Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Emmanuel Carrère

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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyMar 25 Sep 2007 - 18:12

Comme j'ai cerclé Je suis vivant et vous êtes mort, la biographie de Philip K.Dick par Emmanuel Carrère, je copie-colle la note que j'en avais fait dans mon blog, pour vous donner une idée...


Je suis vivant et vous êtes morts, Philip K. Dick 1928-1982

J'ai lu récemment la biographie de l'écrivain Philip K. Dick et celle de la chanteuse de jazz Billie Holiday. Histoire d'en apprendre plus que les clichés habituels sur ces "deux légendes américaines disparues prématurément après avoir dissous leur talent dans l'alcool et diverses substances chimiques blablabla..."
Mais je ne m'attendais pas à ce que ces deux livres, au delà de l'aspect informatif, illustrent chacun aussi bien les réussites et les ratages du genre biographique!

Commençons donc par cette grande réussite qu'est Je suis vivant et vous êtes morts, d'Emmanuel Carrère . Philip K. Dick est un des maîtres de la Science-Fiction, mais cet ouvrage vous captivera même si vous n'êtes fan ni de l'auteur ni du genre. Car il s'agit aussi bien du récit d'une vie hors-normes que d'une fascinante étude du fonctionnement de l'esprit humain et de la création littéraire.

Aussi loin qu'il remontât, il avait toujours, de tout son être, repoussé l'idée que ce qui lui arrivait pouvait être le fruit du hasard, d'une danse d'électrons privée de chorégraphe, de combinaisons aléatoires. Pour lui, tout devait avoir un sens et il avait vécu, scruté sa propre vie en fonction de ce postulat. [...]
Cette intuition que nous éprouvons tous, plus ou moins honteusement, donne sa pleine mesure dans deux systèmes de pensée: le premier est la foi religieuse, le second la paranoïa [...].



Cette quête d'un sens que l' on nous cacherait soigneusement, Philip K.Dick l'a poussée à l'extrême et fait en chemin l'expérience des drogues et du mysticisme. Et heureusement pour nous, il en a surtout fait le sujet principal de son oeuvre. Persuadé que le réel est "la couverture d'autre chose" , il piège ses héros dans des simulacres de réalité, il les dote de souvenirs factices, il en fait des pantins manipulés par des entités puissantes et énigmatiques ... Sapant nos certitudes et repères, il pointe la relativité des perceptions physiques: qu'est-ce qui nous prouve que nous sommes vivants, que ce que nous prenons pour la vie n'est pas un coma, un rêve, une demi-mort ? La découverte de l'univers Dickien (avec Ubik) a été pour moi un moment de lecture inoubliable.

Carrère mêle habilement épisodes de la vie de Dick et intrigue de ses romans, portrait de l'écrivain et celui de ses héros, et ils se font tellement écho que l'on croit lire à la fin un autre titre de l'auteur du Maître du Haut-Chateau, du Dieu venu du Centaure, de Substance Mort, Les androides rêvent-ils de moutons électriques (adapté au cinéma sous le titre Blade runner...)
Ce récit peut aussi se lire comme une troublante réflexion sur les liens entre création littéraire et folie. Angoissé, puis paranoïaque et schizophrène, Dick a toujours vécu avec des troubles psychiques. Confronté très jeune aux psychiatres, il est passé maître dans l'art de les mystifier, et a fini par connaître si bien la typologie des maladies mentales qu'il en fera le sujet d'un roman. Mais il en est aussi prisonnier, sujet à des épisodes délirants et au dédoublement de personnalité.
Cependant, quand, temporairement "guéri" et plus ou moins clean, il arrive à la conclusion que le réel est" simple, compact et dur comme une pierre", "sans double-fond", sa créativité littéraire se tarit. Carrère le compare alors au triste Don Quichotte agonisant, libéré de sa folie et reniant son amour pour les romans de chevalerie, mais perdant ainsi la vie."Je suis vivant et vous êtes morts" est le message adressé à Joe Chip, le héros d'Ubik, par son patron. Et le moment où Joe réalise que ce qu'il croit vivre n'est que le rêve tissé par son corps mourant depuis un lit d'hôpital. Pourrait-on aussi le comprendre comme "ma folie me maintient en vie, elle nourrit ainsi mon oeuvre tandis que votre lucidité vous tue" ?...

Dick peut sembler excentrique et marginal, mais Carrère montre aussi à quel point il s'est fondu dans son époque, dans l'Amérique de la guerre froide et du maccarthysme, où "la paranoïa est devenue la passion la mieux partagée". Ensuite, la Californie des 60s faisant avec enthousiasme,sous l'égide de Timothy Leary et Carlos Castaneda, l'expérience d'un mysticisme imbibé de LSD, puis celle de l'addiction aux drogues dures dans les 70s, et ensuite voyant l'émergence du new age.
Ceux qui ne connaissaient pas Philip K. Dick se rendront compte en refermant ce livre de son impact sur les auteurs et cinéastes actuels. Indéniablement dickiens, le héros cobaye et l'univers factice du Truman Show, la réalité virtuelle de Matrix, les androïdes de Ghost in The Shell, l'ambiance sino-japonisante de plusieurs films de SF...sans compter les adaptations qui continuent à être faites de ses romans, dernièrement le plutôt réussi Minority Report.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyMer 26 Sep 2007 - 9:09

il n'y a pas de fil sur k.Dick sur parfum ? peut-être pourrais-tu le créer en faisant un doublon de ce message (qui va chez les deux auteurs). je dis ça, mais à part l'adaptation de A scanner darkly, je n'ai pas aimé grand chose qui vienne de cet auteur. Mais bon, un jour, je lirai Ubik, un jour ! Il a quelque chose qui m'attire, et en même temps, j'ai parcouru le château et blade runner et ai trouvé le style insipide... confused
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyMer 26 Sep 2007 - 12:56

Queenie a écrit:
il n'y a pas de fil sur k.Dick sur parfum ?

Apparemment non. Je vais en ouvrir un avec quelques infos biographiques, une partie de ma critique du bouquin de Carrère et quand j'aurai le temps une critique de ses romans (Ubik en particulier).

Le style n'est pas le fort de Dick, il faut le reconnaître et la traduction ne doit rien arranger. C'est plutôt le côté déstabilisant voire vertigineux de ses romans à double-fond, ce mélange réalité/fantasme/folie qui est intéressant, et qui a inspiré tant d'autres auteurs.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptySam 6 Oct 2007 - 9:39

J'ai enfin terminé mon billet sur "Un roman russe"

Emmanuel Carrère mène l'enquête au sujet de son grand-père maternel, disparu dans la tourmente de la Libération. Son ombre silencieuse et mystérieuse plane depuis sur la famille, devenant tabou. Qui était ce grand-père, émigré russe ne parvenant pas à s'intégrer dans la société française, homme aux multiples facettes et à la grande culture?
Il part en reportage en Russie, à Kotelnitch, petite ville glauquissime, où un hongrois, fait prisonnier à la fin de la guerre par les troupes russes, est retrouvé 56 ans après puis rapatrié chez lui. Et si son grand-père revenait lui aussi?
Au cours du séjour en Russie, Emmanuel renoue avec la langue de sa mère, ce russe qu'il peut lire et écrire mais qu'il ne peut parler. C'est une longue marche vers les origines, vers les non-dits, vers le secret, vers le sombre et vers la souffrance. Souffrance de sa mère qui porte le poids de l'absence paternelle. Ce père qui s'est sans doute laissé embarquer, à l'image de ce hongrois perdu en Russie, par sa connaissance de l'allemand et de la culture allemande.
Toujours est-il qu'il n'est guère facile pour Emmanuel Carrère de s'y retrouver: une vraie salade russe! Doit-il aller jusqu'au bout des recherches malgré la douleur de sa mère? Doit-il le faire pour lui, pour elle, pour eux?
Ce roman n'est guère facile à commenter car il part dans de multiples directions, certaines plus intéressantes que d'autres.
Il y a un aspect qui m'a vraiment agacée: son côté bourgeois-bohême qui côtoie le menu peuple tout en le méprisant un peu (il vit avec une jeune femme, Sophie, issue d'un milieu plus populaire et moins cultivé que le sien), son côté gosse de riche qui se plaint d'une vie qui m'a semblée dorée et protégée malgré tout. Certes, les gens aisés ont leurs soucis, leurs obsessions, leurs angoisses et leur quête de soi, mais là, j'ai trouvé qu'il en faisait un peu trop. Cependant, cette agaçante manière de faire a son importance dans le déroulement de l'histoire: le lecteur saisit mieux la portée de l'épisode de la fameuse nouvelle publiée dans Le Monde, un été. L'ego de l'artiste, du créateur en prend un coup et ne se remet pas de l'indifférence affichée par Sophie, qui avait d'autres soucis à régler que se plonger dans la lecture de cette nouvelle. Le caractère odieux du personnage prend une ampleur incroyable et mon degré d'irritation s'est retrouvé en hausse. Par ailleurs, la nouvelle érotique est amusante à lire, bien ficelée à l'argument original. Etait-il nécessaire qu'elle fasse partie du roman? C'est une question qui m'a un tantinet tarabustée: finalement, elle a sa place car elle fait corps avec le personnage et sa relation amoureuse. Elle est le déclencheur d'une vérité qui ne se disait pas: la déliquescence du couple!
Par contre, j'ai été enthousiasmée par les épisodes se déroulant en Russie. Carrère a l'art et la manière de raconter, de saisir et de mettre en images les atmosphères. Il nous fait circuler, grâce à ses mots, dans les rues sordides et blèmes de Kotelnitch, il nous fait côtoyer les bandits, les fonctionnaires corrompus, les membres de la police, qui n'est même plus secrète, avec un réalisme extraordinaire. Le lecteur est à ses côtés quand il trinque, se soûle avec les russes rencontrés et vit une aventure exotique aux effluves de vodka et de graillon de mauvaise qualité! Il conte une Russie déjantée, perdue entre neige et boue, entre passé épique et présent glauque et désenchanté.
Puis, la lettre à sa mère, en guise de conclusion qui amène plus de questions que de réponses, mais qui exprime un attachement filial profond et sincère. Elle dit également les souffrances du non-dit....une bouteille dans la mer des secrets familiaux qui lentement consument et rongent les générations qui se suivent et s'y engluent.

Une belle lecture qui me donne envie de lire d'autres roman de cet auteur!
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MessageSujet: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyLun 3 Déc 2007 - 16:11

Emmanuel Carrère

Quand on survole la bibliographie de cet auteur, on a d'abord le sentiment que chaque ouvrage semble n'avoir pas de points communs avec les autres. Qu'on en juge par quelques exemples : un roman fantastico-absurde dans la lignée de Kafka ("La moustache"), une biographie romancée d'un romancier de science-fiction ("Je suis vivant et vous êtes morts"), un roman sur l'enfance et ses fantasmes ("La classe de neige"), un autre sur la passion destructice du jeu ("Hors d'atteinte), un roman-reportage sur l'affaire Jean-Claude Romand ("L'Adversaire"), un essai sur l'uchronie ("Le détroit de Behring"), etc...
Bref, Carrère semble écrire chacun de ses livres selon le caprice du moment, selon le sujet qui le touche à un instant précis (n'oublions pas que le bonhomme a été journaliste).
Pourtant, à y regarder de plus près, chaque ouvrage tourne autour d'une thème bien précis, sur lequel Carrère revient en permanence, tel une obsession, et - c'est là pour moi toute son originalité - en utilisant diverses formes d'expressions (fiction, biographie, reportage, essai) même si, avec lui, le style reste toujours proche du roman.
Ce thème, c'est l'individu qui, à un moment donné, perd contact avec ce que nous appellons communément la "réalité" (disons la réalité consensuelle). Et l'aliénation qui en découle pour cet individu. Un sujet de fascination que je partage avec cet auteur.

Dans "La moustache", un homme pense faire une surprise à ses proches en se rasant la moustache. Surprise : personne ne remarque le changement. Pire encore : on lui annonçe qu'il n'a jamais porté de moustache ! Ce qui commençe comme un gag devient peu à peu une tragédie où la subjectivité d'un individu (l'idios cosmos disait les Anciens grecs) n'est plus raccord avec la réalité objective (koïnos cosmos), menant finalement cet individu à la folie.

Dans "Je suis vivant et vous êtes morts", biographie de Philip K. Dick, Carrère raconte avec un vrai talent de romancier l'itinéraire d'un écrivain qui a fondé toute son oeuvre sur la remise en question du réel, qui s'effondre souvent pour laisser la place à une subjectivité qui la remplace. Mais Dick lui-même a souffert toute sa vie d'une inadaptation au monde. Ce déphasage, il en a fait la matière première de ses romans.

Dans "L'Adversaire", nous suivons le parcours tout aussi aberrant de J.C. Romand, un homme dont toute la vie - en particulier professionnelle - n'est qu'un énorme mensonge, qui a duré plus de 15 ans. Prétendant travailler pour l'OMS en tant que chercheur, Romand n'était rien. Situation de déphasage extrême pour un homme qui n'était plus réellement dans le monde auquel il faisait semblant d'appartenir.

Dans "La classe de neige", un enfant mal adapté lui aussi, en vacances de neige, élabore tout un monde de fantasmes morbides où il est question de tueur d'enfants et de traffic d'organes.

Et même quand Carrère quitte le domaine du roman pour celui de l'essai, avec "Le détroit de Behring", c'est pour parler de l'uchronie, genre littéraire qui consiste à imaginer ce que l'Histoire aurait pu être si les événements avaient suivis une direction différente (et si les Allemands avaient gagné la Seconde Guerre mondiale ?). Là encore, nous retrouvons le thème du déphasage mais cette fois, non plus à l'échelle d'un individu face à la société, mais à celle de l'Histoire tout entière (Histoire au conditionnel contre Histoire au présent).

On peut constater, à travers ces quelques exemples, à quel point une oeuvre qui semblait disparate au premier coup d'oeil se révèle former un tout cohérent. Et fascinant.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyMer 5 Déc 2007 - 21:34

"L'Adversaire"

Avec « L'Adversaire », Emmanuel Carrère revient sur une des affaires criminelles les plus troublantes de la fin du XXème siècle : l'affaire Jean-Claude Romand.

Ayant assisté au procès, s'étant mis en rapport avec les proches de l'accusé et des victimes, avec divers témoins, avec des psychiatres, des avocats, des magistrats, avec Jean-Claude Romand lui-même, avec qui il a correspondu, Emmanuel Carrère relate dans ce livre le parcours hors du commun de cet homme qui aura vécu dans le mensonge pendant près de vingt ans jusqu'à ce que la réalité le rattrape et fasse de lui un meurtrier.

Le lundi 11 janvier 1993 vers quatre heures du matin les pompiers interviennent pour maîtriser un incendie qui s'est déclaré dans une habitation d'un quartier paisible de la petite ville de Prévessin-Moëns (Ain). De cette belle maison, occupée par une famille sans histoires, les soldats du feu vont réussir à sauver une seule personne, le père de famille, le docteur Jean-Claude Romand. Pour ce qui est de sa femme Florence et ses deux enfants, Antoine et Caroline, il est trop tard.
L'homme, dans le coma, est évacué sur l'hopital de Genève.

Très rapidement, les gendarmes font d'étranges découvertes sur les corps de Florence Romand et de ses deux enfants. Leur décès à tous les trois n'est pas dû à l'incendie. Florence Romand a eu le crâne fracassé par un objet contondant. Antoine et Caroline ont été tués par balles.
Le jour même, à 80 km de là, à Clairvaux-les-Lacs (Jura), l'oncle de Jean-Claude venu au domicile des parents de celui-ci afin de leur annoncer la terrible nouvelle, trouve leur maison fermée. Inquiet, il force la porte et découvre les corps de son frère, de sa belle-soeur et de leur chien, tués par balles eux aussi.
Les enquêteurs s'interrogent et décident d'en apprendre un peu plus sur la personnalité du docteur Romand. Ils contactent pour cela le siège de l'O.M.S. à Genève où Romand est maître de recherches détaché de l'INSERM de Lyon. Stupeur ! A l'O.M.S. personne ne connaît de docteur Romand, pas plus qu'à l'INSERM ni non plus à la faculté de Dijon où il a toujours assuré donner des cours.

Peu à peu, la réalité apparaît au grand jour. Le docteur Romand, ce père de famille exemplaire, ce mari idéal, chercheur à l'O.M.S où, dit-il, il côtoie les plus grandes sommités médicales – n 'est-il pas l'ami de Bernard Kouchner et de Léon Schwarzenberg ? – le docteur Romand, cet homme au physique rassurant, cet homme discret et modeste sur sa carrière qui le fait évoluer au sein des hautes sphères scientifiques, cet homme qui vivait grand train, qui assistait à des colloques à l'étranger, qui était reçu sous les ors de la République, cet homme n'est rien !
Pendant près de vingt ans Romand a menti, à ses parents, à ses amis, à sa femme et à ses enfants. Alors que tout le monde le croyait au travail, il errait des journées entières, garnt sa voiture sur des aires d'autoroute, des parkings de supermarché. Quand il annonçait à ses proches qu'il se rendait à l'étranger pour un colloque, il s'enfermait plusieurs jours dans une chambre d'hôtel près de l'aéroport où il passait son temps à lire des revues médicales et à regarder la télé.

Pourquoi ? Pourquoi Romand a-t-il basculé ? Pourquoi cet élève doué à l'école, cet enfant discret et effacé, promis à de brillantes études de médecine a-t-il dérapé ? Pour quelle raison – alors qu'il se trouve en première année de médecine – ne s'est-il pas présenté aux examens de fin d'année ? Pour quelles raisons a-t-il fait comme s'il avait réellement passé les épreuves ? Pourquoi a-t-il fait croire à tout le monde, à ses parents, à ses amis, à celle qui deviendra sa femme, qu'il suivait toujours le cursus de ses études de médecine ? Le premier mensonge, celui qui lui fera affirmer qu'il est reçu en seconde année de médecine, ce premier mensonge a-t-il été le début de l'engrenage dans lequel Romand va mettre le doigt puis toute sa personne ?

Mais comment faire croire aux autres, à sa propre famille, que l'on est un chercheur reconnu, une autorité au sein de l'O.M.S si l'on n'a aucun revenu ? Pour Romand c'est bien simple, pendant près de vingt ans, en leur faisant croire qu'il peut leur faire bénéficier de placements avantageux, Romand va dépouiller ses parents, ses beaux-parents et même sa maîtresse. Car Romand a une maîtresse qu'il invite dans les plus chics restaurants parisiens, à qui il offre des bijoux d'une valeur inestimable. Tout ceci avec l'argent que lui ont confiés ses proches. Et l'escroquerie durera des années sans que personne – ou presque – ne s'en aperçoive.
Mais l'argent s'épuise peu à peu et Romand voit venir le moment où il devra faire face à la réalité et avouer à la face du monde qu'il n'est rien, qu'il a trompé non seulement son monde mais aussi qu'il s'est trompé lui-même en s'inventant de toutes pièces une carrière, une personnalité, des relations et même un cancer bénin – un lymphome – qui lui a attiré la compassion de son entourage.

L'étau se resserre et Florence Romand a peut-être – à un moment où à un autre – éprouvé des soupçons envers son mari ? Toujours est-il que Romand se sent pris au piège. Il est trop tard pour tout avouer. Il est allé trop loin. Qui lui pardonnera ? Alors Romand décide d'en finir. Mais pour cet homme au psychisme trouble, en finir avec lui-même implique aussi d'en finir avec les autres, et d'effacer ainsi toutes traces de ses mensonges.

C'est ainsi que le samedi 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand tue sa femme Florence, encore endormie, en lui assénant de violents coups de rouleau à pâtisserie. Il descend ensuite au salon où ses enfants regardent la télévision. Il passe environ une heure avec eux, leur prépare leur petit déjeuner, puis sous prétexte de prendre leur température – il prétend les trouver fiévreux – il les fait monter l'un après l'autre dans leur chambre où il les tue avec une carabine.
Il sort ensuite de chez lui et se rend à Clairvaux-les-Lacs, déjeune avec ses parents, puis les tue tous les deux, l'un après l'autre – ainsi que leur chien – à coups de carabine.
Il partira ensuite pour Paris où il échouera dans sa tentative d'assassiner sa maîtresse. De retour dans la maison familiale, il passera l'après-midi à regarder la télévision alors qu'à l'étage gisent les corps de sa femme et de ses deux enfants. Tard dans la nuit, il prend des barbituriques, répand de l'essence dans toute la maison et met le feu.
La suite, on le sait, verra échouer sa tentative de suicide.

C'est le déroulement effroyable de cette histoire que nous relate Emmanuel Carrère, ainsi que ses suites judiciaires et les questions qui se posent inévitablement face à un tel drame et surtout face à un personnage tel que Jean-Claude Romand, mythomane, affabulateur, escroc et meurtrier. On suit pas à pas l'enquête et l'on découvre peu à peu la personnalité et le parcours de cet homme, les circonstances qui l'ont poussé à aller toujours plus loin dans l'art du mensonge, de la manipulation et de la dissimulation jusqu'à ce que la situation devienne intenable au point qu'il soit trop tard pour revenir en arrière et qu'il faille prendre des mesures extrêmes. C'est le portrait qui pourrait être tragique, mais finalement pathétique, d'un homme dépassé par ses propres illusions et qui se révelera trop lâche pour assumer dignement les conséquences de ses actes.

Drame humain, tragédie moderne, « L'Adversaire », ce récit terrible et poignant lève un coin du voile sur la personnalité trouble et énigmatique d'un homme qui, pour fuir la réalité de son échec, a choisi de massacrer les siens en pensant s'effacer lui-même.

« L'Adversaire » a été porté à l'écran en 2002 par Nicole Garcia avec Daniel Auteuil dans le rôle de Jean-Claude Romand.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyJeu 6 Déc 2007 - 1:27

Citation :
Là encore, nous retrouvons le thème du déphasage
Et as tu lu, K, Un roman russedans lequel, finalement, Emmanuel Carrère révèle l'origine ( selon lui...) de ce déphasage?

L'adversaire est un livre qui m'avait profondément troublée. a cause de l'histoire relatée bien sûr, et de la somme de non- communication qu'elle sous-entend, c'est absolument énorme de pouvoir pendant tant d'années jouer un tel jeu.
Et puis à cause de l'intérêt d'Emmanuel Carrère pour ce personnage..et je me suis toujours demandé s'ils communiquaient toujours, ou si,Romand n'avait servi que de sujet d'étude, si ce n'est de transfert de ses propres angoisses d'usurpateur...
Ceci dit, je trouve qu'Emmanuel Carrère avait très bien cerné deux points centraux , la solitude intense du personnage, pourtant entouré...et, dans une époque qui attache tant d'importance à l'image donnée, l'impossibilité absolue pour lui (jusqu'à aller tuer tous les siens...) d'affronter la sienne.
Mais cela, c'est assez courant et je crois que Charles Dantzig vient d'écrire un roman qui parle de la psychologie des mythomanes, , qui sont des gens très malheureux, Je m'appelle François.

Citation :
tragédie moderne,
: je ne sais pas...Je crois que c'est le drame de certaines personnalités fragiles dont on attend trop- ou mal ( on, en particulier les parents..) , et qui ne savent pas s'opposer dans la réalité au chemin tracé. Mais ils le refusent quand même par toute une série d'actes manqués, de ratages..
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyJeu 31 Jan 2008 - 3:27

Je suis en train de lire Un roman russe, et pour le moment je dois dire que j'aime beaucoup (mais je n'en suis qu'à la pge 70).
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyVen 7 Mar 2008 - 8:13

UN ROMAN RUSSE

Un roman russe n'est pas un roman mais une sorte de biographie familiale et de rapport professionnel. En effet, Emmanuel Carrère dévoile un secret de famille suite au tournage d'un documentaire sur la terre de ses ancêtres, la Russie. Ce secret qui n'en est plus un pèse sur sa mère, Hélène Carrère d'Encausse qui refuse d'en parler; Emmanuel Carère, lui, a besoin de s'exprimer sur ce sujet et il a choisi de le faire par le biais de ce livre, malgré l'opposition de sa mère.

On obtient un livre très personnel mais fort intéressant, mêlant l'aspect journalistique lorsqu'il évoque ses séjours à Kotelnitch, ville grise de Russie et le personnel: sa famille, bien qu'il n'en fasse pas étalage et la relation tumultueuse qu'il vit avec Sophie, une jeune femme qu'il aime éperdument et qu'il méprise tout à la fois car ils ne sont pas du même milieu social.

J'aime énormément la façon d'écrire d'Emmanuel Carrère qui, je trouve, possède un véritable talent d'écrivain. Il sait créer une ambiance, assembler les mots pour en faire des phrases stylisées mais pas pompeuses. En cela donc, j'ai vraiment beaucoup aimé Un roman russe. J'ai moins aimé les quelques scènes sexuelles, notamment celle qui accueille le lecteur, et qui n'ont à mon sens peu d'intérêt.
Je m'attendais à un réglement en règle contre sa mère, il n'en est rien: Emmanuel Carrère a tenté de comprendre sa réaction, sans la juger et pensant l'aider à surmonter son "secret". J'ai été touchée par ça, tout comme par les personnes rencontrées à Kotelnitch.
Emmanuel Carrère, lui, ne m'a pas touchée;il est certes talentueux mais aussi égoïste, méprisant, imbu de sa personne même s'il est assailli de doutes. Bref, un homme imbuvable, et il ne s'en cache pas spécialement..
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyLun 6 Avr 2009 - 11:27

D'autres vies que la mienne.

Résumé tiré de chez Evène
Citation :
A quelques mois d'intervalle Emmanuel Carrère a été témoin de deux événements qui l'ont marqué : la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son
mari. Quelqu'un lui a alors passé une commande qu'il a acceptée : écrire leur histoire. L'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal d'instance de Vienne. Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et surtout d'amour...

Encore une fois j'ai adoré son roman! Un roman très fort qui nous parle comme le résume Evène de la vie dans son sens le plus large, la mort, l'amour, la douleur, tout ce qui unit les hommes et les sépare, tout ce qui reste de chacun de nous une fois disparu, toutes ces choses qui ne peuvent être sauvées que par l'écriture.

C'est bien différent d' Un roman russe souvent taxé (à tort à mon goût!) de trop nombriliste. Ici Carrère se contente de retanscrire le plus honnêtement possible ce qu'il a vu et ressenti devant ces vies broyées par le destin, en se bornant à la simple écoute, à l'observation scrupuleuse livrée chronologiquement.

Aucun pathos, l'écriture est claire et précise, on entre complètement en empathie, tout comme lui, avec ces personnalités qu'il a cotoyées, tenté d'aider, et surtout tenté de comprendre. Ami impuissant, confident fidèle, l'auteur torturé apparait enfin réconcilé avec lui-même, et nous renvoie une formidable et déchirante humanité. Sa vision devient alors une belle réflexion touchante et très sincère sur ce qui constitue le bonheur, et qu'il pense avoir trouvé enfin, en s'ouvrant aux autres...

Il y a des passages magnifiques de sobriété qui m'ont tout de même retournée et que je me suis plu à relire, les larmes aux yeux la première fois, parce que parfois simplement, la douleur et la beauté se rejoignent:

Citation :
Elle restait silencieuse, absente, affreusement calme. C'était comme si Jérôme et Philippe, car Philippe donnait vaillamment la réplique à son gendre, excécutaient une danse sacrée autour d'elle,comme s'ils n'arrêtaient pas de lui crier: ne pars pas, nous t'en supplions, reste avec nous.
Ruth, assise à côté d'elle, lui a plusieurs fois pris la main, timidement comme si elle n'en n'avait pas le droit, tendrement parce qu'elle en avait le droit, malgré tout ou parce que personne n'en n'avait le droit, ou parce que tout le monde l'avait, et il n'y avait plus de droit, plus de bienséance, plus que ce bloc de douleur blonde, gracieuse, sans remède et le besoin de lui prendre la main.


Coup de coeur. ❤
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyMer 15 Avr 2009 - 6:28

Promis, Aériale, demain, je viens t'appuyer pour le livre d'Emmanuel Carrère!
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyMer 15 Avr 2009 - 10:34

Je suis tentée très fort et à la fois je redoute de lire ce roman...Et est-ce vraiment un roman?...
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyMer 15 Avr 2009 - 23:47

Citation :
Je suis tentée très fort et à la fois je redoute de lire ce roman...Et est-ce vraiment un roman?..
Non, ce n'est pas un roman, et je ne pense pas que tu devrais le lire, Coline, il y a certains moments très durs.
Il a été demandé deux fois, par deux personnes différentes , le grand père d'une petite fille tuée dans le tsunami, et l'ami et collègue magistrat de sa belle soeur morte à 33 ans , de parler de leurs histoires. Il ne l'a pas fait tout de suite. Il a d'abord reglé ses comptes, et raconté son histoire familiale, ou du moins ce qui en était caché, dans Un roman russe. Il se trouvait très malheureux, à l'époque. Et puis, il a décidé de faire ce qu'on lui demandait, servir de scribe. De temps en temps, il y a bien sûr un récit personnel des évènements tels qu'il les a vécus, ou une réflexion sur sa propre évolution, un avis, , etc
Mais c'est surtout le récit de deux hommes assez extraordinaires, l'ami magistrat, donc, Etienne, et le mari et père des trois filles de Juliette, sa belle soeur.
Ce sont ces personnages ainsi que les parents de la petite Juliette qui font le livre.
Et ça parle...de la maladie. De la mort jeune.Et de ceux qui restent. Du handicap et de tout ce que les handicapés ne disent pas. De la justice. Du surendettement et de ses drames. De ceux qui continuent à faire des longueurs dans la piscine de leur hôtel alors que c'est l'apocalypse à 500 m d'eux.
Dit comme cela, on a l'impression que c'est atrocement lugubre. Et pourtant non. C'est lumineux..
Alors c'est vrai qu'il est sans doute regrettable qu'Emmanuel Carrère ait du vivre de près de tels évènements dramatiques pour s'apercevoir qu'il existe d'autres vies que la sienne. Mais il est tellement honnête et il sait tellement bien décrire son cheminement que peu importe, finalement.
Voilà, c'est un livre beau et honnête.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptyMer 15 Avr 2009 - 23:52

Marie a écrit:
Citation :
Je suis tentée très fort et à la fois je redoute de lire ce roman...Et est-ce vraiment un roman?..
Non, ce n'est pas un roman, et je ne pense pas que tu devrais le lire, Coline, il y a certains moments très durs.

Merci.Je vais suivre ton conseil Marie...Je ne me sens pas prête...
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   carrere - Emmanuel Carrère - Page 2 EmptySam 18 Avr 2009 - 23:07

Il s'agit peut être de l'oeuvre la plus optimiste de son auteur. Les tragédies ne sont pas l'occasion de tire-larmes qui seraient trop faciles, trop gluants. Carrère se montre ici remarquable dans la manière dont il parle des autres vies dans ce qu'elles ont de grand. En même temps, ce n'est jamais une grandeur gonflée artificiellement, tous les effets sont justes. C'est un livre fort, mais qui, à mon sens n'est pas traumatisant.
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