Ingmar Bergman

A propos de film curieux, par moments expérimentaux, il faut voir Persona.
Finalement, même s'il y a des thèmes sous-jacents qui reviennent souvent, Bergman a fait des films assez différents (comparons Persona avec Fanny och Alexander...)

Tiens, j'ai Crise et De la vie des Marionnettes sous le coude ; je ne les ai pas encore vus... Presque deux extrémités de son oeuvre.

coline a écrit:

Pour le coup, lorsque je regarde Scènes de la vie conjugale , je ne suis pas amenée à Bergman mais ...à moi-même...Ces situations, ces dialogues, je les connais déjà...

Merci Coline, tu as tout dit ! A présent, qu'est-ce que je peux rajouter moi, hein ?

Scènes de la vie conjugale est le premier film de Bergman que je regarde. Le sujet m'avait l'air intéressant, mais je ne m'attendais pas à tomber sur un feuilleton : 6 épisodes d'environ 50 minutes chacun, lorsque l'on s'attend à voir un film de facture classique, ça déstabilise d'emblée ! Tout compte fait, ce format convient très bien au thème, et il fallait au moins ça pour permettre à Bergman de creuser jusqu'au fond de ses personnages. En six épisodes, on a le temps de les connaître et de comprendre leurs défaillances ou leurs envies. J'ai parfois eu l'impression d'assister à un documentaire sociologique... L'étude des réactions des personnages m'a semblé vraiment réelle et à aucun moment je n'ai eu l'impression de me retrouver devant une fiction.

Sur le fond, la conclusion m'a semblé assez pertinente elle aussi, un peu à la Eyes Wide Shut. Si elle peut s'appliquer à la réalité ? Je ne sais pas, mais le point de vue se défend.

J'ai donc eu beaucoup de plaisir à regarder ce film et je poursuivrais bien avec Fraises Sauvages ou Persona, dont les résumés que vous avez faits tout au long de ce fil ont l'air très attrayants

Avant de finir, petite question en ce qui concerne Sarabande : il s'agirait donc de la suite de Scènes de la vie conjugale ? Si c'est le cas, je continuerais peut-être ma découverte de l'univers de Bergman avec ce film...

Finalement, je n'ai pas continué avec Sarabande mais avec Persona. Changement de style radical. J'ai été un peu déroutée. Alors que dans Scènes de la vie conjugale, tout est clair, méthodique, découpé en scènes avec une très grande méticulosité, le spectateur est complètement livré à lui-même dans Persona.

Le début est très étrange... On ne peut le comprendre qu'après avoir vu le film, et encore... C'est très minimaliste et dépouillé, j'ai eu peur de m'ennuyer en voyant cela, et puis le film se met en marche, avec les deux personnages d'Elisabeth et d'Alma.
Le thème est intéressant et en lien direct avec le titre du film puisque j'ai appris que la Persona était un concept de Jung qui signifie :

Citation :

la part de la personnalité qui organise le rapport de l'individu à la société, la façon dont chacun doit plus ou moins se couler dans un personnage socialement prédéfini afin de tenir son rôle social (…) Le moi peut facilement s'identifier à la persona, conduisant l'individu à se prendre pour celui qu'il est aux yeux des autres et à ne plus savoir qui il est réellement

Après, j'ai eu un peu plus de mal avec la fin du film, trop expérimentale ou pompeuse à mon goût. Encore une fois, j'ai peur d'être insensible à ce qu'il est convenu de trouver beau :

Citation :

Persona est un film inépuisable, à la perfection formelle éblouissante. Un de ces chefs-d’œuvre qui font avancer le cinéma, lui ouvre de nouveaux horizons.

Source

Peut-être à regarder plusieurs fois pour mieux comprendre et s'en imprégner ?

Peut-être pas le revoir de suite, colimasson, mais persévérer avec Bergman. Je me souviens d'un été où j'avais vu 20 films de lui à la suite (merci la médiathèque). Et découvert un univers fascinant et surtout pas figé dans un système. Quand on dit bergmanien, je comprends ce que l'on veut dire mais je trouve que c'est réducteur : quoi de commun entre ses premiers films, néo-réalistes, Une leçon d'amour qui est un bijou de légèreté, Persona, Les fraises sauvages, L'oeuf du serpent, Scènes de la vie conjugale ... Au passage, l'un des plus terrifiant est La Honte. Quant à Saraband, c'est bien la suite de Scènes, et c'est vraiment fort !

Ah, mais je ne comptais pas m'arrêter après Persona ! D'accord, ce film m'a un peu laissée sur ma faim, mais c'est bon signe, ça me donnera envie de revenir dessus, contrairement à d'autres films qui sont écoeurants dès le début et que l'on sait pertinemment que l'on ne reverra plus jamais.
Et puis, malgré tout, son univers reste intriguant. Les sujets que Bergman abordent me parlent et j'aime sa façon de voir les choses. Après, le fait que je ne comprenne pas tout dépend peut-être de mes capacités intellectuelles mais en m'accrochant, je finirai bien par pouvoir m'en faire une idée qui tienne la route

traversay a écrit:

Peut-être pas le revoir de suite, colimasson, mais persévérer avec Bergman. Je me souviens d'un été où j'avais vu 20 films de lui à la suite (merci la médiathèque). Et découvert un univers fascinant et surtout pas figé dans un système. Quand on dit bergmanien, je comprends ce que l'on veut dire mais je trouve que c'est réducteur : quoi de commun entre ses premiers films, néo-réalistes, Une leçon d'amour qui est un bijou de légèreté, Persona, Les fraises sauvages, L'oeuf du serpent, Scènes de la vie conjugale ... Au passage, l'un des plus terrifiant est La Honte. Quant à Saraband, c'est bien la suite de Scènes, et c'est vraiment fort !

C'est bien vrai que les films de Bergman peuvent être vraiment très différents les uns des autres...
Et le regard qu'on leur porte change au cours d'une vie... Le 7° Sceau m'avait vraiment impressionné, maintenant moins, je suis plus sensible aux Fraises Sauvages...
Persona est très intriguant, je l'ai vu trois fois, je crois, dont une au cinéma. Il résiste à la revoyure, ce qui n'est pas forcément le cas des films trop clairs.

colimasson a écrit:

Ah, mais je ne comptais pas m'arrêter après Persona ! D'accord, ce film m'a un peu laissée sur ma faim, mais c'est bon signe, ça me donnera envie de revenir dessus, contrairement à d'autres films qui sont écoeurants dès le début et que l'on sait pertinemment que l'on ne reverra plus jamais.
Et puis, malgré tout, son univers reste intriguant. Les sujets que Bergman abordent me parlent et j'aime sa façon de voir les choses. Après, le fait que je ne comprenne pas tout dépend peut-être de mes capacités intellectuelles mais en m'accrochant, je finirai bien par pouvoir m'en faire une idée qui tienne la route

Et puis, Colimasson, si tu veux en savoir un peu plus sur Bergman, lis donc Laterna magica (Folio).
Il est aussi génial en tant qu' écrivain... ou presque !

eXPie a écrit:

Il résiste à la revoyure, ce qui n'est pas forcément le cas des films trop clairs.

Oui et puis, rester sur l'impression de n'avoir pas pu découvrir tout ce qu'il y avait à découvrir dans un film laisse un sentiment de frustration qui donne forcément envie de revenir dessus. Et pas d'ennui lors des visionnages suivants, au contraire, il faut de la concentration pour ne pas laisser s'échapper les éléments qui permettent enfin de saisir le propos du film...

bix229 a écrit:

Et puis, Colimasson, si tu veux en savoir un peu plus sur Bergman, lis donc Laterna magica (Folio).
Il est aussi génial en tant qu' écrivain... ou presque !

D'accord, je penserais à toi si je croise le bouquin !

traversay a écrit:

Au passage, l'un des plus terrifiant est La Honte.

L'Heure du loup est pas mal non plus. Liv Ullmann disait parfois avoir peur en jouant dans ce film, tant les démons qui habitaient Bergman étaient sombres. Et c'est vrai que le film est vraiment oppressant (du bon Bergman, quoi!).

coli, c'est vrai que parfois certaines choses nous échappent dans ses films. Après tout, ce sont des films métaphysiques (dixit un de mes profs). Persona fait partie de ceux-là, mais quel chef-d'œuvre!!

Onuphrius a écrit:

Persona fait partie de ceux-là, mais quel chef-d'œuvre!!

Je ne sais pas si j'irais jusque là... Je le trouve trop fermé pour qu'il mérite le titre de chef d'œuvre.

Trouvé cette citation de Bergman en écho à Persona :

Citation :

Ce qui importe avant tout dans la vie, c'est d'être capable d'entrer en contact avec un autre être humain. Sans cela, vous êtes mort, comme le sont aujourd'hui tant de gens.

J'aime beaucoup

Tiens coli, une très belle analyse de Persona ici. D'ailleurs, ce site propose de nombreuses analyses des films de Bergman.

Merci Onu, je viens de la lire à l'instant !

Il y en a une autre très détaillée ici :

Lien

Merci coli, je ne connaissais pas

Je lirai tout ça un peu plus tard!

Résumé:

Citation :

Suède, 1846. Une troupe de théâtre un peu particulière, celle du docteur Vogler, fait route vers Stockholm. Ce théâtre magnétique et thérapeutique est attendu le soir dans un hameau. La vie du village va être bouleversée.

Source

coline a écrit:

Je dois être honnête, je n'ai pas pu regarder ce film jusqu'au bout...Peut-être ai-je mal choisi mon moment pour le faire? Je ne sais pas...

Je comprends tout à fait que tu n'aies pas pu regarder ce film jusqu'au bout Pour ma part je l'ai regardé en plusieurs fois parce que je n'aurais certainement pas résisté à une visualisation en un coup...
Sérieusement, ce film est tellement complexe qu'il faut faire preuve d'une attention à toute épreuve pour arriver à en comprendre toutes les subtilités (et un certain nombre d'entre elles m'a très certainement filé sous le nez ).

Bon, d'accord, Bergman c'est du cinéma exigeant mais quand même, pour faire une démonstration de l'illusion, était-il nécessaire de construire une histoire aussi tarabiscotée ? J'ai parfois l'impression que les films de Bergman c'est de la masturbation intellectuelle pas toujours très utile... Non pas que je n'aime que les films faciles avec une intrigue bien rodée et rien de compliqué à comprendre mais là, le message dans Le Visage n'était pas forcément intéressant, pas au point de déployer de tels moyens en tout cas...

Bref, tout cela est un peu fatigant et pas forcément utile à mon goût. Bergman aurait sans doute gagné à être moins obscur. Je commence à me décourager un peu dans ce qu'il fait.

Mais je confirme, l'atmosphère est très réussie et possède un charme gothique indéniable.
Plaisir des yeux au moins, si le plaisir de l'histoire n'est pas au rendez-vous



Une analyse du film (aussi complexe que le film lui-même ) : ICI