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| Robert Musil [Autriche] | |
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Auteur | Message |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Dim 20 Sep 2009 - 21:34 | |
| Par rapport à mon expérience des lectures communes, ce qui fait difficulté, c'est le rythme différent de lecture des participants. Et dans un livre aussi long que L'homme sans qualités, les différences risquent de s'accentuer. Donc je ne suis pas sûre que ce soit le livre idéal. Néanmoins si plusieurs personnes sont partantes, je tenterai la chose, mais alors en 2010, parce qu'il n'y a pas vraiment de date libre avant ça. | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Dim 20 Sep 2009 - 21:46 | |
| En janvier 2010 pour faire digérer la dinde et les chocolats de Noêl , ça va être radical | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Jeu 1 Oct 2009 - 22:04 | |
| extrait de Noces : - Citation :
- C'était bien un angle, il suffisait d'un peu d'attention pour s'en convaincre ; mais l'"autre chose" presque matérielle qu'il y avait dans cet angle, ces deux êtres étaient seuls à pouvoir la saisir, à qui il semblait que ce fût entre eux comme une poutrelle du plus dur métal qui les eût maintenus chacun à sa place tout en les liant, si séparés fussent-ils, d'un lien quasi tangible... Cela prenait appui au creux de l'estomac où ils sentaient la pression... Cela les raidissait contre le dossier de leur siège, avec des visages immobiles et des regards fixes, et ils n'en devinaient pas moins, à l'endroit du contact, une mobilité tendre, une légèreté infinie, comme si leurs coeurs, tels deux essaims de papillons, confondaient leurs vols...
A ce sentiment ténu, à peine réel et pourtant si perceptible, ainsi qu'à un axe un peu tremblant, et aux deux êtres sur qui il s'appuyait, toute la chambre était suspendue : les objets retenaient leur souffle, la lumière sur les parois se figeait en pointes dorées, tout se taisait, attendait, tout était là pour eux... Le temps, qui court dans le monde tel un fil qui n'aurait jamais fini d'étinceler, paraissait passer par cette chambre, par ces êtres, et soudain s'arrêter, se figer, toujours plus immobile, toujours plus étincelant... et les objets se rapprochèrent un peu les uns des autres. Ce fut un arrêt puis un affaisssement infime, comme quand des surfaces s'organisent soudain en cristal, autour de ces deux êtres à travers qui passait la ligne médiane et qui tout à coup se regardaient dans ce suspens, cet infléchissement, cet enveloppement ainsi que dans une multitude de surfaces miroitantes, et se regardaient encore, comme si c'était la première fois qu'ils se voyaient... La femme reposa la théière, sa main s'allongea sur la table. Comme épuisé par le poids de son bonheur, chacun se renfonça dans les coussins ; tandis qu'ils se tenaient captifs par le regard, ils eurent un sourire perdu et sentirent le besoin de ne pas parler d'eux-mêmes. Ils se remirent à parler du malade - un personnage d'un livre qu'ils avaient lu ensemble - et ils commencèrent par un passage et une question tout à fait précis, comme s'ils y avaient pensé, alors que ce n'était pas vrai, alors qu'ils ne faisaient que reprendre un dialogue qui les avait déjà pendant des jours envoûtés, comme si ce dialogue dissimulait son vrai visage et, tout en ayant l'air de parler du livre, tendait à tout autre chose ; et cette fois encore, en effet, au bout de quelques instants, grâce à ce prétexte inconscient, leurs pensées étaient revenues à eux-mêmes. -... Un homme tel que ce G., comment crois-tu qu'il se voie ? demanda la femme qui poursuivit, presque comme pour soi, tant elle était absorbée : Il séduit des enfants, il incite des jeunes femmes à se prostituer. Ensuite, le voilà qui sourit, debout, considérant d'un oeil fasciné la faible flamme d'érotisme qui vacille quelque part au fond de lui. Crois-tu qu'il pense mal agir ? - S'il le pense ?... Peut-être ; ou êut-être non, répondit le mari. Je ne sais si l'on peut poser la question ainsi à propos de tels sentiments. - Moi, je crois... dit la femme, et il apparaissait maintenant qu'elle ne parlait nullement de ce personnage fortuit, mais de quelque chose de précis qui se faisait jour déjà pour elle derrière lui... je crois qu'il pense bien agir. Alors, pendant un instant, leurs pensées glissèrent côte à côte, puis de nouveau, très loin, ressurgirent en mots. (...) après, les égarements et l'inquiétude plus grande...imaginez le mouvement qui se poursuit... | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Mar 6 Oct 2009 - 10:08 | |
| Splendide l´extrait choisi de "Noces", Animal. La sompteuse beauté de l´ecriture va éclairer ma journée, merci encore! | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Jeu 18 Mar 2010 - 9:54 | |
| La Maison enchantéeTraduit de l'allemand par Diane Meur - éditeur Desjonquères a écrit:
- Avec une précision parfois clinique, presque cruelle, Musil exprime ici sa fascination pour la femme, le corps de la femme, et surtout la perception qu’elle-même peut en avoir, dans le vain écoulement de sa vie ou dans le brusque éveil de ses sens.
La «maison enchantée», ce n’est donc pas seulement la grande demeure vide où se consume Victoria, l’héroïne d’un de ces quatre récits (tous inédits en français). C’est la tour imprenable qu’est pour Musil le corps de l’autre, cet espace intime que l’on peut certes explorer, mais non voir avec les yeux de son habitante; investir, saturer, mais jamais véritablement posséder.
Robert Musil (1880-1942), écrivain autrichien célèbre, auteur notamment de L’Homme sans qualités et des Désarrois de l’élève Törless. Son œuvre compte parmi les plus importantes de la littérature du xxe siècle. Récits inédits mais repris et retravaillés dans l'Homme sans qualités ou Noces, à la fois des ébauches, des points de vues différents (sachant qu'il me manque la grosse référence dans les deux citées) et aussi de très bons et beaux petits textes. A la leur lecture on retrouve un gros travail pour créer l' impression, un jeu d'oppositions et de changements, retournements qui sont une des sciences de l'auteur... et tout ce travail, la conscience qu'il impose au lecteur n'empêche pas celui-ci de se couler dans une sorte de torpeur précise et attentive, ni de se laisser séduire par ces portraits vivants et l'attention soutenue que le texte dégage. La quatrième de couverture est peut-être un peu incomplète, car le rapport à l'autre (surtout ce rapport) n'est pas complètement étranger au rapport à soi, d'ailleurs les deux s'entremêlent. Pas aussi puissant ou submergeant, le courant est moins fort que dans Noces ou Trois femmes mais les éléments et l'intention sont là. Très beau petit livre auquel on reprochera tout au plus le côté "petit livre luxe en gros caractères" mais les textes justifient un livre et justifieront certainement les futures lectures de ceux qui comme un panda ont vraiment besoin de lire plus de l'auteur. Un peu par provocation (petite) et bien que je connaisse assez mal l'objet de la comparaison, je dirai que dans le rapport à la femme (surtout mais le talent de l'auteur est un tout) j'ai trouvé chez Musil ce que j'imaginais ou espérais pouvoir trouver chez Zweig (et que je n'ai pas trouvé), et d'autres choses. Il y a souvent cette impression cérébrale dans la naissance de l'effet mais c'est beau et troublant par essence. Je recommande. Et je vous remets l'extrait posté hier soir, en poster est tentant mais ça serait dommage, autant conserver au livre un peu de secret... - Citation :
- Car entretemps, un pâle quotidien s'était déposé sur ces impressions et les avait estompées, comme un vent faible mais continu estompe des traces dans le sable; dans son âme ne résonnait plus que la monotonie de cette vie, faible bourdonnement qui tantôt s'enflait, tantôt retombait. Elle ne connaissait plus ni joies fortes, ni forte peine, rien qui tranchât durablement sur le reste, et sa vie peu à peu, lui était devenue impénétrable. Les jours passaient tous semblables, tous semblables arrivaient les ans, elle sentait bien que chacun ôtait et ajoutait un petit quelque chose et qu'elle en était lentement changée, mais aucun ne ressortait avec une netteté particulière; elle-même se percevait de façon vague et instable et, en se palpant de l'intérieur, ne trouvait qu'une succession de formes floues et voilées, aussi incompréhensibles que ce qu'on sent bouger sous une couverture sans deviner de quoi il s'agit. Il lui semblait vivre sous un tissu mou ou sous une cloche d'écaille polie, de plus en plus opaque. Les objets reculaient toujours plus, perdaient leur visage, et elle aussi. Restait un immense espace vide, dans lequel vivait son corps. Il regardait les objets alentour, souriait, vivait, mais rien ne faisait sens, et souvent ce monde était traversé par un épais dégoût qui barbouillait tout sentiment d'un masque goudronneux.
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Jeu 18 Mar 2010 - 11:01 | |
| Ce sera mon premier Musil...Il est noté... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: a a Mar 20 Juil 2010 - 21:53 | |
| Les Désarrois de l'élève Törless - animal a écrit:
La forme :
Désarroi. Pensées hésitantes, pensées qui s'obscurcissent, doutes, égarements... la forme le rend très bien, ainsi que la percpetion pénétrante de Törless, sa manière de détacher les choses. Cependant dans les "pages de réflexion" on se perd facilement, plus exactement, il est facile de décrocher quand on suit une pensée qui ne se dévoile pas ... et qu'on s'interrompt avant de l'avoir approchée d'assez prêt. Atmosphère mentale contagieuse et réussie (très même, c'est une des grandes qualités du livre) mais teintée d'un peu de frustration, parce que plusieurs fois on court derrière une idée qui ne se dévoile vraiment pas beaucoup. c'est des épisodes dans le livre et c'est un peu... arbitraire ?
Le contenu :
Dans les grandes lignes c'est une approche psychologique et un peu philosophique de la construction de l'adolescent (réflexion généralisable sur les résultats donnés, nous, les autres... ) avec une grande attention portée aux mécanismes et à leur développement dans un rapport de force. Törless est entre Reiting (qui a un penchant pour l'intrigue "politique") et Beineberg (plus branché mystique, influencé en cela par un oncle officier qui a voyagé et lu quelques pensées orientales) d'un côté, les forts. Et de l'autre Basini, physiquement plus faible et qui se retrouve soumis, humilié, torturé par les deux Reiting et Beineberg... et Törless en spectateur ambigü. Törless est mélancolique et cherche en quelque sorte à réunifier ses pensées et ses sentiments, chose au combien compliqué. Il réfléchit à sa vie d'élève, à ses parents... Mais il n'est pas vraiment sympathique Törless, il est froid, rêveur mais lui aussi calculateur et, commes ses camarades, un peu méprisant... les amitiés de ses jeunes sont plus des obligations finalement. Dans l'analyse des réflexions et des comportements, il y a quelque chose de systématique (qu'on pourrait confirmer par les études menées par l'auteur et une lettre à un critique, donnée dans la préface). La lecture en souffre un peu malgré que ce soit souvent intéressant et toujours baigné dans le cadre rigide et pourrie de l'école et des règles qui unissent ces jeunes.
Maintenant il faut bien se pencher sur l'autre sens du problème (ou pas tant que ça ?) : la cruauté et la violence des élèves pour leur victime désignée.
Törless se cherche et doute de ses forces pour s'imposer face à ses encombrants (et un peu pénibles camarades), Basini le fascine parce qu'il est le reflet probable d'un Törless qui cèderait au rapport de force... divisé plus fortement encore entre ses pensées intimes et son existence apparente. Le fascine et lui fait peur. Si pour Reiting et Beineberg il est souffre douleur autant que cobaye (et l'objet de relations physiques aussi), ce sont le produit de ses réactions qui les intéressent. Törless lui veut comprendre les pensées de "l'objet Basini", objet de son analyse auquel il se lie par des sentiments incertains. Objet d'analyse donc, et si Törless est un peu mal à l'aise avec une forme d'esclavage, lui qui avait essayé de rejeter cette problématique par une prise de position plus radicale s'en accomode... jusqu'à ce que ça devienne trop gratuit et que les motivations de ses deux "amis" lui apparaissent comme dérisoires autant que malsaines.
De ce côté là, le rapprochement avec le nazisme futur ne saute pas aux yeux. Le cheminement de Törless est plus intellectuel que moral (bien que la forme rende bien compte de l'indécision et de la difficulté à nommer les choses) et ce qui me semble une lecture plus évidente du roman est de dire que c'est un système traditionnel reposant beaucoup sur les apparences et encourageant l'obéissance et le rapport de force qui crée la situation qui sert de noeud à l'intrigue.
J'ai un peu regretté que la tension morale et l'incertitude dans la recherche d'une méthode pour se réaliser se détourne, ou se diffuse dans la relation physique (et psychologique plus que sentimentale ?) entre Törless et Basini. Chose qu'on retrouve beaucoup moins dans le film qui me semble plus épûré et peut-être bien plus ambigu dans le "laisser faire".
La fin (30 dernières pages) qui sonne comme une libération de Törless qui essaye de s'expliquer complètement est très belle je trouve, la réalisation d'une certaine assurance d'être défini (et qui s'accepte d'une certaine manière) est en plus assez nuancée. Il y a de très beaux passages, d'autres plus simplement "intéressants". Un livre pas si simple à aborder et qui mérite un peu de réflexion, il y a des éléments à peser encore... la rédaction de ce très imparfait commentaire ne faisant que renforcer cette impression et relevant mon intérêt un peu au dessus de ce qu'il était pendant la lecture. C'est une chose bien étrange que les pensées. Elles ne sont souvent rien de plus que des accidents qui disparaissent sans laisser de traces, elles ont leur temps morts et leurs saisons florissantes. On peut faire une découverte géniale et la voir néanmoins se faner lentement dans vos mains, telle une fleur. La forme en demeure, mais elle n'a plus ni couleur ni parfum [...]Une pensée qui peut avoir traversé depuis longtemps notre cerveau ne devient vivante qu'au moment où quelque chose qui n'est plus de la pensée, qui ne relève plus de la logique, s'y ajoute: de sorte que nous éprouvons sa vérité indépendamment de toute preuve, comme si elle avait jeté l'ancre dans la chair vivante, irriguée de sang... Je viens de lire ce roman sur la journée et je souscris pratiquement entièrement à tout ce qu'en a très bien dit Animal. Je voulais juste ajouter quelques impressions. Ce qui frappe immédiatement c'est la rigueur de la construction et la précision au scalpel des descriptions qui évitent la poétisation et créent un univers mental obsessionnel où la rigueur implaccable du récit (simple et très prenant malgré sa violence morale) sert de prétexte à l'exploration des "désarrois" d'un adolescent qui cherche inlassablement de façon circulaire à donner du sens aux perceptions et émotions qui l'envahissent. Le vrai sujet du livre étant à mon sens l'impossibilité de rationaliser et de réduire par le langage ce qui relève de l'expérience sensible et aussi de la sensualité. On retrouve, sans la dimension poétique, l'observation méticuleuse du flux de conscience d'une Virginia Woolf par la volonté de rendre compte de la façon la plus méticuleuse possible de ce qui constitue la richesse et la complexité de l'interaction entre nos pensées et nos émotions. C'est cette dimension de quête fondamentale de sens, illusoire et sans fin, qui donne cet aspect lancinant et aliénant, parfois étouffant ou lassant (?) qui peut faire décrocher du récit mais qui lui donne aussi toute son incroyable puissance ( Musil avait 25 ans en écrivant son roman!!!). Les échanges avec le professeur de mathématiques donnent quelques clés pour comprendre le développement philosophique de cet adolescent peu ordinaire qui anticipe probablement le futur "Homme sans qualités". J'ai lu tous ces passages lentement et à voix haute et c'est une expérience grisante et troublante. En gros il finit par montrer que rien ne peut avoir de sens à partir du moment où les prémices de départ sont remis en cause, quelque soit le domaine qu'on explore. Ici comment rendre compte de ce que provoque un tel trouble à la fois sensuellement "excitant" et moralement intolérable face à la soumission effrayante de Basini par Reiting et Beineberg? La plupart des auteurs décrivant un tel "fait divers", réel ou fictif, auraient adopté un point de vu moral, narratif... Musil déplace le problème sur le plan dialectique et abstrait en provoquant une sorte de dissolution du réel et donc de la "responsabilité". Törless concluant que cette histoire aura finalement été une étape constructive et presque libératoire... Et pour ceux qui auraient peur de toutes ces considérations abstraites, il faut rappeler que cette histoire est d'abord intense et prenante du début à la fin. On peut s'accorder quelques glissements dans la lecture quand les préoccupations obsessionnelles de Törless refont surface. Mais l'interaction des deux en fait un livre unique et fascinant. Autant dire que je me sens prêt pour me lancer dans l'aventure de "L'homme sans qualités".
Dernière édition par Marko le Mar 20 Juil 2010 - 22:02, édité 2 fois | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Mar 20 Juil 2010 - 21:58 | |
| "Flux de conscience"... oui, qui a peur de Robert Musil ?! Torless, c' est aussi et peut etre surtout la montée en puissance du fascisme et du nazisme. C' est plutot évident... | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Mar 20 Juil 2010 - 22:05 | |
| ça dépend de comment tu l'entends, si c'est nazisme et fascisme spécifiquement historique et européen des années 30-40, le surtout est extrêmement réducteur... encore plus si on devait avoir une lecture tournée dans ce sens.
voir ces jeunes un peu pourris se laisser aller et l'observateur ambigu de tout ça qu'est Törless c'est plus vaste. J'incluerai plus volontiers l'histoire dans cette optique que l'inverse (et franchement sans projeter de vision prophétique). | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Mar 20 Juil 2010 - 22:19 | |
| Cette anticipation prophétique du nazisme est souvent évoquée mais n'est qu'un aspect de ce livre très riche. On va retomber dans le même débat que pour le film d'Haneke. D'ailleurs il y a une continuité entre ce roman de Musil et le cinéma d'Haneke mais aussi avec "Les Exclus" d'Elfriede Jelinek qui pourrait en être le prolongement en revisitant les mêmes thématiques. Un esprit "autrichien"? où culture et barbarie s'opposent et se nourrissent mutuellement... | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Mar 20 Juil 2010 - 22:29 | |
| il y a un fossé gigantesque (un monde) entre ce livre et le Ruban blanc. quelque part dans la perspective d'histoires individuelles inscrite dans le temps... entre autres... (mieux vaut le lire à froid le livre). | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Mar 20 Juil 2010 - 22:43 | |
| L'homme sans qualités est très différent de Törless. Tu ne retrouveras déjà pas la rigueur de la construction, sans doute parce que le roman n'est pas achevé, ensuite parce que là on est dans quelques chose de sensible, de très sensuel, de très décadent. Il y a de toute façon plusieurs registres, presque plusieurs livres dans le livre dans L'homme sans qualités. Personnellement c'est un immense souvenir, il faut vraiment que je trouve le temps et la disponibilité d'esprit pour le relire. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| | | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Mar 20 Juil 2010 - 23:22 | |
| - Arabella a écrit:
- L'homme sans qualités est très différent de Törless. Tu ne retrouveras déjà pas la rigueur de la construction, sans doute parce que le roman n'est pas achevé, ensuite parce que là on est dans quelques chose de sensible, de très sensuel, de très décadent. Il y a de toute façon plusieurs registres, presque plusieurs livres dans le livre dans L'homme sans qualités. Personnellement c'est un immense souvenir, il faut vraiment que je trouve le temps et la disponibilité d'esprit pour le relire.
. J'essaierai aussi de trouver le temps nécessaire a cette exploration... Et j'aime autant que le style soit plus diversifie parce que 2000 pages d'introspection obsesionnelle façon Torless risqueraient d' être eprouvantes! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Robert Musil [Autriche] Mar 20 Juil 2010 - 23:29 | |
| - animal a écrit:
- ça dépend de comment tu l'entends, si c'est nazisme et fascisme spécifiquement historique et européen des années 30-40, le surtout est extrêmement réducteur... encore plus si on devait avoir une lecture tournée dans ce sens.
voir ces jeunes un peu pourris se laisser aller et l'observateur ambigu de tout ça qu'est Törless c'est plus vaste. J'incluerai plus volontiers l'histoire dans cette optique que l'inverse (et franchement sans projeter de vision prophétique). Pas dut tout réducteur, Animal... C' est ton étonnement qui m' étonne... A peu près tout le monde,- à commencer par Musil lui-meme - a reconnu plus tard qu' il avait décrit en Reiteman et Beineberg "des dictateurs in nucleo" et dans Torless, le philosophe appelé à soutenir le régime nazi sans état d' ame. Il ne s' agit pas d' une prophétie à proprement parler d' ailleurs. Musil connaissait plutot bien la société dans laquelle il vivait. J' ajoute que Musil détestait la psychanalyse et meme la psychologie appliquée... Il avait déclaré à propos de son livre et des questions qu' on lui avait posé qu' il était on ne peut plus loin de l' homosexualité, contrairement à Thomas Mann. Je n' en sais pas plus sur sa sexualité sinon qu' il était amoureux de sa soeur morte... Et que c' est une des clés de l' Homme sans qualité... | |
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