Pablo Trapero

Réalisateur, Acteur, Producteur, Producteur associé, Scénariste, Monteur argentin
Né le 4 Octobre 1971 à Buenos Aires (Argentine)

Grâce à Queenie qui s'est démenée pour faire des listes , merci Queenie!, j'ai retrouvé ma brillante analyse ( dans une prochaine vie, je serai critique de cinéma-ou informaticienne- ou analyste financière, avec moi, la crise, y aura plus-du tout-plus d'argent non plus)de El Bonaerense

Citation :

El Bonaerense
Film argentin 2003 Pablo Trapero( dont est sorti en novembre Nacido y criado que vous avez bien sûr tous vu)
avec Jorge Roman.






Bonaerense, c'est le nom donné à la police de Buenos Aires.
Zapa est serrurier dans un village perdu de l'Amérique profonde et son patron lui demande de rendre un service , l'aider à ouvrir un coffre-fort.
ce qu'il fait volontiers, hélas. Et le lendemain, le patron est envolé mais les flics sont là. Pour le tirer de là, son oncle, qui n'a pas l'air très clair mais qui a quelques relations, le fait engager dans la police locale de la province de Buenos Aires.
Ca c'est pour la fiction, le reste est du cinéma réaliste et presque documentaire sur un milieu où il n'y a aucune frontière entre pègre et police.Pas le moindre jugement, un regard ,c'est tout. Rien de neuf, mais une plongée dans l'univers glauque à souhait de la cité argentine...

Vu hier



Avec Martina Gusman, Elli Medeiros, Rodrigo Santoro

Une femme ( Martina Gusman,excellente, la femme du réalisateur)se réveille un jour couverte de sang, avec la gueule de bois, et dans son appartement deux hommes, un mort et un blessé. Un couple d'homosexuels qui s'étaient installés chez elle. Que s'est-il passé au juste? On ne le saura pas, et ce n'est pas le vrai thème du film. Elle est en tout cas condamnée à 10 ans de prison. Or, elle est enceinte , et en détention,ne va pouvoir garder son enfant que jusqu'à l'âge de 4 ans. Dehors, il y a sa mère, avec laquelle elle semble avoir des liens très difficiles et qui veut absolument récupérer cet enfant. Et l'on assiste au paradoxe qui fait que l'intérieur de la prison, avec son quartier destiné aux mères et enfants petits, va devenir pour cette femme une sorte de refuge- grâce surtout à la solidarité qui y règne- alors que l'extérieur est une menace, puisqu'on veut y envoyer cet enfant qui est tout pour elle. Avant d'être un film sur ce problème particulier des mères en prison, c'est un film qui parle de la maternité, et des liens qui se créent au fil des jours entre une mère et son enfant.
Très bien fait sur le plan documentaire ( il a tourné dans de vraies prisons, certaines détenues et membres du personnel ont participé)
J'aime beaucoup le regard de ce réalisateur.

Carancho

Citation :

Sosa est un "Carancho" : un avocat spécialisé dans les accidents de la circulation à Buenos Aires. Grâce aux assurances et à la corruption, il profite sans scrupules des nombreuses victimes de la route qui enrichissent une poignée d’avocats et de policiers mafieux.

Carancho : oiseau qui se nourrit d'animaux morts. Comme Sosa, avocat véreux qui s'engraisse sans états d'âme sur le dos des familles des victimes de la route (les accidents de la circulation, un vrai fléau argentin). Le 6e long-métrage de Pablo Trapero, présenté à Cannes l'an dernier, est d'une grande noirceur et se distingue par son climat oppressant et une mise en scène fiévreuse et nerveuse. On reprochera certainement au cinéaste d'avoir réalisé un film "américain" qui évolue progressivement vers le thriller nocturne. Argument recevable, mais l'aspect social, voire politique, est bien présent. Autre intérêt : cette liaison, on n'ose parler d'histoire d'amour, entre Sosa et une urgentiste toxicomane, comme la réunion de deux solitudes et de deux douleurs indicibles. Ces personnages sont incarnés par l'indispensable Ricardo Darin et Martina Gusman, l'épouse du réalisateur, formidable dans le précédent film de son mari, le très beau Leonera. Ce tandem de losers est filmé au ras du bitume, dans une ambiance morbide qui culmine dans une scène finale, d'une ironie suprême. Dans un registre voisin, Carancho n'a vraiment pas à rougir de la comparaison avec A tombeau ouvert de Scorsese.

Carancho, Pablo Trapero.

Sosa, un avocat arnaqueur aux assurances traque les accidents de la route pour aborder les victimes en plein dans leur état de faiblesse, et leur soutirer des signatures de contrat. Ce "rapace" rencontre Lujan, une urgentiste ambulancière droite dans ses baskets mais avec des failles (et des marques de piqûres de drogue aux pieds).

Un film moyen moins, finalement. Un film qui raconte des choses sans parvenir à retenir une grande attention. Il survole, et s'attarde sur des moments sans intérêt. Assez violent pour les âmes sensibles (éhé) mais tellement superficiel à tous les niveaux que les tensions provoquées par les scènes de lutte, ou d'accidents, retombent comme des soufflés ratés.

Bien aimé les scènes du quotidien de médecin, de l'hôpital, du décor des salles d'opération... Un côté très réaliste crado du système hospitalier (ça nous change des séries us toutes proprettes). Là, y'avait un vrai truc dans le rythme des scènes, dans l'enchaînement des plans, dans les mouvements de caméra, et la place des corps dans l'espace (très forte scène d'isolement dans une salle d'urgence, pendant que des coups de feu éclatent de l'autre côté de la porte).

Il ne restera sûrement vraiment pas grand chose de ce film d'ici quelques jours.

Queenie a écrit:

Carancho, Pablo Trapero.
Il ne restera sûrement vraiment pas grand chose de ce film d'ici quelques jours.

Eh bien moi, quinze jours après, il me reste bien en mémoire, ce bon film. Toujours des images en tête.

Carancho
Pablo Trapero

Le thème de Carancho est intéressant, cette rencontre improbable entre une jeune femme médecin urgentiste toxico et un avocat interdit de barreau (Sosa) qui s’est reconverti dans l’escroquerie aux assurances sur les accidents de la route. En effet, Sosa (et son organisation, La Fondation) empoche 100% des primes et n’en reverse que 20 % aux accidentés. Un marché juteux, et par conséquent semi-mafieux où tous sont impliqués, de l’avocat véreux en passant par l’infirmier-chauffeur des urgences, jusqu’au médecin chef de service de l’hôpital.

J’ai aimé l’ambiance réaliste de la camionnette des urgentistes avec caméra à l’épaule, les salles d’hôpitaux cradingues et surchargés avec des médecins trop rares et harassés. Par contre, d’autres aspects de la mise en scène m’ont déçue, les images sont réalistes, certes et ça c’est bien, ça colle avec l’ambiance, mais le réalisateur ne nous épargne rien, pas un détail gore n’est ignoré : très gros plans sur les prises de sang, les injections de défonce, les points de suture en direct live, et bien plus encore, genre pétage de jambe avec une masse de chantier), trop c’est trop. Trapero ne fait pas dans la dentelle, et nous rentre dedans coûte que coûte avec des cadrages chocs, que ça soit pour les scènes sanglantes ou les scènes d’amour et personnellement, j’ai trouvé ça plutôt maladroit et lourd. Ce n’est pas un mauvais film, mais il manque certainement de subtilité, et si le thème est quelque peu comparable au film de Scorcese (A Tombeau Ouvert) la mise en scène, elle, n’est pas au même niveau.

Ah oui, j'avais oublié ! Vraiment un gros dommage de ne pas ressentir la force de l'union de deux personnages principaux. Alors que l'affiche donne l'impression que ça va être viscéral leur histoire, un truc qui les "sauve", leur est vital, nécessaire, fort. Et à l'écran, ça ne passe pas, j'ai trouvé que ça restait trop anecdotique. D'ailleurs, la plupart de leurs scènes de LoveLove & Sex à tous les deux sont assez chiantes.

Queenie a écrit:

Ah oui, j'avais oublié ! Vraiment un gros dommage de ne pas ressentir la force de l'union de deux personnages principaux. Alors que l'affiche donne l'impression que ça va être viscéral leur histoire, un truc qui les "sauve", leur est vital, nécessaire, fort. Et à l'écran, ça ne passe pas, j'ai trouvé que ça restait trop anecdotique. D'ailleurs, la plupart de leurs scènes de LoveLove & Sex à tous les deux sont assez chiantes.

Tu vois bien que tu ne l'as pas oublié si vite
Je suis d'accord pour dire que ce n'est pas le meilleur film de Trapero. Je lui préfère Leonera et Voyage en famille. Nacido, criado, Mundo grua et El bonaerense sont aussi à voir. C'est le cinéaste argentin qui met le plus de social dans ses films. Quant au côté gore de Carancho, il ne m'a pas gêné. Les accidents de voiture sont effectivement un véritable fléau en Argentine. Et l'histoire d'amour reste marginale, c'est évidemment volontaire et je trouve que c'est mieux que la romance à deux pesos qui pointait son nez. Ben oui, je l'aime toujours ce film, parce qu'il a mauvais esprit finalement et qu'il a un peu agacé les argentins.

Faut que je le voie aussi celui-là! Il y en a trop en ce moment. Et en plus je dois voir enfin le Raoul Ruiz mardi soir!

Vu Carancho et je viens de découvrir ce fil. Je suis en phase avec les avis.
Les interprètes sont parfait, surtout Martina Gusman qui est criante de vérité dans son rôle de docteur urgentiste. Ne sachant absolument rien sur ce film, je découvre une histoire ou plutôt, je reconstitue l'histoire parce que Pablo Trapero n'est pas loquace mais la construction est maitrisé. La caméra colle au corps des personnages et participe de l'étouffement. On sent bien que les protagonistes n'auront aucun avenir et l'histoire d'amour qui s'ébauche n'est là que pour leur donner seulement un peu de chaleur dans leur solitude. Et puis, on s'en rend compte à la fin, mais tout était dit dans les toutes premières images du film.
L'univers qui est montré ici est désespérant, d'un réalisme crû et sordide. Mais ce n'est pas un reproche, que le cinéma serait fade si de tels films n'existaient pas!

Pitoyable et pourtant belle rencontre, celle de ces deux êtres tellement fatigués..
Très noir, oui, mais sans aucun doute très lucide et réaliste , dans ce qui est décrit des activités de ces caranchos bien sûr, mais aussi sur le manque de moyens matériels des urgentistes argentins!
Martina Gusman est encore une fois magnifique.

Elefante blanco

Citation :

Le "bidonville de la Vierge" dans la banlieue de Buenos Aires. Julian et Nicolas, deux prêtres et amis de longue date, œuvrent pour aider la population. Julian se sert de ses relations politiques pour superviser la construction d'un hôpital. Nicolas le rejoint après l'échec d'un projet qu'il menait dans la jungle, où des forces paramilitaires ont assassiné les habitants. Profondément choqué, il trouve un peu de réconfort auprès de Luciana, une jeune assistante sociale, athée et séduisante. Alors que la foi de Nicolas s'ébranle, les tensions et la violence entre les cartels dans le bidonville augmentent. Quand le ministère ordonne l'arrêt des travaux pour l'hôpital, c'est l'étincelle qui met le feu aux poudres

On retrouve toujours chez Pablo Trapero cette envie de témoigner des inégalités sociales, de dénoncer les dérives de la société argentine, de stigmatiser l'incurie des gouvernants. Son cinéma est souvent proche du documentaire sur lequel se greffe une fiction qui est plus ou moins crédible, plus ou moins convaincante. Malgré la force de son sujet -deux prêtres dans un bidonville-, Elefante blanco est loin d'être le meilleur film de son auteur sans s'apparenter pour autant un ratage. Sans doute Trapero a t-il voulu y mettre trop de choses difficilement compatibles, mêlant des considérations politiques aux tourments de ses deux principaux personnages. Le cocktail n'est pas indigeste mais c'est comme un repas trop copieux, on finit par ne plus reconnaître le goût des choses. Ricardo Darin, comme toujours magnifique, trouve à qui parler avec un Jérémie Rénier que l'on a rarement vu aussi intense. Malgré quelques réserves, Elefante blanco reste un film plus qu'estimable dans la cinématographie cohérente du cinéaste argentin.

Elefante Blanco



Un film qui divise la critique entre enthousiasme et tiédeur devant une oeuvre jugée trop ambitieuse dans sa façon d'embrasser une multitudes de thèmes quitte à se perdre... et que j'ai trouvé formidable.

D'abord frappé par l'ampleur de l'espace et du monde que l'on pénètre avec une puissance réaliste et métaphorique impressionnante. De la jungle amazonienne aux bidonvilles argentins la caméra en format scope nous donne à voir et à ressentir tout un univers où vie et mort s'affrontent constamment à l'image de cet Elefante Blanco, hôpital inachevé et monstrueux, qui semble menacer d'engloutissement cette vie grouillante alors même qu'il pourrait offrir autant de logements et d'espoir pour s'arracher à la misère et à la violence. Un hôpital en béton qui ne fait qu'abriter des adolescents condamnés et pourtant brûlant la vie par les 2 bouts. Une pierre tombale qui domine un labyrinthe dont on pénètre les ramifications avec une aisance hallucinante comme dans un film de Mendoza. La scène où le jeune prêtre cherche à rencontrer la chef des narcotrafiquants est géniale dans sa façon de créer un suspens topographique comme si on allait à la rencontre du Minotaure en traversant une multitude d'obstacles tous plus menaçants les uns que les autres. Entre ce sépulcre périphérique (l'hôpital) et ce coeur maléfique qui gangrène tout le bidonville dans des guerres de gangs incessantes, il reste un espace fragile pour se désirer, s'affronter, se réfugier dans la foi, chercher l'amour de l'autre... Et des hommes et femmes qui risquent leur vie pour tenter de leur venir en aide.

Le film s'intéresse à ce dévouement presque inconditionnel et irrationnel de ces 2 prêtres et de cette assistante sociale qui ne savent pas très bien pourquoi ils sont là, qui doutent et voudraient fuir mais se sentent toujours irrémédiablement attirés par ce monde dont le paradoxe est d'abriter une vie d'autant plus intense qu'il est en train de s'effondrer. Le cinéaste communique cette pulsion de vie et ces déchirements de chaque protagoniste. Tous sont clivés comme ce gamin qui peut tuer comme dire au prêtre combien il l'aime et lui a manqué. On comprend pourquoi ces populations ont un tel besoin de foi pour conjurer toute cette peur et cette souffrance. Le film tout en restant d'un réalisme quasi documentaire atteint une dimension presque mythologique qui m'a époustouflé.

Certes il n'y a pas tout à fait la force émotionnelle de "Même la pluie" auquel on pense parfois sur des thèmes approchants mais sa puissance visuelle et cette capacité à fusionner forces de vie et de mort donnent au film une richesse peu commune. Et je ne parle même pas des enjeux politiques et sociologiques.



A souligner que le réalisateur a utilisé 2 morceaux de Michael Nyman présents dans des B.O antérieures. Le célèbre Fish Beach de Drowning by numbers mais surtout A satire against reason qui donne une tonalité sépulcrale et mélancolique bouleversante notamment dans la dernière séquence dans le monastère.

Un très beau film!!

Pour ceux qui auraient envie de le voir mais qui n'ont pas de cinéma pour le projeter (dommage il faut vraiment le voir en salle pour le coup!) il est disponible en DVD/Bluray avec les sous-titres français... Merci amazon.

El Clan (2015). "D'après une histoire vraie". Lion d'argent du meilleur réalisateur à Venise en 2015 ; Goya 2015 du meilleur film sud-américain... Production d'Almodovar.

Nous sommes en Argentine dans les années 80. Une famille, quasiment un "clan", kidnappe des gens contre rançon. Ils les tuent une fois qu'ils ont touché l'argent, c'est plus prudent.
On n'a pas affaire à une famille qui respire le crime. Ils sont propres sur eux, un des fils est une star du rugby. En fait, les filles de la famille ne savent pas (ou ne veulent pas savoir) qu'il y a parfois des gens dans la cave de la maison.
Arquimedes Puccio, le père de famille et chef de clan (interprété par Guillermo Francella, très bon) régente la famille. Bénéficiant de la complicité de certaines personnes haut placées, il finit par penser qu'il peut tout faire.
Le film suit surtout le fils rugbyman, qui bien que n'étant pas très malin est tout de même attachant. Il joue collectif dans son équipe de rugby ; de la même façon, il joue collectif en famille, il ne discute pas trop les ordres.

Le film est efficace, mais j'ai toujours des réticences vis-à-vis des flashbacks destinés à montrer dès le début que ça se finit mal (je me permet de le dire, vu que ça commence comme ça : mal). D'accord, ça met de la tension, mais j'ai l'impression que c'est un aveu de faiblesse de la part du réalisateur, qui utilise le montage pour mettre de la tension et de l'intérêt. C'est un peu comme un exhausteur de goût.

Il y a aussi quelques petites choses stupides : pourquoi laisser quelqu'un hurler dans sa cave pendant des jours, alors qu'un simple bâillon peut résoudre le problème ? Franchement ? (ou c'est très stupide - ou bien il y a quelque chose que je n'ai pas compris). J'ai été aussi un peu gêné (bêtement ?) par tant de musique anglo-saxonne. Et pourtant, j'aime bien les Kinks (Sunny Afternoon).

Ceci dit, ça reste un assez bon film de genre.
Ah, fait exceptionnel : c'est un film argentin sans Ricardo Darín.

Bande-annonce et, à droite, "Sunny Afternoon" des Kinks