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| Marie NDiaye | |
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Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Marie NDiaye Jeu 21 Fév 2013 - 23:41 | |
| Unanimité critique pour son dernier roman Ladivine. Au masque et la plume ils en font depuis longtemps un de nos plus grands écrivains entre Modiano,Houellbecq ou Annie Ernaux. Je vais l'emporter en vacances. | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Marie NDiaye Ven 22 Fév 2013 - 8:49 | |
| Je vais vite me le procurer aussi. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Marie NDiaye Lun 22 Avr 2013 - 18:28 | |
| -Ladivine-Un roman étrange. Vous me direz: rien de plus normal chez Marie N'Diaye..Oui, mais. Toujours ces mêmes thèmes sur l'appartenance, sur un passé que ses personnages trimballent, caché en eux et qui entrave leur existence. Comme dans Rosie Carpe ou Mon coeur à l'étroit, ils (et surtout elles) ont des manques, des compromissions, des véritées enfouies avec lesquelles ils doivent composer et qui peu à peu les dévorent. Telle Malinka sur laquelle l'histoire débute, entretenant des rapports complexes avec sa mère, femme humble, abandonnée par son compagnon, toute entière portée par l'amour qu'elle voue à sa fille, qui elle la rejette jusqu'à s'inventer une autre vie, un autre nom, refoulant non sans honte, sa condition de servante noire. Mariée à Richard et devenue mère à son tour, ligotée de l'intérieur par le poids du déni, Malinka/ Clarisse ne devient plus qu'une image inexpressive et fuyante, dont lassé Richard s'éloignera. Il y a souvent une seconde chance de rédemption chez N Diaye, mais tout a un prix, hélas. Et l'héritage de ces manquements sera lourd pour ceux qui la suivent... A partir de cette idée l'auteure nous entraîne dans une série de récits, voire de rêves éveillés, où le bizarre se fourvoie quelquefois et d'où il est quasi impossible de ne pas se perdre. Des chiens qui guettent reflétant des sentiments qui n'ont pu s'exprimer avant. Des individus peu aimables qui se transforment en bourreaux lors de festins improvisés, des sourires qui se tordent et des masques qui tombent. Jusqu'à un jeune homme ressuscitant une fois défenestré dont on ne voit pas trop l'intérêt.? Je n'ai sans doute pas tous les codes et pas assez d'imagination pour bien comprendre tous les ressorts de l'intrigue, mais cette partie m'a paru bien confuse. Sous couvert d'étrange, et emportée par un style emminemment travaillé, il me semble que Marie N'Diaye s'est un peu emberlificotée les fils. D'habitude sa façon de nous embarquer marche à tous les coups, pour moi. Là j'avoue, je suis restée parfois à quai. La distance c'est bien, à condition de tenir le lecteur. Ici on peine tellement à ne pas perdre la trame que cela finit par en être pesant. Et la fin est très bof. Dommage, il y a toujours l'art de raconter mais plus de maîtrise et moins de fatras auraient été bienvenus. J'attends de voir vos avis mais je vous rassure, les critiques sont toutes élogieuses, alors ça vient peut-être de moi. | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Marie NDiaye Mer 29 Mai 2013 - 12:27 | |
| TROIS FEMMES PUISSANTES
Il me semble inutile une fois de plus de rajouter un résumé et commentaire : Un roman qui a été brillamment exposé sur ce fil ! Dubitative au début de ma lecture , dans l'appréhension de retrouver le malaise éprouvé à la lecture de Rosie-Carpe , j'ai vite dépassé mes craintes et à-prioris ! Une fois imprégnée du style narratif bien particulier de l'auteure , la séduction opère ! Et c'est grâce à cette gymnastique de l'esprit , nécessaire pour s'approprier le texte de l'écrivain , que son génie apparaît : par des procédés stylistiques sur lesquels elle s'appuie , elle creuse la psychologie de ses personnages jusqu'à l'extrême , ouvrant des portes sur le presque indicible de l'humain ,au coeur de l'intime ,dans la partie la plus secrète , où se mêlent les blessures ,les failles , les fantômes ....... TROIS FEMMES PUISSANTES , au delà de ces femmes si fragiles en apparence se cache une force cachée , tue, invisible ......... La force de vie ......... Et c'est bien de cela dont parle Marie Ndiaye , à travers trois portraits de femmes : La puissance n'est pas toujours là où on la voit ....! Un grand coup de coeur au final , effaçant ma déception avec Rosie Carpe ! Petit Bémol : J'ai trouvé que les trois récits juxtaposés , s'enchaînent par quelques éléments narratifs pas toujours très clairs ; certes elle crée un lien mais celui-ci est un peu ténu quelquefois .... Mais est-ce bien important lorsqu'on atteint de tels sommets d'écriture pour traduire le "presque inexprimable "? Voilà petit commentaire juste pour faire remonter ce fil !!! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Marie NDiaye Jeu 5 Juin 2014 - 9:26 | |
| Trois femmes puissantes (2009) Un prix Goncourt suffit-il à sanctifier le Verbe qui impressionne ? La question du fond et de la forme mérite légitimement d’être posée pour ces Trois femmes puissantes. Les pensées exprimées sont-elles forcément profondes parce que ses périodes s’étalent sur un paragraphe et parce que le subjonctif de l’imparfait est utilisé plus souvent que n’importe quel autre mode de conjugaison ? On peut en douter. Il semblerait plus exact de dire que la noblesse d’expression, à la limite de l’ampoulé, place d’emblée l’attente à un niveau élevé. On imagine que Marie N’Diaye, dans une corrélation d’expression et de réflexion, va nous promener de révélation en illumination. Ses récits gravitent autour de trois femmes placées dans des contextes différents et leur destin –le titre du livre ne nous permet pas d’en douter- suit un parcours d’apprentissage archétypique. On imagine alors que les trois récits s’imbriquent et se répondent mutuellement, on cherche des liens permettant de leur conférer une dimension autre que celle, immédiate, qui se dégage de l’expérience de ces femmes, mais Marie N’Diaye ne nous fournit rien d’autre que ce nous voudrons bien trouver à force de persuasion et d’imagination. Il serait injuste de dire que Marie N’Diaye n’a pas mérité d’être récompensée pour ce livre : les efforts qu’elle a dû déployer pour arranger ses monstruosités de phrases méritent le respect. Toutefois, on peut également se demander si le contenu de ses Trois femmes puissantes est réellement aussi frappant et déstabilisant qu’on aimerait bien nous le faire croire. Aucune fulguration psychologique ne devrait venir foudroyer quiconque a déjà lu d’autres romans avant celui-ci ; en revanche, la perversité appliquée à hisser le langage à un niveau de complexité aussi inutile qu’incompréhensible semble étroitement liée aux efforts tristes et fatigants que déploie Marie N’Diaye lorsqu’elle imagine les relations psychologiques tortueuses de ses personnages. Beaucoup de fatigue pour une puissance qui aurait pu être moins dérisoire si elle n’avait pas voulu être aussi ostentatoire. Un beau potentiel de puissance mais ici, comme souvent, il tourne court... - Citation :
- « La façon dont ce Gauquelan était vivant n’avait rien à voir avec sa belle vitalité à lui, Rudy, qu’il sentait vibrer dans chacun de ses muscles comme s’il était un cheval […], une grande bête jeune et superbe dont la fonction est toute contenue dans le fait même d’exister superbement, et pas plus que pour un cheval (ou un centaure) nulle sorte d’interminables rêves qui vous laissent bouche gluante et haleine lourde n’envahirait plus son esprit. »
*peinture de Philip Pearlstein | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Marie NDiaye Jeu 5 Juin 2014 - 10:09 | |
| - colimasson a écrit:
Il serait injuste de dire que Marie N’Diaye n’a pas mérité d’être récompensée pour ce livre : les efforts qu’elle a dû déployer pour arranger ses monstruosités de phrases méritent le respect. Toutefois, on peut également se demander si le contenu de ses Trois femmes puissantes est réellement aussi frappant et déstabilisant qu’on aimerait bien nous le faire croire. Aucune fulguration psychologique ne devrait venir foudroyer quiconque a déjà lu d’autres romans avant celui-ci ; en revanche, la perversité appliquée à hisser le langage à un niveau de complexité aussi inutile qu’incompréhensible semble étroitement liée aux efforts tristes et fatigants que déploie Marie N’Diaye lorsqu’elle imagine les relations psychologiques tortueuses de ses personnages. Beaucoup de fatigue pour une puissance qui aurait pu être moins dérisoire si elle n’avait pas voulu être aussi ostentatoire.
Ouch !!!!!!!!!! Tu es dure . | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Marie NDiaye Jeu 5 Juin 2014 - 10:18 | |
| mouais, je ne suis pas loin de penser comme toi colimasson, pour La Sorcière qui aurait mérité moins de surcharge stylistique pour plus de lisibilité et de plaisir. Mais retirer son style à un auteur (puisqu'il semble bien que ce soit le style de N'Diaye) et il ne reste rien ou presque (c'est ce que je crois), c'est comme retirer sa musicalité à une partition de musique pour qu'elle sonne comme un orgue stalinien ou retirer toutes les couleurs de la palette d'un fauviste... Bref... Il y a pourtant des moments où il fonctionne le style de N'Diaye, en tout cas pour moi il m'a particulièrement marqué avec Autoportrait en vert que je trouve vraiment exceptionnel, avec juste ce qu'il faut de fantastique, d'étrange, d'énigmatique pour rester parfaitement en mémoire et donner beaucoup beaucoup de plaisir durant la lecture.
Je crois que très tôt Marie N'Diaye a été considérée comme une écrivaine talentueuse et très prometteuse. Ce qui n'aide sans doute pas beaucoup à écrire en toute liberté et ce qui doit peut-être aussi ligoter à une certaine idée de la littérature. Il faudrait essayer son théâtre, voir si elle y est aussi 'styliste' !?! | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Marie NDiaye Jeu 5 Juin 2014 - 17:16 | |
| - Aeriale a écrit:
- -Ladivine-
Nous avons assisté récemment à une lecture à Francfort avec Marie Ndiaye et elle nous a dédicacé le livre. Elle a l'air très calme mais absolument pas sereine. Je suis curieuse de lire ce livre dont certains thèmes me paraissent intéressants (renier sa mère, par exemple). | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Marie NDiaye Jeu 5 Juin 2014 - 17:56 | |
| Oui, les thèmes sont très intéressants Cachemire, et celui sur le rapport à la mère est aussi très présent dans ceux que j'ai lus d'elle par ailleurs. Mon préféré restant Mon coeur à l'étroit (un choc) Ladivine m'avait un peu déçue en comparaison..
Coli est très dure en effet ;-) Ceci dit j'ai aussi l'impression qu'elle surcharge trop son écriture, depuis peu. J'ai beaucoup moins senti cela dans ses précédents, davantage par contre dans Ladivine. Je trouve quand même que son style fonctionne et qu'elle a une vraie particularité que, personnellement, j'ai rarement trouvée ailleurs, comme le dit Shanidar. Elle parvient à mêler le fantastique, frôler le sordide, et sous entendre une réflexion assez puissante pour nous rester en mémoire.
Pour moi elle reste une des auteures françaises les plus inventives et les plus talentueuses de sa génération... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Marie NDiaye Lun 9 Juin 2014 - 9:12 | |
| - shanidar a écrit:
- mouais, je ne suis pas loin de penser comme toi colimasson, pour La Sorcière qui aurait mérité moins de surcharge stylistique pour plus de lisibilité et de plaisir. Mais retirer son style à un auteur (puisqu'il semble bien que ce soit le style de N'Diaye) et il ne reste rien ou presque (c'est ce que je crois), c'est comme retirer sa musicalité à une partition de musique pour qu'elle sonne comme un orgue stalinien ou retirer toutes les couleurs de la palette d'un fauviste... Bref... Il y a pourtant des moments où il fonctionne le style de N'Diaye, en tout cas pour moi il m'a particulièrement marqué avec Autoportrait en vert que je trouve vraiment exceptionnel, avec juste ce qu'il faut de fantastique, d'étrange, d'énigmatique pour rester parfaitement en mémoire et donner beaucoup beaucoup de plaisir durant la lecture.
Je crois que très tôt Marie N'Diaye a été considérée comme une écrivaine talentueuse et très prometteuse. Ce qui n'aide sans doute pas beaucoup à écrire en toute liberté et ce qui doit peut-être aussi ligoter à une certaine idée de la littérature. Il faudrait essayer son théâtre, voir si elle y est aussi 'styliste' !?! Comme d'habitude, je n'exprime que mon opinion et absolument pas un jugement à valeur définitive et absolue... Il aurait suffi que j'accroche au style pour que je sois moins sévère. Reste cependant que je n'ai pas non plus trouvé de nourriture dans le développement des thèmes abordés. Là aussi, c'est mon problème. Quoiqu'il en soit, vos réserves me confirment qu'il ne faut pas que je revienne sur cette auteure, surtout en ce qui concerne ses derniers livres. | |
| | | Abderrazak Plume timide
Messages : 13 Inscription le : 25/09/2014 Age : 29 Localisation : Casablanca
| Sujet: Re: Marie NDiaye Dim 12 Oct 2014 - 12:31 | |
| Marie Ndiaye - Tous mes amisM'épanchant dans ma biblio avec une apparente mais feinte nonchalance, je remarque plusieurs romans de Marie Ndiaye, jusque là rien d'anormal, toujours est-il que j'ai déjà lu cet auteur, du moins son oeuvre auréolé par un Goncourt (Trois femmes puissantes), dont j'ai savouré l'écriture, qui m'apparaissait, à un moment où j'enchaînais, sans le préméditer évidemment, des romans au piètre style, des livres plats et dont la couverture clapotent au toucher comme pour signifier que, au fond, c'est de l'air, ce livre, qu'il n'y' a rien de plus. Donc, dans ce contexte tristement personnel, j'en ai gardé un bon souvenir, malgré le fait que je n'ai pas terminé ces Trois femmes puissantes, pour une raison qui m'échappe...Depuis l'temps. Et là, je découvre plusieurs romans, aux Editions de Minuit. Une institution qui, au fur et à mesure, m'apparaissait dédié aux livres "stylés", peut-être que je me trompe (Si c'est le cas et si vous me lisez, ce serait gentil de me confirmer cette éventuelle fausse impression).. Je me réjouis à cette idée, et, intrigué, je m'empare de "Tous mes amis", un recueil de nouvelles pour moi qui n'en ai presque jamais lu. Un professeur divorcé embauche une ancienne élève qui le honnissait pour tenter de comprendre le pourquoi de la chose, une relation tendue qui lui fait renouer avec deux autres élèves de la même classe que Séverine. La rencontre de deux vieilles amies, l'une belle et médiocre, et l'autre brillante et quelconque, reliés à jamais par un événement qui ne les a pas offusqués de la même façon : La mort de Claude François. Un garçon pauvre mais beau, irrémédiablement beau, fils de pauvres, est vendu, sous le regard d'un autre, encore moins beau et encore plus pauvre. Eve Brulard, jeune femme mariée, est hantée par la vision d'une jeune fille, qui est elle même quand, autre fois, elle avait été plus jeune. Pour ce qui est de l'histoire la plus belle et la plus insaisissable. Enfin, une mère méprise tellement la stupidité de son enfant qu'elle décide de s'en séparer. Dans le car qui héberge leurs derniers instants passés ensemble, elle découvre terrifié que tout les passagers regardent son fils, avec une véhémence et une ardeur telles que s'il avait été prophète. 5 histoires, où un certain mysticisme, une relation spéciale avec l'esthétique des êtres et avec le temps que Ndiaye réussit non pas à figer mais à laisser couler en lui formant une espèce de caniveau nivelé qui ne s'arrête qu'avec la fermeture de ce livre. Ce n'est pas étincelant, mais c'est écrit avec talent et touches personnelles. Une auteur qui me plaît, mais qui malheureusement n'a publié qu'un livre depuis son Goncourt...Que je vais essayer de trouver coûte que coûte. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Marie NDiaye Lun 13 Oct 2014 - 9:38 | |
| - Abderrazak a écrit:
- Marie Ndiaye - Tous mes amis
Et là, je découvre plusieurs romans, aux Editions de Minuit. Une institution qui, au fur et à mesure, m'apparaissait dédié aux livres "stylés", peut-être que je me trompe (Si c'est le cas et si vous me lisez, ce serait gentil de me confirmer cette éventuelle fausse impression).. Je me réjouis à cette idée, et, intrigué, je m'empare de "Tous mes amis", un recueil de nouvelles pour moi qui n'en ai presque jamais lu. Je suis d'accord avec toi, Minuit propose des textes d'auteurs 'stylés' et si je pousse un peu j'ajoute volontiers que les auteurs de Minuit interroge toujours notre rapport à la littérature (voir Viel, Mauvignier, Volodine, NDiaye...), nous questionne sur notre manière d'inventer le livre qui se lit, de l'appréhender et d'être surpris. Ils posent la problématique de l'écriture, du fictionnel (qu'est-ce que c'est que raconter une histoire, qu'est-ce que c'est que la fiction face à la réalité, le mensonge au regard de la vérité, etc.). Et ils sont souvent passionnant dans leur proposition ! | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Marie NDiaye Mar 23 Déc 2014 - 12:20 | |
| - Aeriale a écrit:
- -Ladivine-
Un roman étrange. Vous me direz: rien de plus normal chez Marie N'Diaye..Oui, mais. Toujours ces mêmes thèmes sur l'appartenance, sur un passé que ses personnages trimballent, caché en eux et qui entrave leur existence. Comme dans Rosie Carpe ou Mon coeur à l'étroit, ils (et surtout elles) ont des manques, des compromissions, des véritées enfouies avec lesquelles ils doivent composer et qui peu à peu les dévorent. Telle Malinka sur laquelle l'histoire débute, entretenant des rapports complexes avec sa mère, femme humble, abandonnée par son compagnon, toute entière portée par l'amour qu'elle voue à sa fille, qui elle la rejette jusqu'à s'inventer une autre vie, un autre nom, refoulant non sans honte, sa condition de servante noire. Mariée à Richard et devenue mère à son tour, ligotée de l'intérieur par le poids du déni, Malinka/ Clarisse ne devient plus qu'une image inexpressive et fuyante, dont lassé Richard s'éloignera. Il y a souvent une seconde chance de rédemption chez N Diaye, mais tout a un prix, hélas. Et l'héritage de ces manquements sera lourd pour ceux qui la suivent...
A partir de cette idée l'auteure nous entraîne dans une série de récits, voire de rêves éveillés, où le bizarre se fourvoie quelquefois et d'où il est quasi impossible de ne pas se perdre. Des chiens qui guettent reflétant des sentiments qui n'ont pu s'exprimer avant. Des individus peu aimables qui se transforment en bourreaux lors de festins improvisés, des sourires qui se tordent et des masques qui tombent. Jusqu'à un jeune homme ressuscitant une fois défenestré dont on ne voit pas trop l'intérêt.?
Je n'ai sans doute pas tous les codes et pas assez d'imagination pour bien comprendre tous les ressorts de l'intrigue, mais cette partie m'a paru bien confuse. Sous couvert d'étrange, et emportée par un style emminemment travaillé, il me semble que Marie N'Diaye s'est un peu emberlificotée les fils. D'habitude sa façon de nous embarquer marche à tous les coups, pour moi. Là j'avoue, je suis restée parfois à quai. La distance c'est bien, à condition de tenir le lecteur. Ici on peine tellement à ne pas perdre la trame que cela finit par en être pesant. Et la fin est très bof. Dommage, il y a toujours l'art de raconter mais plus de maîtrise et moins de fatras auraient été bienvenus. J'attends de voir vos avis mais je vous rassure, les critiques sont toutes élogieuses, alors ça vient peut-être de moi.
Rien à rajouter au commentaire d'aeriale qui résume parfaitement mon ressenti. Je me suis aussi un peu perdue dans les méandres des pensées et rêves de Marie Ndiaye qui nous offre une nouvelle fois un roman dense et profond avec de multiples enchevêtrements et cette façon de mêler fantastique et réel, sa fatalité subie, que ce soit dans sa vie quotidienne ou ses loisirs. Pas d'échappatoire, les vacances ou les loisirs ne sont même pas un paravent mais font encore quelquefois davantage surgir l'ennui ou la vanité de tout. On est frappé dans cet ensemble par l'impossibilité des êtres à s'aimer, par cette vie subie plus que vécue, par l'inexorabilité de l'ennui quotidien que même une vie matériellement aisée n'aide en rien. Peu d'espoir d'échapper à ces entraves de la société moderne. Bref à lire que si on a déjà lu un ou deux livres d'elle (Rosie Carpe ou Trois femmes puissantes par exemple) au risque d'être hébété et un peu perdu devant cette écriture si riche et profonde, mais jamais simple et légère. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Marie NDiaye Ven 26 Déc 2014 - 14:39 | |
| - darkanny a écrit:
- Rien à rajouter au commentaire d'aeriale qui résume parfaitement mon ressenti.
Je me suis aussi un peu perdue dans les méandres des pensées et rêves de Marie Ndiaye qui nous offre une nouvelle fois un roman dense et profond avec de multiples enchevêtrements et cette façon de mêler fantastique et réel, sa fatalité subie, que ce soit dans sa vie quotidienne ou ses loisirs. Tu me confortes dans mes ressentis alors, Darkanny! Toujours très dense et superbement écrit, mais là, la forme prévaut sur le fond et c'est dommage. Ce qu'elle gagne en style, elle le perd en magie car à force de nous balader dans les méandres de son esprit, elle perd son lecteur. Pas léger, léger, c'est le moins qu'on puisse dire | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Marie NDiaye Sam 29 Oct 2016 - 17:24 | |
| Bon voilà , pas un com construit : je n'ai pas la disponibilité d'esprit ces derniers temps . Quelques mots pêle-mêle donc .
La Cheffe, roman d'une cuisinière
Au sommet de son art , elle nous enchante la belle Marie avec une maîtrise de la langue française unique et incomparable aujourd'hui et un style digne des plus grands écrivains de tous les temps. Et c'est encore une fois le portrait d'une femme puissante , qui fait l'unique thème de ce roman originale , insolite et à contre-courant en cette rentrée littéraire plus tournée vers des thématiques humanitaires , sociétales : Une narration rétrospective de ce que fut la vie d'une cheffe cuisinière à travers le filtre amoureux de l'un de ses employés , qui fit ses armes à ses côtés , se fondit en elle , l'accompagna dans la douleur souvent , le ravissement quelquefois jusqu'à la fin , fidèle et dévoué , dans l'effacement et l'acceptation de l'absence de réponse à son amour sans réserve. Une bien étrange femme qui utilisera son art pour s'oublier autant que pour s'affirmer , pour séduire et disparaitre en même temps , pour réveiller les papilles, éduquer le palais et l'âme en ramenant chacun à l'essentiel sans se départir d'une élégance et d'une forme de raffinement innées associés à une austérité et une adhésion à la vie quasi primaire , un retranchement instinctif de toute volonté d implication affective réequilibré par son amour pour la créativité culinaire probablement motivée par le don de soi et le besoin de se sentir désirée autrement.... Mais s'il n'y avait qu'un pas entre la cuisine et l'écriture ? | |
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| | | | Marie NDiaye | |
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