Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Ingmar Bergman

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Avadoro
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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyLun 26 Déc 2011 - 12:02

Le coffret Criterion est remarquable et contient les deux versions, mais il n'y a pas pour l'instant d'équivalent en zone 2 avec STF.
Merci pour ton commentaire sur le roman que j'essaierai de découvrir à l'occasion.
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Babelle
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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyLun 26 Déc 2011 - 19:40

traversay a écrit:
Babelle a écrit:
Je n'ai toujours pas vu Le Septième sceau mais, hier soir, j'ai visionné L'œuf du serpent. Je n'y ai pas retrouvé le Bergman que je connaissais, je n'ai même pas reconnu Liv Ullman (chanteuse du cabaret). Une vision apocalyptique mais réaliste, dans la ville allemande des années 20, de ce qui s'annonce. ça fait une drôle d'impression ciné, ces jours-ci, d'avoir enchaîné Bergman et Haneke...
C'est un Bergman atypique, une super production. Je ne sais pas si tu connais les premiers Bergman, Crise ou Ville portuaire, au parfum néo-réaliste, c'est encore une autre facette du cinéaste, très intéressante.
Il faut vraiment que j'y revienne.
Depuis ce dernier post j'ai visionné Le Septième sceau (1957). Sublime (la métaphore, le noir et blanc).


Ingmar Bergman - Page 13 En-pre10
Je ne suis pas allée au bout de En présence d'un clown
Mais j'ignorais que c'était à l'origine un téléfilm (diffusé en 1997). Cela explique cette succession anarchique de tableaux et le manque de profondeur (me semble-t-il). Je m'attendais à autre chose autour de Schubert et autour du "cinéma dans le cinéma".

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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyLun 26 Déc 2011 - 21:40

Avadoro a écrit:
Merci pour ton commentaire sur le roman que j'essaierai de découvrir à l'occasion.
je ne peux que t'encourager de le faire
j'ai noté Les meilleures intentions comme prochaine lecture de lui
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colimasson
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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyLun 9 Jan 2012 - 12:06

Sonate d’automne (1978) d’Ingmar Bergman

Ingmar Bergman - Page 13 Couv23

Charlotte est une femme qui en impose. Pianiste virtuose, charismatique, élégante, elle semble sûre d’elle et inébranlable. On comprend l’appréhension d’Eva à l’idée de revoir cette femme -sa mère- après sept ans de séparation, et ce d’autant plus qu’Eva n’a pas hérité des atouts qui ont fait la prestance sociale de Charlotte. Et si une mère et sa fille sont restées séparées pendant sept ans, ce n’est pas une coïncidence…

Ingmar Bergman - Page 13 Articl10
En découvrant Charlotte dans l’intimité, on commence à comprendre les appréhensions d’Eva à l’idée de revoir sa mère. Derrière les esbroufes de meilleur ton de cette dernière, on découvre une femme méprisante, hautaine, qui essaie de dissimuler tant bien que mal son mépris derrière des postures de convenance. L’ambiance devient rapidement étouffante. Dans cette atmosphère, ce sont toutes les anciennes animosités qui ressurgissent et dans la solitude de la paroisse, en plein milieu de la nuit (et avec un petit verre dans le nez), Eva exprime à sa mère tous ses reproches. Sous la forme de souvenirs, on revit son enfance abandonnée et le manque créé par l’absence d’amour maternel. La maladie de sa sœur handicapée est également évoquée et liée -peut-être de manière un peu trop grossière- au comportement négligent de la mère. Au moins, la démonstration est claire : le manque d’amour crée des dégâts irréversibles.

Ingmar Bergman - Page 13 Fofilm10
On aurait pu s’en tenir là et enterrer Charlotte sous les reproches qui lui sont adressés, mais celle-ci a également son mot à dire. Après tout, puisqu’on peut invoquer le passé à chaque fois qu’il est question de justifier un comportement présent, l’incapacité de Charlotte à prodiguer de l’amour à ses proches trouve également son origine dans les failles plus anciennes encore de ses aïeux. Il est temps pour Charlotte d’abandonner son prestige et de retrouver, par les aveux peu glorieux qui sont les siens, un semblant d’humanité. Toutefois, une explication n’entraînant pas un pardon, si Eva peut comprendre sa mère, elle ne lui pardonnera pas pour autant ses erreurs. Charlotte, quant à elle, ne réussira pas non plus à faire fi de son amour propre pour se laisser aller à l’amour véritable. Le dialogue entre la mère et la fille cesse de manière abrupte. Chacune s’isole à nouveau et poursuit sa vie telle qu’elle a été entamée.

Ingmar Bergman - Page 13 Sonate10

Ce film n’est pas dérangeant. Il est limpide et exprime tous les ressentiments qui peuvent naître de relations compliquées. Il dessine de manière très juste une vérité commune à la plupart d’entre nous. Parfois un peu pathétique, la tentation de verser des larmes est heureusement toujours renversée par la colère sous-jacente des personnages du film.
Le film tire également son intérêt de l’histoire de Bergman dont la vie personnelle n’a pas été très stable (quatre épouses officielles et neuf enfants disséminés). Sans doute tire-t-il une conclusion de son propre passé à travers le personnage de Charlotte. Cette Sonate d’automne serait donc pour lui l’occasion de tourner son regard sur son existence afin d’en tirer un bilan sur le ton très personnel des confessions. C’est sans doute pour cette raison que le ton de ce film est toujours très juste.




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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyLun 9 Jan 2012 - 12:38

Quand on lit l'argument on dirait que le film "La Pianiste" de Michael Haneke (et le roman d'Elfriede Jelinek dont il s'inspire) en est une version plus perverse et sado-maso. Je n'ai jamais vu Sonate d'Automne et je comblerai cette lacune. Ton post donne envie.
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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyLun 9 Jan 2012 - 13:28

colimasson a écrit:
Sonate d’automne (1978) d’Ingmar Bergman

Ingmar Bergman - Page 13 Couv23


En découvrant Charlotte dans l’intimité, on commence à comprendre les appréhensions d’Eva à l’idée de revoir sa mère. Derrière les esbroufes de meilleur ton de cette dernière, on découvre une femme méprisante, hautaine, qui essaie de dissimuler tant bien que mal son mépris derrière des postures de convenance. L’ambiance devient rapidement étouffante. Dans cette atmosphère, ce sont toutes les anciennes animosités qui ressurgissent et dans la solitude de la paroisse, en plein milieu de la nuit (et avec un petit verre dans le nez), Eva exprime à sa mère tous ses reproches. Sous la forme de souvenirs, on revit son enfance abandonnée et le manque créé par l’absence d’amour maternel.
[...]
l’incapacité de Charlotte à prodiguer de l’amour à ses proches trouve également son origine dans les failles plus anciennes encore de ses aïeux. Il est temps pour Charlotte d’abandonner son prestige et de retrouver, par les aveux peu glorieux qui sont les siens, un semblant d’humanité.


C'est un de mes films préférés de Bergman.

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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyLun 9 Jan 2012 - 21:43

Marko a écrit:
Quand on lit l'argument on dirait que le film "La Pianiste" de Michael Haneke (et le roman d'Elfriede Jelinek dont il s'inspire) en est une version plus perverse et sado-maso. Je n'ai jamais vu Sonate d'Automne et je comblerai cette lacune.

Tiens, je n'y avais pas pensé mais c'est vrai...
J'espère que tu vas apprécier ce film !
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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyDim 15 Jan 2012 - 4:26

Laterna magica
traduit du suédois par C.G. Bjursröm et Lucie Albertini
Gallimard



Citation :
Le film tire également son intérêt de l’histoire de Bergman dont la vie personnelle n’a pas été très stable (quatre épouses officielles et neuf enfants disséminés). Sans doute tire-t-il une conclusion de son propre passé à travers le personnage de Charlotte. Cette Sonate d’automne serait donc pour lui l’occasion de tourner son regard sur son existence afin d’en tirer un bilan sur le ton très personnel des confessions. C’est sans doute pour cette raison que le ton de ce film est toujours très juste.

Après la lecture de ce merveilleux livres de souvenirs ( plus auto-analyse qu'autobiographie, rien n'est chronologique, mais tout a une logique et tout est réfléchi..), bien vu, Coli! Sauf que les deux femmes se parlent, et que Ingmar Bergman n'a semble-t-il jamais pu parler à sa mère. Dans le dernier chapitre, l'écoute de l'oratorio de Noël de Bach ( Le choral avançait, confiant, dans l'espace de plus en plus sombre : la piété de Bach apaise la douleur que nous inflige notre impiété.) dans une église lui inspire une ultime rencontre imaginaire avec sa mère, morte longtemps auparavant , en rentrant dans le presbytère de l'église qui le retransporte dans son enfance . Il sait que ce n'est pas le bon moment..
- Je sais que je dérange , que c'est le moment où mère désire être seule, je le sais. Avant le dîner, père se repose et mère lit ou écrit dans son journal, je viens de l'église où j'ai écouté l'oratorio de Noël de Bach, c'était tellement beau, la lumière était belle, je me suis dit tout le temps: aujourd'hui, je vais essayer encore une fois et cette fois ça va réussir.

Essayer de poser les questions qui le minent :Pourquoi a-t-on fait de mon frère un infirme? Pourquoi ma soeur a-t-elle été réduite à un cri? Pourquoi ai-je vécu avec une blessure toujours infectée qui ne s'est jamais refermée et qui me transperçait tout entier? ..Tout ce que je veux savoir, c'est pourquoi derrière cette fragile façade du prestige social nous avons vécu une aussi effroyable misère. .
Et sa mère lui répond qu'elle est si fatiguée..

Les réponses à ses pourquoi enfantins , il les donne lui-même . Ce que je vois avec certitude , c'est que ma famille était composée d'êtres de bonne volonté qui ployaient sous un héritage catastrophique d'exigences trop hautes, de mauvaise conscience et de culpabilité
Sa mère aussi, répond finalement , et cette réponse constitue les dernières phrases de ce livre tourmenté, et intelligent:
Dans son journal , le mois de la naissance de son fils Ernst Ingmar, elle écrit: Je prie Dieu, sans confiance. Il faudra, sans doute, se débrouiller tout seul, comme on pourra.

Comme on pourra..
Et les trois enfants ont fait comme ils ont pu également, chacun à sa manière.
Je crois être celui qui s'en est le mieux tiré, avec le moins de dégâts, en me faisant menteur. Je me suis créé un personnage qui avait fort peu à voir avec mon véritable moi. Comme je n'ai pas su séparer ma création et ma personne, les dommages qui en découlèrent eurent longtemps des conséquences à la fois sur ma vie d'adulte et sur ma créativité. Il m'arrive parfois de me consoler en me disant que celui qui a vécu dans le mensonge aime la vérité.

Laterna Magica est un livre touffu , à lire à petite allure sous peine de se perdre dans ce flot de souvenirs personnels et professionnels. Avec beaucoup, pour moi ,de références inconnues surtout en matière de mise en scène de théâtre. Mais on ne s'ennuie à aucun instant tant l'écriture est brillante, le récit des échecs et des failles honnête :
Je veux être embarrassant , irritant et difficile à situer..

Mais aussi au sujet de son oeuvre:

Dans sa vieillesse , Euripide , le bâtisseur de pièces, est exilé en Macédoine. Il écrit Les Bacchantes. Pierre après pierre, il assemble furieusement: les contradictions entrent en collision avec les contradictions, l'adoration avec le blasphème, la vie quotidienne avec le rituel. Il en a assez de faire la morale, il se rend compte que la partie avec les dieux est définitivement hors-jeu. Les commentateurs ont parlé de la fatigue du vieux poète. C'est le contraire. La lourde sculpture d'Euripide représente les hommes, les dieux et le monde pris dans un implacable et absurde mouvement sous un ciel vide.
Les Bacchantes témoigne du courage qu'il y a à briser les moules.


Brillant " briseur de moules", analyste fin et très souvent ironique de sa vie - et vie et travail sont chez lui totalement imbriqués-qui redevient un enfant totalement démuni quand rejaillissent les souvenirs et les mystères de malheurs jamais éclaircis, et bien d'autres choses encore , voilà tel que m'apparait après cette lecture Ingmar Bergman, un des rares cinéastes à m'avoir fait pleurer .

Le problème , avec les livres que j'aime, c'est que j'aimerais en recopier beaucoup d'extraits qui m'ont émue ou fait sourire. Car c'est souvent drôle! La rencontre avec Karajan, par exemple qui lui propose de mettre en scène Turandot. Allez, juste un petit peu..

( Ordinairement, je trouve que Turandot est une mauvaise bouillie, difficile à maîtriser et perverse, l'enfant de son époque.) Mais le regard hypnotique et clair du petit homme m'aspirait et je m'entendis dire que c'était pour moi un grand honneur, que j'avais toujours été fasciné par Turandot, que la musique en était énigmatique, qu'elle m'avait toujours subjugué et que je ne pouvais rien imaginer de plus stimulant que de pouvoir collaborer avec Herbert von Karajan.
La date de production fut fixée au printemps 89...Soudain tout devint irréel . La production de Turandot était la seule chose concrète. Je savais que l'homme devant moi avait soixante-quinze ans, moi-même j'en avais dix de moins. Un chef d'orchestre de quatre-vingt-un ans et un metteur en scène de soixante et onze ans allaient donner vie ensemble à cette curiosité momifiée. Ce que ce projet avait de grotesque ne m'effleura pas l'esprit. J'étais irrémédiablement fasciné.


Et puis, pour remercier Coli qui fait toujours des critiques très fines que je lis avec le plus grand intérêt jour après jour , le début du tournage de Sonate d'automne:

Ingrid Bergman lisait son rôle d'une voix de stentor, avec des gestes et des mines. Tout avait déjà été répété, fixé devant un miroir. Quel choc! Ca m'a déclenché un mal de tête et la scripte s'en est allée dans l'escalier pleurer d'effroi: jamais depuis les années trente, elle n'avait entendu autant de fausses intonations. La vedette avait fait ses propres coupures. Elle refusait de prononcer des mots inconvenants.
L'histoire, expliqua-t-elle, était assez ennuyeuse, il fallait la ragaillardir avec quelques drôleries. Pourquoi es-tu aussi assommant quand tu écris, Ingmar? Toi qui peux être si drôle quand tu veux. Elle écouta le prélude de Chopin qui est un sommet au cours du premier acte du film. Il est d'abord joué par la fille, puis par la mère: mon Dieu, mais est-ce qu'on va jouer cette musique ennuyeuse deux fois! Mais c'est de la folie, Ingmar, le public va s'endormir, tu aurais pu au moins dégoter quelque chose de joli et d'un peu court, ça va être trop ennuyeux, je vais bâiller à en mourir..
Ingrid Bergman joue le rôle d'une pianiste célèbre. Tous les pianistes ont souffert du dos, excepté, peut-être Rubinstein. Un pianiste qui souffre du dos s'allonge volontiers par terre.
Je voulais qu'Ingrid soit couchée par terre, sur le dos, au cours d'une de ses explications. Elle rit: Mais tu es complètement fou, mon bon Ingmar. C'est une scène sérieuse. Je ne peux pas jouer une scène sérieuse en étant couchée par terre. Ca va être ridicule. Le public rira. Déjà qu'il n'y a guère de choses qui fassent rire dans cette lamentable histoire, mais pourquoi faut-il absolument que tu fasses rire les gens au mauvais moment, peux-tu me le dire?


Ca partait mal.. Very Happy





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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyDim 15 Jan 2012 - 21:46

Merci Marie pour tes impressions sur ce livre ! Very Happy
Ce que tu en dis donne en effet l'impression qu'il y a beaucoup de similitudes entre le personnage d'Eva et de Bergman. Et j'ai appris par la même occasion qu'il avait un frère infirme, que l'on retrouve également (version féminine cette fois) dans Sonate d'automne.
Quelle façon il a de parler de ce film ! Et je suis d'autant plus surprise que je trouve ces deux interprétations du prélude de Chopin très réussies. La musique colle parfaitement avec la situation, avec l'atmosphère oppressante qui résulte des retrouvailles d'Eva et de Charlotte.

Ca fait très envie ce commentaire Marie Wink
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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyJeu 2 Jan 2014 - 20:43

Scènes de la vie conjugale (1973)


Ingmar Bergman - Page 13 Scenes11

Dans d’autres temps, en d’autres lieux, la télévision grand public proposait à son audimat des productions de qualité qui ne se targuaient pas forcément d’être obscures. Il suffit de voir les Scènes de la vie conjugale pour s’en rendre compte. Cette réalisation d’Ingmar Bergman fut d’abord diffusée sous forme de feuilleton de six épisodes sur la télévision suédoise. Entre avril et mai 1973, les spectateurs découvrirent chaque semaine une nouvelle étape du cheminement du couple formé par Marianne et Johan. Plus tard, le feuilleton fut condensé en un film permettant d’apprécier une évolution d’ensemble, au détriment du temps de réflexion que laissait à disposition la vacance d’une semaine. Qui souhaite à nouveau s’imprégner des Scènes de la vie conjugale, miroir réfléchissant des réflexions inhérentes à la vie de couple, ressentira rapidement la nécessité de lire le scénario original d’Ingmar Bergman. Tout y est. Sous la forme d’une pièce théâtrale, on retrouvera les dialogues et les scènes du film. Surtout, on pourra enfin prendre le temps de la réflexion. Les Scènes de la vie conjugale sont trop denses pour faire l’objet d’une seule visualisation. Sous la forme feuilletonnesque, il manque encore le temps nécessaire à la compréhension de certaines phrases qui ne révèlent toute leur complexité qu’à la lecture. Ingmar Bergman écrit de manière simple mais le sens de ces phrases révèle finalement beaucoup plus d’acuité qu’il n’y paraît.


La construction de ces Scènes est finement réalisée de manière à ce que chaque spectateur, qu’il soit en couple, qu’il l’ait été voire qu’il l’image seulement, puisse se reconnaître dans l’un ou l’autre des personnages à un moment de leur évolution. Ingmar Bergman balaie un large spectre des rapports de domination et de contrôle, évoquant les sentiments liés à cette hiérarchie tacite et les solutions de fuite auxquelles recourent les personnages. Qu’on soit clairs : la vie conjugale partage peu de choses avec l’amour tel qu’on le définit sous sa forme passionnelle. Tout au plus en reste-t-il des souvenirs qui s’épanouissent en tendresse ou en complicité ou qui se morfondent en perfidie et accusations injustifiées.


Dans la première scène, Marianne et Johan sont confrontés à une journaliste qui les interroge sur leur apparent bonheur conjugal. Ici, cette expression se résume surtout au foyer familial et à la qualité des relations liant réciproquement les parents aux enfants, et les parents face aux enfants. Les repas sont joyeux, les activités se partagent dans la bonhomie, papa et maman se partagent les tâches  et les enfants ne les font pas tourner en bourrique. Malgré quelques corvées familiales –un repas chez belle-maman, des fêtes d’anniversaire trop récurrentes, un séjour avec la belle-famille-, la vie semble plutôt réussie. Peut-être pourrait-elle l’être encore davantage ? Mais la suggestion heureuse fait bientôt déborder le vase de ce qui n’était en fait qu’une tolérance de mascarade. La suite des épisodes révèle les failles d’une vie conjugale moins parfaite qu’elle ne voulait bien le laisser croire.


Ingmar Bergman - Page 13 Ar_inn11

Ingmar Bergman parvient à rendre compte des jours, des mois ou des années passées entre ses scènes par de simples dialogues à la force d’évocation puissante. Il réussit à captiver par l’imprévisibilité du cheminement de ses personnages. La complexité psychologique d’un être humain est telle qu’elle se suffit à elle-même pour brouiller puis surprendre les attentes. Marianne et Johan ne sont jamais enfermés dans des profils stéréotypés servant à l’illustration d’une thèse. Ingmar Bergman leur a laissé une liberté individuelle toute relative –celle de s’imaginer faire des choix raisonnables et profitables- mais il s’agit de la même liberté que celle que nous possédons. La possibilité de la contradiction leur est également laissée et on voit Marianne et Johan tâtonner les yeux fermés vers un idéal qu’ils ne connaissent pas, empruntant une voie qui se révèle être un cul-de-sac, retournant en arrière à reculons, se cognant parfois à des portes qui se sont définitivement refermées. La démonstration est nulle ; la compréhension est immédiate. Après s’être vus dans l’interview de la journaliste, Marianne et Johan se sont révélés à eux-mêmes. Ainsi en est-il du lecteur : après s’être reconnu tour à tour dans Marianne et Johan, son couple ou son idéal de couple devient figure mouvante jamais établie, édifice bancal qui peut s’effondrer à cause de soi ou à cause de l’autre du jour au lendemain.


Il est difficile d’imaginer que cette œuvre a pu être réalisée dans les années 1970. Son ton audacieux étonne et donne parfois l’impression qu’il ne serait pas possible de tenir ouvertement les mêmes propos que Marianne ou Johan. S’il est toujours permis d’avouer l’ambivalence de ses sentiments à l’égard de son conjoint (« J’éprouve soudain une telle haine à l’égard de Peter que je pourrais le torturer à mort. Parfois, quand je ne peux pas dormir, je reste dans mon lit à imaginer les méthodes les plus extravagantes pour le faire souffrir »), que dirait-on des propos parfois misogynes de Johan (« As-tu jamais entendu parler d’un orchestre symphonique féminin ? Tu imagines cent dix bonnes femmes avec leurs ennuis de règles devant interpréter ensemble l’ouverture de La Pie voleuse de Rossini ? ») ou de cet aveu de l’insatisfaction sexuelle (« Tu te souviens après la naissance de Karin ? Quand tout à coup, on n’a plus pu faire l’amour. Eh bien on s’est gentiment assis et on s’est réciproquement démontré qu’il n’y avait rien de plus naturel que ça. Que c’était évident après ces deux grossesses coup sur coup. Et ensuite, tous nos raisonnements pour trouver une explication au fait qu’on n’avait plus aucun plaisir à faire l’amour ensemble ») ?


Ingmar Bergman transcende ces Scènes et révèle pourquoi le sentiment conjugal révèle des enjeux d’une telle importance. Après tout, si Marianne et Johan ne sont pas contents, ils n’ont qu’à se séparer. Mais ce n’est pas aussi simple… Lorsqu’on bâtit sa vie sur le concept du couple, on ne peut pas y renoncer sans reconnaître en même temps la vacuité d’une philosophie de vie. En quelques répliques, Ingmar Bergman applique le solipsisme, le fatalisme et le stoïcisme à la vie quotidienne. Mais est-ce seulement pour ces raisons que les Scènes de la vie conjugale édifient avec une telle puissance ? Je crois que sa puissance de fascination tient surtout à son audace. On aimerait pouvoir s’exprimer aussi librement que Marianne et Johan mais on ne le fait presque jamais parce qu’on craint les conséquences de certains aveux –et ainsi que nous le montre Ingmar Bergman, ces craintes sont parfaitement fondées.


« Il y a longtemps qu’on aurait dû commencer à se battre. Tout aurait été beaucoup mieux. »


Ingmar Bergman - Page 13 Famill11


Citation :
MME JACOBI : Mon mari est quelqu’un de très bien. Je n’ai aucun reproche à lui faire. Il est gentil, rangé. Il a été un excellent père. Nous ne nous sommes jamais disputés. Nous avons un appartement qui est bien et une bonne vieille maison de campagne qui nous vient de la mère de mon mari. Nous aimons tous les deux la musique de chambre, et nous nous sommes inscrits à un groupe de musique de chambre. Nous faisons donc de la musique.
MARIANNE : Mais tout ça me paraît très bien.
MME JACOBI : Très bien, oui. Mais il n’y a pas d’amour entre nous. Il n’y en a jamais eu.


Citation :
Je m’imagine avoir en moi des possibilités d’amour, mais elles demeurent enfermées dans une chambre close. […] Mes sens, je veux parler du toucher, de la vue, de l’ouïe, commencent à me trahir. Par exemple, je peux dire que cette table est une table. Je peux la voir, je peux la toucher. Mais la sensation que j’en ai demeure mesquine et sèche, vous me comprenez.


Citation :
Comment parler de ce qui n’a pas de mot. Comment expliquer que cela m’ennuie de faire l’amour, même si techniquement, tout se déroule parfaitement. Comment expliquer qu’on a envie de te battre quand on te voit toute propre et toute jolie en train de déguster tes œufs à la coque au petit-déjeuner ?


Citation :
Pour s’acheter une sécurité extérieure, ce monde exige un prix très élevé : accepter la destruction permanente de sa personnalité. […] Il n’est pas difficile de déformer dès le départ les tentatives d’un enfant qui veut se faire valoir. Dans mon cas, cela s’est passé grâce à l’injection d’un poison efficace à 100% : la mauvaise conscience. D’abord, vis-à-vis de maman, puis, vis-à-vis de mon entourage et pour finir, mais ce ne fut pas le moindre, vis-à-vis de Jésus et de Dieu.


Citation :
Il faut vivre en sachant que la solitude est totale. Alors, on cesse de se plaindre et de gémir. Alors, on l’a vraiment son assurance et on apprend à accepter l’absurde avec une certaine délectation.

*peinture de Adolf Uzarski
*peinture de Anton Räderscheidt
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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyJeu 2 Jan 2014 - 23:14

Pas vu celui-ci. Je le ferai bientôt pour interagir après avec ton commentaire.
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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyVen 3 Jan 2014 - 21:05

Je pensais bien que ça t'intéresserait ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptySam 29 Mar 2014 - 23:10

Je viens de voir Les Fraises sauvages, qui n'a pas exactement atteint mes attentes, mais qui est tout de même très bon. J'avais préféré Persona, du même réalisateur... je ne sais pas qui sera le prochain, peut-être Le septième sceau ?
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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyVen 6 Mar 2015 - 9:42

PERSONA

Une actrice et comédienne connue, Elizabet VOLKER (Liv ULLMANN), se retrouve à l'hôpital - l'a t'elle décidée, y a t'elle été conduite? peu importe - après s'être murée dans le silence, le lendemain d'une représentation où, après un long silence, elle a été prise d'une crise de fou rire. La jeune Alma (Bibi ANDERSSON) est chargée de la soigner.

Film étonnant et déroutant, comme l'a indiqué Coli. C'est lié à la psychanalyse apparemment, bien que je ne sois pas un amateur éclairé en la matière, mais c'est clairement compréhensible à posteriori. Persona, Elizabet Volker, c'est le corps, la façade. Alma, c'est l'intérieur de la façade, ce qu'il y a sous le corps. Alma parle beaucoup à sa patiente et dévoile ses pensées, ses sentiments. Y a t'il réellement une réponse de la part d'Elisabet, ne serait-ce que par un langage corporel ? On se le demande au départ. Ce léger sourire est-il bienveillant, amusé ? On ne connaîtra que partiellement les impressions de Persona, lors de rapports violents qu'elle peut avoir avec Alma, puis lors de leur affrontement final.

C'est aussi un film sur le drame, au sens général du terme - je crois - c'est à dire le jeu de l'acteur avec le spectateur. Persona, "l'actrice", entraîne des réactions et des sentiments forts chez Alma, "spectatrice". D'abord un amour-amitié, puis une détestation, une haine. Elizabet reste t'elle en "représentation", seulement une façade jouant un éternel rôle ? Ou est-ce seulement un miroir pour Alma, qui n'a jamais de réponse de la part de celle qui la regarde, et qui ne lui renvoie que l'image de ses propres questions ? Insondable mystère qui n'aura pas de dénouement.

Mais c'est aussi une réalisation et une photo superbes.
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MessageSujet: Re: Ingmar Bergman   Ingmar Bergman - Page 13 EmptyVen 7 Aoû 2015 - 22:46

Ingmar Bergman - Page 13 Film-s10

Sourires d'une nuit d'été

Ça ne manque pas de qualités ce jeu de massacre piquant avec mesures sur le couple. Un milieu bourgeois des caractères bien différents, ce qu'il faut de personnages extérieurs pour donner plus de saveur au mélange, des actrices et des acteurs tous excellents, la comédie n'empêche même pas quelques très bons coups d’œil.

Les sous-entendus qui passent faussement à couverts collent très bien au ton et à l'ambiance qui atteint même des moments de naturel. N'empêche j'ai somnolé sur le début et quand j'ai émergé j'ai eu des remords mais après j'en ai eu moins.

C'est bien et tout et tout mais je n'ai pu échappé à un ennui poli.
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