Glanages dans La Quinzaine Littéraire

Paul AUSTER et J.M. COETZEE : Ici et maintenant. - Actes Sud

Le dialogue confraternel qui réunit Coetzee et Auster donne à lire dans un meme élan, la
naissance et l' approfondissment d' une amitié et la manière dont la familiarité des deux
écrivains les conduit à interroger nos rapports à la fiction, à l' écriture, à la réalité du monde.

Cette correspondance entre écrivains apparemment si différents nous fait découvrir ce qui
les unit, les porte l' un et l' autre, ce qu' ils décident de partager.
Il y a quelque chose de volontaire et de franc. Ils s' y montrent à nu, vieillissants, inquiets ;
et dans le meme temps, ils parviennent à revenir toujours à ce qui compte vraiment, aux mots,
à leur jeu, à se qui se trame à travers eux...

Après trois années d' échanges soutenus, Auster confie à Coetzee :

"Tu es devenu ce que j' appellerais un autre absent, un genre de grand cousin des amis
imaginaires que les enfants s' inventent [...] voilà où tu te trouves, John, à l' intérieur de
ma tete au moment où je te parle, et rien de semblable ne m' est jamais arrivé."

Coetzee répond :

"J' éprouve une sorte de tendress fraternelle pour toi et pour ton courage obstiné et mal
reconnu.
Je sais, bien entendu, que tu as un autre visage -celui d' un écrivain qu' on admire. Mais je
suis convaincu que l' image que j' ai de toi en tant que prisonnier volontaire de la Muse est
plus vraie."...

A travers ces lettres, dans leur diversité et ce qu' elles révèlent de chacun, on comprend
l' ascèse qui accompagne ce travail incessant de la langue, pour une ralation différente du
monde.

Extraits de l' art. de Hugo Pradelle.

Merci Bix, j'aime bien les correspondances!

Marie a écrit:: Ah, j'ai acheté cette Correspondance, Bix! Tu pourras nous en dire un mot? Merci!!!

J'ai une copine qui a lu cette correspondancce entre Paul AUSTER et J.M. COETZEE et qui m'en a écrit le plus grand bien. Elle la compte parmi les meilleurs livres lus en 2013.

Bix, merci pour l'opinion de La Quinzaine.

Sujet: Re: Glanages dans La Quinzaine Littéraire Mer 15 Jan 2014 - 18:01

Au sommaire du n° 1 097

- Bernard Noel : La place de l' autre

- Javier Cercas : Les lois de la frontière

- Joyce Carol Oates : Mudwoman

- Kim Jung-Hyuk : Bus errant

- Ron Rash : Une terre d' ombre

- Antoine Wauters : Nos mères

- Stanislas Rodanski : Je suis proche de cet homme

- S. Rodanski : Substance 13

- Jean-Marc Drouin : Les insectes. -Seuil/Science ouverte

Sujet: Re: Glanages dans La Quinzaine Littéraire Mer 15 Jan 2014 - 19:32

Rodanski ? (et B. Maris la dernière fois ?).

Sujet: Re: Glanages dans La Quinzaine Littéraire Mer 15 Jan 2014 - 19:43

OK !

Je vois qu' il t' intrigue toi aussi, Rodanski !

Sujet: Re: Glanages dans La Quinzaine Littéraire Mer 15 Jan 2014 - 19:58

me fait un peu flipper même, pour être plus précis mais mes petites lectures m'ont fait une forte impression. (et une pensée pour Marcelin Hogier au passage).

Sujet: Re: Glanages dans La Quinzaine Littéraire Mer 15 Jan 2014 - 20:37

Bernard MARIS : L' Homme dans la guerre : Maurice Genevoix face à Ernst Junger. - Grasset

Avec une étonnante délicatesse -s' agissant des atrocités de masse de la Grande Guerre- et
un effort constant d' impartialité, Maris remet face à face ces deux combattants de camps
opposés, blessés le meme jour à la crete des Eparges, dans la Meuse, le 25 avril 1915, pour
comparer la façon dont ils ont ressenti et décrit des situations symétriques.

Deux écrivains parallèles, combattants, différents, amis de la vie et des betes.
Junger, grace à Gracq est célébré en France. Un personnage contesté sans on pays pour son
nationalisme, son nationalisme et ses relations parfois troubles.
Genevoix ne fut jamais idéologue, mais sut observer et décrire incomparablement les etres
vivants que la mort va détruire.

Extraits de l' art. de Pierre Pachet.

J' ajoute que Maris a beaucoup lu ce qui concerne les deux guerres mondiales et leurs conséquences.
Qu' il vous faut découvrir Genevoix, un peu trop connu pour Raboliot ou Rou utilisés pour les dictées à une époque où les français conaissaient encore l' ortographe.
Et que je n' ai pas la moindre sympathie pour l' homme Junger.
Enfin que Pierre Pachet est un très bon écrivain que je conseille.

Sujet: Re: Glanages dans La Quinzaine Littéraire Jeu 16 Jan 2014 - 20:21

Splendeur de Rodanski

Stanislas RODANSKI : Je suis parfois cet homme. - Gallimard

Substance 13. - Ed. des Cendres

Près de 40 ans et une douzaine de publications plus tard, souvent chez des éditeurs qualifiés de
"marginaux", on commence à voir qui est cet homme à la vie marquée de désertions,
d' emprisonnements, de cavales, une vie passée en très grande partie (27 ans !) dans le silence
des hopitaux psychiatriques...

Son oeuvre, laissée à l' abandon, fut réputée perdue, impossible à établir, presque impossible à
lire. Les recherches effectuées, l' exposition "Les horizons perdus de Stanislas Rodanski en
2012 à Lyon, sa ville natale, et le long travail effectué par François-René Simon... ne permettent
plus de rester dans la légende, si belle soit-elle et les approximations...

... Sa découverte du surréalime, sa montée à Paris en 1946 pour rencontrer A. Breton, sa beauté,
son étrange séduction, sa tentative de suicide, ses internements avec son effrayant acquiescement
à la folie ("Je considère le suicide comme accompli") et son enfermement assumé jusqu' à la
mort et toujours ce démon de l' écriture.

"Rien ne me justifie. C' est pourquoi je refuse de justifier ma conduite. Je ne réponds de rien,
et de moi encore moins que du reste.
Je tiens à ce que l' on me sache irresponsable. L' avenir répondra de moi, comme je réponds
à chaque appel en me donnant à ce qui m' a tenté et que je tente à mon tour. En me donnant
à la folie "qui plus est".

"Les mots m' ont toujours mené loin dans la vie, trop loin pour que j' y renonce jamais car
je les emploie désormais strictement dans le sens où ils m' échappent, où leur portée cesse
d' etre inconsciemment perçue alors que j' écris les yeux dans le vague et que mes regards se
coulent dans le devenir."

{Dans ses textes] on touche à quelque chose de déchirnt, qui nous fait oublier les temps faibles, pour
ne garder que les fulgurances, "la grace enveloppante et souvent ensorcelante" que saluait Julien
Gracq.

Extraits de l' art. de Dominique Rabourdin

Personnellement je retrouve dans ces phrases la lucidité d' Artaud et sa force imprécatoire. B

Sujet: Re: Glanages dans La Quinzaine Littéraire Sam 18 Jan 2014 - 16:53

Javier CERCAS : Les lois de la frontière. - Actes Sud

En 1978, l' odeur du franquisme régnait encore sur l' Espagne, une "odeur de merde" comme le précise
Canas, le héros et souvent le narrateur des Lois de la frontière.
En 2006, au moment où il raonte, Canas est devenu avocat, l' un des meilleurs de Gérone, la ville qu' il
habite depuis toujours. Mais il a eu une jeunesse indécise, de l' autre coté de la frontière. Et rien ne dit
que l' indécision a passé.

Introduction à l' art de Norbert Czarny

Sujet: Re: Glanages dans La Quinzaine Littéraire Mer 29 Jan 2014 - 15:48

Geoges-Arthur GOLDSCHMIDT. - Ed. du CNRS

Dans une période où le multiculturalisme et les perpectives critiques issues de la mondialisation ont
tendance à occulter les relations binaires, les face-à-face interculturels et les oppositions, il est

stimulant d' entre G.A. Goldschmidt rappeler que quelque chose peut encore avoir lieu entre la France
et l' Allemagne et doit etre pensé.

Introduction à l' art. de Tiphaine Samoyault

Au sommaire du N° 1 098

- Maryline DESBIOLLES : Ceux qui reviennent. - "Fiction et Cie"/Seuil

- Richard POWERS : Le Dilemne du prisonnier. - "Lot 49"/ Le Cerche Midi

- Maylis de KERANGAL : Réparer les vivants. - Verticales

- Stefan aus dem SIEPEN : La Corde. - Ecriture

- Victor SEGALEN : Histoires fantastiques. - Atelier de l' Agneau

- Blaise CENDRARS : Histoires vraies. - Folio

- Fabienne RAPHOZ : Terre sentinelle. - Héros-Limite

- Pierre ZAOUI : La discrétion Ou l' art de disparaitre (Essai). - Autrement

Maylis de KERANGAL : Réparer les vivants. - Verticales

"Enterrer les morts et réparer les vivants". La phrase est tirée de Platonov, la pièce de Tchekhov.
Elle figure au milieu de Réparer les vivants, au moment de bascule entre deux temps.
Simon est mort et Claire vivra. La phrase du dramaturge russe fait le lien, ou établit un pont.

... Et ça déferle, dans la syntaxe comme sur la falaise. On ne peut dissocier l' une de l' autre tout au long du roman, qui s' apparente à un poème épique.

Extraits de l' art. de Norbert Czarny

Stefan aus dem SIEPEN : La Corde. - Ecriture

Depuis quelques temps, on voit réapparaitre un genre littéraire champetre que les naufrages de
l' Histoire avaient emporté avec eux.
Depuis la catastrophe nazie, on n' osait plus guère retourner à d' anciennes formes du "récit".
L' emprise du nazisme, qui pénétra la société allemande jusqu' en son intimité la plus profonde,
reposait largement sur la "vraie nature", fraiche, joyeuse, libre (frisch, froh, frei), opposée à
l' asphalte et à la ville dénaturée .
Il s' écrivit ainsi, pendant cent ans environ, de 1850 à 1945, une immense littérature de "retour
à la terre" qui promouvait les valeurs "écologoques" du nazizme. Les auteurs et les ouvrages en
sont aujourd' hui heureusement tous oubliés.

Siepen reprend ces thèmes sans pourtant s' y laisser glisser... La déraison y est collective.
La "corde" est une allusion plus ou moins transparente à l' aveuglement consenti dans lequel
s' est plongée l' Allemagne hitlérienne jusqu' à la délectation dans le crime irréversible...

C' est l' Allemagne telle que les contes la décrivent : paix des champs, vertes forets, flambeaux,
chateaux, princesses, loups, orages... Tout y est comme dans la peinture d' Anselm Kiefer.
La Corde est presque une anthologie des toutes les dérives possibles...

Ce conte semble faire remonter un paéssé obscur et plutot redoutable, fait d' errances et surtout
de nostalgie, d' un désir insatiable d' aller jusqu' au bout des choses, quel qu' en puisse en etre le prix.

Extraits de l' art. de Georges-Arthur Goldschmidt

cet essai ci-dessous m'intéresse , si tu peux en dire plus Bix , merci . Very Happy

- Pierre ZAOUI : La discrétion Ou l' art de disparaitre (Essai). - Autrement

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