyage, avec des images fortes et colorées reproduisant bien les sensations de ces pays là (odeurs, bruits, fureur des villes empoussiérées et calme de la savane)
J'ai aimé aussi le ton un peu désenchanté incarné par ces voix des ancêtres, et ce retour au passé que semble regretter l'auteur, l'histoire de ce train fantôme qui n'aboutit jamais et laissa surtout des cicatrices difficiles à effacer.
Stéphane Audeguy par la voix du narrateur parti à la recherche d'une sépulture digne de ce père idéaliste et dévoué à "son" pays, semble vouloir nous parler du rapport très physique de l'homme à la nature, de l'aspect corrompu et dévastateur de la civilisation à la recherche de toujours plus de profit.
C'est parfois un peu trop systématique, c'est ce qui m'a génée, j'aurais aimé un peu plus de légèreté ou disons de simplicité. Mais l'ensemble est agréable, bien amené et le style parfait, toujours!
Donc au final en roman pas incontournable mais qui se lit avec plaisir même si je suis assez d'accord avec Patrick Grainville dans son article plus haut - Citation :
- N'est-ce pas un tantinet pompeux ? On a le devoir d'ironiser sur Audeguy, car le meilleur de son livre est d'une fibre acerbe et satirique à l'extrême.
... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Lun 27 Avr 2009 - 16:57 | |
| Merci pour ton commentaire Aériale, j'avais un peu de peine au début avec ce livre et je l'ai mis de côté.. mais là j'ai de nouveau envie de le reprendre.. et comme tu dis - si ce n'est que pour l'écriture | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Lun 2 Nov 2009 - 18:54 | |
| J'ai lu il y a quelque temps Nous autres, et prise de remords devant tous les commentaires que je ne fais pas actuellement, j'ai décidé de vous écrire quand même quelques mots sur ce livre.
J'avoue avoir été déçue par ce roman. J'avais vraiment beaucoup aimé La théorie de nuages, beaucoup moins Fils unique, et encore moins celui-ci. Je sens que dans quelques semaines je m'en souviendrai plus du tout. Stéphane Audeguy a une jolie plume qui accroche le lecteur et qui fait qu'on continue la lecture de ses livres, mais dans celui-ci je me demandais franchement de quoi il parle et en quoi son histoire et ses personnages présentent le moindre intérêt.
Je suis un peu dure sans doute, mais j'attendais tellement mieux de cet auteur. Mais après un premier roman très réussi et original, il semble tourner à vide, il manque à ses deux romans suivants, et en particulier à celui-ci une sorte de nécessité, l'auteur ne semble avoir rien de vraiment essentiel et d'unique à nous dire, juste quelques clichés, même s'ils sont bien dits mais restent des clichés. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Jeu 17 Déc 2009 - 15:50 | |
| Stéphane Audeguy, L'enfant du carnaval - Citation :
- Editeur:
« Quoique étranger à toute bibliophilie, j'aime lire parfois dans de vieilles éditions : tout alors, format, typographie, odeur de vieux papier, taches de vieillesse, pages effritées, me renvoie à cette résistance du temps traversé sans laquelle il n'est pas d'Histoire, ni de littérature. Toute lecture suppose une politesse, quelque geste machinal signalant que, pendant un instant au moins, on fera passer l'autre avant soi. Alors nous prononçons ces mots que nous n'écoutons plus : après vous. Pigault-Lebrun est l'un de ces vieillards des Lettres que tout le monde ou presque néglige. J'aime sa voix éraillée mais joyeuse, où passe encore un peu de cette folie française qui m'a toujours paru l'une des plus belles traditions de notre pays. » Stéphane Audeguy Mais oui – qui est Pigault-Lebrun ?? Peut être vous ne connaissez pas plus que moi avant la lecture de ce livre – et ce sont quand même Flaubert, Paul Valéry ou Balzac qui parlaient en bien de lui.. - Citation :
- Les littérateurs oubliés survivent chez leurs confrères, soit qu’ils hantent leurs œuvres comme des fantômes (ce qu’on nomme parfois l’intertextualité) ; soit que des personnages de roman les lisent. Pigautl-Lebrun apparaît ainsi fugitivement, de-ci, de-là. Dans Bouveard et Pécuchet, une veuve vient rendre aux deux amis un volume de Pigault qu’ils lui ont prêté.
[…] Mais le plus bel hommage à Pigault-Lebrun, et le plus profond, nous le devons à William Makepeace Thackeray, dans son chef-d’œuvre La Foire aux vanités (1848). Une lecture tout à fait sublime sur le phénomène éphémère qui peut toucher certains auteurs/livres. - Citation :
- On appelle part des anges l’inexorable évaporation affectant certains alcools vieillis en fûts. Le hasard, et quelque diable aussi le poussant, a fait de Pigault-Lebrun la part des anges de notre temps. Mais c’est dire, aussi que nous lui devons bien quelque saveur.
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| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Ven 12 Fév 2010 - 10:12 | |
| voilà enfin quelqu'un qui parle de ce livre qui vaut vraiment la lecture "L'Enfant du carnaval", de Stéphane Audeguy : oublieuse postéritéLe Monde des Livres | 11.02.10 | Xavier HoussinIl n'y a pas davantage d'immortalité en littérature que de concessions perpétuelles dans les cimetières. Le domaine public ne ressemble-t-il pas à une vaste fosse commune, d'où l'on exhume de temps en temps une oeuvre ou un auteur ? Après la reconnaissance et le succès vient insensiblement le moment de la désaffection, de l'oubli et de la disparition. Les textes sont souvent ancrés dans leur époque et se dissolvent au fur et à mesure que leur relation avec les événements historiques, sociaux ou politiques nous paraît moins flagrante. Les écrivains, qui n'ont pas été décrétés grands témoins ou acteurs patents de leur génération et dont les textes n'ont pas paru réunir les critères de postérité édictés par les historiens des lettres, se retrouvent progressivement écartés.
Qui se souvient de Pigault-Lebrun ? Plus grand monde. En s'attachant à la figure de ce romancier, dramaturge et essayiste du tournant des XVIIIe et XIXe siècles, Stéphane Audeguy pose clairement la question de la survie littéraire. Pigault-Lebrun a été un auteur très célèbre et très prolifique. On compte pourtant aujourd'hui ses rééditions sur les doigts d'une main. Et d'ailleurs, parmi celles-ci, la plus connue, L'Enfant du bordel (Zulma, 2002), un récit pour amateurs de curiosa, n'est probablement pas de lui. "L'oubli qui frappe Pigault-Lebrun, écrit Stéphane Audeguy, n'est pas entièrement justifiable, et il m'est agréable d'écrire avec l'illusion de réparer, un tant soit peu, une injustice." Son livre, L'Enfant du carnaval (titre de l'un des romans les plus populaires de cet abandonné de la postérité), est bien écrit dans cette intention. Rendre à un écrivain son existence propre. Retrouver aussi une place pour son oeuvre. Cela n'est pas si aisé. "Je soupçonne notre siècle, et le précédent, continue Audeguy, de manifester, à l'égard des auteurs dits faciles, une animosité excessive et suspecte : l'aisance n'a pas bonne presse ; la gaieté pas davantage."
Pour le coup, Pigault-Lebrun n'a jamais fait dans le détail ou la subtilité. Il embarque ses personnages dans une suite de turlupinades et d'aventures grivoises. Pas vraiment de bon goût. Il y a notamment cette scène d'anthologie, dont il est difficile d'évoquer tous les détails, où une "gouvernante sur le retour" se fait trousser sur la table de la cuisine par un moine capucin et se retrouve avec, collés "au derrière", des épinards et des débris d'andouille. Ce voltairien impénitent raffole de très anticléricales positions... On imagine bien qu'il ait pu passer de mode. Certes, Flaubert, Stendhal ou Balzac ne boudaient pas leur plaisir à le lire. Ils s'en sont même faits parfois les défenseurs. Plus près de nous, Paul Valéry appréciait. Mais tant d'autres, Hugo en tête, n'ont eu de cesse que de l'enfouir sous le mépris. Qu'on ne se trompe pas. Pour Stéphane Audeguy, il ne s'agit pas d'un exercice d'admiration. Il nous emmène juste, avec un drôle de guide, dans ces années littéraires que n'ont pas retenues les manuels. Une époque emblématique qui questionne étrangement la nôtre. Mais Audeguy nous montre qu'il suffit d'un autre livre pour arracher à l'oubli un écrivain. Alors, on peut garder espoir. Tant qu'il y aura des écrivains.source | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Stéphane Audeguy Ven 12 Fév 2010 - 10:21 | |
| J'hésitais sur le prochain livre de cet auteur que je lirai. Kenavo et le titre m'ont convaincu ! Ce sera "L'Enfant du carnaval". | |
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| Sujet: Re: Stéphane Audeguy | |
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| | | | Stéphane Audeguy | |
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