Andrea Arnold

Andréa Arnold vient d'adapter... Les Hauts de Hurlevent! A suivre cette année.

J'attends avec impatience la suite de la carrière d'Andrea Arnold.
J'ai beaucoup aimé Fish tank, un de mes coups de coeur de 2009 : la mise en scène est à la fois rude et délicate, privilégiant des instants de flottement et une approche psychologique extrêmement dense. Arnold développe une remarquable personnalité de cinéaste, ce qui lui permet de s'écarter de références encombrantes sur un tel sujet.
Si Katie Jarvis incarne son personnage avec beaucoup d'intensité, Michael Fassbender montre encore (après Hunger notamment) qu'il est un acteur à la présence physique impressionnante.

Avadoro a écrit:

J'attends avec impatience la suite de la carrière d'Andrea Arnold.
J'ai beaucoup aimé Fish tank .

Pareil...Je viens de le revoir sur CanalPlus et j'y ai porté le même intérêt...
J'attendrai donc avec impatience Les Hauts de Hurlevent!

Voici la bande annonce de Wuthering Heights où on retrouve son attrait pour le format carré de l'image, le sens du paysage et le côté brut des relations entre les personnages qui devrait bien coller au climat sauvage et fiévreux du roman. Heathcliff le gitan devient métis noir pour l'occasion. Date de sortie encore non précisée. Je relis le roman en version audio pour l'occasion.

Alors que la sortie française de Wuthering Heights n'est pas encore programmée on peut le voir en Belgique et ... en DVD sur amazon.co.uk (vostranglais mais il semble très peu bavard).



Je le regarde dans la semaine et reviens pour un petit commentaire. Les 5 premières minutes donnent très envie. Par contre je vais tricher et le regarder en format plein écran plutôt que dans le format carré auquel elle s'est habituée mais qui étouffe trop l'action...

Wuthering Heights


Après la version classique de Jane Eyre par Fukunaga, Andréa Arnold s'attaque au roman d'Emily Brontë avec un travail visuel plus abstrait évoquant souvent l'écriture morcelée et aérienne de Terrence Malick. Le récit reprend la chronologie du roman (avant et après la mort de Cathy) en se recentrant sur l'histoire familiale et en éliminant la construction en flashback. A l'écriture brute et sauvage elle substitue un langage purement cinématographique où les dialogues sont rares et les évocations essentiellement sensorielles tout en respectant l'intégralité du récit. Il vaut d'ailleurs mieux avoir lu le roman avant au risque de ne pas bien comprendre les tenants et aboutissants.

Une adolescente derrière moi se plaignait à la fin du film d'une certaine lenteur contemplative et du manque de dialogues. Elle aurait voulu une illustration plus immédiate. De fait on pourrait être frustré de voir certains passages pratiquement éludés ou subliminaux comme la scène où Heathcliff entend Cathy révéler qu'elle l'aime comme un être qui serait encore davantage qu'un double d'elle-même. La phrase est prononcée hors-champ comme dans un murmure vite effacé là où une version académique nous l'aurait fait entendre avec grandiloquence.

Reste que le résultat est à mon sens magnifique avec une montée d'intensité progressive. On est constamment au contact des éléments, de la lande, de la terre, du vent. L'archaïsme du paysage épouse la brutalité des sentiments et Heathcliff (jeune métis noir remplaçant le gitan du roman) se heurte à la dureté de la roche et du sol comme s'il était un intrus dans un monde qui n'est pas le sien. Il y a d'ailleurs beaucoup de cruauté entre tous les personnages qui se détruisent mutuellement. C'est la loi du plus fort et c'est évidemment le plus endurci par les épreuves qui domine et emporte le combat mais à quel prix!

Andréa Arnold a compris toute l'essence du roman et sa vision me semble idéale même si le film n'est pas toujours aimable et nécessite une immersion complète et patiente. Elle a réussi à rendre cette histoire- au départ tellement impossible et excessive- profondément vibrante et primitive. Une belle réussite.

Même impression que Marko, j’ai aimé la façon dont la réalisatrice a pris à bras le corps le roman d'Emily Brontë : tout est dans le ressenti, l’instinctif, le non-dit. Le langage des corps, la force de la nature, la sauvagerie et l’animalité des sentiments au détriment des dialogues, nous sommes bien loin d’une adaptation académique. Une adaptation qui va certainement en dérouter plus d’un et qui ne s’apprivoise pas si facilement : je n’ai plus compté le nombre de bâillements « à s’en décrocher la mâchoire » de la personne assise non loin de moi. J’ai pour ma part beaucoup aimé ce contact avec les éléments de la nature, ce vent, cette lande, il y a du Terrence Malick dans ces plans-là, comme ce parallélisme entre la nature sauvage et la férocité des sentiments, ça claque, ça cogne, tout est dans la brutalité des relations à travers le corps et le regard des personnages. Une adaptation naturaliste puissante mais pointue aussi, pas vraiment grand public.

J'ai du coup terriblement envie de voir ses deux précédents films !

Je dois lire le livre avant ?!
Non, mais, ça ne s'arrêtera jamais les LAL et PAL... Hein !

(L'allusion à Terrence Malick me fait peur)

Queenie a écrit:

Je dois lire le livre avant ?!
Non, mais, ça ne s'arrêtera jamais les LAL et PAL... Hein !

(L'allusion à Terrence Malick me fait peur)

Non tu n'es évidemment pas obligée de le lire avant même si c'est mieux pour voir son travail d'adaptation.
L'allusion à Malick concerne surtout le mode de narration qui est plus impressionniste que réaliste. En même temps l'histoire elle-même et le rapport au corps et au désir sont très concrets. Tu n'y retrouveras aucun espace mystique ou un quelconque panthéisme. Elle nous plonge surtout dans la glaise et ces fameux vents qui hurlent.

P.S. J'ai donc le DVD en vostranglais qui peut tourner...

sentinelle a écrit:

J'ai du coup terriblement envie de voir ses deux précédents films !

Fonce! Surtout Fish Tank qui est très intense. Le point commun entre les 3 films est en quelque sorte la loi du désir féminin. Elles vont droit devant, se cognent, se révoltent mais elles sont libres dans leur désir. Et puis il y a cette façon mi-naturaliste mi-romantique de montrer l'environnement, la nature ou les espaces urbains qui forment un cadre dans lequel les personnages s'affrontent et se fondent. Le portrait de ces femmes est autant dans leur histoire que dans leur rapport aux éléments.

Merci pour ces avis très encourageants...je pense tout de même attendre une date de sortie française, et d'ici-là me replonger dans le roman.

Marko a écrit:

Queenie a écrit:

Je dois lire le livre avant ?!
Non, mais, ça ne s'arrêtera jamais les LAL et PAL... Hein !

(L'allusion à Terrence Malick me fait peur)

Non tu n'es évidemment pas obligée de le lire avant même si c'est mieux pour voir son travail d'adaptation.

Ok !
(Mais je me connais, je vais essayer de le lire quand même... en plus c'est un classique quand même... )

Marko a écrit:

L'allusion à Malick concerne surtout le mode de narration qui est plus impressionniste que réaliste. En même temps l'histoire elle-même et le rapport au corps et au désir sont très concrets. Tu n'y retrouveras aucun espace mystique ou un quelconque panthéisme. Elle nous plonge surtout dans la glaise et ces fameux vents qui hurlent.

OuF.

Marko a écrit:

P.S. J'ai donc le DVD en vostranglais qui peut tourner...

Tu crois qu'il n'y a aucun espoir qu'il sorte en salle en France ?

Une sortie française est très probable, mais avec un décalage de dates l'attente peut être assez longue (Allocine indique "prochainement"). Je pense qu'il devrait sortir à l'automne.

Queenie a écrit:

Je dois lire le livre avant ?!
Non, mais, ça ne s'arrêtera jamais les LAL et PAL... Hein !

(L'allusion à Terrence Malick me fait peur)

Oui, ce serait bien si tu pouvais le lire avant, ne fusse que pour mieux savourer la créativité dont a fait preuve la réalisatrice dans cette adaptation.

Quant à Malick, je ne faisais que référence à sa façon de filmer les éléments de la nature mais point de voix-off ni de salmigondis mystico/religieux/new age que j'ai trouvé insupportable dans Three of life.

Queenie a écrit:

Marko a écrit:

P.S. J'ai donc le DVD en vostranglais qui peut tourner...

Tu crois qu'il n'y a aucun espoir qu'il sorte en salle en France ?

Un film à voir de préférence au cinéma, patience amis français

Avadoro a écrit:

Merci pour ces avis très encourageants...je pense tout de même attendre une date de sortie française, et d'ici-là me replonger dans le roman.

Très bonne initiative Avadoro.

sentinelle a écrit:

Queenie a écrit:

Marko a écrit:

P.S. J'ai donc le DVD en vostranglais qui peut tourner...

Tu crois qu'il n'y a aucun espoir qu'il sorte en salle en France ?

Un film à voir de préférence au cinéma, patience amis français

Le type même de film qui nécessite une immersion. A la télé c'est pas ça à moins d'avoir une salle de ciné chez soi!!